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Le Matinal N° 4239 du 2/12/2013

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Victor Topanou sur l’"innocence" de Yayi dans le dossier Sodéco :« C’est impossible, il ne peut pas ne pas être informé »
Publié le lundi 2 decembre 2013   |  Le Matinal


l’ex-ministre
© Autre presse par DR
l’ex-ministre de la justice, Victor Topanou


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Lors de son passage hier dimanche 02 décembre sur l’émission Cartes sur table de la radio Océan Fm, l’ancien ministre de la Justice Victor Topanou s’est prononcé sur l’affaire Sodéco. Au sujet d’une supposé innocence qu’aurait clamée le chef de l’Etat dans la signature du contrat de la Sodéco, l’invité déclare que « c’est impossible ».

Pour lui, Yayi Boni ne peut pas ne pas être informé du dossier si les propos rapportés s’avéraient. Outre ce sujet, l’ancien Secrétaire général du gouvernement a parlé de son passage au niveau de l’Exécutif et de ses perspectives. Lire ici entre autres propos du professeur.

Professeur Topanou, un sujet retient l’attention actuellement. C’est l’affaire Sodéco. Qu’en dites-vous.

J’estimais que sur le plan politique, on pouvait aller de compromission en compromission et que sur le pan universitaire ce n’était pas possible. Donc là vous me ramenez sur le terrain politique parce que c’est une affaire purement politique. Pour ceux qui en doutent encore, je dois dire que toutes les décisions qui ont été prises l’ont été au niveau du Conseil des ministres.

Je pense pour ma part qu’en toute circonstance, lorsqu’on a des relations avec quelqu’un, et qui sont fondées sur des règles qu’on s’est collectivement, mutuellement et unanimement données, on a l’obligation de les respecter. Et ce qui se passe aujourd’hui, on est en train de procéder à une saisie des parts d’un des actionnaires contrairement aux dispositions contractuelles.

Et c’est de cela qu’il s’agit parce que quand vous regardez les deux parties, il est clair alors qu’on engage des affaires avec le secteur privé, c’est plutôt de bon sens que ce soit régi par l’Ohada. Aujourd’hui, je ne connais pas beaucoup d’opérateurs économiques qui accepteraient de faire des affaires en dehors des dispositions de l’Ohada.

Je n’en connais pas, surtout quand il s’agit des affaires qui engagent des sommes aussi importantes. Donc à partir de cet instant, je ne suis pas sûr qu’on puisse le traiter de cette façon comme s’il s’agissait de simples contrats administratifs dans lequel le gouvernement serait habilité à faire valoir les prérogatives de puissance publique. Je veux que dire cela n’est pas possible.

Donc à partir de ce moment, il vaut mieux que le gouvernement se ressaisisse au moins sur les procédures faute de quoi, aujourd’hui, demain ou après demain, il serait condamné à restituer aux privés, les biens illégalement saisis. Et vous savez que lorsqu’on condamne l’Etat, c’est vous, c’est moi, c’est l’agriculteur, le menuisier, le mécanicien du coin qui en souffre et donc à partir de cet instant, nous avons l’obligation surtout lorsqu’on est en situation de gouvernance, de faire respecter le bien commun.

Donc dans la gestion de ce dossier le gouvernement fait fausse route ?

Evidemment, puisqu’il s’agit d’une saisine unilatérale. C’est un principe de base. Lorsque vous entrez en affaire avec quelqu’un, vous vous asseyez pour édicter les règles, et dès l’instant que vous voulez rompre, vous vous asseyez à nouveau pour voir les dispositions de rupture telle que prévu dans le contrat et vous procédez à la remise en cause de votre contrat. Mais là, manifestement, cela s’est fait de façon unilatérale.

Incontestablement, vous aurez tort. Parce que je ne vois pas un sel privé qui puisse accepter cette logique. Donc si au moment de la signature du contrat un seul privé savait que le gouvernement pouvait à son gré rompre le contrat, vous pensez que sur cette base, ils accepteraient investir des milliards ? C’est juste une question de bon sens.

Beaucoup voient derrière tout ceci un acharnement contre l’actionnaire majoritaire, Patrice Talon. Vous faites aussi la même lecture ?

