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Système éducatif au Bénin: Des performances encore loin des attentes

Publié le mercredi 16 octobre 2019  |  La Nation
Ecolier
© aCotonou.com par DR
Ecolier Beninois
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Le développement d’un capital humain compétent et compétitif passe par un système éducatif performant. Mais, les performances enregistrées sont loin d’être reluisantes. Les responsabilités sont partagées.

Le Bénin a encore du chemin à faire pour avoir des ressources humaines qualifiées pouvant contribuer au développement du pays. Le rapport d’avancement 2018 du Programme de croissance pour le développement durable (Pc2d) fait état de réalisations qui ont contribué à la légère amélioration observée l’année passée. Malgré les résultats encourageants enregistrés ces dernières années, l’on est encore loin des objectifs à atteindre.
Construction et réhabilitation de salles de cours, acquisition de manuels scolaires et d’équipements, formations au profit des enseignants, activités d’inspection des enseignants dans les écoles, mise en place des cantines scolaires pour la rétention des écoliers et élèves dans les établissements, sont à mettre à l’actif du gouvernement et de ses partenaires. Aussi, il a été pris en charge les frais de scolarité de 244 425 élèves filles du premier cycle de l’enseignement secondaire général pour l’année scolaire 2017-2018 en vue de réduire les disparités liées au genre. Dans le même temps, 4095 apprenants ont été appuyés pour l’enseignement technique et la formation professionnelle. Toutes choses qui ont globalement fait évoluer les indicateurs de performance.
C’est ainsi qu’au niveau des Enseignements maternel et primaire, le taux de redoublement a baissé, passant de 14,92 % en 2017 à 10,82 % en 2018. De 51,2 en 2017, le ratio élèves/maître est passé à 46,28 en 2018, selon la direction de la Programmation et de la Prospective du ministère des Enseignements maternel et primaire (Dpp/Memp). L’indice de parité à ce niveau est demeuré constant à 0,93 et ainsi proche de la cible de 0,95 fixée. Par contre, le taux de scolarisation s’est établi à 110,76 % en 2018 en deçà de la cible de 116,9 %. Il en est de même du taux d’achèvement du cycle primaire qui s’est affiché à 58,49 % contre 60,24 % en 2017 et là encore, c’est loin de la cible de 70,45 %. Le taux de qualification des enseignants du primaire reste faible, soit 87,72% en 2018 contre une cible de 95% attendue.
Au niveau de l’Enseignement secondaire, technique et de la Formation professionnelle, la situation est quasi-identique. Les effectifs d’apprenants se sont accrus de 4,82 % mais le taux brut de scolarisation en baisse depuis 2014 a poursuivi sa tendance en passant de 47,6 % en 2017 à 44,3 % en 2018, selon les chiffres de la Dpp du ministère en charge du secteur. Les taux de réussite affichés respectivement à 28,63 % au Bepc et 33,43 % au Bac en 2018, restent bas. Le taux de réussite aux examens du premier cycle de l’enseignement technique est par contre élevé, soit 69,2 % en 2018 contre 65,6% en 2017.
Dans l’Enseignement supérieur, les effectifs d’étudiants restent en constance hausse: le nombre d’étudiants pour 100 000 habitants est passé de 1094 en 2017 à 1146 en 2018, selon la Dpp du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Du coup, le ratio étudiants/places assises a augmenté de 2,7 en 2016 à 3 en 2018, et le ratio étudiants/enseignant: de 81 en 2017 à 89 en 2018. Cela se traduit par une baisse du niveau d’encadrement et appelle au recrutement de nouveaux enseignants. Toutefois, l’on peut se réjouir que 64,71% des projets de recherche aient pu être financés en 2018 contre 59,26% en 2017 mais loin de la cible de 85% définie.

