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He Maxime HOUEDJISSIN, ancien député, invité de «Sous l’arbre à Palabre » de l’Evènement Précis : «Talon doit corriger les injustices et donner à manger aux Béninois »

Publié le lundi 22 juin 2020  |  L`événement Précis
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© Autre presse par DR
Opposition et Élection présidentielle de 2021: “Le parrainage n’est pas insurmontable” dixit Maxime Houedjissin
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Les personnalités politiques se relaient à la tribune de la rubrique « Sous L’Arbre à Palabre » du quotidien L’Evénement Précis, pour opiner sur l’actualité politique et la gouvernance Talon. C’est le tour de l’un des ténors de la politique béninoise, l’honorable Maxime Houedjissin, ancien Directeur de l’Agence pour la réhabilitation de la cité historique d’Abomey (Archa), ancien député et ancien premier questeur à l’Assemblée nationale. A bâton rompu avec les journalistes, l’invité badé d’expériences politiques au regard de son parcours n’a pas manqué d’évoquer les grandes réalisations de son parcours à la tête de l’Agence de réhabilitation de la cité historique d’Abomey (Archa) qui ont contribué au développement de la ville d’Abomey, et salué la reconnaissance de la chefferie traditionnelle dans la constitution. Très amère contre la gouvernance du régime de la rupture, l’honorable Maxime Houedjissin a dénoncé avec force les violations contre les normes de la démocratie, de l’état de droit, des droits de l’Homme, qui règne en maître sous le régime Talon. « Je demande à Talon de ramener la balle à terre, comme un bon prince, un bon gentleman et de corriger tout ce qui a été mal fait d’une manière ou d’une autre », a recommandé le Chef de la Collectivité Houédjissin, sa magesté Dah Sètondji Woudji-Woudji au président de la république, s’il veut solliciter un second mandat en 2021.

Et si on en parlait

Que pouvons-nous retenir de votre gestion à la tête de l’Archa ?

Il y a plus de 4 ans que je ne suis plus le Directeur de l’Archa. C’est le moment d’encourager mes successeurs à aller de l’avant. Ce n’est pas facile d’exercer un métier qu’on connait, avec ses contraintes et avantages, et qui doit aussi collaborer avec l’administration. C’est une agence qui n’est pas comme les autres et qui joue le rôle que certains ministères comme celui des travaux publics, de l’environnement ou de l’habitat devraient jouer. L’agence travaille avec les autochtones et comme on le dit souvent « les petits yeux du propriétaire voient plus loin que ceux de l’étranger ». Voilà pourquoi sa gestion n’est pas aisée. C’est le moment pour moi de renouveler mes remerciements à l’ancien président Yayi Boni pour avoir créé l’agence et Patrice Talon pour l’avoir gardé dans les girons de l’Etat. C’est un honneur pour lui en tant que digne fils et Prince d’Abomey.

Que pouvons-nous citer comme réalisations lorsque vous étiez encore à la tête de l’Archa ?

J’ai pris l’Agence en 2008. A cette époque, les observateurs avertis savaient que la ville d’Abomey était en déclin, qu’il y avait un délabrement avancé et que le célèbre royaume phare en Afrique de l’Ouest qui, à un moment donné, a donné son nom à tout le pays, Danxomey, était presque à terre. Ceci, en termes d’infrastructure. L’Etat a vu juste de créer cette agence pour sa réhabilitation. Il n’y avait pas eu beaucoup de moyens mais, le peu qu’on m’a donné m’a servi. Ce n’était pas facile en ce moment -là. D’abord, il a fallu enlever des mains des services compétents, quelques réalisations à confier à cette agence, qui devrait tourner à une vitesse de fusée. Le besoin se sentait si tant sur le terrain que si on n’allait pas vite, tout disparaissait dans les ruissellements. Il faut rappeler que tout a été bâti par les rois, dans les années 1600, et ces infrastructures n’ont jamais bénéficié d’une réhabilitation depuis lors. Voilà pourquoi, il était important et urgent de créer une agence. Donc, j’ai été désigné par le pouvoir d’alors, pour démarrer les travaux et avancer. Ce que j’ai essayé de faire avec une équipe et avec la confiance de tout le gouvernement, les ministres successifs, que ce soit des finances, de l’environnement et bien d’autres ministères, qui étaient intéressés, comme le ministère de la culture et même des organisations internationales qui finançaient l’agence comme la BOAD et bien d’autres. Ce qui a fait que j’ai pu doter la ville de 30 km de caniveaux, de 15 km de routes pavées. La réhabilitation partielle de quelques palais royaux. Je peux citer pêle-mêle, le palais privé du roi Glèlè, qui a été réhabilité à 90%, le palais du roi Agoli-Agbo qui a été réhabilité aussi à 90%, sinon, totalement, le palais central de Singbodji a connu une légère réhabilitation au niveau de la maison à étages. Singbodji, c’est tout un symbole. C’est Chacha de-Souza qui a donné la bâtisse Singbo à son ami, le roi Ghézo. Singbodji, c’est là où on vous fait passer lorsque vous devez entrer au Palais central. J’ai réhabilité un pan du Palais du roi Ghézo à Cana qui est un symbole pour la royauté d’Abomey. C’est un domaine de 44 hectares, sur lequel j’ai commencé la réhabilitation, en dotant déjà le palais d’une grande salle de réunion. Evidemment, j’allais oublier .Le projet dégageait à la fin de son exécution, une marge. Avec le soutien du Président de la République, du ministre de tutelle, de la BOAD, nous avons pris cet argent pour éclairer la ville. Parce que le projet au départ n’avait pas pris en compte l’éclairage de la ville et c’est chemin faisant, que nous avons constaté que c’était de très belles œuvres et qu’il n’y avait pas d’éclairage. Donc, j’ai eu l’autorisation d’effectuer les travaux. En gros on peut noter la réhabilitation des palais royaux, la construction des routes pavées, la construction de caniveaux, la construction des lignes électriques. Voilà à peu près ce que nous avons pu faire avant de partir.

