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Le Matinal N° 4243 du 6/12/2013

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Roger Gbégnonvi à propos de la non-extradition de Patrice Talon :« C’est le triomphe de la justice sur l’injustice »
Publié le lundi 9 decembre 2013   |  Le Matinal


Roger
© Autre presse par DR
Roger Gbégnonvi


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L’ancien ministre Roger Gbégnonvi était dimanche 08 décembre 2013 sur l’émission « Cartes sur table » de la radio Océan Fm. Au cours de l’entretien, il s’est réjoui du verdict prononcé par la Cour d’Appel de Paris suite à la demande d’extradition des hommes d’affaires Patrice Talon et Olivier Bocco. Pour lui, la réponse négative servie aux autorités béninoises est le triomphe de la justice sur l’injustice. Il a par ailleurs montré que face à l’échec de sa gouvernance, Yayi Boni doit démissionner. Lire son intervention sur Océan Fm.


Monsieur Roger Gbégnonvi, Nelson Mandela a tiré sa révérence. Que peut-on retenir de l’homme ?

Il est redevenu esprit pur. Nous avons désormais à qui nous référer pour savoir que la grandeur est possible, le meilleur est possible et qu’il suffit de le vouloir. Il n’y a pas de mot pour qualifier Nelson Mandela. C’est un don de Dieu… c’est un grand esprit. C’est une grande âme. Et les grandes âmes sont rares.
Vous n’êtes pas le seul à reconnaître les valeurs de l’homme puisque le président de la République est bien inspiré par ce grand homme à cause de son pardon.
Le Chef de l’Etat a parlé de pardon. Je ne sais pas dans quel sens il a parlé de pardon, s’agissant de Nelson Mandela. Va-t-il s’inspirer de Mandela pour nous pardonner ? Si c’est ça, il se trompe. Il n’a rien à nous pardonner. Strictement rien.

C’est nous qui aurions tout à lui pardonner. Mais il se trouve que nous ne pouvons pas lui pardonner de bafouer constamment notre Constitution, d’être constamment dans le parjure et dans la haute trahison. Nous ne pouvons pas lui pardonner de faire revenir au pas de charge le Prpb à qui nous avons tordu le cou à la Conférence nationale. Il ne lui reste qu’à rouvrir les geôles de notre Sibérie (Ségbana, Ndlr). Il n’arrête pas d’envoyer ses anciens collaborateurs qui lui ont été fidèles parmi les fidèles à la Haute cour de justice. Il faudrait que nous commencions à nous interroger si au lendemain du 6 avril 2016 nous n’allions pas le retenir quelques mois dans le pays avant qu’il ne prenne des congés bien mérités pour qu’il aille répondre de certains crimes devant la Haute cour de justice.

Professeur Roger Gbégnonvi, la Cour d’Appel de Paris a décidé mercredi 04 décembre 2013 de ne pas donner suite à la demande d’extradition de l’homme d’affaires Patrice Talon dans les affaires tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat. Quelle lecture en faîtes-vous ?

Ma lecture est la même que celle de l’ensemble des Béninois. C’est un immense motif de soulagement. On s’est réjoui de cette décision. Et les gens qui se sont réjouis ne fêtaient pas tant la victoire de Talon, ne fêtaient pas tant l’échec cuisant du Chef de l’Etat. Ils célébraient surtout avec Talon le triomphe de la justice sur l’injustice. Et puisque nous parlions de Madiba tout à l’heure qui nous apprend qu’avec l’abnégation et la force de la volonté nous pouvons arriver à créer le meilleur que nous voulons, nous pouvons dire que le verdict de Paris est un bon signe.

Et pourquoi le triomphe de la justice sur l’injustice ?

Nous sommes focalisés sur Paris. Et il s’y est passé mercredi dernier pour nous Béninois, pour Talon en particulier, quelque chose de formidable. Mais attention, nous oublions Cotonou. Il s’est passé à Cotonou le même évènement qu’à Paris le mercredi dernier. Et cela s’est produit un certain nombre de fois parce qu’à Cotonou nous avons tendance à ne pas prendre très au sérieux… L’ancien député Désiré Vodonou, je ne le connais pas personnellement. Mais je sais que la Cour suprême a demandé qu’on le libère. Il est encore en prison. C’est une décision de justice courageuse qui a été prise. Vodonou est encore en prison et il n’a jamais été inculpé.

