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La raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure
Publié le jeudi 21 novembre 2013   |  Diasporas News


Lionel
© Diasporas News par DR
Lionel Agbo, avocat


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Si nous avons décidé de nous intéresser au cas de ce « Béninois » dont le sort a ému toutes les couches sociales dans son pays d’origine, c’est consécutivement à une question brûlante et récurrente de l’actualité africaine qui a trait à la révision de la constitution, dénominateur commun à tous les dirigeants du continent africain, qui rêvent de s’éterniser au pouvoir jusqu’à la fin de leur vie.
Il nous a donc fallu plus de six mois d’investigations, tant auprès des béninois de la diaspora qu’auprès de ceux qui vivent au Bénin pour vous livrer le récit d’un homme atypique, qui a eu le tort certes, mais assurément le courage de dénoncer très tôt les dérives d’un pouvoir dictatorial, la corruption galopante au sein même des collaborateurs du Président de la République y compris à l’intérieur du palais, et la volonté de l’Exécutif de vouloir modifier la constitution du onze décembre 1990, pour se maintenir au pouvoir.
QUI EST LIONEL AGBO ?
Ce qui est frappant dans les divers témoignages, c’est le fait que tous ses congénères, y compris ceux qui n’adhèrent pas à ses choix jugés trop rigoureux, le décrivent comme un être compétent dans son domaine, ayant un respect exacerbé du bien public, et un souci singulier quant à l’aide qu’il a toujours portée aux déshérités, ce qui paraît somme toute normal lorsque l’on a à l’esprit son itinéraire à travers l’enseignement religieux des Pères Jésuites et l’éducation reçue de parents que l’on dit « catholiques purs et durs » ; tous n’ont eu de cesse d’insister sur l’extrême probité qui le caractérise et qui fait dire au béninois lambda que cet homme ne peut pas s’entendre avec les hommes politiques de son pays, tant la «béninoiserie» y trône en maître incontesté.
Ainsi donc, Lionel AGBO, car c’est de lui qu’il s’agit, avocat émérite de son Etat, après la rocambolesque affaire de la présumée « diffamation contre les collaborateurs du chef d’état » et « d’offense au chef de l’état béninois », qui lui a valu d’être relaxé pour la première et condamné à six mois d’emprisonnement ferme avec mandat d’arrêt à la barre et cinq cent mille « 500.000 » francs CFA d’amende (7500 Euros) pour la seconde, attend toujours selon nos informations d’être jugé en appel, et ce, depuis le 23 janvier 2013, date du jugement entrepris et l’appel qui s’en est suivi.
On se souvient de ce Béninois rentré de France, après plus de trois décennies, devenu l’idole de tout un peuple, qui avait eu le courage de se présenter à l’élection présidentielle en 1996, ensuite en 2001 et 2006, et qui contre toute attente, avait refusé toute collaboration avec le président de l’époque le général Mathieu KEREKOU qui voulait en faire son ministre de la justice.
Si la majorité des Béninois lui vouent une admiration sans borne, cela s’explique certainement tant par sa grande intégrité (on le dit incorruptible) que par les combats épiques qu’il a menés pour l’amélioration des conditions de vie des Béninois, notamment sa lutte acharnée pour la baisse substantielle des coûts de la téléphonie mobile, et la lutte sans concession contre la corruption qui gangrène tous les secteurs de la vie publique, et empêche selon lui l’émergence de son pays.
LES CAUSES DE SES MISES EN GARDE SONT-ELLES FONDEES ?
Alors pourquoi ce désamour avec le Président YAYI BONI qui a décidé de lui « faire la peau » alors même qu’il l’avait nommé en mars 2007 membre de l’Autorité Transitoire de Régulation des Postes et Communications, en novembre 2007 son Conseiller Spécial Juridique, en 2008 Porte-parole de la Présidence de la République et en 2009 Chef de la cellule de communication de la Présidence de la République.
