Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



La Nation N° 5861 du 11/11/2013

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Politique

Nouvelle configuration politique de l’Assemblée nationale : Un séisme aux répliques imprévisibles
Publié le lundi 11 novembre 2013   |  La Nation


Candide
© Autre presse par DR
Candide Azannaï
Président du parti « Restaurer l’Espoir »


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

‘’Hémicyclone’’ comme dirait le président Mathieu Kérékou ou séisme carrément ? Ce qui s’est passé jeudi 7 novembre dernier, à l’Assemblée nationale, avec la recomposition du groupe parlementaire ‘’Nation et Développement’’ de Rosine Vieyra Soglo, et surtout avec la constitution du nouveau groupe parlementaire ‘’Cohésion nationale et Paix’’ de Candide Azannaï, n’est pas qu’une simple formalité. L’avènement de ‘’Cohésion nationale et Paix’’ relève sans doute d’un acte politique fondateur dont les effets pourraient s’apprécier à moyen et long termes.

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI

A n’en point douter, c’est une amorce franche de la redéfinition de la carte politique nationale qui s’est opérée, tant les personnages en situation autant dans le cas de la recomposition du groupe parlementaire ‘’Nation et Développement’’ que dans celui de la constitution de ‘’Cohésion nationale et Paix’’ sont, pour l’essentiel, à suivre dans leur trajectoire politique.
Intéressons-nous d’abord au cas de ‘’Nation et Développement’’ pour rappeler que ce groupe était littéralement liquéfié avec les démissions en cascade des députés Parfait Houangni, Ali Camarou et Epiphane Quenum, tous pourtant élus parce que battant pavillon R.B. au sein de l’Union fait la Nation dans sa composition originelle.
Il fallait donc sauver non un soldat en cette occurrence, mais un officier et pas n’importe lequel, l’officier Rosine Soglo. L’appartenance non encore remise en cause de son parti, la R.B., à la Majorité présidentielle, et surtout son statut personnel de taulière de la vie politique nationale de ces vingt dernières années lui conférant un statut particulier ; toutes choses renforcées par ses coups de sang, ses coups de cœur et ses coups de gueule dévastateurs, commandaient de ne pas la laisser longtemps dans l’expectative et le désarroi.
D’ailleurs les nouveaux venus justifient leur choix «libre», par le souci de permettre au Groupe parlementaire de Rosine Soglo, «de reprendre vie en raison de l’engagement de cette dernière dans l’animation de la vie politique au Bénin depuis 1990».
Et le choix des députés venus compenser les départs subis par le parti, renseigne utilement sur l’ancrage de la R.B. dans la Majorité présidentielle. On pourrait en effet, considérant les renforts de Claudine Prudencio, Zéphirin Kindjanhoundé et Célestin Goutolou, gager que cette solution a été discutée et décidée dans l’establishment des FCBE.
Mais il se peut fort bien aussi que le choix fait ou accepté par les intéressés, particulièrement Claudine Prudencio et Zéphirin Kindjanhoundé, participe plutôt d’un repositionnement en vue des futures joutes, et donc découle de dynamiques personnelles hautement stratégiques.
En effet, faut-il le rappeler, toutes choses restant égales par ailleurs, il y a des législatives en 2015 et une présidentielle en 2016.
Les premières devant intervenir avant la seconde, le chef de l’Etat, s’il garde la main et contrôle tant bien que mal sa majorité, quand bien même il serait dans l’antichambre de l’après pouvoir, pourrait être déterminant dans le positionnement des uns et des autres.
Quoiqu’en ce moment-là, les migrations vers les possibles successeurs se feraient déjà, il pourrait être plus rassurant, pour maintenir son siège de député, d’être adoubé par lui si l’on doit être présenté sur sa liste, les FCBE. Or, qu’a-t-on observé ces temps derniers ? Claudine Prudencio est en délicatesse avec les cadors FCBE dans sa circonscription électorale, Zéphirin Kindjanhoundé lui, lors de sa dernière sortie politique, s’est montré, selon maints observateurs, critique à l’égard du pouvoir.
En se rapprochant ainsi de la R.B., ces deux là pourraient se donner un bon bol d’air politique s’ils devaient suffoquer sous les coups de boutoir des FCBE. Pour Zéphirin Kindjanhoundé, ce serait pratiquement un retour aux premières amours.
Qui pourrait s’avérer payant avec la situation sur le plateau d’Abomey où, du fait des récentes et futures (?) démissions, des places pourraient être libérées sur la liste R.B. Il pourrait d’ailleurs considérer qu’avant lui, un certain Boniface Yèhouétomè, après avoir battu pavillon Force Clé, est revenu en grâce pour se faire élire député. Ainsi, la concurrence s’annonçant rude s’il devait se présenter sous la seule bannière de son parti, au cas où les FCBE ne le retiendraient pas, une candidature sur la liste R.B. serait comme du pain béni pour lui.
Quant à Claudine Prudencio, elle n’ignore certainement pas que dans sa circonscription comprenant Abomey-Calavi, Zè, Sô-Ava et autres, la R.B. a jusqu’ici réussi à glaner quelques sièges de députés. Elle aussi, par ce choix, pourrait opérer un repositionnement stratégique et espérer, en retour d’ascenseur, être positionnée par la R.B. au lieu, si elle ne s’imposait pas chez les FCBE, de devoir affronter seule leur machine.
Somme toute, même s’ils avertissent qu’ils appartiendront à ‘’Nation et Développement’’ tant que la R.B. sera à la Mouvance présidentielle, il n’est pas exclu que chemin faisant, 2015 en ligne de mire, les données puissent évoluer et que la realpolitik l’emporte, imposant aux nouveaux venus de demeurer en place pour se tirer d’affaire.

