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Le Matinal N° 4242 du 5/12/2013

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Les acteurs politiques, de la justice et de la Société civile se prononcent
Publié le jeudi 5 decembre 2013   |  Le Matinal




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Aussitôt intervenu, le verdict de la Cour d’Appel de Paris dans l’affaire Patrice Talon et Olivier Bocco a inspiré de nombreuses réactions provenant de plusieurs acteurs tant du secteur de la justice que de la classe politique, sans oublier ceux de la Société civile. Voici ce qu’ils ont dit sur la Radio Océan Fm, au cours d’une émission spéciale consacré au dossier.

Patrice Talon : « La démocratie sera sauvée »
« Je crois que la démocratie sera sauvée et je vais apporter ma pierre à cela. Ce que j’ai d’ailleurs commencé à faire depuis bientôt deux ans. J‘en paie même un prix fort et je suis heureux de payer ce prix. Je veux dire que la démocratie est encore très fragile en Afrique et qu’il faut se battre tous Pour cela quelque peut en être le prix. »

Me Sévérin Quenum (Avocat de Talon) : « La décision consacre le triomphe du droit »
« Je suis comblé de joie parce qu’entièrement satisfait par la décision qui vient d’être rendue. Elle consacre le triomphe du droit qui met fin à l’imposture et à l’instrumentalisation. La demande d’extradition de Patrice Talon et d’Olivier Bocco n’était en fait qu’une tentative d’instrumentalisation de la justice française à des fins inavouées. En ce moment même, j’ai une pensée pour ceux qui sont considérés aujourd’hui comme les otages de la partie présidentielle. Il faut se réjouir de cette décision même si quelque part, j’ai le cœur plein d’amertume, celle de n’avoir pas vu mon confrère Me Sambaou s’associer à cette décision... Je souhaite que les juges béninois qui vont examiner en dernier recours le dernier pan du dossier vont voir la décision qui a été rendue… »

Me Joseph Djogbénou (Avocat de Talon) : « C’est un jour de réconciliation »

« Quitter le statut de territoire et accéder à celui d’Etat. C’est un jour mémorable donc un jour en principe de réconciliation. Je pense que ce à quoi il faut penser, c’est au Bénin qu’il faut penser. Si j’ai une joie, c’est celle qui consiste à espérer que le Bénin va remporter et à partir de cette décision, les débats seront beaucoup plus constructifs, beaucoup plus productifs et que nous sommes en train de sortir les thèmes empoisonnement et coups d’Etat de notre langage et que nous allons nous accorder tous pour penser véritablement aux questions de développement. Je lance un appel à Boni Yayi de considérer qu’il n’est pas le seul à avoir raison et que le Tribunal de première instance de Cotonou dit qu’il n’a pas raison, que la Cour d’appel dit qu’il n’a pas raison, que certainement la Cour suprême dira qu’il n’a pas raison, et que la Cour d’Appel de Paris dit qu’il n’a pas raison et que ces personnes ont considéré qu’il n’a pas raison. S’il pense agir ou réagir autrement, il aura les Béninois et les Béninoises à ses trousses »

William Bourdon (Avocat Talon) : « L’affaire Talon est terminée en France »
« Il y a l’affaire d’asile politique aux Etats-Unis du Juge d’instruction, qui très courageusement a rendu l’ordonnance de non lieu en dépit des pressions incroyables qu’il avait reçues et les pressions qu’il a subies.

Il a rabattu toutes les cartes, cet homme. Il a quitté son pays, une partie de sa famille, surtout en situation de précarité absolue, donc voilà. En France on n’extrade pas quelqu’un lorsque la demande d’extradition porte le masque d’une persécution politique. Et ce masque aujourd’hui est tombé. Ce masque était déjà tombé du fait de ce juge courageux à qui nous rendons hommage aujourd’hui. Pour le reste il faut souhaiter que cette décision soit ressentie comme un signe d’espoir à tous ceux qui sont attachés à l’essor d’une véritable démocratie au Bénin. Essentiellement, il y a un certain nombre d’arguments qui manquent. La décision de non-lieu rendue par le magistrat instructeur, l’incompatibilité, l’anomalie juridique absolue entre cette décision de non lieu quelque soit le recours et la demande d’extradition elle-même. La demande faite par l’Etat du Bénin a été émaillé de contradiction, d’approximation, de documents raturés saturés, de documents parcellaires de la part d’un Etat souverain comme l’Etat du Bénin, évidemment, tout ceci était le témoignage d’une précipitation qui est en elle-même la signature du caractère politique de cette demande d’extradition.

On peut dire que les juges en France ne peuvent pas donner et ne donnent pas leur feu vert à une demande d’extradition quand celle-ci porte le masque d’une persécution politique. Ce qui signale le caractère politique et l’acharnement contre un homme mis en œuvre par l’Etat du Bénin pour récupérer Messieurs Talon et Bocco. Ce qui fait que malgré la demande d’extradition, un juge d’instruction extrêmement courageux qui actuellement paie le prix très cher en rendant une ordonnance de non lieu. Ce juge est à New-York depuis quelques jours, il a rabattu toutes les cartes de sa vie, et lui aussi parce que persécuté par un pouvoir qui n’a jamais accepté l’acte de courage qu’il a posé en rendant la seule décision qui s’imposait et qui était la décision de non-lieu. En France, l’affaire est terminée. Monsieur l’Avocat général avait demandé un avis défavorable, nous aussi. La Cour nous a suivis et pour ce qui est de la procédure française, c’est le cap de fin qui a été rendu.

