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Edito: Une surpuissance nommée Talon

Publié le lundi 20 mai 2019  |  L`événement Précis
52e
© Présidence par DR
52e session de l`Assemblée parlementaire ACP & 36e session de l`Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE
Du 28 Novembre au 5 Décembre 2018. Cotonou (Dakar). S.E.M Patrice Talon à la 52e session de l`Assemblée parlementaire ACP & 36e session de l`Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE.
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Autant le dire tout de suite. Je ne crois pas du tout en la sincérité de ceux qui nous chantent que nous sommes entrés en autocratie. Le seul fait de le clamer dans les médias classiques comme sur les réseaux sociaux sans être inquiété, constitue un démenti formel à cette affirmation. Et effectivement, nous savons tous qu’en dehors des querelles politiques qui obligent les pouvoirs exécutifs à adopter des postures extrêmes pour leur propre survie, il n’arriverait à personne d’instaurer une vraie dictature au Bénin en plein XXIème siècle. En son temps, Yayi Boni, probablement excédé par les crises politiques à répétition, avait promis une certaine « dictature du développement ». Elle n’a jamais prospéré. En 2001, à la suite des élections qualifiées par Nicéphore Soglo comme étant des mascarades, l’ancien président candidat avait estimé que la démocratie était morte au Bénin et qu’il fallait un sursaut patriotique pour la remettre d’aplomb. Le temps a permis de démontrer que même Kérékou, tout militaire qu’il fût, n’avait ni les moyens ni la capacité d’instaurer une quelconque autocratie. Tout le reste ne fut qu’une surenchère verbale que l’opposition utilisera pour effrayer les esprits simples.
Mais, à y voir de plus près, Patrice Talon a définitivement réuni en ses mains aujourd’hui des pouvoirs exceptionnels que même la constitution n’avait jamais prévus. C’est bien la première fois qu’un Chef d’Etat chez nous dispose aussi clairement de presque toute l’Assemblée nationale acquise à sa cause. Et comme depuis sa création, la Cour Constitutionnelle lui est aussi acquise de par sa composition. Il ne reste plus que le pouvoir judiciaire qu’il ne saurait contrôler entièrement. Au plan institutionnel, il a désormais les coudées franches pour faire toutes les réformes qui lui tiennent à cœur. Et c’est bien la première fois qu’un chef d’Etat au Bénin a en main toutes les cartes pour faire passer toutes ses réformes.
A vrai dire, il est fort probable que les anciennes propositions de révisions constitutionnelles soient revues et actualisées, au regard des récentes évolutions. Je m’attends personnellement à ce que le président de la République, les ministres et les députés soient délestés de toute immunité en cas de crime économique pendant l’exercice de leurs fonctions. Qu’en raison de cela, la Haute Cour de Justice soit éliminée de l’appareil institutionnel national, pour permettre à tout le monde de répondre devant des juridictions ordinaires. C’est aussi le moment de doter le Bénin d’une véritable Cour des Comptes dotée de pouvoirs véritables. Quant au Conseil Économique et Social dont le rôle et la mission restent aujourd’hui inutiles dans la pratique, la question sera de savoir s’il disparaitra ou pas. Ce qui est certain, et cette réforme n’avait jamais été envisagée, la HAAC doit être réinventée. Il s’agira en fait de donner à cette institution sa capacité d’autonomie afin qu’elle régule effectivement la liberté de presse au Bénin. S’il fallait une véritable réforme à ce niveau, c’est sans nul doute celle qui consistera à doter les médias publics d’une véritable autonomie budgétaire et de gestion. Il faut que l’ORTB cesse d’être en permanence et ce depuis la conférence nationale, la caisse de résonance des gouvernements.
Mais la réforme constitutionnelle sur laquelle tout le monde attend l’actuelle législature est sans doute celle relative au mandat unique. Avec les débats suscités par l’ancienne proposition de Patrice Talon et son expérience concrète du pouvoir, il faut se demander si cette réforme reviendra sous sa forme initiale. Le chef de l’Etat avait promis raviser, une fois que ses propositions n’ont pas été examinées par le parlement. Et j’ai toujours pensé que c’était la pire erreur de l’opposition qui avait entre ses mains à l’époque l’occasion de limiter le mandat de l’actuel locataire de la Marina. En s’opposant aveuglément à tout, elle se retrouve aujourd’hui avec un avenir plus qu’incertain, alors qu’elle avait la possibilité dès lors de contrôler les probables ambitions du chef de l’Etat.
La véritable question que tous les observateurs devraient se poser est de savoir si Patrice Talon usera réellement de tous les pouvoirs qu’il concentre désormais entre ses mains. Ses ambitions vont-elles s’élargir ou se limiter à ses promesses électorales de 2016 ? Seul l’avenir nous le dira.

Par Olivier ALLOCHEME
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