De toute façon, ceux qui le disent n’ont pas tort. Et ce qui est dit est fondé sur le déroulement de notre actualité politique depuis deux ou trois ans. Il y a eu l’affaire Pvi, ensuite la tentative d’empoisonnement, après, il y a eu la tentative de coup d’Etat, ensuite une saisine des autorités françaises sur une potentielle affaire de blanchiment d’argent, aujourd’hui, c’est la Sodéco. Vous ne pouvez pas, lorsque vous alignez toutes ces affaires en deux ans, vous ne pouvez pas ne pas privilégier la thèse de l’acharnement. Et donc, ceux qui le disent le disent à raison.

Mais seulement ce que je regrette, c’est qu’on en arrive à des propos de menace sur la stabilité aussi bien des affaires que de l’Etat, parce que j’ai entendu certains dire la dernière fois qu’il faut faire attention à ces opérateurs privés étrangers qui i viennent se substituer de façon illégale aux opérateurs privés nationaux parce que le régime actuel partira et quand il partira, leur sécurité ne sera pas garantie.

Donc, quand on en arrive à ce niveau à la limite compréhensible, donc légitime, c’est qu’on met en danger le système d’investissement étranger chez nous. Pour l’avenir, c’est plutôt regrettable et inquiétant. Il faut appeler les acteurs à savoir raison garder.

Le chef de l’Etat selon les conférenciers aurait déclaré ne pas être au courant de la signature du contrat. Est-ce que c’est possible ?

C’est impossible. Il ne peut ne pas en être informé. Jusqu’ici nous parlons de propos qui ont été rapportés par les députés. Si le chef de l’Etat lui-même a dit publiquement qu’il n’était pas informé, je pourrais reconnaître avec vous qu’il a fait économie de vérité. Et là vous aurez eu des réactions. Pour l’instant, il n’est pas venu dire publiquement à la télé comme au cours d’une détestable interview lors d’un 1er aout.

Vous a été ministre jusqu’en 2010. Comment expliquez-vous votre sortie du gouvernement ?

Les dispositions de l’article 54 -3 de notre Constitution confèrent au Chef de l’Etat les pouvoirs discrétionnaires en matière de et de révocations des ministres. Je ne suis pas le premier des ministres dont il s’est séparés. Donc, je ne comprends pas que mon éjection préoccupe plus que celles d’autres depuis le premier gouvernement de 2006. En plus, c’est au Chef de l’Etat de dire pourquoi, il sort telle ou telle personne.

Tant que lui-même n’a pas dit pourquoi, tout le reste c’est de la spéculation. Maintenant, je considère qu’il peut avoir dix mille raisons de se séparer d’un ministre, sauf l’incompétence et les malversations. Car ces deux motifs ternissent l’image du collaborateur. Dans mon cas, j’espère que ce n’est ni l’un ni l’autre.

Tout au plus, il m’avait confié qu’il n’y avait pas assez de résultat dans le domaine de la lutte contre l’impunité, notamment dans les dossiers confiés à la justice, comme l’affaire Cen-sad. Je constate tout simplement que trois ans après ma sortie du gouvernement ces affaires n’ont pas évolué. Et aucun autre ministre n’a été viré pour ces causes. Donc, je pars de l’idée que ce que m’a dit le chef de l’Etat n’est pas la raison profonde de mon éjection, puisque à aucun moment après mon départ ces dossiers n’ont fait l’objet d’aucune accélération particulière. Au contraire, ils se sont enfoncés.

Alors, que retenez-vous de votre passage au gouvernement ?

Mon expérience personnelle. L’expérience accumulée me permet d’envisager l’avenir sous de meilleurs auspices.

Vous ne regrettez donc pas d’avoir servi Yayi Boni ?

Il faut éviter l’erreur sémantique qui confond le Chef de l’Etat que l’on sert, au Chef de l’Etat qui représente la Nation. Avoir servi aux côtés de celui à qui les populations ont confié le pouvoir, ne doit pas être un acte regrettable. Au contraire, c’est un acte enrichissant. La chose qui importe ensuite, c’est de savoir si l’on a fidèlement défendu les intérêts de la Nation. Je ne regrette pas un seul instant le service que j’ai accompli pour notre pays, aux côtés du président de la République.

