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Entretien avec le Député Assan Séibou du parti Bloc Républicain: «La Démocratie au Bénin n’est pas menacée»

Publié le lundi 29 juillet 2019  |  l'evenement precis
Abdoulaye
© aCotonou.com par Didier Kpassassi
Abdoulaye Bio Tchané, ministre d`Etat chargé du plan et du développement lors de l`université de vacances 2016 de l’Alliance pour un Bénin Triomphant (Abt)
Cotonou, le 18 Septembre 2016. Palais Des Congrès.Université de vacances 2016 de l’Alliance pour un Bénin Triomphant (Abt)
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Suppléant du Ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané lors des législatives d’avril 2019, l’Honorable Assan Séibou est considéré aujourd’hui comme l’un des miraculeux de l’Assemblée nationale. En effet, élu député des 3è et 4è législatures, l’homme a vu passer devant lui, 12 années avant de revenir au parlement pour siéger à la 8è législature installée le 16 mai dernier, après la démission du titulaire. Dans un entretien qu’il a accordé à notre rédaction, l’élu du peuple a fait le tour d’horizon des grands sujets de l’actualité nationale, notamment l’état de santé du parti Bloc Républicain, les législatives du 28 avril 2019 et ses corollaires, ainsi que le dialogue initié par le chef de l’Etat dans le cadre de la décrispation de la crise électorale. Lire ci-dessous l’intégralité de l’entretien.

L’Evénement Précis : Comment se porte le parti Bloc Républicain depuis les dernières législatives ?

He Assan Séibou : Le Bloc Républicain se porte bien comme un bébé qui vient de naître et qui doit vivre toutes ses épreuves de croissance. C’est-à-dire, que les membres du parti se découvrent entre eux, le parti lui-même se découvre dans l’environnement politique et s’y adapte. Il tient ses réunions des structures internes installées, prépare les mises en place des différentes structures décentralisées pour relever le défi qui est le sien de conquérir le pouvoir et de l’exercer. C’est dans cette perspective qu’on peut dire que le parti se porte bien, parce que les missions sont claires, les hommes sont engagés et on essaie d’huiler la machine et d’organiser les hommes qui animent ce parti né il y a moins d’un an.

A quand la fin de la transition au sein du Bloc Républicain ?
Nous avons une année de transition qui a été décidée par le congrès. L’échéance est pour décembre. Nous sommes en train de nous préparer pour ce congrès. C’est à cette occasion que nous allons installer les structures définitives du Parti selon la durée des mandats prévue par les textes fondamentaux. Mais pour y aller, il faut mettre en place les structures décentralisées prévues par les textes et qui constituent le maillon important du congrès. En effet, toutes les structures allant des cellules de base aux fédérations désignent leurs représentants sur toute l’étendue du territoire national; les structures centrales ou verticales assurent l’organisation. Nous avons donc assez de travail pour les mettre en place et le temps nous est compté.

A l’issue des législatives dernières, le Bloc Républicain a levé seulement 37 sièges sur les 83 en jeu. Qu’est-ce qui n’a pas marché selon vous ?
Il faut dire que les élections sont avant tout, une compétition et dans une compétition quelqu’un doit gagner et quelqu’un doit perdre, encore que ici la perte est limitée, puisque chacun se représente malgré tout. L’autre chose est que, les élections constituent la chose des hommes. Elles obéissent à la susceptibilité des hommes, au caractère instable des hommes, à l’aspect qui frappe les hommes psychologiquement. Tout le monde voyait le Bloc Républicain comme le plus grand parti en vue. Dans le processus de création du parti, nous sommes passés par des étapes. Peut-être que nous avons choisi des gens que certes, nous croyions populaires, mais sur le terrain, cela ne s’est traduit à la hauteur des attentes. Il y a beaucoup d’autres choses qui se sont passées pour que nous en arrivions à 37 députés, mais il faut reconnaître que 37 députés, ce n’est pas peu, c’est beaucoup, c’est du monde, c’est une grande représentation, donc confortable.