En fait, lorsque l’on analyse les raisons profondes des divergences apparues très vite entre les deux hommes, et du simulacre du procès qui s’en suivra, on relève que bien que maître Lionel AGBO soit membre fondateur de la majorité présidentielle plurielle – UMPP (regroupement des partis soutenant les actions de l’exécutif), il s’est très tôt démarqué de ses alliés et n’a eu de cesse de dénoncer la corruption au sein des collaborateurs du chef de l’état, ainsi que les velléités naissantes de ses affidés pour modifier la constitution, dans le but de permettre à leur mentor qui en est à son deuxième mandat, de rester au pouvoir au-delà de 2016, date de la prochaine élection présidentielle, alors même que selon les dispositions de l’article 42 de la constitution du Bénin,
« …..En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels.»
Les béninois interrogés, nous ont d’abord précisé que lors de l’émission « Zone franche » diffusée par la chaîne privée Canal 3 au mois de juin 2012 dont il était l’invité, il avait publiquement et particulièrement insisté sur ces deux faits qui à ses yeux sèmeront la discorde au Bénin et diviseront à n’en point douter ses compatriotes.
Confronté au danger sans cesse croissant de ses mises en garde restées lettre morte, lors de son point de presse le 18 septembre 2012, il abordera à nouveau les mêmes appréhensions illustrées cette fois-ci, par des exemples précis piochés dans l’actualité défrayant alors la chronique.
En réalité et selon nos sources, si les Béninois dans leur majorité ont accordé une oreille plus que bienveillante à ses propos cette fois-ci, cela s’explique par le constat unanimement fait par tous, que le Bénin n’a jamais connu ce pic de corruption depuis sa légendaire conférence nationale des forces vives de la nation, en 1989 – 1990, qui a engendré la loi fondamentale du 11 décembre 1990, et l’avènement de la démocratie.
De mémoire de béninois, y compris pendant la période révolutionnaire « militaro marxiste léniniste » de 1972 à 1990, jamais la corruption n’avait autant gangrené tous les secteurs de la vie publique, et atteint un tel sommet abyssal.
Nous avons donc essayé de receler et d’analyser les scandales dont a parlé maître Lionel AGBO pour consacrer la justesse de ses dires, ou le cas échéant les récuser.
En premier lieu, la majorité des Béninois ont cité le scandale dit de la « CEN-SAD », qui concerne les travaux inhérents au 10ème Sommet de la Communauté des Etats Sahélo sahariens, organisé par le Bénin, regroupant des chefs d’état et chefs de gouvernement de la région, afin d’aborder les problèmes sociaux, politiques et économiques auxquels leurs pays sont confrontés, et d’y porter des solutions idoines pour une meilleure intégration africaine.
Consécutivement à ce sommet tenu à Cotonou en juin 2008, de nombreuses malversations avaient été découvertes dans la gestion de passation des marchés publics, ainsi que dans la réalisation des travaux effectués sans aucune orthodoxie, situation qui a eu pour conséquence la saisine de l’Inspection Générale de l’Etat pour constater les faits incriminés.
Celle-ci dans son rapport a répertorié lesdites malversations d’une manière exhaustive, les chiffrant et désignant par voie de conséquence les responsables, dont les premiers étaient entre autres, des ministres et des collaborateurs directs du chef de l’état.
C’est d’ailleurs la gestion scabreuse de ce dossier consacrant des malversations portant sur des milliards de FCFA « plusieurs millions d’euros » qui a valu au ministre de l’économie et des finances de l’époque d’être « manu militari » remercié et remplacé en conseil des ministres.
Toutefois, force est de constater que la majorité des responsables désignés sont toujours en liberté sans être inquiétés outre mesure, ce qui fait dire aux Béninois que l’impunité règne en maître par la volonté manifeste du premier magistrat du pays.
Ensuite les Béninois citent avec colère, le scandale « ICC » services et autres, du nom de cette structure de collecte d’épargne qui va escroquer des Béninois sur des sommes portant sur plus de CENT MILLIARDS FCFA
«CENT CINQUANTE MILLIONS »d’euros.