Parce que si on n’engage pas la réflexion sur cette voie, ce qui risque d’être dommageable, c’est que tous ceux qui ont servi sous tous les anciens présidents depuis 1960, et auxquels on a des choses à reprocher, tous ceux-là conséquemment doivent rendre compte. C’est impensable ! Est-ce que tous les Béninois qui ont servi sous Mathieu Kérékou de 1972 à 1989, avec le fiasco des impayés et arriérés de salaires, le fiasco du système éducatif, la déroute du système bancaire, ou encore la violation massive des droits humains incarné par la ville de Ségbana, est-ce que tous ceux-là auraient dû être bannis parce qu’ils ont contribué à ce système ? Vous n’auriez pratiquement jamais eu de Conférence nationale.

Et tous ceux qui collaboré avec le Président Mathieu Kérékou pendant la période dictatoriale, sont revenus presque en force et occupent le devant de la scène. Tous ceux qui ont servi sous le président Soglo, « trop rapidement remercié », parce qu’on considérerait que le peuple n’était pas trop satisfait de sa gestion, est-ce qu’il faut les bannir de la société pour autant ? Non ! Est-ce que le Kérékou 2, malgré les insuffisances de ces dix ans, il faut bannir ceux qui ont collaboré avec lui ? Cela va être la même chose avec Yayi Boni. Dans cette affaire, ce sont des responsabilités individuelles qui sont engagées. A chaque fois qu’un responsable politique élu ou nommé aura engagé sa responsabilité dans des actes de malversation, il faut nécessairement qu’il paie et qu’il rende compte. C’est cela qui manque le plus à notre pays. Ce n’est pas au chef de l’Etat de les couvrir.

Objectivement, je pense que je n’aurai aucune résistance à rendre compte si des choses avaient été retenues contre moi. C’est une évidence. Donc, ceux qui me critiquent là-dessus, ce sont en général des courtisans. Sinon, en dehors d’eux j’en rencontre beaucoup qui me félicitent d’être parti sans laisser des casseroles. J’aurais pu aller à l’Un ou rejoindre la Coalition Abt, mais se serait trop facile. Les courtisans auraient préféré que je termine comme le ministre Zinzindohoué obligé de partir du pays ; ou comme le ministre Lawani qui a été dans sa chair méprisé et violenté à tort ou à raison ; ou comme le Procureur Amoussou qui croupit en prison. A ceux-là, je réponds avec le plus grand mépris.

Vous ne traînez donc pas de casseroles ?

Cela se saurait depuis trois ans que je suis sorti. C’est cela ma fierté et celle des miens.

A part la mal gouvernance dont vous avez fait état, qu’est ce que vous reprochez à Yayi Boni ?

Comme le commun des Béninois, j’ai du mal à comprendre un certain nombre de choses. Par exemple, je suis opposé à la question de la révision de la Constitution parce que, bon an mal an, notre Constitution ne nous a conduits à aucune crise majeure. En conséquence, on peut bien s’en accommoder encore pendant quelque temps encore.

C’est assez facile de le dire quand vous étiez au gouvernement vous ne parliez pas ?

J’opine sur ce qui s’est passé après ma sortie du gouvernement. Que ce qui s’était passé pendant que j’étais là soit critiquable, me semble relever de l’évidence. Une certaine presse a encré dans les esprits de nos compatriotes qu’on peut être ministre et contestataire. Non. Quand vous êtes ministre, c’est que vous êtes là pour la mission que le Chef de l’Etat vous a confiée. On n’est pas élu ministre, mais nommé.

Lorsqu’à un moment donné sur la mission que celui qui a été élu vous confie constate que vous ne le faites pas bien ou que vous le faites mal, vous ne partagez plus la même opinion sur cette idée, il lui est loisible de vous changer. Le problème c’est que chez nous, une grande partie de l’opinion est convaincue que lorsqu’on veut se séparer d’un président de la République quand on a été ministre, il faut nécessairement aller à la démission. Non. C’est une graduation. Il faut avoir été là pour comprendre ce que je dis. Je donne souvent l’image d’un couple. Lorsque vous êtes en couple, vous accumulez les divergences et tant qu’elles n’atteignent pas un certain seuil, on les digère.