Le président de la République a confié au juge Houssou le soin de voir clair dans cette affaire que les journalistes ont qualifiée de rocambolesque et de ridicule. Le juge a fait son travail et a rendu une décision de justice. Il faut les libérer immédiatement. Ils n’ont rien fait. Le Chef de l’Etat est allé immédiatement vers la Cour d’Appel. Il en avait le droit. Mais attention. Tout en allant vers la Cour d’Appel, il aurait dû libérer les personnes concernées. .. La Cour d’Appel confirme la décision du juge Angelo Houssou. On sait que Dame Zoubérath Kora est encore en prison, le docteur Mama Cissé est encore en prison. M. Johannes Dagnon et l’ex-ministre Moudjaïdou Soumanou sont encore en prison. Voilà des décisions de justice aussi fortes que celle prise à Paris qui sont restées sans effet. Et j’accuse le Chef de l’Etat, et j’assume mon accusation, de bafouer notre Constitution et d’être coupable aujourd’hui de haute trahison.

Pourquoi le dîtes-vous ?

L’article 59 stipule : « le président de la République assure l’exécution des lois et garantit celle des décisions de justice ». Alors où est-il lorsque ces gens dont je viens de citer le nom restent en prison malgré deux décisions de justice ? Où sommes ? En attendant de passer dans une dictature dure, nous sommes dans l’anarchie parce que plus personne ne contrôle rien. Il n’y a qu’une seule personne qui fait ce qu’il veut. Et cette personne qui est le Chef de l’Etat a prêté serment devant Dieu, devant les mannes de nos ancêtres, devant la Nation et devant le peuple béninois, seul détenteur de la souveraineté. C’est grave. L’article 53 fait dire au président de la République quand il prêtait serment de ne se laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine. Or quand j’observe aujourd’hui le président de la République, j’ai la certitude que ce qui le guide dans son action quotidienne, c’est la haine, c’est l’envie de mordre.

Vous parlez du président de la République

Je parle du président de la République et je précise, le président Boni Yayi. J’ai la conviction que c’est la haine qui le pousse à agir. Il a un désir profond d’humilier tous ceux qui lui ont rendu particulièrement service. Je pense à mon ami, Armand Zinzindohoué. Qu’est ce que François Noudégbessi lui a fait, lui aussi ? C’étaient des gens loyaux au Chef de l’Etat. Et aujourd’hui, ils sont payés en monnaie de singe. Et c’est cela qui fait désespérer du Chef de l’Etat. La semaine dernière, j’ai lu que des enfants sortis de nulle part qu’on appelle les jeunes émergents des Fcbe ont écrit au Chef de l’Etat pour lui demander de faire inculper Mme Adidjatou Mathys que tout le monde a oublié. Ils ont demandé de la faire inculper parce qu’elle aurait remis 12 milliards dans les caisses de la Sodéco. Mais c’est une histoire à dormir debout parce que derrière Mathys Adidjatou ou devant elle, qui est-ce qu’on vise ?

C’est Pascal Iréné Koupaki qu’on vise. Les députés, Sacca Fikara et Azannaï qui nous ont vendus la mèche, ont fait un peu économie de vérité. D’après le Chef de l’Etat, ce jour-là (lundi, 25 novembre 2013 au Palais de la Marina, Ndlr), ce n’est pas seulement Sébastien Ajavon et Patrice Talon qui ont mis par terre l’économie du pays. Il leur a associé Pascal Iréné Koupaki. Comme le Chef de l’Etat ne sait jamais rien, il faut bien que quelqu’un dans le gouvernement sache quelque chose. Et ce quelqu’un, c’est le ministre d’Etat Koupaki ou le Premier ministre. Evidemment, on ne va pas trainer Mme Adidjatou Mathys devant la Haute Cour de justice sans toucher à celui qui était au courant. Parce que je crois Koupaki qu’il est dans le viseur du Chef de l’Etat. La saignée n’est donc pas terminée. Et ceux qui espèrent que le président de la République va changer d’attitude, ils se trompent.

