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Le dernier tabou ???
Publié le jeudi 7 mars 2013   |  Quotidien Nokoué


Thomas
© AFP
Thomas Boni Yayi, président de la République du Bénin


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Un régime militaire au Bénin. C’est désormais officiel ; le chef de l’Etat aurait manqué de se faire exiler avant le terme de son second et dernier mandat. Il ne s’agit donc plus d’élucubrations politiciennes d’un ministre dénonçant d’imaginaires opposants assoiffés de pouvoir, en liaison avec des groupes terroristes et des trafiquants d’arme. Rhétorique volontairement alarmiste à but propagandiste. Nous voici dans du vrai : arrestation d’un officier de l’armée et d’un complice présumé, commission d’enquête judiciaire, communiqué officiel du procureur de la République près du tribunal de Cotonou, renforcement des contrôles militaires sur toute l’étendue du territoire national, mandat d’arrêt international à l’encontre du présumé commanditaire, en plus de détails sur le déroulé du coup d’Etat lui-même étalées dans les médias. Tout cela au pays inventeur de la conférence nationale en Afrique, de la démocratie dite apaisée, de l’alternance pacifique et régulière au pouvoir.

L’épisode de l’empoisonnement pouvait être classé dans la rubrique des faits divers inspiré d’une vengeance personnelle, elle-même mue par un bras de fer entre un magna et le chef de l’Etat. En effet, suivant les récits de l’accusation dans ce précédent dossier, il apparait que le commanditaire présumé ne viserait pas forcément à exercer personnellement le pouvoir d’Etat mais à punir sa cible (Yayi) de l’avoir privé de juteux marchés publics.

Idem pour les exécutants désignés qui seraient plus intéressés par l’argent que par l’occupation du fauteuil présidentiel. De la méchante gratuite qui n’a rien à voir avec les institutions de la République dans leur ensemble. Les « conspirateurs » évoquaient même la Cour constitutionnelle et l’éventualité d’élections anticipées suivant des messages téléphoniques exhibés par l’accusation. Ce qui signifie une continuation de l’ordre constitutionnel. Là encore l’honneur de la démocratie est sauf.

Par contre, le scénario décrit par le procureur de la République en pleine célébration de l’an 23 de la conférence nationale est une pure négation du renouveau démocratique à savoir l’instauration d’un régime militaire. À en croire les indices diffusés dans les médias, l’organisateur présumé de cette affaire ne se prévaut pas d’une frustration particulière sur fond régionaliste, corporatiste ou professionnelle. Il voudrait faire exiler le chef de l’Etat de retour d’un voyage à l’étranger, occuper sa place au palais de la Marina et mettre en place un régime militaire. Mode de gouvernance totalement incompatible avec la constitution de 1990. Ce qui signifie la disparition automatique de toutes les institutions républicaine et l’avènement d’un ordre nouveau. Si le présumé commanditaire semble le même que celui de la tentative d’empoisonnement, les motivations quant à elles, ont considérablement évolué ; on est passé de la vengeance personnelle à un projet politique en bonne et due forme. Il ne s’agit plus d’éliminer physiquement Yayi mais de lui arracher le pouvoir.

Personne ne comprendrait d’ailleurs que des militaires béninois décident d’écourter le règne du chef de l’Etat, surtout quand ce dernier s’appelle Yayi Boni. Comme si subitement la grande muette a oublié qu’elle a toujours été son enfant chéri après la Chine. En effet, si les Chinois ont les faveurs du refondateur en matière de construction d’infrastructures, l’armée béninoise est d’office privilégiée en ce qui concerne les marchés sensibles aux relents politiciens (transports de matériel électoral, transport d’intrants, construction de modules de classe, inspection des caisses des sociétés d’Etat, contrôle des opérations douanières, répression du trafic du kpayo etc…). Tout cela au détriment d’autres corps de métier tombés en disgrâce. On pourrait y ajouter les promotions de généraux tous azimuts. Que des officiers de cette armée-là en viennent à rêver de faire exiler leur « bienfaiteur »…

Existe-t-il d’autres tabous dans cette République ???

arimi choubadé

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