Il faut toutefois préciser à ce propos, que l’escroquerie est inquantifiable, car du fait de son caractère illégal, une large partie des béninois escroqués craignant les conséquences pénales brandies par le pouvoir en place qui les a menacés de poursuites judiciaires, rechigne à se faire identifier, alors même que le candidat YAYI BONI en campagne pour sa réélection en 2011 avait promis de les rembourser jusqu’au dernier franc.
Une fois élu, l’homme a renvoyé aux calendes grecques l’espoir de remboursement de tout un peuple rappelant au passage aux béninois que les promesses de «Gascon» n’engagent que ceux qui y croient.

A l’occasion de cette affaire, les Béninois ont découvert que les collaborateurs directs du chef de l’état y étaient empêtrés jusqu’au cou, notamment le ministre de l’intérieur de l’époque, Armand ZINZINOHOUE qui aurait perçu des sommes très importantes de la part des responsables des structures mises en cause, et qu’il aurait à ce titre délivré indûment des permis de port d’arme à ceux-ci, et irrégulièrement mis à leur disposition des gardes de corps composés par des policiers et militaires divers.

Il avait été également dénoncé le fait qu’à l’intérieur de la présidence même, plusieurs collaborateurs directs du chef de l’état étaient mis en cause pour avoir touché des sommes considérables, ce qui a valu d’ailleurs à un de ses cousins d’être incarcéré, ainsi qu’à une collaboratrice de la directrice de cabinet du chef de l’état d’être « virée » du palais et d’être sommée de rembourser les sommes perçues, sans avoir à insister sur les nombreuses zones d’ombre qui mettent en cause le sommet de l’exécutif lui-même.

A ce propos, nous ne pouvons passer sous silence la situation de Monsieur le procureur général de l’époque qui mis en cause pour corruption, a été incarcéré depuis les faits et à propos duquel les Béninois disent qu’il n’est qu’un bouc émissaire immolé sur l’autel de l’irresponsabilité patente de l’exécutif.

Curieusement, il faut relever que tant le ministre de l’économie et des finances relevé, que celui de l’intérieur remercié, ainsi que le procureur général placé en détention provisoire, sans omettre les responsables des structures illégales, tous à un moment donné, ont écrit et fait publier de véritables « brûlots » mettant directement en cause la responsabilité et la culpabilité pleine et entière du Président de la République YAYI BONI et de sa famille, sans qu’aucun démenti formel n’ait été apporté par l’exécutif, et mettant de ce fait à mal cette phrase qu’il aime tant répéter à l’occasion chaque nouveau scandale :
« ..Je vous jure, je ne le savais pas……Je suis responsable mais pas coupable… »

Un drôle de pays, ce Bénin où le nom du premier magistrat de la nation est constamment cité par ses propres collaborateurs dans des affaires « mafieuses » les plus sordides, sans autre forme de procès.

Ainsi, dans la rubrique des scandales à répétition qui ont écumé le parcours des deux mandats du Président actuel, YAYI BIONI, nous pourrions citer d’une manière non exhaustive :