Selon vous, le président de la République a fait du parjure.

Je vais vous le dire… Aujourd’hui, le Chef de l’Etat oblige des citoyens de ce pays qui ont appris leur métier à se dédire. Vous vous souvenez que dans cette affaire loufoque d’empoisonnement, un commissaire de Police est allé à la télévision jouer à je ne sais quel théâtre de rue de Vaudeville et nous a montrés des choses.

Il poursuivait son enquête

Ce n’est pas à la télévision qu’on poursuit l’enquête. On l’a envoyé nous raconter des choses et on lui a demandé de foutre des gens en prison. Et ce commissaire de Police a été obligé par le Chef de l’Etat à faire n’importe quoi. Et aujourd’hui, il est monté en grade parce que désormais quand vous mentez, on vous monte en grade. Et cette affaire montre à quel point nous étions à terre. Et vous vous souvenez, dans cette affaire, je n’ai jamais entendu un mé decin parler.

Le Chef de l’Etat a fait appel au Fbi pour des éclaircissements.

Il a fait appel au Fbi, mais le Fbi n’a jamais dit que c’est du poison. Il a fait appel aussi à la France et à l’Allemagne pour qu’on nous dise que tel cadavre qu’on a découvert est bien le cadavre d’un certain Dangnivo. Moi personnellement, je reste sur ma faim en ce qui concerne la disparition de Dangnivo.

Monsieur le ministre, on a appris que Moudjaïdou Soumanou a été transféré à la prison civile de Ouidah. Vous allez souvent le voir ?

Oui, par solidarité ministérielle. Il a le moral. Et à plusieurs reprises, je lui ai dit qu’il sera libéré. Pour l’instant, il est un prisonnier heureux mais je préférerais qu’il soit un homme libre et heureux. On a oublié beaucoup de personnes, Lionel Agbo, Simon-Pierre Adovèlandé, qui ont été obligés de fuir pour avoir la vie sauve et la liberté sauve. Ce n’est pas normal. C’est le Prpb qui est revenu plus fort que jamais. Et il reste à ouvrir la Sibérie pour y mettre tous ceux qui ne sont pas d’accord avec le Chef de l’Etat.

Vous pensez que la liberté d’expression n’est plus la chose la mieux partagée au Bénin ?

Vous allez poser la question à l’opposition politique interdite de parole à la radio et à la Télévision nationales. Et s’il y a une raison pour laquelle, d’autres personnes et moi-même, nous ne nous hasardons plus à nous arrêter sur l’Ortb, ce n’est pas parce que nous n’aimons pas nos amis journalistes. Nous avons participé à la formation de certains d’entre eux. C’est parce que nous n’aimons pas ce que le Chef de l’Etat a fait d’eux. Et c’est grave parce que la radio et la télévision nationales sont les seules jusqu’à preuve du contraire qui couvrent à peu près l’étendue du territoire national. Alors, vous comprenez que les Béninois qui ne sont pas à Cotonou n’ont pas d’autres paroles que ces paroles mensongères que les journalistes sont obligés de leur servir à leur corps défendant.

D’aucuns estiment, que Zoubérah Kora, Moudjaïdou Soumanou et consorts sont des détenus politiques. Partagez-vous cet avis là ?

Ils ne devraient plus être détenus du tout. Par deux fois, la justice les a lavés de tout soupçon et a ordonné leur libération immédiate. Ils n’ont plus rien à chercher en prison. Et le Chef de l’Etat a une occasion. Il y a des gens qui croient qu’il peut changer. Moi, je ne pense pas qu’il puisse encore changer. Mais puisqu’il y a des gens qui y croient, je me mets de leur côté. Il a osé rendre hommage à Madiba. Il ne faut pas lui rendre seulement hommage. Il faut l’imiter. Et lui est mieux placé pour l’imiter parce qu’il est Chef de l’Etat et Madiba aussi a été Chef d’Etat. Madiba l’a été magnifiquement et a démontré ce que doit être un Chef d’Etat. Il a parlé de pardon et de miséricorde.