Mais à un moment, on se dit je n’en peux plus. Et quand on décide de se séparer, on va vers le clash, et c’est ce qu’on appelle le divorce par voie contentieuse pour ceux qui sont mariés. Lorsqu’on accepte de se séparer à l’amiable, on l’appelle consentement mutuel. Donc la séparation n’est pas violente. Il ne faut pas croire que parce que la personne n’a pas crié haut et fort ou n’a pas tiré à boulet rouge sur son président cela voudra dire qu’il était forcément d’accord. On peut gérer un certain nombre de contradictions sans que personne ne sache. La preuve, pendant très longtemps, personne ne savait qu’il y avait un contentieux entre le Chef de l’Etat et moi.

Ah bon ?

Bien sûr et je l’ai dis plusieurs fois, je ne fais pas de révélations ici. J’ai expliqué aux gens que malgré que j’étais dans le gouvernement en tant que porte-parole, et que je m’étais engagé à faire un point de presse, le gouvernement n’avait jamais mis les moyens financiers à ma disposition pour le faire. Mais je n’étais jamais venu à l’écran le crier bien que j’avais des raisons de le faire.

Ce n’est pas parce que vous ne vous entendez pas sur un certain nombre de choses que vous allez forcément à la séparation violente. Non. Vous pouvez discuter. Dieu seul sait que dans notre pays, les Béninois ont un seuil de tolérance extrêmement élevé parce qu’il ya des choses qui se sont passées chez nous et que sous d’autres cieux on tomberait dans la violence. Et cela les compatriotes doivent se l’intégrer en demandant pourquoi ils ne sont pas violents eux-mêmes. Est-ce qu’ils sont allés une fois dans la rue jeté de pierres sur les biens publics ? Non.

Et pourquoi veulent-ils que ce soit la seule façon de se comporter d’un ministre qui travaille avec un président. Il me semble important de l’expliquer pour que cet argument qui revient de façon récurrente ne soit plus aussi important. On n’est pas forcément obligé de démissionner mais on peut gérer sous la table un certain nombre de contradictions comme la plus part des compatriotes gèrent les contentieux avec leurs épouses à la maison sans que personne ne sache dehors.

Avant d’être ministre, vous avez été Conseiller de Yayi Boni. D’aucuns estiment que Yayi Boni n’écoute pas ses conseillers. Qu’en dites-vous ?

Quand moi j’ai été Conseiller, je pense que j’étais écouté. Donc ce sont des expériences différentes. Je pense objectivement que je n’ai pas toujours été écouté. C’est d’ailleurs ce…mais il faut savoir que lorsque vous êtes conseiller, le Chef de l’Etat n’est pas obligé d’écouter ce que vous lui dites. Vous êtes là pour donner votre point de vue. Ce n’est pas vous qui avez été élu mais le président de la République. Le rôle du Conseiller, c’est juste de montrer au Chef de l’Etat, les différentes options possibles.

Ce n’est pas autre chose. C’est pourquoi autour de la plus part des chefs d’Etat, il y a plusieurs Conseillers juridiques, certains qui ont fait le droit privé, d’autres le droit public, des magistrats etc. comme ça, le Chef de l’Etat a toute la variété de solutions possibles par rapport à un problème.

Comme cela, quand vous déposez votre proposition sur la table du Chef de l’Etat, vous ne pouvez pas exiger de lui, qu’il choisisse tel ou tel. Dans le meilleur des cas, vous pouvez lui dire voilà M. le président de la République, il y a dix solutions possibles et si j’étais à votre place voilà j’aurais privilégié la solution n°3, n°5 etc mais vous ne pouvez pas exiger qu’il le fasse. Ceux qui disent publiquement après que le Chef de l’Etat ne consulte personne, je ne sais pas sur quoi ils se basent. C’est valable pour le président passé, actuel et celui qui viendra après lui ; comme cela l’est pour les autres présidents du monde.

Le Cos-Lépi a été mis sur pied et des milliards sont demandés pour sa correction. La Lépi pourra-t-elle être corrigée selon vous avant les élections ?

C’est un grand sujet de préoccupation pour moi. J’ai fais partie des candidats qui déjà en 2011 ont estimé que la Lépi n’existait pas tout simplement parce qu’elle n’avait pas été affichée comme l’exigeait les dispositions légales afin de permettre aux citoyens de faire des contestations et réclamations. Pourtant on est allé aux élections. Un certain nombre de candidats ont demandé un report une première fois qui avait été accordé. Ce qui a permis d’essayer de rattraper en l’intervalle de deux semaines de voter une loi et d’essayer d’autoriser le recensement supplémentaire de ceux qui avaient été laissés sur le carreau.

