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Edito: La bombe juvénile

Publié le lundi 2 septembre 2019  |  l'évènement précis
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© aCotonou.com par Didier Assogba et Didier Kpassassi
Match de gala, ce dimanche, avec les jeunes des académies sportives.
Cotonou, le 26 mars 2017. La star camerounaise du football, Samuel Eto`o est au Bénin où il a pris part samedi à la nuit des champions, une soirée de récompense des meilleurs sportifs béninois de l`année.
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Les jeunes fous qui ont vandalisé et profané la tombe de DJ Arafat samedi ne représentent nullement la jeunesse ivoirienne, encore moins la jeunesse africaine. Ils ont réussi à souiller l’image de leur idole, en pensant être plus intelligents que la mère, l’épouse, les enfants, les oncles et les tantes ainsi que les amis proches du chanteur, en doutant de la sincérité de tout ce monde quant à la mort réelle de l’artiste. Plus pathétique encore, après l’avoir déshabillé comme ils l’ont fait, il y en a parmi ces idiots qui continuaient à soutenir, tout en regardant le corps, que ce n’était pas lui. Des théories saugrenues ont commencé alors à circuler sur les réseaux sociaux pour montrer qu’il y avait deux cercueils, des croix différentes, voire des linceuls différents. D’autres disaient à qui voulaient les entendre que le corps enterré n’était rien d’autre qu’un jouet en plastique ressemblant à Arafat.
Au fond, tout cela n’a rien de nouveau. Lorsqu’Elvis Presley, le King du Rock n’Roll meurt en août 1977, il y en a parmi ces fans qui ont refusé d’y croire. Certains d’entre eux continuent jusqu’aujourd’hui à penser que ce n’était qu’un caprice de star. Il en fut de même pour le rappeur américain Tupac Shakur, décédé en septembre 1996, et dont la mort est régulièrement remise en doute jusqu’à nos jours par certains de ces fans. Comment ne pas rappeler la mort de Yédénou Adjahoui, le pape même du Massè Gohoun, et dont le décès en août 1995 nous a tous rendu incrédules, surtout qu’on n’avait pas appris qu’il était malade. Il a fallu près d’un an avant qu’il ne soit effectivement enterré, tant l’émotion suscitée par sa disparition brutale a tétanisé tous ses proches. Vous aurez noté que dans aucun de ces cas, personne n’est allé jusqu’à vandaliser une quelconque tombe. Et que les honneurs nationaux et internationaux qui ont été rendus à chacun de ces grands noms, ont toujours été à la mesure du rayonnement artistique qui fut le leur de leur vivant. La mort est un choc que certains refusent d’accepter, surtout lorsqu’elle touche des artistes d’une certaine renommée.
Mais ce qui s’est passé samedi au cimetière de Williamsville à Abidjan est inacceptable, honteux et immoral. Il traduit la déliquescence d’une certaine jeunesse qui a perdu tout repère, toute âme. Qui faut-il accuser ? N’est-ce pas l’artiste lui-même qui, de son vivant incarnait insouciance, dépravation et déréliction ? Et je reste convaincu que l’art, dans un pays en pleine reconstruction comme la Côte-d’Ivoire, dans un pays minée par une histoire douloureuse comme le nôtre, devrait servir avant tout à éduquer. C’est une conception marxiste qui devrait éviter l’exaltation des bas instincts inoculée par des musiques dégénérées comme le coupé décalé. Nous tenons à la liberté artistique absolue, mais en oubliant souvent les revers qu’elle crée partout dans le monde : la violence grégaire comme aux Etats-Unis et en Angleterre, l’immoralité et les déviances urbaines comme au Brésil, la drogue et l’alcoolisme, etc. Toute jeunesse qui se laisse entrainer dans cette atmosphère d’anomie et de perte des valeurs, devient irrécupérable pour la société.
Comment éduquer les enfants en effet, quand les seuls modèles qu’ils côtoient sont porteurs d’antivaleurs radicales ? Le dilemme des parents est là : soit ils deviennent extrêmement sévères au risque de fabriquer des révoltés sociaux, soit ils sont permissifs dans l’espoir que l’enfant saura faire la part des choses. Mais quand la rue lui parle plus fort que la maison, le basculement est inévitable. Dans les sociétés en transition, lorsque les artistes et les hommes de culture en général, n’ont pas ce sens de responsabilité sociale, ils précipitent dans la fosse des générations entières d’esprits fragiles qui n’arrivent pas à faire la distinction entre la posture artistique fabriquée pour capter l’attention et l’existence réelle. La question est alors de savoir ce qu’un Etat peut faire pour arrêter les déviances du monde artistique pour que notre société ne sombre.
L’image de la Côte-d’Ivoire a été salie, celle de l’Afrique en a pris un coup. L’indignation généralisée des Africains est à la mesure de l’imposture. Comment laver tant de souillures épaisses ?
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