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Diplomatie: Le Japon, un partenaire économique et stratégique du Bénin

Publié le vendredi 30 aout 2019  |  l'évènement précis
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© Autre presse par DR
TICAD 7 / Cérémonie d’ouverture / Yokohama : << Le développement de l’Afrique retient toute l’attention de son partenaire japonais >>
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Troisième puissance économique mondiale derrière les Etats-Unis et la Chine, le Japon a établi des relations diplomatiques marquées par plusieurs Accords dans divers domaines avec le Bénin en 1961. Les deux pays échangent sur leur coopération à travers une Commission mixte. Cette coopération datant de plus de cinq décennies, qui s’est renforcée au fil des années, notamment à partir de 1979 de manière active et significative, et se manifeste sous deux volets que sont le volet bilatéral et celui multilatéral.


La coopération bilatérale est à la fois économique et technique. La coopération économique couvre plusieurs programmes à savoir, le programme alimentaire (Kr1), le programme d’aide à la production agricole (Kr2), le programme du don spécial hors-projet et le programme du don général. L’aide alimentaire Kennedy Round I (Kr1) est une aide annuelle portant généralement sur le don de riz, qui est ensuite cédé aux populations à des prix subventionnés. Le Gouvernement béninois a l’obligation de reconstitution en fonds de contrepartie d’un montant égal aux deux tiers (2/3) du prix Fob de la valeur du don. A ce titre, le Bénin a déjà bénéficié de plusieurs Kr1. Le don alimentaire de l’année 2014 par exemple, est évalué à 390 millions de yens soit environ 1,7milliard de francs CFA, et celui de l’année fiscale 2015 à 420 millions de yens soit environ deux (2) milliards de francs CFA, celui de l’année 2016 à 250 millions de yens soit environ 1, 3 milliard de francs CFA et celui de l’année 2017 à 320 millions de yens. Le don de l’année 2018 est d’une valeur de 300 millions de yens. L’aide à l’augmentation de la production agricole, Kennedy Round II (Kr2) consiste en la fourniture d’intrants, de matériels ou d’équipements agricoles destinés à favoriser l’accroissement de la production agricole. Comme pour le Kr1, les produits sont cédés aux agriculteurs à des prix subventionnés et les fonds de contrepartie reconstitués à hauteur de 2/3 de la valeur Fob des produits acquis servent à financer les projets relevant du secteur rural. Ce programme a été suspendu depuis 2005 pour semble-t-il, mauvaise gestion. Le Don Japonais Hors Projet, quant à lui, est une subvention d’appui au Programme d’Ajustement Structurel (Pas). Il sert à l’importation de différents produits à commercialiser ou à exploiter par les pays destinataires. Tout comme les autres dons, le don hors projet comporte une obligation de reconstitution des fonds de contrepartie destinés à financer des projets de développement. Quant au Don Général, il couvre l’assistance financière que le Japon accorde aux pays en développement pour l’acquisition de biens d’équipement et de réalisation de projets de développement dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de la pêche, etc. Le volet technique de cette coopération bilatérale a pour objectif d’assister et d’accélérer l’effort des pays bénéficiaires pour le développement à travers le renforcement des capacités humaines et institutionnelles.Elle est assurée par l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (Jica). Installée au Bénin, le 22 juillet 2005, sous le nom de Bureau du Service des Volontaires Japonais pour la Coopération à l’Etranger (Jocv), cette institution a été élevée au rang de Bureau Local de l’Agence Japonaise de Coopération Internationale. La Jica est chargée de la mise en œuvre de la coopération technique entre les deux pays. Elle est le bras exécutant des projets financés par le Japon, gère les stages de formation, les études de développement, les volontaires japonais et les aides d’urgence en cas de catastrophes naturelles.Les projets suivis par la Jica couvrent divers secteurs tels que l’éducation, la santé, l’agriculture, l’assainissement, l’hydraulique villageoise, etc. Au titre de ces projets, on peut citer, la 6è phase du projet de construction et d’équipements de 220 salles de classes dans le Département de l’Atlantique pour un montant d’environ 7 milliards de francs CFA, le projet de renforcement des capacités de l’Ecole Normale d’Instituteurs deDjougou, le projet d’approvisionnement en eau potable en milieu rural dans les communes de Glazoué et de Dassa-Zoumé, d’un montant de 1 milliard 71millions de yens soit environ 6 milliards de francs CFA, le projet d’aménagement du Port de Pêche de Cotonou, le projet de renforcement des installations et équipements des centres de santé à savoir, le Centre National Hospitalier et Universitaire de Cotonou, l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant Lagune, le Centre Hospitalier Universitaire Départemental de l’Ouémé, la construction et l’équipement de l’hôpital de la zone sanitaire d’Allada-Zê-Toffo, dont l’Accord a été signé le 31 mars 2015, pour un montant de 1milliard 900 millions de yens soit environ dix milliards de francs CFA et qui a été inauguréle 24 août 2018. Au total, les interventions japonaises au Bénin sous forme de projets s’élèvent à plusieurs centaines de milliards de francs FCA et impactent positivement les conditions de vie des populations bénéficiaires. Le Japon offre également des stages de formation au profit des Béninois. Ils se réalisent à travers l’envoi au Japon de fonctionnaires béninois pour des stages de perfectionnement dans divers domaines. Aussi des volontaires japonais sont-ils envoyés au Bénin. Ces Volontaires, de compétences variées, vivent et travaillent directement avec les communautés rurales. Ils interviennent dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’assainissement, de l’agriculture, etc. et sont répartis dans les différentes communes du territoire national. Le nombre de volontaires japonais qui ont travaillé au Bénin, depuis le démarrage du programme jusqu’à ce jour est évalué à environ 286 personnes. Sur recommandations conjointes des industries japonaises, le Premier Ministre Abe a annoncé le lancement de l’African Business Education (Abe Initiative), dont l’objectif est d’apporter un soutien aux jeunes qui ont le potentiel de contribuer au développement des industries en Afrique. Ce programme leur offre l’opportunité de faire des Masters dans les universités japonaises en tant qu’étudiants puis des stages dans les entreprises japonaises. Le Bénin a bénéficié déjà de 3 promotions de ce programme sur les quatre. Le Japon intervient également dans le cadre de la coopération décentralisée. Dans ce chapitre, il est à inscrire le partenariat entre la Mairie de Cotonou et la Mairie de Yokohama.

