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Formation à l’EAMAU au Togo par le Programme de Développement des Infrastructures Économiques et Marchandes : Le PDIEM outille 30 techniciens béninois

Publié le jeudi 10 octobre 2019  |  Fraternité
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© aCotonou.com par DR
Vue d`ensemble des participants
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Du 15 avril au 24 Mai 2019, le Programme de Développement des Infrastructures Économiques et Marchandes (PDIEM) de la coopération suisse au Bénin, mis en œuvre par la SNV, a organisé, à l’Ecole inter-Africaine de formation dans les Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU), basée à Lomé au Togo, une formation de six semaines au profit de 30 acteurs béninois intervenant dans les métiers de construction en matériaux locaux. Cette formation de haut niveau a pour objectif de renforcer le savoir-faire des architectes, techniciens et ingénieurs béninois en vue d’une professionnalisation des métiers de construction en matériaux locaux. La finalité est de dynamiser cette filière naissante grâce à l’approche du PDIEM de réaliser les infrastructures économiques et marchandes en matériaux locaux pour mieux impacter l’économie locale dans une perspective de développement durable.
« Le Bénin dispose désormais de l’expertise pour promouvoir à grande échelle les constructions en matériaux locaux de qualité et dans le respect de l’environnement ». C’est du moins l’expression de joie de Justin Adido, représentant la Directrice Résidente de la Coopération Suisse au Bénin à la cérémonie de clôture de la formation. Le défi est de promouvoir une filière de construction qui valorise les matériaux locaux et procure du bien être aux usagers de ce type d’habitat. Pour Rem Neefjes, le Chef Projet du PDIEM, « La réalisation des ouvrages en Briques de Terre Comprimée (BTC) offre singulièrement un confort plus élevé en raison de leur capacité de régulation des effets thermiques qui procure une fraîcheur agréable à l’intérieur ». Selon les spécialistes de la construction en terre, ce matériau régule la température interne du bâtiment en offrant plus de fraîcheur lorsqu’il fait chaud au dehors et plus de chaleur lorsqu’il fait froid au dehors. « C’est d’ailleurs pour ce confort thermique interne que dans les pays occidentaux comme la France, beaucoup de personnes reviennent aux matériaux locaux qui préservent l’environnement », explique le facilitateur de la formation, l’architecte conseil du PDIEM, le Docteur Aimé Paul Gonçalves. Même son de cloche de la part des principaux formateurs à savoir, le Professeur Chakirou Toukourou (Bénin), Kossi Messeko (Togo) et Mauricio Ganduglia (Craterre France) qui ont insisté sur l’avantage comparé des constructions en matériaux locaux par rapport aux matériaux dits conventionnels.

La mise en œuvre de la première phase du PDIEM a démontré que pour disposer d’infrastructures de qualité, il faut des techniciens bien outillés, capables de satisfaire aux exigences des habitats en matériaux locaux. C’est tout l’enjeu de cette formation. Renforcer les capacités de 6 architectes, 9 ingénieurs et 15 techniciens de génie civil et opérateurs de laboratoire sur les techniques spécifiques de construction des ouvrages en terre. Selon le Chef Projet du PDIEM, la vision de son Programme va au-delà des seules infrastructures économiques marchandes (IEM) des communes partenaires. Se basant sur le décret 482-2005 du 4 Août 2005 recommandant l’utilisation de 25 % de matériaux locaux dans la réalisation des infrastructures publiques, le PDIEM interpelle l’ensemble des ouvrages publics et les habitats privés qui gagneraient en confort thermique tout en respectant l’environnement et en permettant aux acteurs locaux de promouvoir des activités génératrices de revenus autour de ces chantiers.

