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Editorial : Du social pour fous errants !

Publié le mardi 3 decembre 2019  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Le personnel du CNHU de Cotonou, au Bénin lors d`une mobilisation contre la mise en concession de l`hôpital en juin 2017
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Angelo DOSSOUMOU

Salubrité et solidarité. Deux expressions jumelles qui, à elles seules, disent tout d’une opération peu ordinaire. Depuis jeudi dernier, les malades mentaux sont non seulement indésirables sur les lieux publics mais, ce qui est très intéressant, c’est que le Ministère des affaires sociales a pris des dispositions pour les envoyer tous vers les centres psychiatriques de Jacquot et de Tokan. Déjà, à travers cette décision, certains verront d’abord la quête de l’esthétique pour nos villes. Mais, quand on voit que derrière cette initiative, se retrouve le Ministère des affaires sociale, a priori, on peut comprendre que l’objectif prioritairement visé, c’est la santé à recouvrer par ces vulnérables oubliés de la République.
Et s’il en est vraiment ainsi, c’est un mérite qui vaut un détour. Surtout quand on sait que la récompense à y tirer n’est ni politique ni électorale. Sinon, sauf erreur de ma part, c’est un investissement avant tout humanitaire. Au fond, ils ne sont que des malades d’un genre particulier et leur place n’est pas dans la rue. Malheureusement, la société en a fait des parias. D’où, cette nécessité d’une prise de conscience collective et de la culture de l’assistance à personne en danger. C’est d’ailleurs, pour cette raison que le professionnalisme qui a caractérisé cette phase expérimentale de l’opération de prise en charge des malades mentaux est à souligner. Ils n’ont pas été déguerpis pour du folklore. L’humanisme a primé sur la brutalité et la répugnance et cela veut tout dire.
Cependant, au-delà de cette phase expérimentale de prise en charge des malades mentaux errants qui a eu pour cadre Cotonou, le prochain défi est celui d’une généralisation à toutes nos grandes villes. Mais avant, le Bénin est tenu de disposer des centres psychiatriques de référence et des spécialistes pour leur administrer des soins adéquats. Tout ceci suppose un budget et des investissements conséquents. Dans ces conditions, il faudra bien se demander si, à la longue, cette politique sociale ne fera pas flop. Car, il n’aurait servi à rien de commencer cette œuvre combien charitable et ne pas pouvoir tenir sur la durée. D’ailleurs, d’une réinsertion sociale de ceux des fous errants qui réussiront à mieux se porter, il est question.
De toutes les manières, seule la fin justifie les moyens. Par conséquent, la suite à donner à ce vaste programme à l’endroit des fous errants pourrait dépendre de l’appréciation qui sera faite de cette phase expérimentale. Alors, moins on en trouvera sur les trottoirs et plus dans les centres psychiatriques signifierait que les choix opérés sont les bons. Autrement, il est à parier que le prochain éléphant blanc du social aura un nom. Et ce serait vraiment fou de ne pas éviter qu’il en soit ainsi.
En définitive, pour une fois, ces couches sans voix n’ont pas eu besoin de quoi que ce soit avant que les gouvernants s’intéressent à leur sort. En effet, ce n’était pas évident. Mais, l’essentiel est que d’une phase expérimentale, on en arrive à du concret qui défie le temps et toute autre considération. En plus, tous, nous sommes des fous qui s’ignorent. Et donc, pensons à qui de droit.
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