De la coopération multilatérale

Cette coopération se manifeste à travers la Conférence Internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique connue sous la dénomination de Ticad. Elle a été lancée en 1993 sur l’initiative du Japon pour conduire l’Afrique vers son développement.Le Japon s’est engagé dans cette voie en reconnaissant qu’il ne saurait y avoir de stabilité, de paix et de prospérité dans le monde, tant que les problèmes de l’Afrique ne seront pas réglés. La Ticad implique globalement les pays africains, le Japon, les pays donateurs faisant offices de partenaires de l’Afrique, les institutions internationales, le secteur privé, ainsi que la société civile. L’institution se réunit tous les 3 ans de façon alternative au Japon et en Afrique et a déjà tenu 6 assises. Dans le cadre de ce processus multilatéral, les Etats africains dont le Bénin ont bénéficié de plusieurs projets. La présente édition qui est la septième s’est tenue du 28 au 30 août 2019 à Yokohama et est consacrée aux thématiques relatives à la transformation économique et l’amélioration de l’environnement et les institutions en faveur du commerce à travers l’innovation et l’engagement du secteur privé et assurer la finance durable, la promotion d’une société résiliente et durable pour la sécurité humaine et la paix et la stabilité.

Les perspectives de la coopération bénino-nippone

La coopération entre le Bénin et le Japon est une coopération très dynamique et un exemple vivant de la coopération Nord-Sud. Cette coopération, telle qu’elle se présente aujourd’hui, est prometteuse et a de beaux jours devant elle au regard des engagements qui la sous-tendent. Le Bénin doit saisir davantage l’opportunité qu’offre le Japon et profiter de cette coopération basée sur un partenariat gagnant-gagnant et respectueuse de la souveraineté de chacun des Etats. Au titre de cette coopération, plusieurs projets sont en cours de négociation. Il est à souhaiter l’accélération des procédures de mise en œuvre desdits projets. Il s’agit notamment de la construction d’un échangeur au carrefour Toyota à Cotonou, la construction d’usine dans le secteur textile, l’accueil du Forum de la Ticad 8 en 2022. D’autres projets prioritaires pourraient également être soumis à la partie japonaise, notamment l’assainissement de certaines grandes villes du Bénin, l’aquaculture et les infrastructures routières.

