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Marcel Ayité Baglo, DG de l’ABeGIEF, sur la fermeture de la frontière bénino-nigériane: « Les Béninois savent désormais qu’ils doivent compter sur leurs propres forces »

Publié le mercredi 13 novembre 2019  |  La Nation
Marcel
© aCotonou.com par DR
Marcel Ayité Baglo, DG de de l’Agence béninoise de gestion intégrée des frontières (ABeGIEF)
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La fermeture des frontières nigérianes devrait être perçue comme une opportunité pour le Bénin plutôt qu’une menace. C’est le point de vue du directeur général de l’Agence béninoise de gestion intégrée des frontières (ABeGIEF), Marcel Ayité Baglo à travers cette interview. Il en profite pour dévoiler les attributions de sa structure dont la mission principale est de faire des espaces frontaliers de véritables créneaux de développement.

La Nation : Comment se portent les frontières béninoises aujourd’hui?

Marcel Ayité Baglo : Les frontières béninoises se portent mieux. On ne peut pas rattraper le retard accumulé en 120 ans en deux ans. Nous mettons les bouchées doubles en sollicitant l’appui des services nationaux et des partenaires techniques et financiers. Pour une prise en charge efficace des frontières, nous devons obliger toutes les structures de notre pays à orienter une partie de leurs investissements vers nos actions. La sécurité du pays passe par celle des frontières. La frontière est la clé d’entrée dans un pays.

Selon vous, la fermeture de la frontière bénino-nigériane est-elle un problème géopolitique ?

La frontière est un outil utilisé par les néocolonialistes pour nous diviser. C’est une arme géopolitique qu’ils ont utilisée pour nous maintenir dans la dépendance. Chaque fois qu’un pays tente de résister, ils utilisent le pays voisin pour le déstabiliser. Sous la révolution, toutes les réunions de l’Union européenne concernant le Bénin se tenaient à Lomé. Tous les grands aéroports se dirigeaient vers le Burkina Faso. C’était juste une stratégie pour faire croire aux Béninois que le président feu Mathieu Kérékou devrait être destitué. Les frontières ont été tracées pour empêcher nos pays de se développer ; c’est une arme aux mains des partenaires pour nous faire tomber. Mais les pays africains ne le comprennent pas.
Relativement à la frontière nigériane, le géant voisin de l’Est constitue un très gros marché pour les pays de l’Afrique de l’Ouest. Ce qui lui donne l’impression qu’aucun pays africain ne peut survivre sans lui. Résultat, il a procédé à la fermeture unilatérale de ses frontières, contrairement aux directives de la Cédéao, pensant que nous viendrons nous mettre à genoux. Ce qui n’a pas été le cas. Les Béninois savent désormais qu’ils doivent compter sur leurs propres forces. La fermeture de la frontière constitue une avancée pour le Bénin. Aujourd’hui, nos produits trouvent d’autres portes de sortie dans la sous-région.
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Voulez-vous insinuer que le Nigeria paie actuellement plus pour la situation que le Bénin ?
Dans quel pays les populations ont marché contre le gouvernement, où les parlementaires ont interpellé le gouvernement sur la fermeture des frontières si ce n’est le Nigeria ? Le Bénin est très important pour le Nigeria et réciproquement.

Revenons-en aux attributions de l’ABeGIEF

L’ABeGIEF essaye de mettre en place la politique nationale de développement des espaces frontaliers à travers le programme national de gestion intégrée des espaces frontaliers. Elle a pour principale mission d’améliorer les conditions de vie des populations des espaces frontaliers et d’en faire des espaces de coopération avec les pays voisins en vue de favoriser les bonnes relations entre eux. L’agence travaille selon trois axes conformément à la volonté du gouvernement.
Le premier vise à promouvoir l’intégrité du territoire national et à sécuriser les espaces frontaliers. Il faut ramener toutes les zones du Bénin qui ont été ‘’grignotées’’ par les autres pays. Dans ce cadre, l’agence a réussi à faire revenir dix-sept localités anciennement administrées par le Nigeria, trois par le Togo. Elle a récupéré toutes les îles béninoises avec le Niger. Il reste seulement les frontières au niveau du Burkina Faso.
Le second axe vise à lutter contre la pauvreté en améliorant les conditions de vie des populations frontalières ; et le troisième s’appuie sur la coopération transfrontalière pour permettre aux frères et sœurs divisés par la frontière de communiquer et de développer des espaces de dialogue.
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Quelle est votre marge de manœuvre lorsque les espaces frontaliers deviennent des zones d’insécurité et de menace ?

