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Armand Gansè au sujet de la libération des berges lagunaires de Cotonou: « La fanalité, c’est d’ériger des infrastructures touristiques »

Publié le mardi 17 septembre 2019  |  La Nation
Armand
© aCotonou.com par Didier Assogba
Armand Gansè,directeur général de la Société de gestion des marchés autonomes du Bénin (SOGEMA)lors de la fête du 1er Mai 2017.
Cotonou le 01 Mai 2017. Fête du travail à la SOGEMA
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A travers cette interview, le directeur général de la Société de gestion des marchés autonomes (Sogema), Armand Gansè, se prononce sur l’opération de libération des berges lagunaires de Cotonou. La finalité de ce projet, à l’en croire,c’est de libérer les emprises de la lagune qui se rétrécissent du fait des ordures qui y sont déposées tous les jours, et rendre la berge belle et attractive pour le tourisme.

La Nation :Avec le préfet du département de l’Atlantique, vous avez entamé l’opération de libération des berges lagunaires de Cotonou. Qu’en est-il concrètement ?

Armand Gansè :Je dois d’abord souligner que c’est un projet du gouvernement. Ça fait partie des projets phares du Programme d’action du gouvernement (Pag). Vous savez, nos berges sont insalubres. Lorsque vous voyagez dans certains pays, à côté, les berges sont entretenues par l’Etat alors que chez nous, de par le passé, les gouvernants avaient abandonné l’entretien des berges. Et aujourd’hui, le chef de l’Etat, Patrice Talon, a voulu qu’on libère les berges. C’est dans cette optique que nous avons reçu les instructions d’aller sensibiliser les occupants desdites berges parce que c’est une population qui occupe illégalement les lieux, sans s’en rendre compte. C’est ce travail que le préfet et moi avions effectué, le 30 août dernier, pour dire aussi bien aux dames qu’aux autres occupants (qui ne sont pas pour autant dans le marché Dantokpa) que d’ici à là, les emprises des berges doivent être libérées et entretenues désormais par l’Etat.
Le projet, c’est d’abord la libération des berges. Avant cela, il faut sensibiliser les usagers, il faut chercher à les réinstaller notamment ceux qui exercent des activités commerciales sur les lieux. Et après, la libération proprement dite va commencer. Si les populations les occupent, c’est parce qu’elles ne comprennent pas que ce sont des zones qui ne doivent pas être occupées en temps normal pour des activités commerciales et autres. Déjà, la Société de gestion des marchés autonomes (Sogema) a commencé par reloger les occupants de ces berges puisqu’après le passage du préfet, nous avons commencé par diffuser des communiqués radio, et nous nous sommes également rendus sur le terrain, à plusieurs reprises, pour aller sensibiliser, relayer ce que le préfet et nous avions dit lors de notre première descente.

Et quelle a été la réaction des populations ?

Je pense que ça a pris dans le rang des populations, des commerçants, parce que déjà, les concernés se manifestent d’eux-mêmes pour que nous puissions leur attribuer un autre site. Seulement, la Sogema a posé une condition. Il y en a parmi eux qui sont restés depuis des années, voire des lustres à nous devoir. Et comme l’occasion fait le larron, nous avons exigé qu’avant qu’on ne reloge un usager, il doit avoir soldé ses ardoises au niveau de notre société. C’est pourquoi, depuis bientôt une semaine, il y a de l’affluence, ici, à la Sogema.
Donc, les usagers viennent payer leurs dettes envers nous.

Quelle sera la finalité de ce projet de libération des berges ?

C’est pour y ériger des infrastructures touristiques, pour attirer les touristes de tout genre. Mais dans l’immédiat, c’est entretenir, rendre propres, ces berges parce qu’en temps normal, même si on n’allait rien réaliser sur les berges, elles ne doivent pas être occupées par les populations. Donc, on doit pouvoir les nettoyer pour permettre à la lagune de respirer. C’est cela le projet du gouvernement du président Patrice Talon. Ce n’est pas que aussitôt, on va commencer par ériger des constructions sur les berges. C’est d’abord permettre à la lagune de respirer parce que si vous allez là-bas, la lagune se rétrécit à cause des ordures qui sont jetées sur les berges. Et donc, le premier objectif pour nous, c’est de libérer ces emprises et entretenir les berges pour permettre à la lagune de respirer, et pour que la zone soit aérée et attrayante.

