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Habib Dakpogan au sujet de la journée internationale de l’écrivain africain: « L’écrivain est vraiment en souffrance au Bénin »
Publié le lundi 11 novembre 2013   |  L`événement Précis




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Le monde entier consacre, chaque année, la journée du 7 novembre pour célébrer l’écrivain africain. A cet effet, nous avons rencontré un écrivain béninois de la jeune génération, fraichement auteur d’un roman intitulé ‘’PV Salle 6’’, qui s’est prononcé sur les conditions de vie et de travail des écrivains béninois et africains en général. Il a également souligné d’un trait ce qu’il leur faut en tant qu’écrivain pour que leurs écrits ne soient plus vains.

L’Evénement Précis : comment se porte le monde de l’écriture ?

Le monde de l’écriture ne se porte pas très bien. Mais nous allons œuvrer pour qu’il se porte mieux. Il ne se porte pas très bien parce que les auteurs ne sont pas accompagnés. Et si l’auteur n’est pas accompagné, il n’aura pas le temps de peaufiner son travail, de produire un travail de qualité. Non seulement ça, le livre n’est pas promu, ce qui fait craindre à son auteur de prêcher dans le désert, d’envoyer de la paperasse aux oubliettes. Donc cela dit, la journée de l’écrivain est certes un symbole, mais ne doit pas rester symbole. Elle doit continuer parce que tous les jours sont des jours d’écrivain.

Pour vous, l’écrivain c’est qui ?

L’écrivain ce n’est pas quelqu’un de particulier, c’est-à-dire que le statut social de l’écrivain ne l’extrait pas de la société en faisant de lui une icône particulière. L’écrivain, c’est celui qui est en permanent dialogue avec le peuple. Ce qui l’explique, c’est qu’il publie des livres parce que les livres sont un vecteur entre l’écrivain qui veut dire quelque chose et la population qui veut le recevoir. Il pose des problèmes sociaux et il revient au lecteur de s’en imprégner et de forger sa propre opinion. Donc l’écrivain, autant il est quelqu’un de tout à fait banal, autant il est faiseur d’opinion, objecteur de conscience et poseur de problème.

Et bien, s’il était donné à Habib Dakpogan, en tant qu’écrivain, de faire un sondage beaucoup plus improvisé des écrivains béninois, par rapport à leur vie quotidienne, est-ce qu’il pourra dire qu’ils vivent dans de bonnes conditions ?

Les Béninois en général ne vivent pas dans de bonnes conditions. Maintenant, en ce qui concerne les écrivains, je dis qu’ils ne sont pas accompagnés. Il n’y a pas de subventions particulières et tu es totalement isolé. Tu n’as pas un métier plus ou moins rémunérateur. Tu n’as pas le temps d’écrire parce que tu dois courir à gauche à droite pour boucler tes fins de mois. Donc l’écrivain est vraiment en souffrance au Bénin. Je donne moi, mon propre exemple. Je suis accompagné depuis environ plus de six (06) ans par le Centre national du livre de Paris. Vous vous imaginez. Alors qu’il y a des institutions dans mon pays qui peuvent le faire. Donc, moi j’ai eu la chance qu’on me donne un espace pour pouvoir écrire, pour pouvoir m’inspirer. Mais qu’en est-il des autres ? C’est là la vraie question, le grand problème. Comme je le disais tout à l’heure, il faut qu’on puisse accompagner les écrivains afin de pouvoir leur offrir la chance de déployer leurs talents parce qu’il y a des talents immenses lorsque vous allez à des fora de slameurs qui se mettent en scène et qui déclament. C’est fabuleux. Mais pourquoi ne pas les accompagner.

Habib Dakpogan fait partie de ceux qui soutiennent qu’il ne faut pas s’attacher à la plume et dire qu’on veut se nourrir ?

Ah non ! On peut bien se nourrir exclusivement de sa plume. On peut bien s’attacher à sa plume pour se nourrir. Il y a quelques rares qui se nourrissent aujourd’hui de leurs plumes. Il y a, par exemple, Ken Bugul qui est traduite dans plusieurs langues. Il y a Florent Couao Zotti, pour ceux que je connais.

Mais ceux que vous citez-là sont des gens qui ont des partenariats à l’extérieur ?

C’est vrai. Mais ils vivent quand même au Bénin. C’est une façon de dire que ce n’est pas interdit. C’est un gros risque dans les conditions actuelles, parce que les structures ne le permettent pas. Il n’y a pas de caravane et de festival comme cela se dit. Mais comment porter le livre ? C’est là le grand problème.

L’écrivain, par excellence, est un artiste, et bien, il y en a qui pratiquement versent dans des vices et avancent comme prétexte que c’est par là qu’ils s’inspirent. Est-ce que Habib Dakpogan épouse cette façon de faire?

Il y a plusieurs manières de voir le monde et il y a plusieurs manières de s’inspirer. Donc, je n’ai pas à me prononcer par rapport à la manière des autres de s’inspirer et je n’ai pas non plus à juger leurs comportements. Il n’y a que la justice pour juger les actes de chacun. Tout ce que je sais, c’est que moi, je n’ai pas besoin d’hallucinogène ou d’excitant particulier pour écrire. Il y a déjà l’envie de rencontrer le lectorat que tu ne connais pas. Pour moi, c’est fabuleux cet échange virtuel qu’on a avec son lectorat. Et puis quand vous êtes chez vous, les gens vous lisent et vous appellent, vous posent des questions. Mais vous dites que c’est magique. La véritable inspiration est là. Maintenant, pour ceux qui vont se droguer ou s’impliquent dans toutes sortes de pratiques bizarres, ils ont choisi.

Alors un mot pour conclure ?

Je dirai merci aux journalistes. Dans mon ouvrage ‘’PV Salle 6’’, j’ai fait un hommage particulier aux journalistes, parce que les gens ont tôt fait de dire que les journalistes sont à la solde des hommes politiques. Mais, si vous lisez cet ouvrage, leur image est restée lisse, puisque j’ai beaucoup de respect pour eux. Je trouve que ce sont des gens qu’il faut décorer parce que, d’abord leurs conditions de travail ne sont pas bonnes et ce qu’ils font comme travail est merveilleux. Et moi, je pense que la presse, notamment la presse culturelle doit être encouragée pour que les écrivains puissent retrouver l’écho et l’auditoire qu’il faut.

Propos recueillis par Teddy GANDIGBE

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