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Edito: La petite lumière du Bénin

Publié le vendredi 15 mai 2020  |  La Nation
Romuald
© aCotonou.com par dr
Romuald Wadagni, Ministre chargé des finances
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Par Paul AMOUSSOU,

Lorsque le ministre Romuald Wadagni a indiqué, dans une tribune, les revers que recèle l’annulation de dettes pour les pays africains, son homologue sénégalais a tenté de défendre l’opinion contraire, avec comme pour souci, dans sa démarche, plus de justifier la position prise auparavant par le président Macky Sall du Sénégal, l’un des défenseurs de l’annulation, que de contredire l’argentier béninois. Les arguments du ministre sénégalais de l’Economie paraissaient pourtant moins solides. Un tel propos venant d’un Béninois pourrait paraître chauvin, si le réputé Financial Times dans son édition du 13 mai dernier n’avait pris fait et cause pour le ministre béninois des Finances.


« La renégociation des emprunts auprès d’investisseurs privés pourrait nuire à l’accès futur au financement », avance l’influent journal. Et pour cause, « la restructuration de la dette ou les demandes de statu quo sur les remboursements risquent d’entraîner une dégradation des notes de crédit des pays, ce qui rendrait les emprunts des gouvernements plus coûteux à l’avenir ». Et au Financial Times d’argumenter : « Certains investisseurs obligataires, y compris de nombreux grands gestionnaires de fonds de pension, n’auraient d’autre choix que de vendre leurs avoirs de dette déclassée, ce qui compliquerait la tâche des pays pour lever des fonds commerciaux pour les infrastructures et autres investissements vitaux ; certains émetteurs risqueraient d’être exclus des marchés pendant des années ».
Rapportant les propos d’Alex Garrard d’Amia Capital, investisseur en obligations de marchés émergents et autres actifs, le Financial Times rappelle aussi que « La crainte parmi certains pays est que le coût à moyen terme en termes d’accès au marché, les coûts d’emprunt et les dommages à la réputation pourraient être beaucoup plus élevés que les économies de trésorerie à court terme de la restructuration de la dette ». Autrement dit, ou pour être exact, il ne faut pas céder à la facilité de geler ses dettes aujourd’hui, avec l’illusion de disposer de liquidités pour gérer la crise sanitaire, et se trouver confronté à de plus grandes difficultés pour mobiliser des ressources en vue du financement du développement, dont l’œuvre est pérenne et ne saurait être mise entre parenthèses, même en situation de crise…Telle est la position du Bénin portée par Romuald Wadagni, mais aussi d’autres pays comme le Rwanda ou le Pakistan…
Les pays concernés par l’annulation de dettes auront besoin d’avoir accès à des capitaux privés une fois la crise terminée, soutient le Financial Times et ne peuvent pas compter sur les institutions financières internationales pour toujours, appuie le journal spécialisé. Roberto Sifon Arevalo, responsable de l’analyse et de la recherche des notations souveraines chez S&P Global Ratings, l’une des trois grandes agences de notation, abonde dans le même sens et fait savoir que « S&P n’aurait d’autre choix que de déclasser un émetteur souverain au moment où il demanderait l’arrêt et envisagerait probablement toute renégociation des conditions par défaut ». Cette crainte a été formulée d’ailleurs par Wadagni dans Jeune Afrique sur l’allégement de la dette ou les moratoires qui, selon lui « terniraient davantage la réputation de nos gouvernements et compromettraient leur accès à de futurs financements ». Moody’s et Fitch, les deux autres grandes agences de notation, ont exprimé des préoccupations similaires, selon le Financial Times.
Il va sans dire que tout en se montrant réticent au statu quo, les pays qui affichent leur réticence admettent avoir besoin d’aide, convient Financial Times, mais sous une forme différente, comme l’a soutenu Romuald Wadagni. Une position que soutient Peter Doyle, un ancien responsable du Fmi, selon le Financial Times. Celui-ci indique que « de meilleures options seraient des liquidités du Fmi ou des subventions directes des pays du G20, pour couvrir les 100 milliards de dollars de retombées économiques que les pays éligibles subiront pendant la pandémie » …Voilà qui conforte encore la thèse Wadagni.
« Tout cela, et non les miettes de pain du service de la dette éparpillées par le vent, est de savoir comment aider les plus pauvres de la planète maintenant », a déclaré Peter Doyle rapporté par le Financial Times : solution préconisée par l’argentier béninois.
A l’analyse de cette situation, il apparait clairement que le réalisme Wadagni l’emporte sur les solutions toutes faites auxquelles nos pays gagneraient à confronter leur lumière, aussi petite soit-elle?
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