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En vérité : Les tueurs de l’ombre

Publié le mercredi 4 decembre 2019  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Le dépistage reste la première étape afin de ne plus transmettre le virus du sida à autrui.
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Moïse DOSSOUMOU

Elle n’inspire plus la frayeur. Au fil des années, les Béninois et les citoyens du monde ont appris à maîtriser leurs craintes vis-à-vis de cette maladie. Le sida, la pandémie du siècle, suscite de moins en moins de l’intérêt au sein des populations. Les mille et une séances de sensibilisation et les témoignages des personnes vivant avec le Vih ont fait prendre conscience aux uns et aux autres. Les moyens de prévention, dont le plus en vogue est le préservatif, font partie, dans une large mesure des réflexes adoptées par ceux qui n’ont pas opté pour l’abstinence sexuelle. Avec le temps, les débats liés à cette infection se font rares. La preuve, la 31ème édition de la journée mondiale de lutte contre le Sida, est passée inaperçue. Il y a encore quelques années, le 1er décembre était une date clé qui mobilisait les énergies. « Les organisations communautaires font la différence », tel est le thème retenu par les Nations-Unies cette année.
Il faut croire que cela n’a ému personne. Il n’y a pas si longtemps, le gouvernement et les Ongs rivalisaient d’imagination pour proposer une panoplie d’activités entrant dans le cadre de la sensibilisation du grand public. Aujourd’hui, tout cela n’est plus que de lointains souvenirs. La stabilité du taux de prévalence figée à 1,2% depuis une décennie en est pour beaucoup. La lutte a visiblement porté puisqu’il est remarqué que les Béninois ne s’infectent plus à grande échelle comme par le passé. L’invariabilité de l’indice peut se comprendre dans la mesure où les nouvelles infections sont divisées par deux depuis 10 ans mais aussi par la réduction de 46% des décès dûs au Vih. Par conséquent, l’équilibre se crée entre ceux qui décèdent de la maladie et ceux qui s’infectent à nouveau. Du coup, exit le bon vieux temps où les milliards étaient injectés à souhait dans la lutte contre le Sida.
Certes, aucun remède n’a encore fait ses preuves. Les antirétroviraux font l’affaire dans une certaine mesure en permettant aux malades de vivre le plus longtemps possible. Malgré cette triste réalité, l’étape de la crainte est passée. Le Bénin ayant réussi à l’instar d’autres pays africains à réduire sensiblement son taux de prévalence, il va de soi que les énergies et les ressources soient concentrées à la lutte contre d’autres maladies tout aussi redoutables que le Sida. En dépit des efforts consentis depuis des décennies, le paludisme continue de figurer en tête du peloton des maladies les plus mortelles. C’est pourquoi, un accent est mis sur les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes considérés comme des cibles faciles et fragiles. Les chercheurs n’ayant pas encore réussi à mettre au point un vaccin, les moustiques continuent de sévir. Tout porte à croire que cette maladie sera encore d’actualité à court et à moyen termes.
Les maladies cardiovasculaires, le diabète, la tuberculose, les hépatites et les cancers, pour ne citer que ceux-là, font des ravages dans les ménages. Faute de dépistage précoce et de prise en charge adéquate, les gens en meurent au quotidien, laissant impuissants les médecins vertueux et consciencieux, qui, en dépit de tout, se dévouent à leur serment. Puisque le Sida a laissé du répit au système mobilisé pour le combattre, il faut réorienter tout ce dynamisme ailleurs. Les maux précités déciment la jeunesse. Il faut agir pour freiner leur élan. Autant les gouvernements successifs ont réussi à mobiliser pendant plusieurs années des dizaines de milliards au nom du combat contre le Vih, autant l’Exécutif doit s’armer pour s’attaquer de front à ces maladies chroniques qui font dépenser, traumatisent, réduisent à néant les espoirs des familles pour finalement laisser place au deuil. La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût.
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