De l’évolution de la Ticad de 1993-2019

La conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (Ticad) a été initiée par le Japon en 1993, à un moment où les pays développés tournaient leur attention vers les pays de l’ancien bloc soviétique et où, avec la « lassitude des donateurs », la communauté internationale montrait de signes de désintérêt vis-à-vis de l’Afrique et de son développement. En coopération avec les Nations Unies et l’ONG « Coalition mondiale pour l’Afrique », la première Ticad a attiré à Tokyo, des participants issus de 48 pays africains, dont 5 Chefs d’État et de Gouvernement. La Déclaration de Tokyo sur le développement de l’Afrique, adoptée lors de la Ticad1, a de nouveau placé l’Afrique et son développement au centre de l’Agenda international. La Ticad 5 organisée à Yokohama en 2013, a marqué un tournant historique dans l’évolution du processus à travers, l’accueil pour la première fois de l’Union Africaine en qualité de co-organisatrice de la conférence, le passage de la durée entre deux conférences de cinq à trois ans et la décision d’alterner l’organisation de la conférence entre le Japon et l’Afrique. C’est dans le cadre de la mise en œuvre de ces mesures que la Ticad 6 s’est tenue pour la première fois en Afrique à Nairobi au Kenya, en août 2016. La Ticad s’est de nouveau tenue à Yokohama du 28 au 30 août 2019, précédée d’une réunion des Hauts Fonctionnaires le 26 août et d’une réunion ministérielle dans l’après-midi du 27 août. En 2022, la Ticad retournera en Afrique pour sa 8ème édition, avec le Bénin comme l’un des pays candidats à son organisation.

Les réalisations concrètes de la Ticad au Bénin

La Ticad est devenue une grande conférence co-organisée par le Japon, la Commission de l’Union Africaine (Cua), les Nations Unies, leBureauduConseillerSpécialpourl’AfriquedesNationsUnies (Un-Osaa), le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud) et la Banque Mondiale. Chaque édition rassemble désormais les pays africains, les pays partenaires, les Organisations Régionales et Internationales, le Secteur privé et la Société civile. La Déclaration et le Plan d’Actions adoptés à chaque édition n’ont aucun caractère contraignant et leur mise en œuvre s’effectue par les différents acteurs dont le Japon en fonction de leurs centres d’intérêt. En conséquence, il est difficile de faire la distinction dans chaque pays africain entre les réalisations effectuées dans le cadre de la coopération ordinaire de celles de la Ticad . Le Bénin n’échappe pas à cette réalité. D’aucuns expriment cette situation en déclarant que la Ticad est un forum multilatéral avec une mise en œuvre bilatérale. Toutefois, en termes de réalisations concrètes de la Ticad, on peut citer le Programme « African Business Education for Youth » (Abe Initiative) lancé par le Premier Ministre du Japon, Son Excellence Shinzo Abe, lors de la Ticad 5 tenue à Yokohama au Japon, en juin 2015. Il s’agit d’une opportunité pour les jeunes africains d’étudier un programme de Master dans une université japonaise en tant qu’étudiant international et de faire un stage en entreprise au Japon. Depuis sa mise en œuvre en 2014, environ 1200 jeunes africains de 54 pays, ont été accueillis au Japon dont seulement 07 bénéficiaires du Bénin.

Les objectifs, résultats attendus et programme thématique

La Ticad 7 intervient dans un contexte marqué par la prise de conscience générale de la nécessité de passer de l’aide au développement à l’appui à l’investissement du secteur privé pour accélérer le développement de l’Afrique. D’où le choix du thème principal de cette Ticad : « Faire progresser le développement de l’Afrique en recourant aux peuples, à la technologie et à l’innovation ». Ce thème a été examiné à travers les trois piliers suivants : « Accélérer la transformation économique et améliorer le climat des affaires grâce à l’innovation et à la participation du secteur privé, promotion d’une société durable et résiliente, renforcer la paix et la stabilité. Comme les précédentes éditions, les travaux de la Ticad 7 sont sanctionnés par l’adoption de la Déclaration et du Plan d’Actions de Yokohama, censés traduire l’engagement du Japon et des autres acteurs bilatéraux, multilatéraux pour le développement de l’Afrique. Cependant, le caractère non contraignant de ces 2 documents constituent une limite à leur portée. La Ticad 7 s’est déroulée à Yokohama du 28 au 30 août 2019. Elle est précédée par la réunion des Hauts Fonctionnaires le 26 août 2019 et celle ministérielle dans l’après-midi du 27 août 2019. Ses travaux se sont déroulés en six 6 sessions plénières et en séances thématiques conformément au programme provisoire du secrétariat de la Ticad 7. En plus de ces travaux de la conférence, plusieurs évènements parallèles sont également organisés durant la période du 27 au 30 août 2019.
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