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Urbain Stanislas Amégbédji sur l’emploi des jeunes: « L’amélioration de l’environnement des affaires permettra aux jeunes de trouver de l’emploi »

Publié le mercredi 22 mai 2019  |  La Nation
Urbain
© aCotonou.com par Didier Assogba
Urbain Amegbedji, Directeur Général de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi, 2 eme Vice président du Parti Alternative Citoyenne .
Les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir.Causerie débat initié par la fondation Friedrich Ebert. - Cotonou, le 13 juillet 2016. Soirée politique sur les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir
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Mettre en place un dispositif cohérent et efficace pour la promotion de l’emploi des jeunes et favoriser le développement personnel et l’esprit entrepreneurial au sein de la jeunesse en quête d’emploi, tels sont les objectifs du président Patrice Talon et de son gouvernement à travers l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi (Anpe). Urbain Amégbédji, directeur de l’Anpe, met ici en lumière la politique du gouvernement pour garantir l’emploi et les stratégies pour un mieux-être de la jeunesse.

La Nation : Quelle est la politique du gouvernement en matière d'emploi ?

Urbain Amégbédji : La politique du gouvernement en matière d’emploi consiste à créer les conditions favorables à l’épanouissement des entreprises, car ce n’est pas au gouvernement ni à l’Etat de créer l’emploi, c’est à l’entreprise privée. Pour que l’entreprise privée puisse créer de l’emploi, il revient au gouvernement d’assainir et de créer un climat favorable aux affaires de manière que des entreprises se sentent à l’aise, s’installent au Bénin, développent leurs affaires et dans ces conditions, elles seront amenées à recruter. L’investissement fait aujourd’hui par le gouvernement consiste à faciliter l’implantation et le développement des entreprises privées et à leur fournir différents facteurs qui favorisent leurs productions notamment en matière d’électricité, eau, d’accès à internet et aussi en matière du code des investissements et de la fiscalité. Toutes choses qui permettront aux entreprises de pouvoir préférer le Bénin parce qu’il offre de meilleures conditions d’installation et de développement.

Quel rôle joue alors l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi ?

L’Anpe a pour mission de contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique du gouvernement. L’Anpe est une agence qui joue le rôle d’intermédiation entre les offreurs d’emploi et les demandeurs d’emploi. Nous sommes là afin d’accompagner les demandeurs d’emploi dans leur souci de pouvoir avoir un emploi auprès d’une entreprise ou de créer leur propre emploi. Le gouvernement met à notre disposition un certain nombre de mesures d’accompagnement des jeunes qui sont à la recherche de l’emploi ou à la recherche de la création d’une entreprise. Notre rôle est également d’accompagner les entreprises dans leur volonté de trouver les compétences et les ressources humaines qualifiées pouvant leur permettre de développer leurs affaires.
Le taux de chômage au Bénin est de 2,3%, calculé en 2017 par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae) en relation avec la Banque mondiale. Il faut ajouter tout de suite que ce taux faible s’accompagne d’un taux relativement élevé de sous-emploi qui est de 72%. On dira que le problème du Bénin, ce n’est pas le chômage mais d’abord le sous-emploi. Le Bénin a un problème de sous-emploi parce que la jeunesse béninoise est dynamique. Elle refuse de subir le chômage et de rester à la maison. Quand vous avez des jeunes diplômés ou non, contrairement à d’autres pays, ils ne restent pas les bras croisés même s’ils n’ont pas encore trouvé l’emploi qui correspond à leur profil. Ils exercent de petits métiers notamment les taxis-moto, la vente d’essence, la vente de tous produits. Toutes ces activités font que ces jeunes gagnent des ressources certes, mais pas à la mesure de leurs besoins. Ils sont considérés par le Bureau international du travail comme des travailleurs mais des travailleurs en sous-emploi parce que ne faisant pas un emploi qui correspond à leur qualification ou ne gagnant pas les revenus correspondant à leurs compétences. Même les Occidentaux s’étonnent que nous ayons un taux de chômage aussi faible.

Quelle stratégie mettez-vous en place pour satisfaire ces jeunes demandeurs d’emploi?