Séisme et répliques…

Si la situation du groupe parlementaire de Rosine Soglo retient l’attention, la constitution du groupe parlementaire ‘’Cohésion nationale et paix’’ l'est encore plus.
A première vue, il ressemble à un melting-pot politique, en rassemblant des députés venus d’horizons politiques et géographiques divers. Cela justifie sa dénomination ‘’Cohésion nationale et Paix’’. Mais on devrait s’intéresser plus à son contenu qu’à son apparence. Candide Azannaï est entouré des néo démissionnaires de la Renaissance du Bénin. Une revanche pour cet ancien militant R.B. qui, longtemps avant eux, a rompu les amarres, un peu malgré lui, pour aller voguer avec ses propres voiles ?
Avec lui aussi, Sacca Fikara, un des éléments choc de l’Union fait la Nation dont le rapprochement d’avec son collègue Azannaï a été perceptible ces temps derniers avec Janvier Yahouédéou et Ismaël Tidjani Serpos. Il y a aussi Bani Samari, considéré comme une des têtes brûlées (en plus d’Azannaï lui-même) des FCBE, qui ose exprimer ses désaccords. Koffi Ahouannougan étant le moins connu, il y a enfin Issa Salifou et Antoine Dayori.
Ces derniers font peut-être partie de ceux que l’opinion considère à tort ou à raison comme des reconvertis malgré eux à l’évangile FCBE. En effet, après avoir été alliés du pouvoir lors du premier mandat et l’avoir ensuite combattu dès 2008, ils ont fini par revenir en de meilleurs sentiments. Antoine Dayori dès après les législatives de 2011, et Issa Salifou attendant et résistant jusqu’à ce qu’il fut secoué en ses intérêts économiques (affaire Canal 3 contre ORTB) il y a un an.
Quant à Candide Azannaï lui-même, irrédentiste à souhait, il est, sans conteste, l’un des catalyseurs au sein de la Majorité présidentielle, mais bien plus. Il faut se souvenir qu’en partant de la R.B. dès 2004 après avoir entretenu la guéguerre avec les Soglo, il s’était investi dans la conquête du pouvoir pour Boni Yayi. Et même si pendant un peu plus d’un an où il a été son ministre, il était aussi bavard qu’une carpe, avant et après son appartenance au gouvernement, il a souvent porté l’estocade, se réclamant de l’aile critique de la Majorité.
Ce qui conduit à l’assimiler parfois sinon à un trouble-fête, du moins à un loup dans la bergerie. Vu sous cet angle, ses prises de position percutantes y aidant, et son expérience politique l’éclairant, il devrait savoir que son positionnement sur la liste FCBE n’est pas d’office acquis pour les législatives de 2015.
Et chercher, conséquemment, à se repositionner ; convaincu par ailleurs que 2016 ouvrira de nouveaux champs. Aussi n’est-il pas exclu que comme dans la perspective de 2006, il ait décidé dès à présent d’aider à creuser les sillons que parcourira ou enjambera le successeur de Boni Yayi pour arriver à la tête du pays, s’il ne s’y voit lui-même.
Cette même perspective peut être partagée par d’autres membres de son groupe parlementaire qui, à l’évidence, doivent avoir commencé à réfléchir à l’après Yayi et, dans cette perspective, voudraient peut-être compter parmi les précurseurs.
En tout cas, la déclaration de constitution de ce nouveau groupe parlementaire renseigne à souhait sur le positionnement et le rôle qu’il entend jouer s’il n’est pas amené à s’écarter de ce chemin qu’il se trace. On peut y lire, morceaux choisis : «Une évidente crise de modèle du politique au service exclusif de l'intérêt général, a conduit de nombreux citoyens à interroger l'interface entre le leadership actuel au sommet de l'Etat et les exigences de principes en matière de gouvernance en système de démocratie plurielle
. Il y a lieu de constater que le pacte conclu lors de l'historique Conférence nationale de février 1990 par le peuple béninois est dangereusement menacé… La gravité des inquiétudes fort perceptibles par chacune et par chacun d'entre nous, appelle un urgent besoin d'examen des rapports de force au sein de notre Parlement dans la perspective d'un équilibrage politique nouveau à la hauteur des défis qu'impose la nécessité de l'apaisement des tensions latentes ou déjà ouvertes.
En réalité, il convient d'empêcher que les lignes rouges déjà largement entamées dans presque tous les domaines de la vie de notre Nation, soient franchies davantage… Considérant qu'un dialogue apaisé et constructif et effectivement citoyen et républicain autour des grandes préoccupations de notre société ne peut se concevoir au regard des cicatrices de nos césures politiques antérieures, dans le contexte béninois actuel d'une majorité trop écrasante capable d'ignorer sans autre forme de procès, une minorité exagérément étouffée, Considérant que toute démocratie qui ne tolère pas la différence politique, qui est réduite au monolithisme cesse de l'être et offre des prétextes aux dérives qui peuvent hypothéquer la liberté, la paix, le développement, la cohésion nationale et l'unité nationale ; …»
Le ton est donc donné et il ne faudrait pas s’attendre à voir Candide Azannaï et ses compagnons faire dans les détails. Seulement la capacité de résistance des uns et des autres, quoique largement éprouvée chez certains d’entre eux, n’est pas identique et, partant, des défections ne seraient pas à exclure si le groupe devait rester, dans la durée, fidèle à ses engagements.
L’exemple du G13, constitué en janvier 2008 et qui vivra des moments fastes, pathétiques voire de reniement et de renoncement devrait constituer un repère sérieux, les acteurs n’ayant pas fondamentalement varié dans un camp comme dans l’autre.