On a noté beaucoup de violences dans le septentrion où vous avez été élu. Quelles sont les raisons qui ont favorisé la montée de ces tensions ?
Quand on regarde la chose à distance, on a l’impression que la violence, c’est dans tout le nord que ça s’est passé. Non, il y a cinq communes concernées sur les 77 communes que compte le Bénin. Relativement, on peut dire que c’est circonscrit. Au cours des élections on a eu de problèmes dans quelques arrondissements de Tchaourou, Savè, Bantè, Parakou et Bassila. Et à voir de très près, c’est dans une aire culturelle où les leaders de formation politique ont appelé et organisé cette forme d’expression de la contestation par la violence. Nous savons tous que dans cette zone qui est son bastion, l’ancien Président de la République Boni Yayi qui était pratiquement l’homme qui n’avait pas accepté les conditions dans lesquelles les élections se déroulaient, a appelé au boycott et à l’expression de la violence. Il était évident que ça ne peut qu’être dans les quartiers de Parakou où il est, à Tchaourou qui est chez lui, à Savè et à Bantè que la situation a été la plus préoccupante. Il ne faut pas exagérer dans cette affaire ; et il faut s’inscrire dans la démarche d’apaisement adoptée par le Chef de l’Etat, car à l’étape actuelle chaque camp a des revendications qui pourraient fonder la violence indépendamment du scrutin qui relève désormais, du passé.

N’est-ce pas la conséquence d’une exclusion des partis de l’opposition de ces législatives ?
Je n’aime pas le mot « exclusion » dans ce qui s’est passé. On exclut quelqu’un quand on lui interdit de faire quelque chose. Mais s’il n’a pas pu remplir les conditions requises ce n’est pas une exclusion. C’est peut-être quelqu’un qui n’a pas voulu faire quelque chose. La violence a commencé à Tchaourou à la veille des élections et non à l’issue des élections. Et le réseau social whatsapp était utilisé pour montrer à tout le monde que la violence a démarré. Et dans le nord, des gens passaient de quartier en quartier. On a laissé faire et beaucoup d’autres contingences de complicités administratives ou sécuritaires ont favorisé la chose. On dit aux gens « restez chez vous. Ce n’est pas la peine. Vous voyez ce qui est en train de se passer à tel endroit ? », ou bien ce sont les féticheurs qui mettent de choses à la place publique et sur des voies pour défier les gens. Quand vous dites et montrez cela à un paysan, le choix le moins risqué est de ne pas sortir. Il y a eu dans ma commune, des chefs d’arrondissement qui sont passés dans les maisons avec le commissaire qui ne comprend pas sûrement la langue locale, mais on leur dit, « vous voyez, lui-là, si vous sortez vous allez voir ». Peut-être que le commissaire peut comprendre qu’on est en train de dire qu’ils sont en sécurité en vernaculaire, mais en vérité, on il dit, « non si vous sortez, vous allez voir, vous serez embarqués ». La sensibilisation faite par les chefs d’arrondissement qui étaient du Fcbe était grave. Quand on a envoyé la police républicaine pour la sécurité, au lieu que ça rassure les gens, ces mêmes personnes remontent pour dire aux populations, « vous voyez, on a déployé la force publique pour vous ramasser si vous sortez ». Donc on utilise même les éléments de stabilisation pour déstabiliser. Il faut comprendre donc que le boycott de ces élections n’est pas un simple appel responsable, mais une instauration de la psychose et de la terreur.

Quels conseils avez-vous à donner aux uns et aux autres ?
A l’avenir il faut éviter d’envoyer les gens à une violence inutile. Toutes ces violences ont conduit à quels avantages pour les populations ? Par exemple, ces violences ont fait que même les enfants n’ont pu pas composer aux examens scolaires, dans leur propre localité (cas de Tchaourou).
Il faut noter par ailleurs, que ce ne sont pas des gens d’une localité X qui se sont levés pour aller casser les choses dans une localité Y. Ce sont les gens du même village qui brûlent les biens des gens dans leur propre village. Et ces choses ne se pardonnent pas vite. Je conseille aux autorités locales, aux personnalités, aux dignitaires traditionnels de continuer les démarches nécessaires pour réconcilier, pour dire que « c’est SATAN qui est entré dedans et quand satan arrive, c’est surtout ce que l’homme n’a jamais souhaité qu’il fait ». Ils doivent faire en sorte que les gens se pardonnent.

