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Atteinte des Odd 6 par le Bénin : Hygiène et assainissement, Des chiffres inquiétants

Publié le vendredi 22 novembre 2019  |  Matin libre
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Accès à l’eau potable pour tous au Bénin, d’ici 2021. C’est le défi que le Gouvernement de Patrice Talon s’est engagé à relever, et de façon pragmatique s’y est mis. Sans risque de se tromper, l’espoir est permis, mais que serait l’eau potable si à côté il n’y a pas hygiène et assainissement ?



Le 19 novembre de chaque année, c’est la journée mondiale des toilettes. Tout point fait, aucune manifestation officielle à caractère populaire en dehors de quelques initiatives privées sans grands échos. Et pourtant, dans les écoles, dans l’administration publique ou dans les maisons aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain, le problème des toilettes se pose avec acuité. En effet, si ce n’est pas en termes d’inexistence, c’est donc par manque d’entretien ou du moins, si cela existe et entretenu, plus ou moins, c’est qu’elle est inadaptée à une certaine catégorie de personnes. D’où l’exclusion alors que l’accès universel à l’Hygiène et à l’assainissement de base (Hab) est une EXIGENCE des droits humains. Pour être on ne peut plus clair, que font concrètement les dirigeants en faveur spécifiquement des personnes défavorisées, c’est-à-dire des filles, des enfants, des handicapées (aveugles, handicapés moteurs, etc) ? A-t-on conscience qu’à cause de l’inexistence de toilettes ou du manque d’entretien de toilettes dans les écoles ou à proximité, de nombreuses filles abandonnent les classes (à cause des menstrues) ou sont violées parce que devant parcourir de longues distance pour faire leurs besoins ? Que dirions-nous alors des ministères ou directions de services étatiques dans lesquels il est souvent inscrit « Toilettes ou WC en panne, ne forcez pas » alors que les agents sont censés faire leurs besoins par intervalles de temps dans la journée? Et si par chance, ces toilettes sont fonctionnelles, soit elles sont souvent hermétiquement fermées et la clé détenue par une seule personne, qui parfois est introuvable. C’est dire donc que la question des toilettes, de l’hygiène et de l’assainissement en général, est transversale. Autant le ministre du Cadre de vie et de l’environnement doit être préoccupé, autant ses collègues de l’éducation, de la santé, des affaires sociales, bref tout le gouvernement doit l’être.

Des chiffres qui doivent faire réfléchir



Etant donné que les chiffres et les images parlent plus que les discours, il faut souligner que selon les données (2017) de l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insaé), 87% de la population utilisent au Bénin des toilettes non améliorées. Un ménage sur deux n’a pas de toilette actuellement, un peu plus de la moitié de population, soit 53% pratiquent la défécation à l’air libre (Dal), 19% de personnes ne se lavent pas les mains après les toilettes. Salut donc, les épidémies récurrentes de choléra. Pendant ce temps, le pays reste très dépendant ou extraverti quant à la question de l’hygiène et de l’assainissement. En effet, 95% environ des financements du secteur pour tel ou tel projet/programme proviennent de l’apport extérieur. Une infime contribution du budget national donc. Et selon des acteurs du secteur, non seulement cette contribution diminue drastiquement d’année en année, aujourd’hui elle est insignifiante. A peu près 50 millions FCfa l’an sur un engagement de 3, 5 milliards FCfa. Outre ces points soulevés, il faut dire que le sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement souffre d’une absence totale de documents de base non actualisés. Le Code de l’Hygiène qui est la bible ou la Constitution de ce sous-secteur est carrément désuet. Il date de 1987.

A quand le vote du Code l’Hygiène au Bénin ?