Y a-t-il une date butoir pour libérer les lieux ?

Dans un premier temps, on a donné un délai de trente jours, mais vu l’évolution des choses, on risque d’aller au-delà parce qu’il y a plusieurs couches qui longent les berges. Actuellement, nous sommes en train de réinstaller la deuxième couche. La première couche que nous avons réinstallée, c’est les vendeurs de tisanes et d’ossements. La deuxième couche que nous voulons réinstaller, cette semaine, c’est les mareyeuses, celles qui vendent des crevettes, du poisson, etc. Après cela, il y a la couche des ressortissants de Sô-Ava qui vendent les légumes. C’est progressivement que nous allons pouvoir réinstaller les uns et les autres, puisque nous avons aussi un problème d’emplacements dans le marché. Donc nous sommes en train d’arracher les emplacements dont les ayants droit ont des situations de dette vis-à-vis de la Sogema, pour pouvoir reloger ceux qui sont à jour.

Après la sensibilisation, quelles seront les étapes suivantes?

Après la phase de sensibilisation, nous allons procéder à la réinstallation des usagers ; ce qui a d’ailleurs commencé. Après cette phase, nous allons écrire au préfet pour lui dire que nous sommes prêts et qu’on peut venir libérer les berges. Parce que l’opération ne sera pas faite dans des conditions inhumaines, ça sera une opération inclusive et quand nous, au niveau de la Sogema, serons prêts. Lorsque toutes les dispositions seront prises, le préfet descendra avec les engins pour le nettoyage qui va commencer à Xwlacodji, et évoluer jusqu’au quartier Hindé. Donc, on va passer par Dantokpa.
Si les usagers occupent les berges, c’est la Sogema qui les occupe. Car, malgré qu’ils soient là illégalement, la Sogema leur délivre des tickets,
prend des redevances auprès d’eux. Nous pouvons donc dire que nous sommes responsables de cette occupation illégale des berges. C’est pourquoi, très tôt, nous sommes rentrés dans la dynamique du gouvernement pour pouvoir sensibiliser, trouver d’autres emplacements aux femmes et aider le gouvernement à rendre les berges belles.

Avez-vous un message à l’endroit des occupants des berges ?

Je les invite à ne pas tenir tête au gouvernement. D’après ce que nous apprenons, c’est qu’il y a des groupes d’individus qui menacent de ne pas quitter. Dès qu’ils vont vouloir tenir tête au gouvernement, le jour où les engins seront là, ils vont subir des dégâts. Parce que dès que les engins seront là, on ne va plus leur permettre d’aller chercher leurs étalages, leurs marchandises, etc. Les engins seront là pour une mission et ils ne vont pas attendre les usagers (têtus) pour qu’ils aillent chercher leurs effets. Donc, il faut que les gens respectent le mot d’ordre. Ils doivent savoir que c’est pour embellir les milieux, c’est pour faire de notre pays, un beau pays, c’est pour rendre nos berges libres et attrayantes, pour qu’elles soient à l’image des berges de certains pays comme le Ghana, la Côte d’Ivoire, etc.
Le chef de l’Etat a demandé qu’il y ait un dialogue entre les usagers et les autorités en charge de dégager les berges. C’est pourquoi jusque-là, nous avons mis un accent particulier sur le dialogue, pour que les gens le comprennent. Sans quoi, un jour ils vont dire qu’on n’a pas sensibilisé, puisque lorsqu’on va casser l’étalage de quelqu’un, ça sera sans dédommagement. C’est pourquoi nous sommes en train de recenser et de reloger avant que les bulldozers n’arrivent.

ARIEL GBAGUIDI (STAG.)
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