D’aucuns qualifient les élus de la 8è législature de députés nommés. Que leur répondez-vous ?
C’est une expression lapidaire utilisée par l’opposition. Quand quelqu’un ne vous aime pas, même si vous dansez dans la boue, il vous dira que vous soulevez trop de poussière. Ils votent les textes que nous appliquons et ils se plaignent de ne pas pouvoir les respecter et vouloir changer les règles au cours du jeu. Il y a bel et bien eu élection. On a battu campagne. Oui, certains partis n’ont pas été présents et condamnent plus le Chef de l’Etat qui n’a jamais voté la loi. Moi je ne me suis jamais battu aussi férocement que cette fois-ci, lors des élections pour pouvoir me faire élire. C’est écœurant de se rendre compte que certains ont voté les lois sans la comprendre dans les défis qu’elles appellent.

Aujourd’hui, seulement les deux partis issus des girons du Président Talon sont représentés à l’Assemblée nationale ? N’est-ce pas un coup dur ou un recul pour la démocratie béninoise ?
Nous avions près de 250 partis politiques au Bénin. Nous n’arrivions pas à avoir plus de 10 ou 15 listes aux législatives et très souvent ce sont des alliances de partis. Ça veut dire que le problème que nous voulons résoudre cette fois-ci n’était pas celui de savoir si une ou deux liste (s) était (ent) l’idéal pour la démocratie, mais c’est de donner un visage représentatif et effectif de notre démocratie. Réduire le nombre de parti pour que la compétition fasse émerger de véritables responsables politiques, de véritables partis politiques capables de conquérir et d’exercer le pouvoir. La question était donc de ramener les près de 250 partis qu’on avait à quelques trois, quatre ou cinq.
Les expériences de la RB, de l’UBF et des FCBE prouvent que nous nous sommes écartés depuis très longtemps du chemin politique de conquête et d’exercice du pouvoir dont les partis ont vocation.
Et quand on s’y met à l’unanimité pour redresser la situation, une fois que la loi est votée, il faut qu’on s’y conforme. Où se trouve le criminel entre celui qui a voté et celui qui l’a exécutée. Le criminel est où quand quelqu’un n’arrive pas à se conformer à la loi ? Je pense que c’est à l’Assemblée nationale sortante qui a voté à l’unanimité moins une voix, qu’il faut s’en prendre.
Il faut savoir qu’aucune des institutions de la République n’a manqué de jouer pleinement son rôle et elles sont bien en place. Donc la Démocratie n’est pas menacée. Nous vivons simplement les péripéties des réformes profondes et structurelles appelées par nous tous. Des écueils peuvent exister, tout peut ne pas être parfait, mais nous devons avancer lorsque nous sommes convaincus que la cause est juste et bonne pour la postérité.

Vous étiez déjà député aux 3è et 4è législatures. Qu’est-ce qui a fondamentalement changé au parlement depuis votre retour ?
Ce qui a évolué, c’est d’abord les hommes. Je n’ai plus retrouvé les hommes de mon temps sauf quelques-uns dont l’actuel président de l’Assemblée. Ce qui a aussi changé, en ce début de législature, c’est la gestion du temps. J’ai également quelque chose qui est nouveau, c’est les bureaux des députés, parce qu’on était tous des « députés sous manguiers ». Quand on sortait, si on n’est pas sous les manguiers, c’est qu’on va quelque part dans la ville dans les bars pour discuter. Maintenant on a des bureaux dans lesquels on peut rester et travailler et même se reposer. Mais l’autre chose qui est très bien, c’est la presse de l’Assemblée. Il y a une radio aujourd’hui qui fait suivre les débats. La couverture médiatique s’est améliorée considérablement. Mais les êtres humains vont et viennent. On ne compare une législature à une autre qu’à travers la qualité des hommes qui y travaillent. J’ai comme l’impression que cette 8è législature renferme vraiment d’hommes que je peux dire un peu plus travailleurs, techniques que celles que nous avons vécues avant. Je pense que le niveau intellectuel est assez élevé maintenant. Dans chaque compartiment de l’Assemblée, vous avez des gens qui semblent savoir de quoi ils parlent. Le vote de lois se fera désormais dans l’intérêt strict de la nation et non dans une bataille d’humeur.
Mais vous ne me demandez pas ce qui n’a pas changé ? C’est le bâtiment et l’hémicycle. Sans commentaire !!! C’est notre maison qui a plus d’un siècle d’âge et dont on a de la peine à regarder les murs extérieurs moisir.