Un Code vieux de plus de trois décennies continue de régir le sous-secteur secteur Hab au Bénin. Ce Code est dépassé puisqu’il a été élaboré avant d’autres réalités du moment : la décentralisation, le boom démographique… Cependant, en dépit de ce que un amendement y a été apporté et le lobbying fait en faveur des parlementaires, le Code végète toujours dans la poussière des tiroirs du Palais des Gouverneurs à Porto-Novo. L’un des députés, en la personne de Gildas Djobloski Agonkan, toujours au Parlement, aurait accepté la projet, mais depuis, silence radio. Que se passe-t-il concrètement de ce côté-là, difficile d’avoir d’information fiable à propos de l’étape à laquelle l’on est exactement du vote ou de l’adoption de ce préceux instrument qui ne fera que booster le sous-secteur. Est-ce parce que ces parlementaires de la 8ème législature se disent que c’est un document sans intérêt, moins important que la Constitution et autres ratifications qu’ils ne se pressent pas de l’étudier en PROCEDURE D’URGENCE ? Ou bien est-ce parce que le rituel du fric n’est pas encore observé ? Nous n’osons pas croire en tout cas que cette lenteur criarde observée trouve son explication dans cette dernière insinuation. Au regard des enjeux ou des défis, il urge que cette 8ème législature sauve des vies humaines des griffes des maladies, de la déperdition en milieu scolaire en votant dans les tout prochains jours, pourquoi pas, le document tant attendu par les différents acteurs de l’Hygiène et de l’assainissement. Il faut souligner que le Code de l’eau, lui, a été actualisé depuis 2010. D’où les progrès importants qui s’enregistrent dans le secteur. Et pourquoi pas l’hygiène et l’assainissement qui ne sont que des secteurs complémentaires à celui de l’eau.

La Direction de l’Hygiène et de l’assainissement, noyée



S’il est une préoccupation qui tient à cœur aux acteurs du secteur de l’hygiène et de l’assainissement lors de certaines assises, c’est le relèvement institutionnel de la Direction ou du service de l’hygiène et de l’assainissement de base. C’est un service quasi inexistence parce que coincé dans les couloirs du ministère de la santé, non seulement sans moyen mais c’est que les acteurs qui y sont, pour la plupart des médecins, sont dans la logique de guérison que de la prévention. Ce n’est donc pas étonnant qu’un 19 novembre, déclaré Journée mondiale des toilettes, soit commémoré dans l’indifférence totale au Bénin. Il faut déloger ce service du ministère de la santé dont les parages ne sont pas encore suffisamment salubres ou assainis, en faire un Direction technique autonome plus dynamique avec les compétences qu’il faut. Ailleurs, comme c’est le cas dans une quinzaine de pays africains, déjà (le plus récent c’est le Kénya, il y a quelques semaines), on en fait simplement un ministère de l’eau et de l’assainissement à part entière.

Le leadership politique de Talon vivement souhaité



Au-delà de ce que la question de l’hygiène et de l’assainissement nécessite les moyens, la mobilisation de ressources, il y a en amont la volonté politique. Et vouloir, c’est pouvoir. Si au Kénya comme dans d’autres pays africains, moins cotés que le Bénin on dédie des ministères entiers à l’assainissement, ce n’est pas du laïus, mais du concret. C’est grâce à l’engagement et la détermination des chefs d’Etat et de gouvernement de ces pays. La chose est donc possible au pays de Patrice Talon. Si aujourd’hui un Etat comme l’Inde, avec ses plus d’1 milliard d’habitants a réussi à mettre fin à la défécation à l’air libre en moins de 5 ans, et constitue un modèle pour la Communauté internationale, ce n’est pas non plus sans le leadership politique de ses dirigeants. En effet, à l’époque, alors qu’un Indien sur trois environ faisait ses besoins à l’air libre, le premier ministre indien a pris l’engagement, lors d’un sommet en 2014, de mettre fin à la défécation à l’air libre dans son pays et d’atteindre donc le statut Fdal. Plus de 100 millions de latrines ont été donc construit dans tout le pays à travers une vaste opération. “En 60 mois, on a donné accès aux toilettes à 600 millions de personnes (sur 1,3 milliard d’habitants, ndlr), plus de 110 millions de toilettes ont été construites”, s’est exclamé le premier ministre Narendra Modi, le mois dernier devant 20.000 chefs de villages rassemblés à Ahmedabad (ouest). Dans un contexte où le défi c’est d’agir et « ne laisser personne de côté » (thème de la célébration de l’édition 2019), les gouvernants en premier doivent donner le déclic, puis le secteur privé à l’instar des Fondations comme Bill Gate qui finance la construction de toilettes, doit entrer dans la danse pour accompagner des projets novateurs et adaptés dans le secteur Hab. A tout ceci, il faut par ailleurs, la solidarité communautaire surtout en faveur des personnes vulnérables. L’hygiène et de l’assainissement est un secteur prioritaire, on doit donc cesser de le traiter comme le parent pauvre si l’on veut réellement atteindre l’Objectif de développement numéro 6 (Odd6) qui vise à instaurer d’ici 2030, l’accès général à l’eau et à l’hygiène de même qu’une gestion durable des ressources en eau.



Jacques BOCO
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