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BENIN : Que veut Thanatos à Boni ?
Publié le mercredi 6 mars 2013   |  Le quotidien.bf


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© aCotonou.com
Conférence de presse du président Thomas Yayi Boni


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On dirait que le président béninois marche présentement dans l’axe du mal. Comme si Lucifer et Thanatos s’étaient ligués contre lui depuis un certain moment. Ou est-ce bien une simple paranoïa trop poussée de la part du président béninois qui ne voit plus que du noir dans son sillage ? En effet, il n’y a pas longtemps que le président Yayi Boni avait créé la polémique autour de sa personne lorsqu’il criait attentat à sa vie, une supposée tentative d’empoisonnement qui aurait échoué. Pas plus tard que la semaine dernière, l’on apprend encore que Yayi Boni a échappé à une nouvelle tentative de putsch. Est-ce cela qui expliquerait l’absence du président béninois au dernier sommet de la CEDEAO qui a eu lieu les 27 et 28 février 2013 en Côte d’Ivoire ?

En tout cas, plusieurs personnes ont été interpellées à Cotonou «pour une tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat» béninois. Selon le procureur de la République, l’idée de ce coup de force était d’empêcher le chef de l’Etat de rejoindre Cotonou après un voyage en Guinée équatoriale « et instituer un régime militaire qui contraindrait le président Boni Yayi à l’exil ». Selon lui, le coup avait été monté par un colonel, Pamphile Zomahoun et un homme d’affaires Johannes Dagnon, tous deux actuellement détenus. Un ancien proche du président Boni Yayi tombé en disgrâce, Patrice Talon, avait été désigné en octobre 2012 par les autorités judiciaires béninoises comme l’instigateur d’un complot de tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat. De sources judiciaires, on a appris que Patrice Talon, richissime homme d’affaires béninois, cousin de l’expert comptable Johannès Dagnon, mis sous mandat de dépôt dans le même dossier, fait objet d’un mandat d’arrêt international depuis vendredi dernier. Tout comme dans l’affaire de supposée tentative d’empoisonnement de Yayi Boni, le nom de Patrice Talon est cité dans ce dossier de putsch déjoué. Ce mandat d’arrêt ainsi émis, est le second concernant cet ancien magnat du coton qui s’est réfugié à Paris quelques semaines avant l’éclatement du feuilleton « empoisonnement ».

L’information est à prendre au sérieux. D’autant plus qu’en Afrique, malgré l’ère de la démocratie dans laquelle on est désormais, certains opposants, très peu convaincus de leur aura, ou parce que les dirigeants en place sont généralement réfractaires à toute idée d’alternance du pouvoir, nourrissent au fond d’eux plutôt l’intention d’arracher celui-ci par un coup de force ; il n’y a qu’à leur en offrir l’occasion.

Au demeurant, le président béninois a aussi perdu sa crédibilité depuis. Son élection contestée à travers de violentes manifestations, Yayi Boni sait dorénavant que son peuple ne le porte presque plus dans le cœur. Il apparaît néanmoins que depuis, le président Yayi a épousé la doctrine machiavélique, comme la plupart des chefs d’Etat africains, doctrine qui veut que le souverain s’accroche coûte que coûte, vaille que vaille, à son trône, en usant de représailles contre ceux qui ne le portent pas en amour et contre ses adversaires politiques qu’il cherche à anéantir, absolument. Réclamé et acclamé au départ, Yayi Boni, comme dirait Saint-Just, « l’art de gouverner n’a produit que des monstres », est ouvertement désavoué aujourd’hui par son peuple.

« L’Etat, c’est le plus froid de tous les monstres froids », a dit aussi Nietzsche. Qu’est-ce que les Béninois disent ? Pour eux, puisqu’il a été contraint, suite à la grogne populaire, de ne plus se présenter après son présent mandat présidentiel, Yayi Boni chercherait une porte de sortie honorable et qui devrait en même temps lui permettre de garder une mainmise sur le pouvoir. C’est comme s’il chercherait à baliser le terrain pour son éventuel poulain. Aujourd’hui, très peu de gens prennent encore au sérieux les jérémiades de Yayi Boni qui, comme certains de ses pairs africains, sont passés maîtres dans la diversion : lorsqu’ils veulent lancer une traque contre un adversaire qui fait vraiment le poids, ils invoquent un putsch manqué contre leur personne. Contre l’ « auto coup d’Etat » d’un général voltaïque en 1974 .

Jean-André ZOSSI

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