Ismaël Tidjani Serpos : « Cela devrait faire réfléchir le régime en place »

« Cela devrait faire réfléchir le régime en place. Si un pays à qui on demande de procéder à l’extradition refuse de le faire, c’est tout simplement l’image du pays concerné qui est en cause. Est-ce que le Bénin donne les garanties nécessaires pour qu’une infraction aussi importante que celle que le Chef de l’Etat prétende mettre à la charge de Talon, on ne puisse pas procéder à l’extradition. Je n’ai pas la décision sous la main, mais les raisons du refus devraient faire réfléchir le régime en place.

Tout le travail qui est fait par ce régime pour démolir la crédibilité de la justice béninoise devrait faire réfléchir le Chef de l’Etat et tous ceux qui l’accompagnent. Je pense que la France vient de nous donner une belle leçon en ce qui concerne la manière de piloter un pays pour rendre crédible toute demande d’extradition. Je pense tout en ne me prononçant pas sur la finalité de la décision, cette décision devrait faire réfléchir le régime en place »
Le député Eric Houndété : « Yayi a utilisé notre
argent pour assouvir sa soif de vengeance »

« Je pense que c’est un soulagement pour les Béninois qui d’ailleurs savaient que cette affaire ne pouvait qu’échouer comme cela. Souvenez-vous que l’Union fait la Nation dont je suis membre a indiqué qu’il fallait attendre que la justice se prononce. Ça fait la troisième fois que la justice se prononce en défaveur du président Boni Yayi. J’espère que le président Boni Yayi tirera les leçons qui s’imposent. Mais j’ai une pensée pour tous ceux qui ont marché et qui ont condamné Patrice Talon et les autres avant même de les avoir entendus. Je pense que Dieu va leur pardonner leur faute. Au-delà de la décision qui est prise, au-delà du soulagement dont je parle, il reste quand même une blessure pour l’ensemble des Béninois. Vous ne pouvez pas aller à l’extérieur du pays sans être la risée des autres aujourd’hui.

Nous sommes obligés quand on sort du Bénin de baisser la tête en marchant parce que les gens se moquent de nous à propos de l’affaire d’empoisonnement. Je pense que le verdict qui vient de tomber devrait amener le président Boni Yayi lui-même à ne pas attendre que la Cour suprême vienne répéter les mêmes choses… Je crois que le président doit faire un examen de conscience lui-même parce que tout ce que Yayi Boni nous a donné depuis sept ans, c’est des crises. Moi, j’appréhende que Yayi Boni va nous laisser un champ de ruine en 2016. Je ne souhaite pas qu’il en soit ainsi. Maintenant, le président Yayi Boni doit faire amende honorable. Il ne s’agit pas de lui demander pardon. C’est à lui de présenter ses excuses au Bénin.

Il doit le faire, c’est une exigence. Imaginez combien de ressources de l’Etat ont été dilapidées dans cette affaire, comment on a monopolisé l’Ortb pour parler d’empoisonnement et de soutien au Chef de l’Etat ? Yayi a utilisé notre argent pour s’amuser. Il a utilisé notre argent pour assouvir sa soif de vengeance, de destruction d’un homme. Et il me semble qu’il doit pouvoir arrêter… Et j’invite les Béninois à aller dans la voie de la réconciliation car Yayi Boni nous a divisés. Oublions-le et mettons-nous au travail ».

Le dernier pétard mouillé du gouvernement Yayi

« Ici au Tribunal de première instance de Paris, il y a une information qui circule depuis quelques heures. Le gouvernement aurait, par intermédiaire de son ministre de la Justice, envoyé un complément d’information concernant Patrice Talon et Olivier Bocco. Ce complément d’informations apporté en personne par le ministre de la Justice concerne l’arrestation du juge Angelo Houssou en mai 2013. Pour le gouvernement, il ne s’agit pas d’une arrestation, mais d’une mesure de protection.

Selon le ministre de la Justice du Bénin, Patrice Talon et Olivier Bocco auraient positionné un commando du côté du Nigeria qui serait chargé d’assassiner le juge Houssou si ce dernier franchissait la frontière. Le gouvernement ayant été informé aurait pris ses responsabilités en arrêtant le juge Houssou pour le protéger. C’est la substance du complément d’information apporté, la semaine dernière, par le ministre Djènontin.

La question qui se pose ici au Tribunal de première instance de Paris est celle : si le juge Houssou a pris une décision en faveur des sieurs Patrice Talon et Olivier Bocco, quel intérêt ont ces derniers en l’assassinant ? L’arrestation du juge Houssou par le gouvernement béninois est devenue ici une question primordiale. Ici en France, c’est l’incompréhension totale. Comment peut-on arrêter un juge d’instruction qui n’a fait rien d’autre qu’exercer son devoir ? »

De Paris,
Charles Toko

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