Est-ce que la révision de la Constitution va revenir au cours de cette législature totalement acquise à la cause du Chef de l’Etat ?
Le débat sur la révision de la Constitution est souvent placé à l’envers. Dès qu’on l’évoque, les gens voient le fait que le Chef de l’Etat veut prolonger son mandat. Mais si la révision de la Constitution devrait arriver, elle doit être d’abord nécessaire. Quand on a rassemblé les députés pour dire ce qu’on doit changer dans les lois électorales votées, afin que tout le monde aille aux élections, il s’est avéré qu’il fallait toucher un article de la Constitution. Mais puisque c’est l’Opposition qui avait fait la propagande médiatique qu’on ne doit pas toucher à la Constitution, ils sont restés figés sur leur humeur et personne n’a pu avancer sur ce terrain. Maintenant, à chaque fois que ce sera nécessaire d’aller chercher la Constitution et la toucher pour avancer, on va le faire. Je ne vois aucun problème. La constitution, c’est un texte qui nous régit. Mais si on ne touche pas du tout à la Constitution, nous ne serons pas des réformateurs. Chaque président de la République en dehors du Président Mathieu Kérékou, a voulu toucher à la Constitution, Boni Yayi a voulu le faire tout le temps, Patrice Talon a essayé dès le début, et cela a échoué à cause de l’humeur de certains dans la représentation nationale, ce ne sont pas les Béninois. Moi je n’ai pas d’état d’âme par rapport à çà. Si demain, il est nécessaire de réviser la Constitution pour régler une question donnée, je serai le premier à appeler à la réviser et je vais défendre cela. Si ce n’est pas la peine de la toucher avant de régler un problème, je serai le premier à dire, non « laissez la Constitution là où elle est ». Mais il faut décomplexer le débat de la révision de la Constitution. Nous ne pouvons pas nous accrocher à un épouvantail et être en train de souffrir dessus. Je reconnais qu’on a appliqué cette Constitution après près de 30 ans, les pères de cette Constitution sont allergiques qu’on la touche, eux et leurs élèves. Quand ce débat vient, il y a des gens dont on peut déjà prédire le discours. Mais il faut qu’ils lâchent du lest. Un enfant qui a 30 ans ne doit plus être en face du même problème qu’il était en train de résoudre. Kérékou avait dit « cette Constitution est conçue pour moi ». On a passé le temps de Kérérou, celui de Yayi, il y a des choses qu’il faut nécessairement toucher.

Qu’est-ce qu’on doit toucher dans la Constitution, selon vous ?
Tout ce qui est dans la Constitution est touchable pourvu que ça soit un problème à régler. La dernière fois, on a voulu créer la Cour des comptes. On a voulu faire un certain nombre de choses. On est même allé jusqu’à penser à l’amélioration de la représentativité des femmes au sein des institutions, au niveau de l’Assemblée nationale, harmoniser le mandat des députés et autres. Il y a des choses qu’on doit résoudre, sinon on va continuer à se casser la figure. Mais l’humeur a joué. Je n’ai jamais vu un pays où un président élu vient dire « tenez les papiers et limiter mon pouvoir, il faut me donner un seul mandat » et vous revenez dire qu’il veut réviser la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Aujourd’hui, le Président Talon a raison sur la classe politique béninoise devant l’histoire, éternellement. Mais si aujourd’hui, il ramène la révision de la Constitution avec des arguments qui tiennent, ça va passer. Mais on aura perdu du temps pour quelque chose qu’on doit faire tôt ou tard.

Dans un parlement étiqueté de monocolore, avez-vous le sentiment que les débats seront sincères ?
Je ne suis pas quelqu’un qui enterre la vérité. Moi je suis député. Je suis allé au parlement pour défendre l’intérêt de la population. Que je sois sur une liste de la mouvance ou de l’opposition, avant de me mettre sur cette liste, comme je suis musulman, j’ai fait la prière devant mon Dieu et j’ai dit que j’y vais pour défendre la population et j’ai mon intention personnelle avant de me lancer. Ça veut dire que mon intention de défendre la population est supérieure à toutes relations qui me lient même avec le Chef de l’Etat. Et je pense que presque tous les députés ont fait de même. Deuxième chose, il y a trois forces qui agissent sur un député quand il est dans la salle : sa conscience, l’opposition et son parti. Mais au moins, il a une qui va manquer. Il ne fera plus de débat d’humeur là-bas. Aucun chef d’Etat n’est allé s’asseoir à l’Assemblée. Les députés parlent librement, mais chacun se fait le meilleur défenseur des intérêts de la population. Donc on va vous mesurer à l’aune de comment vous défendez l’intérêt de la population. Le débat est libre. Moi j’entre et je fais le débat, je dis ce que je pense.

