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30ème anniversaire de la conférence nationale: Amos Elègbè évoque les réelles circonstances des assises de 1990

Publié le jeudi 27 fevrier 2020  |  L`événement Précis
Amos
© aCotonou.com par DR
Amos Elègbè, l’ancien conseiller spécial aux affaires politiques de l’ancien Chef d’Etat Boni Yayi
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30 ans déjà qu’a eu lieu la conférence nationale des forces vives de la nation ayant conduit à la prise de certaines décisions devenues exécutoires par le président Mathieu Kérékou au Bénin. C’est ce 19 février 2020, jour d’anniversaire du démarrage de ses assises historiques que le Professeur Amos Elègbè, rapporteur général du comité préparatoire, rencontré, est revenu sur les réelles circonstances ayant conduit à leur tenue sur Esae TV.

Quels sont les réels mobiles qui ont conduit le régime Kérékou d’alors à convoquer une conférence nationale des forces vives de la nation ?
Nous étions allés en fait dans le but que les objectifs que nous nous sommes fixés soient atteints. On avait pris un certain nombre de décisions. J’ai oublié de dire tout à l’heure que le comité préparatoire s’est basé surtout sur les contributions des béninois. 1400 contributions étaient arrivées de l’extérieur et de l’intérieur de notre pays où des gens avaient fait déjà des propositions parmi lesquelles, il fallait créer un poste de premier ministre, avoir une transition, ainsi de suite. Mais l’ambiance qui a prévalu était-elle, c’est vrai moi je suis chrétien, comme si l’esprit Saint nous attendait en ces lieux. C’est la première fois où les gouvernants s’asseyaient avec les gouvernés un jeu de la vérité. On était à une réunion de franchise, nous même qui étions au gouvernement, on était écrasé puisque ceux qui étaient venus étaient déterminés à ce qu’on change la situation. Ceux qui étaient venus, certes beaucoup nous soutenaient d’ailleurs avant qu’on arrive parce qu’on avait pris des décisions qui permettaient d’ouvrir le débat et l’ambiance ; il faut reconnaître qu’il est difficile que vous dépossédez un pouvoir de toutes ses prérogatives à une rencontre. C’est pourquoi nous avons passé deux étapes importantes. Du 19 février au 23 février, la conférence a décidé d’abord que le comité préparatoire n’existe plus mais de mettre en place non seulement un présidium, mais aussi de constituer un petit groupe d’anciens chefs d’État qui étaient encore en vie à l’époque pour pousser les travaux. Cela a amené à créer une Fraternité entre les béninois et nous sommes allés loin. C’est le 23 février 1990-1991 qu’enfin à 20h dans la nuit de ce jour-là, ils avaient exigé que les décisions de la conférence nationale soient exécutoires et que le règlement intérieur de la conférence nationale devrait marquer ça principalement. Le président Mathieu Kerekou après des jours de réflexion est venu nous annoncer qu’il acceptait que les décisions soient immédiatement exécutoires. Vous avez vu, c’était vraiment l’étape la plus importante de notre conférence. Toutes les bagarres antérieures et toutes les querelles antérieures sur la manière d’analyser, sur la manière d’avancer ou de ne pas avancer, toutes les angoisses étaient du coup tombées. Et cela a ouvert une autre étape, celle du 24 au 28, qui est de construire maintenant une transition puisque le président Kérékou a accepté la conférence nationale, souhaitant de conduire la transition aux côtés d’un premier ministre indépendant comme on voyait partout, et ce premier ministre aura son gouvernement. Le président Kérékou présidera cette transition avec deux ou trois collaborateurs.

Alors dernière phase de cet entretien, selon vous, le Bénin a-t-il besoin d’une assise identique à la conférence nationale ?
Le Bénin n’a pas du tout besoin d’une conférence nationale aujourd’hui, la forme que notre conférence nationale avait est une forme qui s’adaptait à une situation particulière. Les français ont fait leurs premiers États généraux en France en 1789, ils n’ont plus jamais fait d’autres États généraux, ils ont exécuté des rois et des princes, beaucoup de bourgeois sont morts, le peuple a pris le pouvoir à la Place de la Bastille, mais il n’est pas souhaitable que ses choses se reproduisent. Ce qui nous a amené à la conférence nationale est que les leviers de commandement de l’Etat étaient tous morts, l’économie était donc morte, plus grave l’Etat n’avait plus de recettes suffisantes pour faire face à ses fonctions régaliennes, plus grave encore, on a évidemment plus d’emplois, plus grave l’école s’est arrêtée, ne parlons plus des centres de santé donc la situation était telle qu’on ne pouvait plus avancer. Depuis 30 ans, on est plus revenu à ces conditions-là.

Propos transcrit par Laurent KOSSOUHO
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