- les scandales des machines agricoles, pour le non respect du code des marchés publics ayant engendré des surfacturations à hauteur de plusieurs milliards de FCFA,
- le scandale de l’OCBN, où de très grosses sommes se sont évaporées sans que les responsables n’aient à en rendre compte,
- Le scandale de la centrale énergétique de « Maria Gléta » infonctionnelle après que sa construction et l’achat des machines requises aient englouti plusieurs dizaines de milliards de FCFA, ce qui n’a suscité aucun émoi de la part du chef de l’état,
- le scandale de la construction du siège de l’Assemblée nationale construit dans une zone marécageuse sans études préalables, aujourd’hui à l’abandon, où les différents prestataires de service déclarés adjudicataires étaient inappropriés, scandale mettant en cause des amis de la présidence, dont le principal serait en détention préventive, sans omettre un ministre de la république mis en cause par ses propres collaborateurs et placé en garde à vue, qui aurait continué après sa sortie à assumer sans coup férir ses fonctions, alors même que les sommes décaissées dépasseraient selon le rapport de l’assemblée nationale le montant de QUATORZE MILLIARDS de FCFA (plus de VINGT MILLIONS d’euros), somme qui ne correspond même pas à l’état d’avancement des travaux,
- Le scandale de l’avion présidentiel acheté, toujours en panne et réparé à coups de milliards sans qu’il ne soit fonctionnel, et que l’on ne sache où il est réellement stationné,
- Le scandale de la SBEE, suite à l’attribution de marché de gré à gré, de surfacturations sur fond de rapport de l’IGE sans conséquence, où ici et là-encore on parle de plusieurs milliards de FCFA et les responsables en liberté,
- Le scandale de la SONACOP pour mauvaise gestion où des milliards de FCFA auraient été distraits si l’on en croit le rapport de l’IGE qui aurait engendré l’incarcération de son directeur général parce qu’il serait du sud, dit-on sur la place publique,
- Le scandale de la «CNSS » Caisse Nationale de la Sécurité Sociale, dont le directeur général par ses pratiques peu orthodoxes de gestion auraient fait perdre des sommes importantes à la structure selon les dires du patronat et des syndicats y affiliés, et qui malgré le rapport plus qu’accablant de «l’IGE» (Inspection Générale de l’Etat) n’est pas inquiété par l’exécutif parce qu’il serait de la région du nord comme le chef de l’état, toujours selon les rumeurs persistantes,
- Le scandale du recrutement des membres de l’administration dit « scandale des concours », où deux listes distinctes ont été signées et publiées l’une après l’autre par le ministre de la fonction publique, dans des conditions plus que douteuses, dénoncées par toutes les couches sociales du bénin, à propos duquel la ministre en question n’a jamais été inquiétée par l’exécutif qui se contente de faire la sourde oreille,
- Le scandale de «l’0RTB» Office de radio télévision béninoise, où la collusion du directeur général de la chaîne publique avec le propriétaire d’une chaîne de télévision privée et d’une structure de téléphonie mobile, par l’utilisation frauduleuse des installations de la première par la seconde pendant des années, aurait coûté des milliards de FCFA à l’état béninois donc aux contribuables sans que les responsables ne soient judiciairement inquiétés outre mesure,
- Sans omettre le scandale dit du port sec de «TORI», du nom d’un projet de construction d’un port sec dans la zone de «TORI» et à propos duquel une commission avait été mise en place à la présidence de la république par le chef de l’état, pour préparer les pièces administratives et vérifier la faisabilité du projet. Cette commission présidée par le secrétaire général de la présidence, était composée entre autres du directeur de cabinet du ministre de l’économie maritime et du directeur général du port de Cotonou, ancien ministre et conseiller du chef de l’état. L’initiateur dudit projet évalué à plus de CENT MILLIARD de FCFA (CENT CINQUANTE MILLIONS d’euros), un certain Eric HOUNGUE ulcéré par des sommes de plus en plus importantes réclamées par les membres de la commission sans que le dossier n’évolue, a décidé pour les dernières sommes versées, de filmer les bénéficiaires et d’aller les dénoncer preuves à l’appui au président de la république. Confronté à cette situation de corruption avérée, YAYI BONI n’eut d’autre alternative que de limoger ses collaborateurs directs, ainsi pris la main dans le sac, qui après avoir reconnu les faits ont tenté d’en minimiser les sommes empochées, et qui n’ont subi aucune conséquence judiciaire et continuent de circuler librement.

Ainsi se porte le Bénin sous l’ère YAYI BONI, où les nombreux scandales à répétition restés pour la plupart impunis, auraient selon la rumeur, fini par désabuser les institutions internationales qui hésitent de plus en plus à mettre la main à la poche….

A ce stade précis, se pose la question de déterminer avec objectivité le bien-fondé de la plainte déposée par trois collaborateurs de YAYI BONI pour diffamation, à savoir : la directrice du cabinet du chef de l’état dont la collaboratrice avait du être limogée du palais dans l’affaire ICC services et sommée de rembourser les sommes perçues, ce qu’elle a fait, le secrétaire général du gouvernement fraîchement nommé à cette place, et le secrétaire général de la présidence qui n’avait pas encore été nommé au moment du point de presse incriminé de maître Lionel AGBO.

