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Suspension du transport en commun et cordon sanitaire: Zems et usagers de marchés se plaignent

Publié le vendredi 3 avril 2020  |  Matin libre
Zémidjans
© Autre presse par dr
Zémidjans à Cotonou au Bénin
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Depuis ce lundi, 30 mars 2020, le gouvernement béninois a suspendu le transport en commun et procédé à l’établissement d’un cordon sanitaire autour d’une dizaine de communes jugées “à risques“. Des mesures prises dans l’optique de circonscrire la pandémie du Covid-19 au Bénin. Toute chose qui devrait permettre de réduire le risque de propagation du coronavirus. Seulement que la mesure, bien qu’elle soit salutaire, semble déjà affecté des ménages. Zems et usagers de marchés se plaignent…



S’animant au quotidien il y a encore quelques jours, le marché Dantokpa manque d’affluence ce mercredi, 1er avril 2020. A l’entrée du marché jusqu’à la pharmacie installée au sein de Dantokpa, la circulation reste fluide et n’a l’air de ce que l’on vit dans un grand marché comme celui-ci. Plus de bousculades, moins de portefaix pour casser les pieds et peu de vendeurs ambulants font la ronde. De la pharmacie au Ceg Dantokpa en passant par la radio Sogema, plusieurs boutiques sont restées fermées. Une ambiance surprenante dans l’un des grands marchés de la sous-région. Un lien avec la pandémie du coronavirus ? “Des gens ont peur de sortir et pour beaucoup de personnes, la menace est surtout présente dans le marché de Dantokpa compte tenu de la grande affluence. La vérité, c’est que la maladie du coronavirus est à l’origine du fait que le marché soit presque désert“, a lancé Maman Dona, vendeuse de produits cosmétiques au marché Dantokpa. Même son de cloche du côté d’une vendeuse de bananes qui refuse tout de même de livrer son identité et d’en dire plus. Si l’on ne peut affirmer avec certitude que des boutiques sont fermées en raison de la pandémie, l’évidence est que la Sogema ne s’est pas lancée aux trousses des usagers pour recouvrement forcé des loyers, selon nos informations. L’autre réalité dans ce marché reste la mévente et les commerçants s’en plaignent à longueur de journée. Devant son étalage de sous-vêtements, une vendeuse lance à une vendeuse de mèches : « Réussirons-nous à nous en sortir avec cette situation ? ». Approchée, la vendeuse de sous-vêtements déplore la mévente qui s’est accentuée avec la pandémie du Covid-19. « Regardez-vous-même le marché, est-ce que c’est ainsi que vous le percevez lorsque vous veniez autrefois ? Des clients ne viennent plus du tout au marché. Depuis lundi, (30 mars 2020), je suis devant mes articles mais je n’ai empoché un seul kopeck d’un client. Vous comprenez enfin de quoi je veux parler ? C’est triste » a-t-elle déclaré tout en reconnaissant que les mesures prises visent à protéger les Béninois. Il sonne 15h34 minutes. Lanignan Rahanatou est assise dans sa boutique, les mains croisées. Elle vend des couches bébés et foulards des femmes. Elle aurait préféré ne pas sortir de chez elle depuis quelques jours. “Avant même qu’on interdise de se déplacer à l’intérieur du pays, la situation était déjà inquiétante surtout avec la découverte du premier cas. Quand Dah Houwé (présentateur de la revue de presse sur une radio locale), a annoncé la nouvelle, la panique avait déjà gagné les rangs. Donc la conséquence est que les clients ne sortent plus. Et nous venons ici juste pour regarder des passants“. Comme elle, la plupart des commerçants rencontrés se sont plaints de la situation économique. La situation est quasiment identique ici au marché St Michel.

Des zems : pas de clients…

Outre les usagers du marché de Dantokpa et de St Michel, les conducteurs de taxi-moto se plaignent également. Alors qu’ils pensaient se faire assez d’argent avec la suspension du transport en commun, c’est à une triste réalité qu’ils sont confrontés. Ils font le tour des quartiers sans trouver de clients. Quelques conducteurs de taxi-moto se sont confiés dans cette vox populi.

Tobayi Régis

C’est vraiment compliqué. Une maladie sévit actuellement et on a demandé aux gens de rester à la maison pendant deux semaines. Donc, si les clients s’enferment pendant deux semaines, que ferons-nous, conducteurs de taxi-moto pour subvenir aux charges de nos ménages. Nous plaidons pour que des prières s’intensifient afin que le mal soit conjuré et que les clients reprennent leurs activités. Aujourd’hui, par exemple, j’ai fait le tour de plusieurs quartiers de Cotonou dont Dantokpa, Kpondéhou, Abattoir sans trouver un seul client. Alors, pour économiser du carburant, j’ai décidé de venir me reposer à cet endroit.

Adanhegbe E

Trouver les clients aujourd’hui est vraiment difficile désormais. Si tu ne sais pas faire, tu pourrais retourner bredouille à la maison à la fin de la journée. Les clients aussi se plaignent de la situation économique. Et avec la maladie du coronavirus, des clients ont peur des zems estimant qu’ils sont porteurs de virus. D’autres, en voyant des gants et cache-nez refusent de nous appeler par peur de contamination. Vous nous avez vus ici, assis. C’est parce qu’il n’y a pas de clients que nous sommes ici sans rien faire. Aujourd’hui, j’ai amené un client à Fidjrossè mais j’ai quitté là-bas sans client jusqu’à Dantokpa, Akpakpa. J’ai ensuite parcouru Ekpè, Djeffa, mais rien. C’est déplorable.

Benjamin Tokpon

Il n’y a pas de clients, je voudrais dire aux gens qu’il n’est pas interdit de sortir. Je leur demande de sortir pour vaquer à leurs activités. Un conducteur de taxi-moto prend un litre d’essence, il s’en sort avec 1000Fcfa s’il a assez de chance. Si non, nous ne gagnons plus notre vie. Les mesures prises par le gouvernement nous protègent mais nous devons nous nourrir. Je suis allé à Dantokpa à plusieurs reprises aujourd’hui sans qu’un client ne m’appelle.



Réalisation : Aziz BADAROU
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