Quand elles sont bien prises en charge, les zones frontalières sont toujours des espaces de développement et de bon voisinage. Autrement, elles deviennent des nids pour les grands délinquants, des espaces de frustration et de révolte. Lorsque ces situations sont mal gérées, cela entraîne la radicalisation du terrorisme. Dans tous les pays qui ont mal géré leurs frontières, les espaces frontaliers sont des zones de tous les dangers.

Que fait l’ABeGIEF pour prévenir au Bénin de telles menaces?

Pour assurer la prise en charge efficace des espaces frontaliers, l’agence a commencé par sécuriser les espaces béninois, apporter la sécurité aux populations frontalières et les soustraire des pressions des différents entrepreneurs de violences. Notre rôle est de tout faire pour donner aux populations frontalières, le sentiment d’appartenance au Bénin, pour leur faire comprendre qu’elles ne sont pas habitants du Bénin mais ses citoyens. Il s’agit de promouvoir leurs droits d’apporter de l’eau potable, d’installer des cantines scolaires, en construisant des infrastructures scolaires, les routes et ponts et les relier au pays.

L’agence semble se substituer au ministère en charge des Affaires sociales en investissant dans le social, pourrait-on dire ?

(Sourire)…La gestion intégrée des frontières passe par le social. En s’inscrivant dans cette logique, nous donnons à nos compatriotes le sentiment qu’on s’occupe d’eux. En retour, ils sont prêts à s’occuper aussi de leur pays. Toutes choses qui contribuent à la diminution des violences.
Dans le social, nous intervenons dans le secteur de la santé avec des consultations médicales et l’offre gratuite des médicaments. Tout récemment, dans les zones frontalières du Zou et des Collines, nous sommes intervenus en ophtalmologie où nous avons fait opérer cinquante-quatre concitoyens souffrant de la cataracte et des cas de glaucome. Idem pour le cancer du col de l’utérus où trente-cinq femmes ont été traitées par la thermo-coagulation. Celles dont la maladie est déjà avancée ont subi une ablation.
En construisant par exemple des salles de classe, nous sortons les enfants des mains des maîtres coraniques pour les envoyer à l’école. Beaucoup d’enfants dans ces zones ont retrouvé leur identité aujourd’hui grâce aux opérations de délivrance d’acte de naissance parrainées par le gouvernement.


Et les femmes, sont-elles prises en compte ?

Sur le plan économique, nous développons des activités génératrices de revenus au profit des groupements féminins avec des équipements de travail. Nous avons rapproché la sécurité des populations frontalières en ouvrant environ soixante commissariats post frontaliers pour marquer la présence de notre pays dans ces zones et récupéré plusieurs espaces de notre territoire. Afin de permettre aux frères et sœurs divisés par la frontière de se parler, nous créons des plateformes de coopération entre les collectivités d’autres zones frontalières. Nous commençons toujours par la sécurité avec la présence des hommes en uniforme.

Comment comptez-vous assurer la pérennité de vos actions ?

L’ABeGIEF est une structure étatique. Le gouvernement s’est engagé pour soutenir toutes nos initiatives. Récemment, nous avons mis en place l’association des communes frontalières du Bénin composée des trente-six mairies frontalières du Bénin. Nous mettons en place une compétence plurielle en vue de la durabilité de nos chantiers.

Par Maryse ASSOGBADJO,
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