La phase protocolaire
Ouverte et clôturée par le Ministre togolais de l’enseignement supérieur et de la recherche, ayant à ses côtés le Chef Projet du PDIEM et les représentants des ministères sectoriels béninois concernés, et les centres de formation impliqués, la formation comprend des cours théoriques, des travaux pratiques, des sorties pédagogiques et une évaluation. Pour le Professeur Koffi Akpagana, Ministre togolais de l’enseignement supérieur et de la recherche « la valorisation des potentialités des collectivités territoriales et l’émergence de l’économie locale sans laquelle aucun développement durable n’est possible, constituent, de nos jours, un enjeu qui vise prioritairement l’équilibre environnemental et socio culturel des populations urbaines et rurales ». Pour l’universitaire togolais, le PDIEM a vu juste en promouvant les matériaux locaux dans les constructions qu’il réalise pour la promotion de l’économie locale. Situant la formation dans son contexte, la promotion de l’économie locale à travers la construction des IEM en matériaux locaux, Rem Neefjes a invité les Ministères sectoriels béninois à jouer leur partition « afin de contribuer, tous, au développement du secteur des matériaux locaux au Bénin. Ainsi donc, avec le Ministère de l’Enseignement Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP), nous avons déjà identifié des centres de formation professionnelle et lycées techniques avec lesquels nous allons développer un programme de formation à l’endroit des artisans sur les techniques de construction en terre sur la base des curricula à développer. Notre collaboration avec le Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable (MCVDD) s’est manifestée à travers un engagement à réaliser des infrastructures au marché régional de Glazoué, dont une grande partie en matériaux locaux. Notre souhait est que ce partenariat annonce le début d’une campagne conjointe de promotion des matériaux locaux au Bénin. Avec les Ministères de la Décentralisation et de la Gouvernance Locale (MDGL) et le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF), nous nous réjouissons déjà d’une collaboration fructueuse pour une amélioration de la gestion des infrastructures construites. Cet appui constant aux initiatives du PDIEM s’est traduit par la signature de l’arrêté interministériel N° 1699 /MDGL /MEF /DC /SGM /DGTCP /DCP /ACCT /SP /179 SGG-19 du 19 juin 2019 portant organisation et fonctionnement des régies autonomes communales chargées de l’exploitation des services publics locaux en République du Bénin. La prise de ces mesures réglementaires par le MEF et le MDGL inspirées par l’expérience de la régie autonome de Malanville constitue une avancée majeure dans le cadre de la mise en place d’un cadre règlementaire propice à une meilleure mobilisation des ressources endogènes des communes au Bénin. Quant au Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), nous sollicitons votre appui afin d’obtenir une exploitation efficace des nouvelles infrastructures pour augmenter les revenus des agriculteurs et éleveurs mais aussi pour conseiller les acteurs du secteur agricole à construire désormais des ouvrages en matériaux locaux ».