Au surplus il faut préciser que ce dernier n’a jamais fait allusion ni à leur qualité et encore moins n’a jugé utile d’être nominatif donc n’a jamais cité le moindre nom dans ses allégations de corruption puisqu’il a spécifié simplement :
«…. Cela fait des lustres que les justes car il y en a au palais de la présidence s’évertuent, s’ingénient à vous dire qu’il y a un groupe d’hommes autour du chef de l’état qui est plus pourri que pourri.. Je ne suis pas le seul à l’avoir dit…Beaucoup l’ont dit….Mais nous n’avons pas été nominatif…..
Je sais « Président de la république » qu’il sait que je sais qu’il sait…. »

De l’analyse objective de ses propos, peut-on prétendre trouver dans cette intervention le moindre élément venant corroborer un quelconque délit « de diffamation » et « d’offense au chef de l’état » ?

En réalité il n’est point besoin d’être grand clerc pour se rendre compte que ce qui a déclenché l’Ire extrême de YAYI BONI, c’est le fait que maître Lionel AGBO ait dénoncé à plusieurs reprises la volonté de l’exécutif de modifier la constitution pour rester au pouvoir, et surtout qu’il ait décliné sur la place publique « le modus operandi » par lequel celui-ci comptait y parvenir.

Et les béninois de nous expliquer que dans un élan de lyrisme exacerbé, il aurait insisté sur la volonté de l’exécutif de vouloir, soit « wadiser » la constitution, du nom du président WADE du Sénégal qui avait modifié la constitution en cours et s’est présenté pour la troisième fois, soit «Poutiniser» le système politique, du nom du président POUTINE de la RUSSIE qui avait nommé MEDVEDEV comme premier ministre alors qu’il dirigeait toujours le pays en sous-mains, soit déclarer in fine qu’après la révision de la constitution une nouvelle république offrait une nouvelle possibilité à YAYI BONI de se représenter.
Lionel AGBO avait également prévenu les béninois qu’en cas de difficulté à réviser, l’exécutif n’hésiterait pas en soudoyant certains béninois, à les faire marcher pour faire croire à une adhésion massive, et que les maires, les préfets, les ministres, certaines personnalités religieuses et traditionnelles auraient en charge l’organisation desdites marches : or n’est-ce pas exactement les «scénarii» auxquels ont droit les béninois depuis de nombreux mois.

Ainsi et malgré toutes les dénégations de YAYI BONI de ne pas se représenter, dénégations faites tant devant le pape BENOIT XVI, que devant OBAMA aux Nations Unies et devant de nombreuses autres personnalités diverses du monde entier, une crise de confiance s’est instaurée entre le peuple béninois et son chef d’état.

Or, c’est dans ce contexte extrêmement houleux, qui a divisé les Béninois tel qu’il l’avait prédit, que le 6 juin 2013 un décret a été pris et communiqué au bureau de l’Assemblée Nationale le 10 du même mois pour proposer ladite révision.

Selon des sources concordantes, YAYI BONI, président omniprésent, omnipotent, et omniscient, vindicatif en diable et rancunier comme pas un, aurait alors juré d’incarcérer maître Lionel AGBO par tous moyens, y compris par ceux les plus illégaux, au mépris des règles les plus élémentaires du droit.


QUELLES PROCEDURES ONT ALORS ETE MISES EN PLACE POUR Y PARVENIR ?

Consécutivement au point de presse du 18 septembre 2013, Lionel AGBO est convoqué au commissariat le vendredi 21 septembre 2012 à 7 heures du matin. A son arrivée, accompagné d’un de ses confrères, d’un de ses oncles, ancien ministre des Travaux publiques de YAYI BONI en délicatesse lui-aussi avec le chef de l’état, et quelques amis, il aura l’agréable surprise de voir débarquer devant le commissariat central, des centaines de Béninois venus le soutenir, des Avocats, des syndicalistes, des parlementaires, des conducteurs de taxi-moto, des femmes des différents marchés, des parents venus du nord, et de nombreux médias.

Or le convoquer dans le cadre d’un présumé délit de presse dans un commissariat est parfaitement contraire à la loi de 1997, qui précise même par les dispositions de l’article 107 que :
« La détention préventive en matière de presse est interdite »

Malgré ce fait proscrit, maître Lionel AGBO sera détenu au commissariat central de Cotonou jusqu’à 20 heures et ne doit son salut de n’avoir pas été enfermé tout le week-end, qu’à la présence toute la journée de centaines de béninois tassés devant le commissariat et exigeant sa libération.