Nous les écoutons, nous essayons de tracer leur profil, et nous accompagnons ces jeunes qui viennent à nous en fonction du marché de l’emploi et en fonction de leur profil et de leur qualification. Beaucoup d’entre eux réussissent à trouver de l’emploi ou à se lancer dans la création d’une entreprise grâce aux mesures et aux accompagnements que nous leur donnons.
Parlant de mesures, les jeunes qui s’adressent à nous demandent deux types d’emploi. Soit ils veulent un emploi salarié et ils sont les plus nombreux, soit ils veulent se lancer dans l’entrepreneuriat. Pour ceux qui veulent un emploi salarié, le diagnostic que nous faisons le plus souvent, c’est qu’ils n’ont pas un curriculum vitae qui puisse intéresser les employeurs parce que n’ayant pas d’expérience du tout ou n’ayant pas suffisamment d’expérience. C’est pour cela qu’ils échouent dans les tentatives de se faire recruter. La solution à ce problème, c’est d’augmenter leur taux d’employabilité, ce que nous faisons en leur offrant des possibilités d’être employés dans des entreprises à nos frais ou plutôt aux frais de l’Etat. Ils sont appelés à aller travailler dans des entreprises, dans des ministères ou dans des structures publiques aux frais de l’Etat que nous payons pendant une année ou plus et ceci leur permet de pouvoir enrichir leur curriculum vitae de manière à être plus employables et à intéresser mieux les entreprises. Lorsqu’ils sont plutôt intéressés par l’entrepreneuriat, nous les accompagnons par divers modules de formation pouvant leur permettre de trouver leur idée d’entreprise, de créer leur entreprise ou de gérer mieux leur entreprise. Nous avons une série de modules qui les préparent aux métiers d’entrepreneurs et ces mesures vont jusqu’à l’élaboration de leur plan d’affaires qui leur permet de s’adresser à une banque ou à une institution financière pour se lancer.

Récemment, dans le cadre de la réalisation du Pag, le gouvernement a lancé le recrutement de plus de 1000 employés au profit des entreprises chinoises. Où en est-on concrètement ?


Ce recrutement révèle la mise en œuvre du Pag qui est à sa phase de croisière. De plus en plus, les entreprises qui ont gagné les marchés du Pag ont un grand besoin de ressources humaines pour pouvoir les exécuter et c’est dans ce cadre que l’Association des entreprises chinoises au Bénin a mutualisé ses efforts pour faire un recrutement en une seule fois. Cette association s’est adressée à nous pour gérer le volet logistique et technique de ce recrutement massif. Nous avons, à travers nos procédés, pu sélectionner pour ses entreprises environ 4000 personnes sur plus de 8000 personnes qui étaient inscrites sur notre site pour postuler à ces emplois. Le processus s’est déroulé normalement. D’abord par la publication de l’avis dans toutes les communes, dans toutes les agences de l’Anpe, à travers les médias pour que tout le monde soit informé. Nous avons recueilli les inscriptions, fait un tri de présélection, et ce sont ces 4000 qui ont planché devant les 14 entreprises chinoises qui avaient besoin de les recruter. Au terme de ce recrutement massif qui a eu lieu le 3 mai dernier à Canal Olympia de Wologuèdè, les entreprises chinoises ont pu sélectionner les meilleurs candidats pouvant servir dans leurs entreprises chargées de réaliser les marchés du Pag qu’ils avaient gagnés. Ce processus a été très satisfaisant. Environ 1000 demandeurs d’emploi ont pu avoir une promesse d’emploi et les entreprises chinoises ont pu sélectionner les meilleures compétences dont elles avaient besoin. Parmi ces employés, nous avons 143 cadres et agents d’encadrement et 821 ouvriers et manœuvres et ceux-ci vont pouvoir démarrer incessamment.

Quel appel avez-vous à l’endroit des jeunes ?

Je dirais aux jeunes de ne pas désespérer. L’amélioration de l’environnement des affaires est la chose la plus importante qui leur permettra de trouver l’emploi. L’emploi ne sera pas généré par le gouvernement directement. Le gouvernement recrutera mais cela ne suffira pas. Un travail important se fait pour que la place du Bénin puisse être une place enviable, une place prisée pour les entreprises de façon que le chômage puisse diminuer et que les jeunes puissent trouver du travail. Je demanderais également aux jeunes de ne pas ignorer l’entrepreneuriat. Les opportunités en matière d’entrepreneuriat sont énormes dans notre pays. Et ces opportunités sont à leur disposition. S’ils ont des difficultés, qu’ils viennent à nous et nous allons en discuter pour leur montrer les opportunités et les accompagner.
Dernière chose que je dirais aux jeunes et cela également aux parents, c’est que l’emploi est lié à la consommation. Si nous avons des comportements extravertis, sachons que nous envoyons notre argent soutenir l’emploi dans les pays de provenance des produits que nous consommons. Si le riz que nous consommons est un riz importé, sachons que nous contribuons à payer le salaire d’un ouvrier qui le fabrique ailleurs. Mais si le riz que nous consommons est du riz béninois, nous contribuons à soutenir l’emploi d’un Béninois ou à en créer davantage. C’est donc aberrant et paradoxal que des jeunes qui cherchent l’emploi n’aient d’autres manières de consommation que de consommer uniquement étranger. Ils contribuent à soutenir et à créer l’emploi ailleurs que là où ils recherchent l’emploi. Ce même message va aussi à l’endroit des parents. Ils ne peuvent pas chercher de l’emploi à leurs enfants en ayant des comportements de consommation extravertis. L’emploi est lié à notre consommation. Plus nous consommerons nos produits, plus nos entreprises se développeront et auront des besoins de recrutement et plus nous aurons des chances de réduire le chômage.

Isidore Alexis GOZO ( Stag)
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