Certains de vos collègues ont reconnu au cours du débat d’orientation budgétaire au parlement que les performances économiques du Bénin ne se ressentent pas sur le panier de la ménagère. Que proposez-vous au gouvernement pour une amélioration dans ce sens ?
Un taux de croissance économique de 6,7%, on n’a jamais atteint ce taux dans le pays à l’ère de la démocratie. C’est la première fois. Cela veut dire que la performance de notre économie est en train d’évoluer. Mais par rapport au panier de la ménagère qui signifie que les travailleurs et les populations ne le sentent pas dans leur revenu et donc dans le pouvoir d’achat quotidien, il faut prendre en compte deux éléments dans l’établissement de la corrélation : le temps de l’interaction et le mode de redistribution.
L’annonce d’un taux de 6,7% de taux de croissance est une indication du niveau d’enrichissement de notre pays. Pour que ce qui entre atteigne les populations et les travailleurs, il faut payer les dettes intérieures et de bons salaires, à temps. Cet exercice prend forcément un peu de temps, même si on a un bon système de redistribution. Donc il faut déjà se féliciter que le gouvernement annonce que nous avons gagné cette année mieux et comme jamais par le passé, et lui donner le temps de redistribuer cette richesse pour booster le panier de la ménagère. Je crois que c’est ainsi qu’il faut comprendre la préoccupation des Députés.

Une partie de l’Opposition a accepté la main tendue du Chef de l’Etat en prenant part à la rencontre du 15 juillet 2019 ? Pensez-vous que cela suffit pour décrisper la tension post-électorale?
Je me demande parfois si au Bénin on fait la politique en sachant pourquoi on la fait et ce qu’elle signifie? A mon sens, la politique doit d’abord privilégier la paix, le dialogue, l’intérêt des populations. Quand le Chef de l’Etat vous invite à une table pour discuter, c’est le premier pas de la considération politique. Que vous soyez opposant ou « mouvancier », le jour où vous allez devant le président de la République pour discuter des choses, ça veut dire que votre combat politique porte un fruit. La politique, c’est la gestion de la cité et la cité est gérée par le chef de la cité. Alors, je n’ai pas apprécié ceux qui ont refusé d’aller à ce dialogue. Ce n’est pas responsable et ce n’est même pas de la politique. On a invité tous ceux qui ont tenté d’aller à cette élection et n’ont pas pu aller pour n’avoir pas pu se conformer aux prescriptions de la loi. Mais les gens ont vite fait de dire que c’est l’opposition qu’on a invitée.
Qui sont les opposants au Bénin ? Quand quelqu’un quitte le pays, son parti devient un parti de l’opposition. Quand il n’a pas pu participer aux élections, il devient opposant. La volonté du Chef de l’Etat me semble toujours mal interprétée. Au moment de toucher le code électoral et la charte des partis pour que tout le monde puisse aller aux élections, certains ont fait la politique de la « chaise vide » et ils ont boycotté. Aujourd’hui, on dit « venez, on va voir ce qu’on doit faire pour que tout le monde se mette en règle », on trouve encore que c’est un piège. Je pense que nous sommes dans une période de réformes et dans une période de réformes, la fermeté devrait être de mise. Le Chef de l’Etat dialogue assez déjà, puisque la loi est claire. Quand on a rejeté le dossier, on a notifié à chacun pourquoi c’est rejeté et il doit courir lui-même pour se mettre en conformité. Il a dit « je veux écouter les difficultés que vous avez ». S’ils ne participent pas aux rencontres, ils ne se conformeront pas et ils vont disparaitre et personne ne va pleurer. Le Chef de l’Etat tend la perche, mais si vous rejetez la perche, ce ne serait pas sa faute demain. Il aura raison devant vous demain, et encore une fois devant l’opinion publique.
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