Au terme de ce recensement, les candidats dont je faisais partie avaient toujours considérés que le problème de fonds n’était toujours pas réglé. Et on avait demandé un second report des élections. Il ne faut pas que les compatriotes aient la mémoire courte.

A partir de ce moment, cela ne nous a pas été accordé. On a été au vote dans les conditions que l’on sait. Quelques mois après les élections, le président de la République lui-même décide qu’il y avait lieu de faire l’audit de cette Lépi. Et il avait demandé une mission de la Francophonie. Ces gens sont arrivés et ont fait leur travail. Ce qui est surprenant c’est que pour la première fois, ils ont écrit noir sur blanc dans leur rapport qu’ils n’ont jamais eu accès aux bases de données. C’était déjà pour le moins surprenant. Parce que je rappelle c’était une commission demandée par le président de la République lui-même.

Donc il n’est pas concevable qu’un président de la République demande une mission, et qu’à cette mission, ceux qui sont les collaborateurs du Chef de l’Etat et qui sont sensés avoir la Lépi aient été incapables de mettre les bases de données à la disposition de cette commission. On peur à la rigueur comprendre le cas inverse ; c’est-à-dire qu’un ministre de tutelle demande une mission et que les institutions du Chef de l’Etat viennent contrarier. Ce n’est pas l’inverse. A partir du moment où le Chef de l’Etat juge utile de faire cet audit, il doit mettre tous les moyens à la disposition de cette commission pour tenter de faire des propositions sur le respect de la loi. Encore qu’on n’a pas besoin d’une commission pour cela. Ensuite le Chef de l’Etat estime qu’après la commission de la Francophonie, il fallait retourner le dossier à l’Assemblée nationale.

Ce qui est plutôt surprenant car on aurait pu penser plutôt et leur envoyer rapidement. On envoie le dossier à l’Assemblée nationale et c’est en ce moment qu’on entend des voix commencé par nous dire de toute façon, la Lépi est mauvaise, on ne peut jamais aller à une élection avec cette Lépi. Conséquence, on a mis en berne notre démocratie électorale. Nous avons une élection prévue en 2013, précisément parce qu’on a estimé qu’on ne doit plus aller à une élection sans Lépi, en tout cas en l’état actuel, on décide de reporter sine die les élections locales, communales et municipales. Ce qui est une catastrophe. Dans la foulée, il y a eu un premier ministre important chargé des questions du développement, qui annonce sur une radio de la place, que la correction de la Lépi n’était pas une priorité pour le gouvernement.

Je peux encore comprendre puisque de toute façon, le gouvernement s’en était débarrassé et a envoyé cela à l’Assemblée nationale. Pis le député président du Cos-Lépi demande près de 13,5 milliards FCfa pour corriger la Lépi qui soit dit en passant avait été confectionnée moins de deux ans plutôt avec la mirobolante somme de plus de 40 milliards. Aujourd’hui, on estime qu’il faut près du tiers pour corriger. Cela veut dire qu’il y a un malaise. On a beau être proche du Chef de l’Etat, l’aimer, on ne peut pas cautionner cela. On ne peut pas dire c’est une bonne chose pour l’image du pays. Et donc à partir de ce moment, plus personne ne dit rien sur les élections communales. C’est une catastrophe. Personne ne sait quand est-ce qu’on ira aux élections ? On va de conjecture en conjecture. J’ai du mal à l’imaginer. Et c’est pour cela que j’estime que si moi j’avais été un élu local, communal ou municipal, si je n’ai pas de visibilité claire sur la prorogation du mandat, je démissionne.

Victor Topanou exige la démission des élus locaux, communaux et municipaux ?

Je pense que l’attitude la plus démocratique, la plus patriotique des élus communaux, municipaux et locaux qui n’ont aucune visibilité sur les prochaines élections serait la démission collective au plus tard le 30 décembre pour envoyer un signal fort au gouvernement ; puisque je ne comprends pas que des compatriotes puissent estimer que si on n’organisait pas les élections de 2013 on peut organiser celle de 2015 ou de 2016. C’est un nonsense. J’ai entendu certain parler de caractère mineur de l’élection communale alors qu’en principe c’est aussi une élection majeure.

