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Edito: Une leçon de japonais

Publié le vendredi 30 aout 2019  |  l’évènement précis
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© Autre presse par DR
TICAD 7 / Cérémonie d’ouverture / Yokohama : << Le développement de l’Afrique retient toute l’attention de son partenaire japonais >>
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Une bonne partie des chefs d’Etats et de gouvernement présents à Yokohama vont partir de la 7ème TICAD satisfaits qui d’avoir signé des contrats qui d’avoir bénéficié de l’aide japonaise. Il est vrai que le Japon aussi sort renforcé de ces assises qui lui servent depuis 1993 à marquer sa présence sur le continent africain, face à la déferlante chinoise. Mais Tokyo sait qu’il est bien loin de Pékin qui débourse pas moins de 60 milliards de dollar par an pour l’Afrique pendant que le Japon depuis la TICAD ne totalise que 47 milliards de dollar…
Oui, au plan commercial Tokyo veut asseoir la présence de son industrie en Afrique, avec pas moins de 796 entreprises japonaises installées sur le continent, une présence qui a plus que triplé en moins de dix ans. Mais au fond, les diplomates africains savent ce que veulent leurs homologues nippons : un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Face à la montée en puissance de la Chine, cette perspective devient presque vitale pour le Japon. Les deux Etats sont de vieux ennemis que séparent la colonisation japonaise et les milliers de morts issus de la deuxième guerre mondiale. Contrairement aux Etats européens, les deux pays ont du mal à solder ce passé de sang. D’où une rivalité presque permanente.
Les Africains sont bien heureux de surfer sur cette vague pour bénéficier des financements des deux parties. Seulement, j’ai bien l’impression que depuis des décennies, nos chefs d’Etats et de gouvernement, à force d’être obnubilés par les investissements nippons, n’ont vu en la TICAD qu’un moyen de plus pour résoudre leurs problèmes d’infrastructure et d’investissement. Et effectivement, le Japon promet et donne tout sauf ce qui fait le cœur de sa puissance : sa culture.
Lorsque vous interrogerez l’histoire, vous verrez que ce pays a été défait et ravagé lors de la deuxième guerre mondiale. Les bombardements aériens ont ravagé les grandes villes, les ports, routes et voies ferrées ont été en grande partie anéantis. Le tout est parachevé par le traumatisme des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Mais à partir de 1945 jusqu’en 1991, on parlera du miracle économique japonais, du fait d’une croissance économique soutenue et partagée. On assiste alors à une diversification des investissements étrangers (notamment américains) dans le pays, l’industrialisation et son corollaire, la montée en puissance de la consommation. L’élément central qui aura déterminé toutes ces avancées, c’est la création en 1949 du ministère du Commerce international et de l’Industrie. Ce ministère a créé une synergie entre le gouvernement et le secteur privé. Il avait la haute main sur les importations de technologies et plus tard sur toutes les importations japonaises. Le ministère décidait des nouvelles technologies devant entrer dans le pays et s’assurait de leur diffusion au sein du secteur privé déjà industrialisé.
Mais ne vous leurrez pas, c’est la culture nippone qui a joué tout le jeu. Les mentalités et les traditions façonnées par des siècles de shintoïsme ont rendu les citoyens dociles et dévoués à leur entreprise. Mais alors, comment les Japonais en sont-ils arrivés à développer une religion d’Etat qui a échappé à l’influence occidentale ?
C’est en 1868 que le Japon s’ouvre finalement au monde, après une longue période de fermeture. En 1614, l’empereur du Japon se rend compte en effet que les Européens accostent sur les côtes nipponnes pour y répandre leur religion, le christianisme. Il interdit le christianisme sur ses terres et ferme le pays à tous les étrangers. A partir de 1641, une fermeture totale de l’empire est décrétée. Désormais, personne n’entre ni ne sort du Japon. L’empereur en profite pour instaurer le culte des ancêtres appelé ici le shintoïsme, culte qui est en réalité d’origine africaine. L’isolationnisme japonais (encore appelé Sakoku) dure de 1641 à 1853, soit 212 ans. Elle permet de créer une culture nationale et un patriotisme bien japonais. L’ouverture du pays lui permet alors de créer son propre modèle de capitalisme basé sur le partage de la richesse, l’harmonie sociale, la morale et l’éthique au sein des citoyens, toutes choses contraires à l’individualisme contenue dans la culture judéo-chrétienne diffusée par les occidentaux.
Cette culture a fait le miracle économique japonais d’après-guerre. Autrement dit, il ne s’agit pas d’un simple déversement de capitaux sur un pays, mais de la création d’une culture nationale qui rend possible un développement intégré.
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