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Chabi O. Alphonse Biaou, épidémiologiste: « Vivre avec le virus s’impose désormais à nous »

Publié le mardi 28 avril 2020  |  La Nation
Chabi
© aCotonou.com par dr
Chabi O. Alphonse Biaou, épidémiologiste béninois
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Il est peut-être trop tôt de se réjouir mais l’hécatombe annoncée en Afrique du fait du Covid-19 n’a pas eu lieu. Tout en gérant les cas identifiés, plusieurs pays africains préparent activement l’après-Covid. Et l’après-Covid ne sera pas sans le Covid car de toute évidence, la maladie engendrée par le nouveau coronavirus ne va pas disparaitre du jour au lendemain. Nous devons désormais apprendre à vivre avec ce virus, explique Chabi O. Alphonse Biaou, épidémiologiste, spécialiste en suivi évaluation des projets et programmes en santé.


La Nation : Le Bénin comme beaucoup d’autres pays, fait face à l’épidémie de Covid-19. Quelles sont vos appréciations sur la gestion de cette crise sanitaire au Bénin ?

Chabi O. Alphonse Biaou : Comme vous avez su bien le constater, le monde a radicalement changé ces derniers mois. La pandémie de coronavirus nous a fait prendre conscience que nous sommes tous connectés et que des systèmes de santé solides sont de la plus haute importance pour tous. Aucun état n’a vu le mal venir, y compris les grandes puissances mondiales. Et donc, la capacité à gérer cette crise sanitaire sera forcément fonction des choix stratégiques des Etats qui est bien évidemment fonction des ressources dont ils disposent et de l’engagement de leurs communautés respectives. Les choix stratégiques faits par le Bénin en matière de lutte contre le Covid-19 ont été assez longtemps critiqués par l’opinion publique avant même l’entrée effective en épidémie le 16 mars 2020. Mais aujourd’hui, au regard des statistiques officielles nous pouvons dire que notre pays a fait un choix payant comme le prouvent d’ailleurs les statistiques actuelles: 64 cas confirmés dont 33 guéris et un décès. Ce résultat donne espoir et permet de croire fermement que notre pays peut balayer le Covid-19.


La crainte d’une hécatombe en Afrique due au Covid-19 s’estompe petit à petit. Comment expliquer le faible niveau de contamination observé sur le continent ?

C’est vrai que l’évolution du Covid devenait inquiétante quand on se rappelle un peu ses débuts et son extension rapide à travers l’Asie, l’Europe et désormais l’Amérique. Heureusement, la situation sur le continent africain est pour l’heure peu inquiétante : 0,59% des cas et 0,42% des décès (selon les données du Sitrep 88). Plusieurs hypothèses ont été émises allant de l’immunisation naturelle, l’exposition au paludisme et la vaccination au BCG. C’est vrai que les données actuelles tendent à confirmer ces hypothèses vu que les essais cliniques qui se font actuellement le sont sur la base des antipaludéens connus. Mais rien n’est certain, on attend toujours les évidences scientifiques pour tirer des conclusions définitives sur la question.

Les maladies cardiovasculaires, le paludisme font beaucoup plus de morts en Afrique. Alors pourquoi le Covid-19 suscite tant d’attention?
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C’est un fait réel, rien que l’année passée, le Bénin a enregistré environ 3000 décès dus au paludisme. L’expérience a prouvé que la mobilisation internationale n’est effective que lorsque les grandes puissances sont touchées. Pour preuve, l’épidémie à virus
Ebola a fait plus de 12000 décès en Afrique mais n’a pas connu un même tapage médiatique que ce qui se fait actuellement, idem pour les tueurs silencieux que constituent le paludisme, la malnutrition le VIH….
En fait, la situation n’est pas si inquiétante, nous avons des réalités plus criardes en Afrique. Le Corona a juste eu la chance d’être sous les projecteurs à cause de sa propagation rapide. Et je pense personnellement qu’en Afrique, ce projecteur a été dirigé vers le mauvais côté vu nos urgences sanitaires de l’heure.

Devons-nous désormais apprendre à vivre avec ce virus ? Si oui quelles sont les habitudes que nous devons changer dans notre quotidien ?

Bien évidemment, vivre avec le virus s’impose désormais à nous vu que d’ailleurs, la plupart des cas identifiés sont asymptomatiques.
Nous devons renforcer un peu plus les mesures recommandées, principalement l’hygiène des mains, la distanciation sociale, le port des masques et toutes les autres mesures. J’aimerais faire un zoom sur le lavage des mains à l’eau et au savon qui doit désormais faire partie de nos habitudes de vie, non seulement dans la gestion du Covid 19, mais pour prévenir plusieurs autres problèmes de santé qu’occasionne l’absence d’hygiène des mains.


Quels conseils donneriez-vous à nos concitoyens pour conclure cet entretien ?

Il ne faudrait pas que nos concitoyens cèdent à la panique. Ils doivent avoir une confiance avérée au dispositif mis en place par le gouvernement et observer les recommandations qui ne sont pas si contraignantes : il faut se laver régulièrement et soigneusement les mains, se couvrir la bouche avec le pli du coude ou avec un mouchoir et de se tenir à une distance d’au moins un mètre de toute personne qui tousse ou qui éternue. Ensuite, il faut se tenir au courant de la situation et suivre les conseils des autorités sanitaires locales.


Par Reine AZIFAN
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