C’est dans ces conditions, que confronté à la volonté d’une foule de plus en plus dense, déterminée à en découdre avec les dizaines de CRS appelés en renfort, l’exécutif a fini par céder et le libérer.

Toutefois, dès le lundi suivant il sera assigné à comparaître devant le tribunal correctionnel en qualité de complice pour diffamation par trois collaborateurs du chef de l’état auquel il n’a pourtant jamais fait référence, et par YAYI BONI lui-même pour offense au chef de l’état.

A ce propos, il est unanimement reconnu par tous les béninois, qu’il s’agit en l’occurrence d’une parodie de justice, qui n’est que l’illustration de la volonté ferme du prince de « punir » à tout prix un homme qui refuse de se plier à sa volonté, et se comporter comme tant de « béni oui ! oui « à sa dévotion, pour emprunter à l’expression consacrée dans ce pays.

Nombreux sont les hommes et femmes de nos sources, qui ont insisté sur le fait que le chef ne supporte aucunement les hommes de libre pensée et de libre expression, donc pas la contradiction, leur préférant à tout le moins ceux qui s’illustrent dans la gymnastique de la « genou-flexion », exercice pour lequel certains politiciens béninois affichent des dispositions hors du commun.

C’est dans cette atmosphère, qu’aux différentes audiences qui vont se succéder sans aucun respect des droits de la défense, après plus de quatre mois de procès, qu’il sera porté à la connaissance des béninois qu’un juge irrégulièrement nommé aurait été choisi pour le condamner, ce qui expliquerait le fait que les Avocats constitués à ses côtés pour assurer sa défense ont éprouvé les pires difficultés pour avoir accès au dossier ainsi qu’aux pièces y contenues.

Confrontés à cette situation, ils durent faire appel à un huissier maître Octave Brice TOKPANOU chargé d’aller consulter ledit dossier et d’en dresser procès-verbal.

Mieux, pour ne citer que quelques entorses aux règles de droit, ni le Procureur de la République, ni les avocats des plaignants n’ont jamais daigné satisfaire aux règles édictées par le code de procédure pénale, en communiquant une quelconque pièce du dossier, particulièrement le support – CD de l’enregistrement du point de presse, supposé servir de fondement pour les poursuites, et encore moins sa traduction par un huissier.

Malgré les demandes sans cesse réitérées de ses conseils à cet effet,
- la demande faite par le prévenu lui-même à la direction de la chaîne canal 3 par correspondance d’avoir à lui délivrer le « rush » l’original du CD contenant l’enregistrement du point de presse,
- la sommation délivrée par le ministère de maître Octave Brice TOPANOU, huissier de justice le 27 novembre 2012 d’avoir à délivrer le «rush»,
- la lettre adressée le 11 décembre 2012 à la « HAAC » la haute autorité de l’audio-visuel et de la communication sollicitant de celle-ci conformément à ses prérogatives, qu’elle contraigne Canal 3 à communiquer aux conseils du prévenu Lionel AGBO, la pièce essentielle du dossier «l’enregistrement» fondant les plaintes visées,

C’est au bout de près de quatre mois, alors même que le procès se déroulait depuis le mois de septembre, que la chaîne Canal 3 le 20 décembre 2012, par le ministère de l’huissier commis fait indiquer au prévenu et à ses Conseils qu’elle aurait détruit le « rush » support de l’enregistrement.

Mais alors dans ce contexte très particulier, sur quelle base vérifiable les citations ont-elles été établies ? Quels sont les éléments qui ont permis au procureur de la république de requérir une peine de UN AN de prison ferme ? N’y a-t-il pas en l’espèce une situation de blocage judiciaire, faute d’un support fiable au regard de la loi ? Le juge n’était-il pas alors contraint soit d’annuler toute la procédure tel que souhaités par les Conseils du prévenu, tant les irrégularités recelées sont confondantes, soit de relaxer purement et simplement les prévenus ?

