Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article




  Sondage



 Autres articles



Comment

Société

Interdiction des marches de protestation par le gouvernement: Une politique de deux poids deux mesures
Publié le mercredi 6 mars 2013   |  Le Matin


Ecole
© Autre presse par DR
Ecole nationale de la Police


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le Bénin se fait remarquer par des mouvements populaires de soutien tous azimuts. De géantes marches et manifestations de soutien sont organisées au profit des leaders politiques, des ministres du gouvernement et d’autres... Mais au même moment, certaines structures de l’Etat interdisent ces genres de manifestations lorsqu’il s’agit pour les manifestants de faire de vives protestations. N’est-ce pas une politique de deux poids deux mesures ? Cette pratique contribue-t-elle véritablement au développement de la nation?

Il est permis à certains citoyens de se rassembler, de s’organiser et de marcher dans n’importe quelle commune du pays. Surtout quand il s’agit de chanter ou de faire l’éloge des ministres et du Chef de l’Etat. Le phénomène est beaucoup plus perceptible à Cotonou et dans d’autres villes du pays. Parfois, ces manifestations se déroulent sur fond de ségrégation et du régionalisme voilé. Car, les populations dans leurs motions disent par exemple : ‘’Nous filles et fils de … (nom de la région ou localité), apportons notre soutien indéfectible à notre fils. Ceci pour le travail qu’il abat.’’ Malheureusement, ces genres de mouvements interviennent quand l’intéressé ou la personne soutenue est plus ou moins décriée par une partie de la population. Parfois, ce sont ces mêmes leaders politiques ou personnalités qui incitent et financent les populations à manifester en leur faveur. C’est un autre investissement qui assèche bien les caisses de l’Etat. Dans ce cas précis, il n’est pas exclu de penser que ces leaders politiques sont dans une dynamique des campagnes à tout bout de champ. C’est vrai qu’ils évaluent aussi leur côte de popularité par ces marches de soutien. C’est un baromètre de l’influence politique. Mais malheureusement, aux côtés de ceux-ci, d’autres citoyens n’ont pas le droit de protester et revendiquer des droits au gouvernement en place. Les exemples d’interdictions de manifestations sont légions. Les syndicalistes ont été récemment empêchés de protester contre le concours de recrutements des Ape au profit du ministère de l’Economie et des finances, un concours dans lequel ils dénoncent des fraudes. Également, une manifestation des citoyens sans emploi a été aussi étouffée dernièrement à Parakou.

Nul n’est parfait. Ce qui veut dire que le pouvoir actuel ne serait pas exempt de reproches dans sa gouvernance. Mais pourquoi interdire à des citoyens de faire connaître aux dirigeants leur désolation face à un problème ? Le comble est de constater que ces mêmes citoyens qui soutiennent le pouvoir ou ces hommes politiques sont parfois les premiers, en coulisse, à se plaindre de l’accentuation de la pauvreté, de la cherté des denrées alimentaires par exemple. Et si d’autres citoyens veulent le dire à haute voix par des manifestations, on ne leur permet pas tout simplement. La raison évoquée pour interdire ces marches de protestations contre le gouvernement, est parfois ‘’le trouble à l’ordre public’’. Certes, il ne serait pas aussi bien que les protestataires transforment leurs manifestations en acte de vandalisme. D’ailleurs aucun pays ne se développe dans le désordre et l’anarchie.

Aujourd’hui, qu’on le veule ou non, le Bénin est un pays de droit. Il ne faudrait pas qu’il y ait une politique à double vitesse. C’est une lapalissade que c’est dans l’expression des avis partagés qu’une nation peut de se développer. Saint-Exupéry disait « celui qui diffère de moi, loin de me léser m’enrichit ». Ceci pour dire que celui qui n’est pas du même avis que soi, apporte quelque chose comme contribution par ses idées. Le Bénin a choisi un régime démocratique, il y a vingt trois ans de cela. Dans un régime démocratique, la gestion de la République est réservée à la population entière et non à une partie de celle-ci. Tout le monde doit avoir le droit de donner son avis sur une action gouvernementale donnée. Mais autoriser certains au détriment d’autres tend à être une dérive dictatoriale.

Par exemple, si l’on regarde dans les pays dits développés, personne ne manifeste ou n’organise des mouvements pour soutenir une autorité publique, un ministre, un président de la République, un parti politique etc. Le président a beau être de leur région, de leur famille, il ne tente rien pour inciter les membres de sa famille politique à manifester pour son soutien. Cependant, des Européens descendent dans la rue, quand ils sont en désaccord avec leurs gouvernants sur une politique donnée. La preuve, depuis le début de la crise financière dans des pays européens comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne et la France, les citoyens de ces pays descendent dans la rue pour dire non à la politique d’austérité que leurs dirigeants leur imposent. Il arrive aussi parfois qu’un projet de loi en étude au parlement ou au sénat dans lesdits pays que les partisans ou opposants du projet peuvent se permettre de donner leurs avis par des rassemblements. Mais jamais, pour soutenir une autorité individuelle même si elle est à l’origine du projet débattu. Bref, c’est au moment où les choses vont mal que ces populations agissent. Or, ici, c’est le contraire qui se passe. On marche pour soutenir un homme quand d’autres citoyens n’ont pas l’autorisation de manifester leur ras-le-bol sur une affaire.

La question est de savoir si les leaders politiques et autres personnalités à qui, ces populations apportent de soutien, ne feraient-ils pas mieux de conseiller plutôt les marcheurs professionnels de vaquer à leurs occupations?

Car, leurs activités peuvent rapporter et contribuer au développement de la nation. L’Américain, Taylor, disait : « Time is money » (Le temps, c’est de l’argent). Ce dicton est connu au Bénin comme partout ailleurs. Le temps perdu par le pays et ces marcheurs, c’est sans doute des millions de francs. C’est la pluralité des idées qui fait avancer un Etat. En tout cas, il n’est pas interdit de copier ce qui se fait de bien chez l’autre. Avis donc aux marcheurs de circonstance.

Edem ANAKA

 Commentaires