Vous venez de parler de la réhabilitation des palais, mais depuis ce temps, déjà trois incendies ont frappé ces lieux historiques. Comment avez-vous vécu ces événements ?

En fait, le palais central d’Abomey a une superficie de 44 ha. Les parties qui font objet d’incendies de temps à autre presque deux fois déjà, se situent à l’autre bout du palais. Ce n’est pas la partie visitée par tout le monde qui a subi l’incendie. C’est une partie qui est laissée pour compte et souvent, les enfants en faisant la chasse aux rats ou aux gibiers, font des feux de brousses pour faciliter la chasse. Ce qui n’épargne pas cette partie du palais qui est en paille. On ne fait rien qui ne soit en paille et ceci pour respecter ce qui est fait depuis des siècles.

Si on vous demandait le regard que vous portez, sur le développement du plateau d’Abomey en général depuis le lancement de l’ARCHA ?

Pour moi, c’est d’abord un très bon programme. Je crois que mon regard sur le développement du plateau d’Abomey est positif, et j’ai déjà remercié un peu plus haut, le gouvernement pour la place qui est toujours réservé à Abomey à travers l’ARCHA et d’autres projets. Puisqu’au-delà de l’ARCHA, il y a d’autres projets et d’autres travaux qui se font. Il y a des investissements directs du gouvernement. Je crois en cela, nous avons bénéficié à Abomey de quelques routes bitumées.

Depuis 4 ans que Patrice Talon est à la tête du pays, de quoi Abomey a pu bénéficier concrètement ?

Je peux dire que ça vient progressivement. C’est vrai qu’il y a quelques actions, mais certainement que des choses se préparent dans l’ombre, et qui n’ont pas encore sorti la tête. Je sais qu’avec Patrice Talon, digne fils d’Abomey, la ville ne sera pas négligée.

Mieux que l’ancien président, fils d’Abomey, qui a préféré tout investir au Nord ?

Il ne faut pas polémiquer là où il n’est point besoin. Le président Soglo est un nationaliste et un développeur. Quand il est arrivé à la tête du pays, il a trouvé que le Nord était défavorisé plus que le Sud. Il dit je commence par le Nord parce qu’il faut d’abord montrer l’exemple quelque part et c’est comme ça qu’il a pris à bras le corps, la région septentrionale et il a fait du bon travail à cet effet.

Et, il a abandonné chez lui !

Il n’a pas abandonné chez lui, parce qu’il ne peut pas construire le Bénin en un jour. Alors là, vous me ramenez à l’histoire de l’ARCHA. On peut dire que c’est le programme du président Soglo. Eh oui. Le programme devrait voir le jour depuis 1992. C’est le Gouvernement Soglo qui, lors des négociations bilatérales avec la République Fédérale d’Allemagne, a obtenu une faveur de 7 milliards F CFA au profit de la réhabilitation de la ville d’Abomey. Il faudrait que les gens sachent ce qui s’est passé. Soglo a commencé par le septentrion, mais en même temps, comme la caisse n’est pas élastique et que le Bénin avait besoin de tout : les salaires, les routes, les écoles, les hôpitaux, etc… il a négocié avec les Allemands cette enveloppe de 7 milliards. Mais l’enveloppe de 7 milliards qu’il avait négociée au profit du développement de la ville d’Abomey, n’a pas pu être débloquée avant son départ, parce que les Allemands liaient cela à la décentralisation. Rappelez-vous, la décentralisation sera à la base ou ne sera pas. C’était le slogan qui était scandé .Le Président Soglo avait déjà débloqué 62 millions pour les études. Donc, c’était déjà inscrit au PIP et devrait se poursuivre même après son départ. Mais après son départ ce qu’on a vu, c’est qu’en 1997, au lieu que l’enveloppe aille à Abomey, le gouvernement a opté pour construire le 3ème pont avec ces fonds. Heureusement que le régime Yayi a renoué avec le programme. En son temps et pendant longtemps cela a agité le parlement.