Par ailleurs, pour rajouter à cette situation plutôt anachronique mais à tout le moins originale, il faut avoir à l’esprit le fait que s’agissant du dossier de diffamation concernant Lionel AGBO en sa qualité de complice, disjoint de celui de Berthe CAKPOSSA auteur principal, que le prévenu n’a jamais été entendu au fond, que ni les avocats des parties civiles, ni ceux de la défense n’ont pu plaider afin de présenter et développer les moyens qu’ils évoquent, interdiction formelle leur ayant été faite par le juge de prendre la parole, ce qui a soulevé de nombreux incidents d’audience et la déconstitution des conseils de la défense.

Quant au procureur de la république, bien que n’ayant pas pris ses réquisitions, il semblait se satisfaire de la situation comme si la cause était entendue à son niveau.

C’est dans cette ambiance plutôt particulière que le juge prononça ce que la majorité des béninois a qualifié de «drôle de relaxe», car personne n’était dupe du fait que cette décision permettait à son auteur de « savonner » la planche concernant le délit « d’offense au chef de l’état » où le prévenu sera condamné à 6 mois d’emprisonnement ferme avec mandat d’arrêt à la barre et à une amende de Cinq cent mille (500.000) FCFA, soit 7.500 euros d’amende.

Il convient pour l’ironie de la situation de rappeler que Lionel AGBO a été cité à comparaître dans les deux dossiers en qualité de complice, alors que Berthe CAKPOSSA directrice de Canal 3 l’a été en qualité d’auteur principal. Comment peut-on alors comprendre que le complice qui emprunte la pénalité de l’auteur principal ait écopé d’une peine de Six (06) mois ferme avec mandat d’arrêt à la barre, plus lourde et supérieure de trois mois à celle de Berthe CAKPOSSA, qui elle été condamnée à trois mois sans jamais s’être présentée à la moindre audience, contrairement à Lionel AGBO qui s’est présenté tous les mercredis au tribunal, et ce, pendant plus de quatre mois.

L’on ne peut mettre un terme à cette mascarade, si on n’y ajoutait point l’atmosphère générale des jours d’audience, feutrés par des bruits de botte, le ballet incessant de plusieurs dizaines de policiers, de gendarmes et de militaires sur armés, n’hésitant pas à bloquer toutes les voies principales d’accès qui conduisent au tribunal, créant des embouteillages monstres et vérifiant avec des mines patibulaires les identités de tous ceux qui osent s’y présenter pour assister au procès d’un seul homme.

A la date du 23 janvier 2013, date du jugement, la nouvelle parcourait les allées de la cour du palais de justice comme une trainée de poudre- nous ont rapporté les béninois interrogés- que dans la nuit du 22 au 23 des individus reconnus comme étant des militaires auraient tenté d’enlever ou d’assassiner à leur domicile Lionel AGBO et ses deux sœurs qui ne doivent leur salut qu’à la trentaine de gardiens venus les prévenir, et les assister pour faire fuir les individus douteux, dont deux ont été cependant bloqués dans leur voiture et relâchés après avoir reconnu qu’ils étaient en mission pour la présidence de la république.

A la lumière de ces derniers éléments, on comprend mieux pourquoi Lionel AGBO a préféré « disparaître » du pays sans laisser la moindre trace, car on peut être courageux, voire même téméraire mais pas suicidaire.

Rendu furieux par le déroulement de cette affaire qui aurait du conduire Lionel AGBO dans les geôles béninoises, YAYI BONI aux dires de nos sources, va donner des directives pour que les amis et les parents du prévenu soient harcelés, certains battus, d’autres placés en garde à vue, et des policiers armés jusqu’aux dents, n’hésitant pas en plein jour à escalader devant témoins les murs de son domicile pour aller fouiller celui-ci, sans omettre la visite impromptue qu’ils ont rendue quelques jours après le jugement au roi d’Adjohoun « localité de la vallée », visite au cours de laquelle ils ont démoli sa maison pour une fouille en règle, car soupçonné à tort de cacher le prévenu.