Responsabilités partagées

Les faibles résultats incombent aux apprenants, aux enseignants, aux syndicats, aux parents, aux autorités locales et nationales en charge du secteur. La première cause des contreperformances, c’est sans doute les grèves perlées ‘’systématiques’’ qui s’enchaînaient presque tous les ans, suivant les mots d’ordre des syndicats trop exigeants. Heureusement, le gouvernement a pris le taureau par les cornes, inversant peu à peu la tendance à la politisation et la syndicalisation à outrance du système éducatif. Résultat, l’année académique passée s’est déroulée sans accroc. Chose plutôt rare, et il faudra maintenir le cap !
La pénurie d’enseignants aussi bien en nombre qu’en qualité et leur concentration dans les zones urbaines au détriment des zones dites enclavées est dénoncée depuis des lustres. Faute de commodités (eau potable, électricité, Internet) dans certaines localités enclavées, beaucoup d’enseignants résident hors de leur zone de travail ; ce qui explique les retards et l’absentéisme répétés. Certains poussent loin l’inconscience professionnelle, versant carrément dans l’éthylisme. Aussi, quelques écoles primaires sont encore dirigées par des enseignants qui ne sont pas titulaires du Certificat d’aptitude pédagogique.
Autres facteurs, il y a : le manque de rigueur dans la préparation des cours, la recherche de gain facile par les enseignants qui couraient d’établissement en établissement à la recherche des heures de vacation. Les mesures prises à ce propos par le ministère en charge de l’Enseignement secondaire ont quelque peu changé la donne. A cela, s’ajoute la non qualification de bon nombre d’enseignants qui viennent au métier par nécessité. Nombreux sont les vacataires sans aucune notion pédagogique; de simples bacheliers sont employés comme professeurs tout comme des étudiants sortis des sciences économiques qui enseignent les mathématiques, des diplômés des sciences juridiques dispensent des cours de français ou de philosophie, etc. Une situation qui a récemment amené le gouvernement à initier une évaluation des enseignants en vue du renforcement de capacités de ceux qui en ont besoin. Curieusement, cela a suscité des remous.
Les défaillances du système éducatif s’expliquent également par le déficit en personnel d’encadrement (conseillers, inspecteurs pédagogiques) et l’insuffisance de moyens pour le contrôle et le suivi des enseignants et l’atteinte du quota horaire. Nombre de parents éprouvent des difficultés à suivre les enfants du fait de la grande différence de méthodologie d’apprentissage des nouveaux programmes dits d’approche par compétences. Certains d’entre eux, poussés par la cherté de la vie ou par insouciance ont démissionné de leur rôle, abandonnant à eux-mêmes les enfants qui s’adonnent plutôt aux loisirs malsains.
La capacité des infrastructures d’accueil au niveau du primaire, du secondaire et du supérieur, se trouve largement dépassée, en dépit de nouvelles salles de classe et d’amphithéâtres construits par endroits. Avec le manque encore criant d’infrastructures et d'enseignements, l’on assiste au jumelage des classes de différents niveaux. Au secondaire, les responsables de lycées et collèges sont contraints, face aux effectifs pléthoriques, de recourir au système des classes volantes au gré des intempéries alors que dans les universités publiques, des étudiants, futurs cadres, s’asseyent sur des briques ou à même le sol pour acquérir le savoir.

Poursuivre les efforts

Les récentes données enregistrées au niveau des différents ordres d’enseignement appellent à plus d’efforts de la part du gouvernement qui a annoncé le recrutement de nouveaux enseignants qualifiés pour assurer un meilleur encadrement des apprenants. Les projets de construction et de réhabilitation de salles de classe et d’amphithéâtres devront également connaître un coup d’accélérateur pour juguler l’insuffisance des salles de cours, de laboratoires et autres, qui oblige des écoliers à se mettre à trois ou à quatre sur des tables-bancs pour deux.
Il est nécessaire d’impliquer davantage les élus locaux dans la gestion du système éducatif ; eux qui, préoccupés par d’autres problèmes de leurs communes, s’intéressent peu à la qualité de l’éducation dispensée dans leurs contrées. Les collectivités locales devront se substituer à l’Etat qui ne peut plus faire face aux besoins, en mobilisant les ressources nécessaires, en faisant former les enseignants et en proposant des initiatives d’incitation à l’excellence à travers des bourses d’études par exemple.
Il faudra également procéder à un suivi rigoureux des enfants à la maison, une sensibilisation plus accrue des enseignants à leur rôle dans la formation de la relève, poursuivre - contre vents et marées - la formation des enseignants non qualifiés dans les écoles normales et l’encadrement et le suivi des enseignants dans la préparation et la dispensation des cours. L’avenir de la jeunesse, fer de lance du développement, en dépend.
Par ailleurs, il importe de revoir de fond en comble le système éducatif pour l’arrimer aux exigences de l’heure et assurer une adéquation entre formation et besoins de la société.

Claude Urbain PLAGBETO
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