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Fermeture de la frontière de Sèmè-kraké par le Nigeria : Quand la traversée devient un cauchemar pour Béninois et Nigérians

Publié le jeudi 22 aout 2019  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
Le président de la République du Bénin, Patrice Talon (g) et son homologue du Nigeria, Muhammadu Buhari
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Depuis la soirée du mardi, 20 août 2019, le Nigeria a décidé de fermer sa frontière avec le Bénin. Pendant que cette mesure draconienne du voisin de l’Est fait souffrir ceux qui ne rallient le pays que par voies officielles, elle est par contre devenue une occasion en or pour d’autres passeurs qui se font déjà beaucoup d’argent. Reportage…



12 h 20 ! Batterie d’attroupements de voyageurs. De l’autre côté de la rue, un stationnement impressionnant de véhicules et gros porteurs retient l’attention. Certains chargés, d’autres vides. Un peu plus loin, une foule s’emmène faisant ainsi demi-tour, quelques minutes après s’être dirigée vers les portillons fermés du géant mur, érigé sur cette voie goudronnée. ‘’It is closed ! It is closed ! Ces bouts de phrases, provenant de jeunes gens fatigués de trainer des colis et valises sur la tête, témoignent la désolation sans appel, qui s’observe à la frontière de Sèmè-kraké, hier mercredi. Fermée par les autorités nigérianes, rien n’y circule. Des marchandises à ces simples passagers passant par les voyageurs, c’est une stupéfaction totale. Aperçus de loin, des militaires nigérians. Les hommes en uniformes veillent au grain. Sans négociation ni traitement de faveur, le désespoir transforme les visages. « C’est depuis hier qu’ils ont tout fermé. Toutes les dames qui ont voulu par exemple faire passer des ‘’Toki’’ ont été refoulées. Pour n’avoir pas congelé ces viandes, que feront-elles pour les liquider, maintenant qu’on nous dit qu’on va fermer la frontière pour trois semaines ? Même les nigérians étudiants sont là et ne peuvent pas traverser… », se lamente une vendeuse de pain, assise devant son étalage. Pendant ce temps, une ruée d’autres passagers en désarroi et motocycles ayant entassé de colis derrière leurs engins, se dirigent vers le marché d’ananas, avec empressement. Pour y faire quoi ? Peut-être un début de solution.
L’autre issue de tous les risques



13h 30 ! A quelques deux kilomètres de la frontière commune fermée, deux autres issues fortuitement aménagées longent brousse et bas-fond. A cet endroit, c’est tout un marché qui s’anime. Dominés par des autochtones s’exprimant en langue Tori, ils ont tôt fait d’ériger leurs barrages à eux, faisant office de frontière, très secret où marchandises, motocyclistes et piétons y passent. Soit pour rallier le Nigeria clandestinement, soit pour fouler le sol béninois. Seulement qu’à ce niveau, rien n’est gratuit. Pour avoir y installer leurs propres missions de contrôle, personne ne traverse sans rien payer et ensuite soulever ses deux bras, tout en courant pour traverser cette frontière de fortune. Obligés donc de négocier et de corrompre, les colporteurs en tous genres et les passagers mains nues où chargées, n’ont guère le choix, que de se bousculer pour s’effrayer du chemin. A un petit geste maladroit ou soupçon, les rois des lieux n’hésitent pas à brutaliser ou faire asseoir. 14h 17 ! Coup de tonnerre ! De loin, des sirènes retentissent. Débandade totale ! Les aller et retour laissent ainsi place, à des ‘’sauve qui peut’’. Au fur et à mesure que le son de ces sirènes retentit, les hommes postés de part et d’autres des barricades faisant office de frontière, disparaissent. Approchés, ces sons n’étaient rien d’autre que ceux de la dizaine de véhicules militaires, venus de la partie nigériane. Aussitôt descendus, ces militaires nigérians, venus en nombre, ont pris le contrôle des lieux. Désormais, plus personne ne franchit cette frontière de circonstance. Armes au point, ils se dispersent en groupes, érigent leurs propres barrières et s’y installent. Dépaysés, ceux qui n’ont pas pu franchir cette frontière n’ont plus le choix que faire à nouveau demi-tour, ou de s’assoir et de regarder le déroulé des choses. N’ayant donc plus d’issue, retour à la case départ pour ces malchanceux qui doivent encore chérer désespérément d’autres alternatives, juste pour rallier le Nigeria ou le Bénin. Un traintrain qui risque encore de durer.



Janvier GBEDO (Coll.)
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