Et puisque c’est nous qui avons tout à lui pardonner, Madiba sera enterré dimanche prochain. Et bien M. le Président de la République, si vous m’écoutez, libérez tous ces gens qui n’ont plus rien à faire en prison parce que la justice les a blanchis et a demandé leur libération immédiate pour qu’ils puissent regarder devant leur télévision à la maison, les obsèques grandioses qu’on fera dimanche prochain à un homme que vous dîtes aimer. Faites votre devoir qui est de respecter la Constitution.

Après le verdict de Paris, les ministres Valentin Djènontin et Komi Kountché sont montés au créneau. Que pensez-vous de ces deux déclarations ?

Que Dieu me pardonne. Je me suis énervé beaucoup après la déclaration de Djènontin qui a osé dire que nous étions dans un Etat de droit et que le juge Houssou était en sécurité. C’est une énormité qu’il a dite. Je me suis tellement énervé que je me suis confié à un ami qui m’a dit, ‘’Roger, toi tu auras toujours des problèmes. Ça fait longtemps que nous n’avons plus de ministres au gouvernement. Et nous nous demandons même si nous avons un président de la République’’. Excusez du peu, les gens se foutent pas mal de ce que racontent certains ministres qui n’ont pas de retenu. Quant à monsieur Komi Kountché, vous savez bien le commentaire qu’a fait France inter (Ndlr : Rfi) après sa déclaration nulle et de nulle effet. On n’a pas la même lecture au Bénin. C’est la façon fine pour le Français de dire « ces gens ne savent pas lire une décision de justice ». Alors lorsque Rfi nous traite ainsi laissant entendre que nos ministres ne savent pas lire une décision de justice, il y a de quoi aller se souler pour ne plus entendre des choses pareilles. C’est triste.

Et si vous étiez encre au gouvernement, que feriez-vous ?

Lorsque j’ai participé au deuxième gouvernement de Boni Yayi, les choses donnaient encore l’impression de ne pas basculer dans le pire que nous connaissons aujourd’hui. Mais, c’est à partir du 3ème gouvernement que les choses ont complètement changé. Et aujourd’hui, le gouvernement que nous avons et dont les gens disent que ça fait longtemps qu’ils considèrent qu’ils n’ont plus de ministres au gouvernement, il y a certain dont on se demande vraiment d’où ils viennent. On ne les a jamais vus nulle part. Ils surgissent subitement comme ministres et on sent bien que ce sont des espèces de robots manipulés par le Chef de l’Etat. Le Chef de l’Etat leur dit, allez-y.

Ils y vont. Venez. Ils viennent. Racontez. Ils racontent. Ils n’inspirent aucun respect. Et c’est grave. Ce n’est peut-être pas de leur faute. Mais que le président de la République s’entoure de gens qui n’inspirent aucun respect, ce n’est pas sérieux. C’est le Bénin qui est à terre. C’est notre honneur de peuple qui n’existe plus. Et ça c’est grave. Les Béninois à l’extérieur le sentent plus douloureusement que nous. Parce que des gens m’ont appelé de Paris, ils étaient presqu’en larmes. ‘’Mais Roger, notre pays est à terre. Et on mettra 20 ans pour le relever’’. Je leur ai dit, ne soyez pas si pessimistes. On n’aura pas besoin de 20 ans. J’ai senti qu’ils ressentent plus douloureusement que nous cette honte qui recouvre aujourd’hui le Bénin tout entier à cause des faits et gestes du Président de la République, relayés par les faits et gestes du ministre qui aurait du être partout ailleurs, sauf dans un gouvernement.

Ce qui étonne chez vous Roger Gbégnonvi, on se rappelle qu’à l’avènement de Boni Yayi, plus Yayi que Gbégnonvi, tu meurs. Mais aujourd’hui, les amarres sont complètement rompues. Quand vous étiez au gouvernement, quels conseils lui avez-vous prodigués pour lui permettre de ne pas se retrouver dans cette situation que vous qualifiez aussi méchamment ?

