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Tenue à bonne date des élections communales: Quelles implications au plan politique ?

Publié le mardi 7 avril 2020  |  La Nation
Législatives
© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
Législatives du dimanche 28 Avril 2019 au Bénin avec une faible participation des inscrits
Cotonou, le 28 avril 2019. Élection législative pour élire les députés du 8 législature. La première élection organisée par le président Talon après son élection 2016.
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Par Anselme Pascal AGUEHOUNDE,

Avec la menace du Covid-19 qui tient en respect tous les pays du monde et bouleverse le cours normal du fonctionnement des États, bien malin qui pourra dire avec certitude que les élections communales et municipales du 17 mai prochain se tiendront à bonne date. Qu’il y ait report ou non, toute décision sera pleine de répercussions mais devra tenir compte de l’intérêt supérieur de la nation.


Faut-il maintenir les élections communales et municipales à la date du 17 mai prochain ou faut-il les reporter ? Cette interrogation traverse bien de pensées par ces temps de pandémie qui courent mais qui voient se poursuivre le processus électoral. Dans l’un ou l’autre des cas, toute décision aura ses implications. Si la pandémie reste active dans les semaines à venir et que les autorités ne reportent pas les élections, les partis politiques en compétition n’auront peut-être pas le temps qu’il faut pour aller au contact de leurs électeurs. Aucune sortie politique ne saurait d’ailleurs tenir dans un contexte d’interdiction des regroupements de personnes et des rassemblements de tous genres. En outre, les populations pourraient hésiter à remplir une place publique même si au Bénin, la situation s’améliorait et que le gouvernement, à la date du 13 avril prochain, ce qui est peu évident, levait les restrictions alors même que le virus continue de faire les ravages dans des pays voisins. En réalité, la psychose du Covid-19 ne pourra vraiment disparaitre qu’au moment où cette menace sera plus ou moins maîtrisée. Devant la mort personne ne veut s’exposer! Le Bénin ne sera pas quoi qu’il en soit, le premier pays à être confronté à ce dilemme. En France, le premier tour des élections municipales, en dépit de la menace du Covid-19, a été maintenu pour le 15 mars dernier. Même si elles ne sont toutes pas explicites, l’on a pu constater des conséquences directes et indirectes : taux de participation relativement faible, victoire des élus en cours d’exercice dans plusieurs régions, banalisation de la menace de la pandémie par certains citoyens et flambée du taux de contamination. En effet, des citoyens ont pu estimer que si le même gouvernement qui ordonne le confinement et la prise de précautions, appelle les électeurs à sortir pour voter, c’est que le confinement n’était pas si indispensable ! Et si le gouvernement français n’avait pas reporté le second tour, il est certain, avec le nombre actuel de personnes contaminées et de morts en France, que le taux de participation n’atteindrait pas les 5 %.
Au Burundi, les élections présidentielle, législatives et municipales sont, jusqu’à nouvel ordre, maintenues pour le 20 mai prochain alors qu’en Ethiopie, les élections générales prévues pour le mois d’août ont déjà été reportées. Le Bénin n’est donc pas le seul à faire face à la décision de tenir ou non des élections dans cette période. Et à moins de quarante jours des élections, il faudra bien y penser! Les autorités en ont certainement conscience, même si pour l’heure, une menace plus grande concentre leurs actions. Il est normal que, lorsqu’on lutte pour la survie, certaines questions, quoique sérieuses, soient reléguées au second plan. Mais il faut bien commencer à envisager des solutions, pour ne pas se laisser surprendre au terme de la gestion du Covid-19. Il n’en est pas moins attendu du gouvernement. C’est bien-là l’une des qualités propres aux gouvernants : la capacité d’anticiper et de prendre de bonnes décisions quand bien même, on est sous pression.


Consensus s’imposera !

Pour minimiser les débats suspicieux, la meilleure option quant à la décision de tenir à bonne date ou non les élections communales et municipales de mai prochain, reste le consensus. Même si le terme consensus est lui-même galvaudé et parfois instrumentalisé. En la matière, le Code électoral en vigueur prévoit d’ailleurs en son article 50 : « Tout report de la date des élections est interdit. En cas de force majeure, le report de date ne peut être fait qu’après une consultation de toutes les forces politiques engagées dans l’élection concernée et sur décision de la juridiction compétente». La consultation s’en dégage comme la meilleure voie pour la recherche du consensus sur la question. Dans cette recherche du consensus, même si les acteurs politiques sont souvent épris de leurs intérêts particuliers, il faudra pour le chef de l’Etat, garant de l’unité nationale mais aussi du bien-être de son peuple, tenir compte d’une disposition majeure : l’article 8 de la Constitution béninoise qui dispose : « La personne humaine est sacrée et inviolable. L’Etat a l’obligation absolue de la respecter et de la protéger. Il lui garantit un plein épanouissement ». Si le Covid-19 persiste des semaines encore et que la menace est encore là, le report des élections devrait pouvoir faire l’unanimité pour éviter tout risque de propagation de cette pandémie meurtrière. Et ce, pour l’intérêt supérieur de la nation : celui de protéger la vie humaine. Au cas où la pandémie serait maitrisée dans les jours à venir, il faudra aussi tenir compte du temps qu’il reste avant l’échéance, du niveau de préparation de la Commission électorale nationale autonome, du niveau de préparation des partis politiques en compétition, et avoir la certitude que les élections puissent se dérouler dans de bonnes conditions, avant de maintenir cette date. Décision délicate !.
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