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Epidémie du coronavirus : l’ école béninoise entre peur et sérénité

Publié le jeudi 19 mars 2020  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Des élèves de l`école primaire
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Pour son cours de mathématiques de ce mercredi matin, Alain Akotègnon fait montre d’une prudence précautionneuse. La mandibule et le nez bien couverts depuis la maison, il conserve son bouclier au sein de l’établissement. Débordant de la poche gauche de son pantalon, le bouchon d’un flacon de gel hydro alcoolique prouve une fois de plus qu’il est bien paré pour se prémunir. Avant d’emprunter la première marche de l’escalier qui mène à ses apprenants, il réajuste le masque. Mais une fois qu’il franchit le seuil de la salle, l’accueil des apprenants, chaleureux et inoffensif, le désarme. Ne pouvant pas faire passer son message efficacement la bouche couverte, il se débarrasse enfin de son dispositif : « On a dit un mètre pour la distanciation requise mais avec l’effectif que nous faisons, vous voyez bien que ce n’est pas possible dans les classes. Mais nous ne sommes pas certainement encore à un stade où il faut fermer les écoles et universités. C’est certainement pour ça que le conseil extraordinaire des ministres d’hier n’a pas annoncé une telle mesure, donc il faut rester serein et ne pas céder à la panique ». Mais le discours de la sérénité ne passe pas dans le rang de tous les élèves. La cohabitation entre camarades se vit dans un climat de suspicion tant les gestes physiologiques anodins d’hier sont devenus gênants et malvenus. « Quand un camarde tousse à côté de moi, j’ai envie de prendre la fuite. Mais je fais semblant de m’intéresser toujours à la discussion et quelques minutes après, je me sépare de lui en avançant un prétexte », confie Anne-Marie Nounagnon, élève en classe de seconde. En effet, les apprenants n’ont pas tellement été préparés par leurs parents pour se prémunir contre les comportements à risque. Dans la cour de récréation de l’école primaire publique Mènontin-nord, on peut toujours observer des poignées de main. Dans certains établissements, les responsables ont alors décidé de mettre à contribution les délégués et responsables de classe pour sensibiliser aux bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement.

Une administration sur le qui-vive
Devant le kiosque du photocopieur, un attroupement s’est formé ce mercredi matin. D’un pas décidé, la déléguée du collège d’enseignement général Le Nokoué et son adjoint se dirigent vers le groupe qui échange en bonne amitié. Arrivée à hauteur de ses camarades, Billy Safourath lève l’index et le secoue pour repousser dans la foulée les salutations d’un ami. Fermeté de l’autorité mais pas seulement. Il s’agit surtout de montrer l’exemple. « Avec l’appui de l’administration, nous sensibilisons nos camarades à se couvrir la bouche ou le nez avant de tousser ou d’éternuer. La sensibilisation va jusque dans les cantines où nous vérifions si les gens se lavent bien les mains à l’eau et au savon en l’absence de gel hydro alcoolique », renseigne le délégué adjoint. Le fait que ces activités s’organisent démontre l’appréhension des acteurs du système éducatif face à un virus qui affectionne les rassemblements. La question sur toutes les lèvres ce matin est de savoir si les pouvoirs publics doivent oui ou non opter pour une suspension des classes.

L’école en berne, mesure improbable ou inéluctable ?
Beaucoup d’attente et à la fin, des mesures qui n’ont pas soulagé grand monde. Le communiqué du gouvernement à la fin du conseil des ministres extraordinaires du mardi dernier ne ferme pas les écoles et ne propose pour le moment aucune disposition particulière afin de renforcer la surveillance autour de ces lieux. A voir l’évolution de la situation, le risque zéro doit transparaître dans toutes les décisions gouvernementales pour faire montre d’une approche irréprochable dans la lutte contre l’épidémie. L’Europe estime aujourd’hui avoir sous-estimé les capacités de propagation du virus regrettant des mesures de faible portée au tout début de la crise. Déjà, un second cas de coronavirus enregistré sur le sol béninois en l’espace de 48 heures. A moins d’un miracle, il ne s’agit pas du dernier cas et seule une veille très élargie peut sauver le pays du gouffre mortifère de la pandémie.

Bergedor HADJIHOU
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