Un défi majeur

En tout cas, ambitionnant de combattre «le culte excessif de la personnalité, les manipulations de tout genre (qui nuisent aux différences, aux minorités citoyennes et républicaines), toute instrumentalisation de l'adulte politique, toute chosification politique de l'humain» Candide Azannaï et ses compagnons se donnent un défi majeur qui peut faire sourire dans certains cercles, et qui n’est pas moins essentiel dans le contexte actuel, fort préoccupant du reste à bien des égards.
Et pour eux, de façon ultime, «Il s'agit d'une initiative visant un équilibre des rapports entre les forces politiques au sein de notre Assemblée nationale, au sein de l'ensemble de notre classe politique et au sein surtout des populations en vue de promouvoir la nécessité du dialogue comme présupposé de la démocratie plurielle à tous les niveaux de la vie publique chez nous.
Il s'agit de faire en sorte que la démocratie institutionnelle soit vécue comme une division effective des prérogatives entre les institutions afin qu'aucune d'entre elles, aucun contre - pouvoir constitutionnel surtout, ne soit mis sous éteignoirs de n'importe quelle manière et par qui que ce peut être chez nous, au Bénin. Il s'agit d'une action qui a l'ambition de contribuer à la création aux côtés des forces vives de la Nation, des conditions politiques devant contraindre les acteurs politiques et publics toutes catégories et toutes tendances confondues à s'asseoir à l'effet de préférer des compromis autour de l'intérêt général au détriment des extrémismes des intérêts particuliers de tout genre».
Tout cela, à s’y méprendre est une copie conforme de ce qu’il s’est passé en janvier 2008 avec la constitution du G13.
Et Candide Azannaï se donne les moyens de porter son combat à un autre niveau de décision stratégique. En tant que président de groupe parlementaire, il aura désormais accès à la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale, instance où il pourrait essayer d’influencer les débats et faire valoir les vues et positions des siens.
Ce qui ne sera probablement pas du goût de tous, au regard de la dureté de ton qui le caractérise, surtout s’il se fait critique de l’action du président de l’Assemblée nationale ou même du président de la République. Il va sans dire que la naissance de ‘’Cohésion nationale et paix’’, est probablement un séisme dont l’épicentre est l’hémicycle, dont la magnitude n’est pas encore déterminée, mais un séisme assez fort quand même sur l’échelle des FCBE et dont les répliques pourraient se ressentir par intermittence, bien au-delà de l’hémicycle à Porto-Novo, jusqu’en 2016.Voire au-delà ! Il faudra être attentif aux activités de ce groupe parlementaire et de ses membres…


 Commentaires