En tant que ministre, j’étais l’un des conseillers du Chef de l’Etat. J’étais son conseiller en alphabétisation et en promotion des langues nationales. Et donc, je ne prenais même pas son avis. Parce que, s’il m’a confié ce dossier, c’est parce qu’il me fait confiance. J’avais à traiter ce dossier et à lui rendre compte. Lequel compte rendu je faisais régulièrement. Il ne peut pas tout lire. Mais moi mon devoir était d’avancer. Et pendant 11 mois, avec mon équipe d’apôtres, que je salue au passage, nous avons avancé. Nous étions dans le domaine qu’il m’a confié, je crois que nous avons été de très bons et même les meilleurs conseillers jusqu’à preuve de contraire. Lorsque ce ministère a été carrément fermé après mon départ, la promotion des langues nationales et l’alphabétisation en termes d’écrire et de lire nos langues, c’en a pris un coup. Il parait qu’on s’est mis à en parler en termes folkloriques, non ce n’est pas en termes folkloriques qu’il faut parler de l’écriture et de la lecture, c’est en termes de devoir à faire et à faire tout de suite. Et donc j’ai été s’il vous plait, un très bon conseiller du chef de l’Etat, en matière d’alphabétisation et de promotion des langues.

Très bon conseiller et aujourd’hui ?

Maintenant pour entrer dans les détails. J’ai fait partie des gens à qui, il arrivait de temps en temps de lever leur petit doigt et d’employer la formule qu’avait vulgarisée mon voisin, mon cher Armand Zinzindohoué, ‘’ Votre Haute Autorité, s’il vous plait, si on faisait autrement, ce serait mieux ’’ Nous osions, (nous étions quelques uns à pouvoir de temps en temps lever le petit doigt) dire au Chef de l’Etat, le seul élu du peuple, à lui dire le chemin que vous prenez-là, n’est pas le bon. Eh bien ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Tous ces gens se sont retrouvés dehors avec moi. J’ai compris que le Chef de l’Etat ne voulait pas de gens qui lui donnent autres conseils que ce que lui-même veut entendre. Et je crois que c’est ça qui se passe depuis quelques temps. Il s’est entouré de gens qui n’ont pas d’étoffe et qui tremblent.

Il est très mal conseillé, selon vous ?

Il n’est même pas conseillé. C’est lui qui leur conseille ce qu’ils doivent dire. Il leur donne des ordres. Il n’est pas du tout conseillé par ces gens-là que je vois. Sinon, Djènontin ne serait pas allé dire ce qu’il nous a fait entendre. Parce que ce n’est pas lui seulement que ça dégrade pour ainsi dire, mais c’est tout le pays que ça humilie ce qu’il a dit. Komi Kountché, ‘’la décision de Paris n’a rien fait du tout… quand ils seront disponibles, ils viendront s’expliquer au Bénin’’. Mais ces gens, ce qu’ils oublient, ce qu’ils ne voient pas, c’est que lorsqu’on a fait ainsi le chien couchant devant le Chef de l’Etat, celui dont nous parlons, Thomas Boni Yayi, un beau matin, il vous piétine comme une vermine et vous jette dehors.

C’est le Chef de l’Etat. Il ne peut pas piétiner ses concitoyens.

Il ne peut pas les piétiner dites-vous ? Alors qu’il le prouve avant le 15 décembre 2013, c’est-à-dire avant l’enterrement de Madiba Nelson Mandela, en rendant leur liberté à ceux à qui la justice a déjà rendu leur liberté. Qu’il le prouve. Si non, c’est les piétiner. Je serai jeudi prochain, si Dieu me prête vie, auprès de mon ami Soumanou Moudjaïdou, j’ai estimé que, il est à deux minutes de ma maison. Nous avons été ministres ensemble. Ce qui lui est arrivé peut m’arriver. Et par solidarité ministérielle, je m’en vais le saluer. Pour qu’il n’y ait pas que sa famille, ses amis Imams qui viennent le voir.