Qu’est-ce que l’avènement du Président Talon a pu apporter au Bénin en 4 ans ?

Je suis un acteur politique. J’ai appris à être libre. J’ai commencé la politique très jeune, notamment à l’avènement des manifestations de la Bourse de travail, lesquelles, ont précipité le départ du Président Maga. Depuis ce temps, jusqu’à 2016, la gouvernance était globalement normale, à l’exception de la période révolutionnaire. Je rappelle que notre pays était un exemple de démocratie dans le monde. Tout le monde était libre, la presse était totalement libre. Les institutions étaient vraiment des institutions de contre-pouvoir. On créait vraiment un sentiment de jalousie dans l’ espace africain voire mondial. Lorsque vous avez vécu une pareille époque, on peut s’interroger aujourd’hui.

Pourquoi tout ce rappel, Honorable ?

L’exercice auquel je me soumets aujourd’hui, c’est pour vous les jeunes. Je suis Chef traditionnel. Je suis chez moi. S’il y a un problème je suis disposé à donner des conseils. Si un enfant vient demander la fraicheur du royaume, je la lui accorderai. Ce que je désire c’est juste la paix, la quiétude pour mon pays.

Quelle est votre appréciation sur la reconnaissance de la chefferie traditionnelle par la Constitution ?

C’est une bonne chose, mais tout le monde n’est pas chef. Je souhaite que cette reconnaissance de la chefferie, s’arrête aux royaumes existant avant la colonisation.

Que voulez-vous pour ce pays ?

Je veux la paix, le respect des institutions, le partage équitable de la richesse nationale. Je veux que l’économie soit librement exercée par tout le monde. Je veux que mon pays soit respecté comme il était depuis 1990. Que mon passeport ordinaire (civil) avec lequel j’ai toujours fait mes voyages, continue d’être respecté partout où je passe. Je ne veux pas que le passeport togolais, burkinabè et autre soit respecté et celui de mon pays ne le soit pas. Je ne veux pas qu’on mette un terme à la démocratie retrouvée. Je veux que cela continue. C’est la seule richesse que nous partageons tous.

Au-delà de tout cela, il y a quand-même des points qui vous ont enchanté dans la gouvernance Talon

Bien sûr. Tout n’est pas mauvais et tout ne saurait l’être d’ailleurs. Je ne suis contre personne. Mais, seulement à mon âge, pour le temps qu’il me reste, je veux vivre en toute quiétude et en paix. je souhaite le retour de la démocratie et de l’Etat de droit. Le rétablissement des grands équilibres .Cependant il y a des acquis.

La digitalisation et la dématérialisation de l’administration sont une réalité. Vous n’avez plus besoin d’aller au contact physique. Le développement des infrastructures dans quelques villes.

Dah, vous venez de souligner les points que vous déplorez dans la gestion du président Talon. Si vous étiez à ce niveau de responsabilité, qu’auriez-vous fait pour corriger tout ça ?

Je souhaite que le président Talon ramène la balle à terre et c’est encore possible.

Il y a un parti qui se réclame de l’opposition

Lequel ?

Mais les FCBE…

Êtes-vous rentré de l’étranger hier?

Ils sont enregistrés comme parti de l’opposition…

C’est ce que vous êtes venu lire ce matin ? (rire)

C’est ce qui est enregistré au ministère de l’intérieur

Tout le monde sait faire cela, seulement que c’est défavorable à la paix et à la cohésion sociale.

Dah, si on doit vous classer sur l’échiquier politique, vous êtes opposant ou de la mouvance ?

Depuis 2017, le Républicain a déclaré son opposition au régime et rien n’a changé.

Bien avant, il faut demander à sa majesté s’il a voté d’abord

Si je vous dis que j’ai voté, comment vous le sauriez ?

On va vérifier votre doigt

Mon doigt après combien de jours? Vous ne pouvez pas savoir si j’ai voté ou pas, Il n’y a d’ailleurs pas eu d’enjeu.

