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À la Une : le coronavirus s’installe en Afrique

Publié le mardi 3 mars 2020  |  RFI
L’Université
© Autre presse par DR
L’Université polytechnique de Hong Kong développe un système capable de détecter rapidement le nouveau coronavirus
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6 pays africains sont désormais touchés. L’Égypte, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Nigeria et le Sénégal. Le Sénégal où un premier cas a été enregistré hier.

« Malgré les multiples mesures de prévention prises par les autorités en charge de la Santé au niveau de l’Aéroport international Blaise Diagne, au port de Dakar et au niveau des frontières terrestres, le Sénégal n’a pas échappé à l’épidémie du nouveau coronavirus », pointe Walf Quotidien qui précise « qu’il s’agit d’un patient de nationalité française, marié et père de deux enfants, qui vit au Sénégal avec sa famille depuis plus de deux ans. Il a séjourné à Nîmes, en France, et dans une station de ski, dans la période du 13 au 25 février. »

« L’homme a été mis en quarantaine au CHU de Fann, relève pour sa part le quotidien 24 Heures. Ses deux enfants et son épouse sont sous surveillance. Les autorités sanitaires sont maintenant à la recherche des personnes qui ont partagé avec lui le vol d’Air Sénégal international du 26 février. »

Alors, « avis gros temps sur nos hôpitaux, s’exclame 24 Heures, et particulièrement au Service des maladies infec­tieuses de l’Hôpital Fann de Dakar. (…) Tous les yeux sont braqués sur notre système sanitaire. On entre dans le dur avec une épidé­mie qui a affecté beaucoup de systèmes sanitaires à travers le monde. De l’avis du Professeur Moussa Seydi, le chef de service des maladies infectieuses du CHU de Fann, ''il va falloir prendre en charge correctement les malades et éviter la contamination intra-hospitalière". C’est dire, prévient 24 Heures, que le Sénégal doit aller très vite vers une réorganisation totale de la prise en charge dans les structures hospitalières. Il faut signaler que le personnel médical est en première ligne dans cette histoire. C’est pourquoi le gouvernement doit assurer une mise à disposition de matériel de protection et des kits de dépistages pour les médecins généralistes, hôpitaux et acteurs de santé de première ligne dans les plus brefs délais. »

Rassurant et… inquiétant !

« Pas de panique ! », lance pour sa part en première page le quotidien Enquête, toujours à Dakar. Enquête qui répercute les propos rassurants du président Macky Sall selon lequel « le Sénégal est prêt à faire face à cette situation. » Les Sénégalais, eux, sont « entre prudence, crainte et nihilisme », rapporte le journal. « Les symptômes et les règles d’hygiène pour éviter le Covid-19 sont de plus en plus connus, grâce aux nombreuses communications faites sur cette maladie. Mais l’application de ces mesures se présente comme un casse-tête. Certains Sénégalais se réfugient plus derrière des 'prières', plutôt que de bien appliquer les conseils des médecins. »

Interrogé par Enquête, le responsable des Opérations de réponse pour l’OMS en Afrique, Michel Yao, précise que « le Sénégal a un plan qui couvre tous les aspects. Mais le défi, poursuit-il, c’est de voir comment on arrive à l’opérationnaliser à grande échelle. Il faut aller à l’étape de mise en œuvre effective. Il y a le minimum, en ce moment, pour gérer les premiers cas. Néanmoins, il va falloir penser au pire scénario, c’est-à-dire une contamination massive. »

Bientôt toute l’Afrique de l’Ouest ?

« Il ne fallait pas rêver, soupire pour sa part Aujourd’hui à Ouagadougou. Même les pays dont les systèmes sanitaires sont performants ont le coronavirus chez eux. De Wuhan et Hubei à Washington, New York, Paris, Milan, ce virus ne connaît pas de frontières. (…) Le pays de la Teranga étant désormais touché, il faut s’attendre tôt ou tard à ce que la Guinée, le Mali, le Burkina, la Côte d’Ivoire le soient également, pronostique le journal, compte tenu de la porosité de nos frontières, de nos systèmes de santé défaillants ou mal adaptés à une telle pathologie. Il faut déjà se dire que le Covid 19 est dans les murs de la zone UEMOA pour ne pas dire de la CEDEAO. »

WakatSéra, toujours à Ouaga, affiche également son inquiétude : « si les hôpitaux en milieu urbain demeurent plus des mouroirs que des lieux de soins efficaces, les centres de santé en zones rurales manquent de tout. Dans ces conditions, comment détecter rapidement des malades ? Comment organiser leur quarantaine, dans cette précarité financière qui empêche même les individus de jouir du minimum vital ? Où trouver de l’argent pour se soigner alors que les trois repas sont passés de quotidiens à hebdomadaires pour nombre de familles ? (…) Pire, s’interroge encore WakatSéra, comment prévenir et guérir le Covid-19 dans les pays sahéliens confrontés aux attaques terroristes récurrentes qui conduisent à des flots chaque jour plus importants de déplacés ? La propagation du mal en Afrique risque d’être plus rapide, car en plus des difficultés existentielles, le continent a pour fondement culturel la communauté au sein de laquelle tout se partage. »
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