Et le couplage ?

Est-ce que le couplage donne la garantie que ça va se passer avant 2016. La loi parle de report sine die. Dans tous les pays, il peut arriver et il arrive qu’on reporte les élections. Mais avant de reporter une élection, le gouvernement vient expliquer pourquoi il éprouve le besoin de reporter. Comme c’est le cas, il peut expliquer que la Lépi est mauvaise, qu’elle a conduit à de mauvaises élections en 2011et que les techniciens ont dit que pour réviser cette Lépi, il fallait deux ans.

Et le président dit ok si vous me donnez deux ans, je prends une marge politique de six mois supplémentaire. Donc je vais reporter les élections de deux ans six mois. Il vient à la télé ou à la radio l’annoncer au peuple. Comme cela au moins, il y a une date qui est fixée pour le report. Et on sait qu’on ne pourra pas faire les élections dans deux ans et demi. Il peut même dire dans trois ans. Au moins qu’on ait le motif et la durée. Et le principe même des mandats. Parce que dans l’idée de report sine die, on peut arriver à repousser de plus de cinq ans. Comment peut-on cautionner cela ?

C’est l’impasse ?

Evidemment. Il faut que les élus communaux et les démocrates de ce pays se lèvent pour dire nous démissionnons parce que nous exigeons une date des élections. Maintenant on peut négocier la date. Il n’y a aucun problème mais au moins tout le monde est fixé sur la date. Aujourd’hui, personne ne sait quand est-ce que les élections auront lieu. Pour rassurer, on distille dans l’opinion l’idée selon laquelle on va vers le couplage. Mais qui est-ce qui l’a dit ? ce n’est fondé sur aucun texte. Nous sommes dans un Etat de droit, on ne peut pas fonctionne sur des rumeurs, des conjectures. Il faut qu’on aille à l’essentiel et qu’on se prenne un peu plus au sérieux.

La Lépi n’est pas encore corrigée. Si on devrait aller aux élections, avec quelle liste irait-on ?

Je n’ai rien contre la correction de la Lépi. Mais je veux qu’on prenne un engagement clair de façon formelle qu’il reste encore six mois pour corriger le Lépi. Donc on ira aux élections dans sept mois voire huit mois. C’est ce qui est important à faire. Maintenant si on se rend compte que techniquement et matériellement on ne peut pas corriger avant trois ans, quatre ans et cinq ans.

On s’entend et s’assoie autour d’une table et on retourne avec les listes informatisées tel que ça s’est toujours déroulé depuis le début de notre système démocratique et qui n’ont jamais apporté la moindre once de violence. On ne peut pas continuer comme cela. Il y a quelque chose d’insaisissable que tout le monde accepte : l’idée du report sine die sans crier gare.

Parce que pour certains élus m’a-t-on dis, ils sont contents de continuer à percevoir les indemnités sans avoir fait campagne, parce que s’ils étaient retournés devant l’électeur, ils auraient perdu. Pour certain, ils ont toujours accès au marché public ; ce qui ne donne pas une bonne image de notre pays et de sa démocratie.

La révision de la Constitution pas sous Yayi Boni, c’est bien cela votre position ?

Je n’ai jamais dis cela. La révision obéît à des règles. On l’a faite soit pour régler une crise ou pour se donner une nouvelle jouvence et ça on l’appelle révision de confort. Quant c’est le dernier cas, il vaut mieux qu’il y ait consensus.

Mais là où se trouve le paradoxe c’est que quand on fait un feed-back et qu’on prend connaissance du décret n°2009-548 du 3 novembre 2009 portant transmission à l’Assemblée nationale du projet de révision, on se rend à l’évidence que Victor Topanou était un géniteur de ce projet ?

Ce qui échappe souvent aux compatriotes, c’est qu’en 2009, le Chef de l’Etat n’avait pas de majorité à l’Assemblée nationale. Le G13 était créé en 2008. De toute façon, il n’aura de raison sur la base de ce texte sans le consensus. C’est différent et le contexte politique aussi est important dans l’initiative.