Mais on a désigné ceux qui vont diriger votre commune

Ce n’est pas grave. On aurait pu les appeler sous-préfets ou Chef-cir comme sous la révolution.

Avec nos communes, quels sont les défis à relever ?

Non, non. Il n’y a pas de défi. Vous savez que tout est rattaché à l’administration centrale. Vous n’avez que votre salaire et encore trois mois après. Il n’y a pas de défi. Tout est rattaché à l’administration.

Vous le voyez revenir en 2021 ?

Je ne suis pas Dieu.

Donc avec la situation actuelle, sa réélection est assurée ?

La loi interprétative est une loi de trop. C’est le grain de sable qui risque de bloquer la machine.

Donc vous le voyez seul candidat à sa propre succession ?

Il peut désigner quelqu’un d’autre, qui lors des décomptes va déclarer qu’il a perdu. C’est le scénario qui se profile à l’horizon.

Mais tout le monde va encore voter pour lui en 2021?

Il sera réélu. Je fais confiance à Monsieur faute légère et à Monsieur l’agrégé professeur.

Il reste environ dix mois à Patrice Talon, si on vous demandait de lui dire ce qu’il doit corriger avant le terme de son mandat

Je vais lui dire de ramener la balle à terre, comme un bon prince, en bon gentleman.

Ça consiste à faire quoi ?

Ramener la balle à terre, c’est corriger d’abord tout ce qui a été mal fait d’une manière ou d’une autre.

La première chose à faire c’est quoi ?

Première chose, il faut corriger les injustices. Il les connait lui-même, et il sait ce qu’est une injustice.

Deuxième chose ?

C’est donner à manger à son peuple. Parce que les Béninois ont faim.

Il vient d’injecter 74 milliards pour le social

Pourvu que cette aide atteigne sa cible.

Majesté, la réforme du système partisan

C’est un échec. Cela a donné lieu à des députés nommés. Cela a donné lieu à des maires nommés. C’est un jeu. Ou bien est-ce que vous trouvez quelque chose à dire ?

Du moment où il y a eu élection ?

Quelle élection ? Ah bon, vous appelez cela une élection

On a voté il me semble

Voter, qui a voté ? C’est votre vote qui est pris en compte ? Si vous avez voté pour un maire et qu’à ce maire, on lui dit non toi tu ne peux pas être maire, on le met de côté, c’est cela le sens du vote des populations ?

Il y a un taux de participation, qui tourne autour de 49%, ce qui est quand-même au-delà de ce qu’on a connu pour les législatives

Ah bon ? Je ne suis pas informé. Mon attention s’est portée sur là où le chef de l’État a voté.

C’est la Cena qui a annoncé le taux de participation

Quelle Cena ? La Cena des fautes mineures

Un mot pour conclure

Je reviens sur la possibilité pour le président Patrice Talon d’avoir l’amour de ce pays, d’être le président de la République qui veut positivement marquer son temps. Et là, je lui proposerais de composer avec tous les Béninois. S’il décide aujourd’hui de ramener la balle à terre, de desserrer l’étau, je serai le premier à dire : « Bravo M. le Président ».

Carte d’identité : Le culturel

Chef de la Collectivité Houédjissin depuis près de 8 ans, Dah Sètondji Woudji-Woudji est un cadre politique, réfractaire à la culture étrangère. Gestionnaire comptable, il a décroché son premier emploi en 1971 dans une entreprise privée. Son honnêteté au poste a fait que ses responsables l’ont envoyé servir dans quelques pays africains. De retour au bercail, Maxime Houédjissin s’est mis à son compte. Membre de l’Organisation des jeunes révolutionnaires du Bénin (OJRB), il est désigné juge du tribunal populaire. A l’avènement du Renouveau démocratique, il a été élu maire de l’ex commune de Gbegamey. Il crée avec d’autres compatriotes le RAP. A la faveur d’une alliance avec la RB en 1995, il est élu député puis Premier questeur de l’Assemblée nationale. Au parlement, suivant, il occupe le même poste. En 2005, il crée le Parti Républicain (PR). En 2008 il devient le Directeur de l’Agence pour la réhabilitation de la cité historique d’Abomey (Archa). Son idéal en politique reste et demeure justice et égalité pour tous.

Intimité : Attaché à ses enfants

Dah Sètondji Woudji-Woudji est polygame et a plusieurs enfants. Il dit être très attaché à ses enfants, car ils constituent sa plus grande richesse. A table, il est abonné aux fruits et légumes. Il mange bien le crincrin rempli « d’afintin » avec les fretins et la pâte noire. Maxime Houédjissin adore aussi le « man tindjan » avec la pâte de maïs. Sa boisson préférée est l’eau.

La Rédaction
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