Six semaines de formation riche et variée
Généralités et connaissances spécifiques sur le matériau terre, connaissances spécifiques sur le matériau terre avec des essais techniques, techniques de production des éléments en terre, architecture, structures et systèmes constructifs, conception et construction en terre, facteurs de dégradation… Les 30 apprenants béninois ont été formés sur l’identification du matériau terre, les modalités de son utilisation, la formulation du projet de construction, les différentes étapes à savoir la fondation, les murs, les ouvertures, la toiture, la plomberie, l’électricité et les travaux de finition et de maintenance. Ils ont visité des sites comme : villa chevaux, café BOMACO, Agora Senghor et le Cénacle de Vogan, travaillé dans des laboratoires et ont fait des travaux pratiques. Ils ont été outillés pour être « sollicités dans la maitrise d’œuvre des ouvrages de la phase 2 du PDIEM. Leur expertise participera également de la mise en œuvre de la volonté politique qui existe au Bénin consacrée par le décret 482-2005 du 4 Août 2005 recommandant l’utilisation de 25 % de matériaux locaux dans la réalisation des infrastructures publiques », selon Rem Neefjes. Pour la Porte-parole des bénéficiaires de la formation, Rosemonde Lidwine Michaï « cette journée où prend fin cette formation représente un événement particulier pour nous. Elle nous consacre pionniers, qualifiés en construction en terre, capables de développer les modes et techniques de construction associés à ce matériau ainsi que les stratégies et actions à mettre en œuvre pour la réalisation et l’exploitation des Infrastructures Économiques et Marchandes dans nos localités respectives ». Pour Aimée Biaou, technicienne en Génie Civil, le matériau terre ne lui était pas du tout familier : « Grâce à cette formation, j’ai acquis des connaissances très enrichissantes de l’identification du matériau terre jusqu’à la construction et la finition des ouvrages voire l’entretien. Je pense que je suis très bien équipée pour intervenir avec professionnalisme et qualité sur n’importe quel chantier de construction en terre. Je souhaite même que dans nos universités, les autorités puissent lancer ces genres de formation ». Romuald Lawson, architecte urbaniste de formation, ne manque pas de mots pour qualifier cette session de formation : « Les six semaines m’ont vraiment été utile pour intégrer dans mon portefeuille les constructions en matériaux locaux. Avant, je n’osais pas conseiller les constructions en matériaux locaux aux clients. Aujourd’hui je maitrise l’architecture des ouvrages en matériaux locaux. Personnellement je veux mettre en place une briqueterie, produire et vendre des Briques en Terre Comprimée. Nous sommes en plein réchauffement climatique et nous devons privilégier les matériaux locaux. C’est tout bénéfique pour la terre entière ». C’est Karim Rachidatou qui résume bien l’état d’esprit des stagiaires « avant j’avais des insuffisances, j’étais novice dans le domaine de la construction en terre. Aujourd’hui, je suis spécialiste, tout comme mes 29 autres collègues ».
Le bienfondé de la formation
Durant la première phase du PDIEM, des formations avaient déjà été dispensées aux artisans pour leur permettre de réaliser des infrastructures de bonne qualité. Seulement, à l’évaluation, il a été noté que ces formations circonscrites à la réalisation des ouvrages dans le cadre des infrastructures économiques et marchandes (IEM) ne peuvent pas porter durablement la promotion des matériaux locaux sans une spécialisation affinée dans le domaine. La phase 2 du PDIEM qui se veut une transition pour une mise à l’échelle de la construction des IEM en matériaux locaux, a prévu de former les acteurs majeurs de la chaîne de construction sur les techniques spécifiques de construction en Brique en Terre Compactée (BTC) et en pierres sèches afin de s’assurer de la bonne qualité des ouvrages à réaliser et de la disponibilité de l’expertise sur le plan national. La construction en matériaux locaux est une filière porteuse, respectueuse de l’environnement et capable de promouvoir l’économie locale de chacune des collectivités territoriales du Bénin. En quête de qualité, le PDIEM a donc identifié l’EAMAU, pour son expertise et ses expériences reconnues au plan régional et mondial dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme et l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC), une institution d’enseignement supérieur en ingénierie de référence au Bénin pour une collaboration dans le processus de formation aux côtés de CRAterre, Centre de Recherche en Architecture terre basé en France.

Le PDIEM, un programme de la coopération suisse au Bénin.
Le PDIEM qui est à sa deuxième phase découle de la Stratégie de Coopération Suisse au Bénin (STRACOBEN) pour la période de 2017-2020 et vise à promouvoir le développement économique des communes partenaires à travers la réalisation et la gestion adéquate des infrastructures économiques et marchandes. Le PDIEM contribue ainsi à valoriser les potentialités des collectivités territoriales et à faire émerger l’économie locale sans laquelle aucun développement durable n’est possible. Dans sa stratégie, le PDIEM utilise les matériaux locaux pour la construction des IEM, promeut les artisans (hommes et femmes), les PME et les micro-entreprises locaux en leur permettant d’accéder aux marchés publics, facilitant ainsi leur développement. L’ensemble de ces activités crée des emplois et une économie réelle pour chaque commune dont les ressources propres augmentent grâce à la gestion efficiente et la bonne exploitation des IEM construites.

Adrien TCHOMAKOU
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