Et ça échappe à beaucoup de béninois. Je tiens à le souligner aujourd’hui, on peut engager un débat en sachant qu’on est en situation de faiblesse puisqu’on n’avait pas la majorité absolue c’est-à-dire 50+1 à l’Assemblée nationale a fortiori qu’on ne pourrait jamais avoir la majorité qualifiée des ¾ puis des 4/5ème comme l’exige la Constitution. Que ce soit un acte politique qui invite au débat, au rassemblement, aux échanges, toutes les fois qu’il y aura une occasion de ce genre, les béninois trouveront ma main. Je ne le regrette donc pas.

Ce qui me caractérise aussi c’est d’assumer la responsabilité de tous mes actes et de tous mes propos. Donc à partir de ce moment, je dirai que ce n’est pas pareil le contexte actuel dans lequel qui aurait aidé à modifier ou à engager des réflexions. Ce que les gens oublient aussi, c’est que même lorsqu’on parle du projet de décret, ou du projet de loi, c’est très rare que la loi qui est votée soit identique à ce que le gouvernement a envoyé ; parce qu’il y a ce qu’on appelle le droit d’amendement à l’Assemblée nationale. Donc depuis les travaux en commission jusqu’à l’adoption des textes définitifs, après son adoption partielle, les députés ont le droit d’amendement.

Au réserve bien évidemment de trouver lorsque leurs amendements sous réserve de trouver qu’ils ont une incidence financière de prévoir comment financer cette incidence. A partir de ce moment là, ce n’est pas parce qu’un texte a été envoyé à l’Assemblée nationale qu’il est le texte exclusif du gouvernement. De toutes les façons, survient une sorte de discussion, mais elle n’a pas eu lieu et on attend le contexte politique qui est celui d’aujourd’hui pour le sortir. Donc l’acte politique n’est pas séparé du contexte politique. Vous ne pouvez pas poser l’acte politique à un moment où l’opinion y ait largement défavorable. Si vous le faites ce serait à votre corps défendant. Ceux qui me rappellent ça ne sont souvent pas contents de me voir encore debout. Ils pensent me voir finir à Akpro-Missérété.

Vous êtes chef de parti politique. Vous avez créé le Front uni pour la république (Fur). Quels sont aujourd’hui les objectifs politiques de Victor Topanou pour les élections communales ?

Un parti est créé pour participer aux élections et contribuer à l’expression du suffrage universel. Le suffrage universel s’exprime aussi bien à travers les élections locales, communales, municipales, législatives, présidentielle. Donc forcément si vous avez un parti politique, vous êtes tenu de prendre part à cette expression de suffrage universel. Donc je vais aux élections, tampis à ceux qui ne veulent pas signer le récépissé d’enregistrement de mon parti.

L’autre enjeu c’est la présidentielle en 2016. Topanou sera au rendez-vous ?

Il n’y a pas de raison qu’il ne le soit pas. Lui a au moins le mérite de le dire ouvertement. Aujourd’hui il y en a qui ne le dise pas mais qui travaille en sous-marin confortant ainsi certaines mauvaises pratiques héritées de notre système démocratique depuis 1990 parce que nous sommes dans un pays où les candidats attendent trois ou six mois avant de déclarer leur candidature. Ça leur permet de profiter du disfonctionnement du système partisan pour se faire élire.

C’est ainsi que certains l’ont souligné à tort ou à raison que tous les présidents qui ont été élus depuis 1990 n’ont jamais été chef de parti. En conséquence, il ne faut pas créer de parti. Même si j’estime qu’il faut atténuer un peu cette analyse parce que je considère pour ma part que, le président Kérékou en 1996, était plus qu’un chef de parti. Un ancien président qui est resté au pouvoir pendant plus de 17 ans et qui a manipulé le Prpb, ce qui n’est du tout pas la même chose en terme de maîtrise politique de la scène que le président Nicéphore Soglo et celui actuel.

Même si c’est vrai pour le président Soglo de façon formelle, et le président Yayi et un peu plus mis en scène que le président Kérékou, je considère pour ma part que c’est une anomalie politique que l’on se retrouve à la tête d’un Etat sans aucun parti parce que ça veut dire simplement que c’est un homme qu’on élit. Donc ce sont des ambitions personnelles qui entrent en ligne et qu’on essaie d’assouvir.