Concomitamment à ces actes inacceptables dans une démocratie qui se respecte, paradoxalement un communiqué laconique de la présidence de la république annonçait à grand renfort de publicité dans tous les médias tant audio-visuels qu’écrits
« …que le chef de l’état dans un souci d’apaisement a accordé une grâce présidentielle aux prévenus... »

Cette mesure de grâce présidentielle a démontré une fois de plus que YAYI BONI et ses collaborateurs confondent constamment vitesse et précipitation, et agissent souvent avec un amateurisme consternant donnant l’opportunité à tous les béninois de rire pendant longtemps sous cape d’un tel comportement.

Car comment peut-on accorder une mesure de grâce à des prévenus qui n’ont pas encore épuisé toutes les voies de recours, d’autant plus qu’immédiatement après le prononcé du jugement les appels ont été interjetés dans les délais légaux ?

Comment peut-on gracier des prévenus, à supposer que toutes les conditions soient réunies, alors même que ceux-ci n’ont pas formulé la moindre demande ? On est alors en droit de se demander si les Conseils de YAYI BONI lisent-ils même en diagonale les textes de droit, avant de l’aider à prendre une décision sans se couvrir de ridicule, tant il est vrai que dans ce pays le ridicule ne tue plus depuis des lustres.

A preuve, quelques jours plus tard, YAYI et ses conseils vont emboucher à nouveau la trompette de la honte, cette fois-ci non plus pour une grâce, mais pour un retrait définitif de la plainte et un désistement de toute instance.

Or, depuis l’appel relevé, les Conseils de Lionel AGBO qui se sont présentés à toutes les audiences de la chambre correctionnelle de la Cour d’appel, subissent les renvois du dossier de leur client d’audience en audience sans oser se rebiffer, la prochaine audience étant fixée au 25 octobre 2013, pour constater le retrait de la plainte et le désistement de toute instance par YAYI BONI, puisque nul ne saurait ignorer qu’en matière de délit de presse, dans tous les cas de poursuites correctionnelles, le désistement du plaignant met fin à la poursuite : or, il aura fallu neuf mois pour aboutir à cette formalité.

Enfin, doit-on parler de justice ou d’ironie du sort, puisque « l’UNAMAB » l’Union Nationale des Magistrats du Bénin, a non seulement contesté les nominations irrégulières de magistrats faites par l’exécutif, il y a quelques mois, mais par une grève ayant paralysé tout le système judiciaire pendant plusieurs semaines, exigé que l’on mette un terme auxdites nominations au nombre desquelles on trouve curieusement le fameux juge dont il s’est agi plus haut.

Et pour arrêter le mouvement de grève, le pouvoir s’est vu contraint de suspendre les prises de service qui étaient déjà en cours…..

Voilà ainsi rapporté après plusieurs mois d’investigation, le parcours de combattant d’un homme qui a osé dénoncer les dérives d’un pouvoir dictatorial, où les scandales fleurissent sans saison à profusion, où il est aujourd’hui confirmé que maître Lionel AGBO n’avait pas tort de mettre en garde les béninois en les incitant à une veille citoyenne générale quant à une révision opportuniste de la constitution, devant permettre à YAYI BONI de se maintenir au pouvoir après 2016, alors même qu’il a épuisé les deux mandats conformément aux disposions de l’article 42 de la constitution.

A cet égard, on se rappelle qu’un certain Patrice TALON lors d’une interview sur RFI en octobre ou novembre 2012, avait expliqué avec force détails, que la supposée tentative d’empoisonnement contre la personne de YAYI BONI qui lui était imputée n’est qu’un montage grossier, du fait qu’il a refusé d’aider le chef de l’état à réviser la constitution pour pouvoir se représenter en 2016, et ce, en soudoyant les députés et les présidents des institutions de contre-pouvoir. De tels propos ne confirment-ils pas les mises en garde de maître Lionel AGBO ?

Cette nouvelle affaire doublée d’une supposée tentative de coup d’état qui vicie complètement et totalement l’atmosphère des béninois, pour laquelle l’état béninois a demandé à la France l’extradition de Patrice Talon et Olivier BOCCO - le dossier est actuellement devant la chambre de l’instruction à Paris - n’a pas manqué de susciter notre intérêt et nous a incité de ce fait à nous lancer dans des investigations dont nous vous réservons très prochainement la primeur.

Lamine Thiam
Pour Diasporas-News N° 46 du mois de Novembre 2013.

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