La gestion du pouvoir politique qui s’illustre au plus haut niveau par le mandat présidentiel, c’est d’abord un combat de tous les instants. Aujourd’hui, on entend à tort ou à raison que des choses se préparent mais vous n’entendrez jamais se prononcer sur de vraies questions politiques d’aujourd’hui que sont la révision de la Constitution et la correction de la Lépi.

Ils viendront comme ça à la veille des élections. Et si aujourd’hui certain ne se battent pas pour qu’il n’y ait pas révision et que les élections puissent se tenir à bonne date, pourront-ils être candidats ? C’est aussi cela le pouvoir politique et c’est ça qu’il faut essuyer de mette dans la tête des compatriotes car bien souvent c’est eux qui encourage cela ; ne sachant pas qu’en l’encourageant, ils encouragent les disfonctionnements internes. Parce que quand vous finissez d’élire un président, un homme seul, les élections législatives qui suivent, il n’a plus les moyens. Ce sont les partis ou alliances de partis en ce moment qui vont aux élections législatives.

En ce moment, un ou deux ans plus tôt, vous faites élire quelqu’un qui n’a pas de parti, et donc ne peut pas prendre part aux élections législatives, il est obligé de composer avec les partis forcément ; parce que si non il est tenu pas la coalition des députés qui acceptent de l’accompagner et dès l’instant où ça ne marche plus, ils lui retire leur soutien.

On l’a observé avec le président Soglo qui a été élu brillamment en 1991 mais en 1994, il a perdu la majorité. Il était obligé d’adopter son budget par ordonnance en ce moment-là. Ça a été la même chose récemment avec le président Yayi Boni qui n’avait pas de parti en 2006. Aux élections législatives de 2007, il a obtenu une majorité à l’Assemblée nationale, grâce à des coalitions. Dès l’année 2008, que le G13 a été créé, il avait perdu à nouveau la majorité.

Il faut donc pouvoir l’expliquer aux compatriotes et qu’ils sachent tous les éléments qui entrent en ligne de compte pour le choix définitif à opérer. Justement c’est pour éviter ce type de débat que beaucoup de candidats ne se présentent pas plutôt parce qu’ils devront répondre à toutes ces questions. Or en trois mois, au cours d’une campagne, à peine on a le temps de répondre aux vraies questions. Je continuerai d’éveiller la conscience des compatriotes considérant que c’est aussi cela le rôle d’un parti politique.

C’est donc clair Victor Prudent Topanou sera candidat en 2016. Mais d’aucuns estiment que vous ne faites pas le poids.

Ça dépend de ce qu’ils mettent dans le poids. Ceux qui le disent en général ne sont pas capables de répondre à la question. Il m’a été rapporté que je suis encore jeune et qu’il y a des gens plus anciens. A ceux là, je voudrais rappeler gentiment que c’est une question de générations. Dans notre pays, nous avons été dirigés depuis 1960 par les générations de gens nés avant 1960, qui ont tout fait en notre nom pendant 52 ans.

Ils ont fait de 1960 à 1972. Un régime dit démocratique qui a compris que ce n’était pas bien de diriger le pays avec un monstre à 3 têtes. Ils ont décidé d’aller à la révolution pendant 17 ans. En 1889, ils ont considéré que c’était mauvais. Ils sont revenus à la Conférence nationale en décidant du système démocratique. Bref ils ont géré depuis 25 ans hormis la période de transition. Je pense donc qu’il faut leur montrer que les générations nées après les indépendances ont été suffisamment formées comme ça se passe dans d’autres pays tels la France, le Sénégal etc.

Il y a un autre argument que les gens regardent aussi, celui qui a le plus d’argent. Parce qu’on a été dans les institutions internationales, on est sensé être plus riche. On pense que quand la personne est élue présidente, elle reviendra avec tout l’argent. Je pense leur dire qu’après 25 ans, nos compatriotes se sont rendus compte que ce n’est pas en venant de la Banque mondiale, de la Beceao ou du Fmi qu’on vient avec tout l’argent de ces institutions.
J’attends ceux qui disent que je ne fais pas le poids. Le dire pour me dénigrer, cela ne m’intéresse pas.

Transcription S. Adanlao, H. Alladayè et
W. Noubadan

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