Qu’il y ait aussi quelqu’un qui a partagé avec lui la lourde tâche d’être ministre. Parce que les gens croient que c’est facile d’être ministre de Boni Yayi dont les conseils de ministres sont presque tous les jours, et ça dure de 10H à 22H. Alors de quel temps disposez-vous encore pour conduire les affaires qu’il vous a confiées, si vous n’êtes pas un esprit fort, un esprit travailleur vous n’y arrivez pas. Parce que vous êtes tout le temps enfermé à la présidence de la République. C’est aussi un défaut de sa gouvernance, de surcharger les ministres, de les confiner à la présidence de la République pour des sujets qui ne les concernent pas toujours.

Vous avez fait une publication intitulée « se soulever maintenant ». Vous incitez le peuple à la violence ?

Il se trouve que le texte n’est pas loin. Ne me faites pas dire, ce que je n’ai pas dit. Le titre, c’est : Se lever-se soulever maintenant. Et je vous lis la conclusion : « Au demeurant, on ne peut plus lever-soulever quotidiennement verre de bière ou de Whisky, sans penser au Bénin qui s’affaisse et s’en va sombrer dans un silence criminel au milieu de média en proie à la capitulation. Chacun doit à présent agir- réagir. Et le président de la République doit donner l’exemple le premier. Il doit se lever- se soulever maintenant. Il le fera pour la dignité de l’homme au Bénin. Il le fera pour l’honneur de l’homme au Bénin. »

C’est le président de la République, le Chef de l’Etat, Yayi Boni, c’est lui que j’invite à se lever-se soulever pour faire son devoir et tout son devoir. Il a encore deux ans pour se sauver ; c’est-à-dire se laver de tout le désordre qu’il s’est couvert lui-même et couvert le pays. Alors les gens qui pensent qu’il est capable de changer devraient l’inciter à utiliser ces deux années pour le faire. Et quand je l’invite, à se lever-se soulever, je crois qu’il a beaucoup d’estime pour moi. Il faut qu’il m’aime assez pour suivre le conseil que je ne cesse de lui donner depuis le début de cet entretien, à savoir : laisser aller ceux que la justice a demandé qu’il laisse aller. Ils sont un certain nombre : Désiré Vodonou est le premier. Il n’a d’ailleurs jamais été inculpé. Ce n’est pas normal que ceux-là continuent d’être maintenus en prison. C’est le Chef de l’Etat qui est invité par le professeur Roger Gbégnovi, dont il a fait pendant onze mois ministre de la République à se lever-se soulever pour faire son devoir et tout son devoir. Et c’est pargeil pour les fabricants de la Lépi.

Les fabricants… c’est un mot trop fort…

Les prétendus fabricants de la Lépi, si vous préférez ainsi, nous ont dit très officiellement qu’ils ont laissé un million de Béninois sur les bords de la route. Ah bon ! Et c’est ça la Lépi. Nous avons contesté. Mais dans notre Constitution, à laquelle on ne touchera pas j’espère, il est dit qu’en cas de contestation, c’est la Cour constitutionnelle qui a le dernier mot. Et la Cour constitutionnelle nous a dit qu’il y a bel et bien une Lépi et que notre devoir de citoyens est d’aller aux élections. Nous nous sommes tus, nous avons empoché nos contestations et nous sommes allés aux élections. Parce que nous sommes de bons citoyens.

On va aux élections et contre toute attente, il y a un candidat qui l’emporte dès le premier tour à 53% des votants. Je dis non, ce n’est pas possible. Historiquement, ethniquement, régionalement, ce n’est pas possible. Qu’est-ce qui se passe ? On nous prend pour qui ? Quelqu’un s’est même proclamé le vrai élu. Contestation donc en bonne et due forme ! Parce que nous sommes en démocratie et puis la Cour constitutionnelle nous a dit : ‘’Non mesdames. Non messieurs. Il a été bien élu dès le premier tour. Nous avons empoché nos contestations et nous avons dit, si la Cour constitutionnelle a le dernier mot, nous avons pour seul devoir de respecter ce que la Cour constitutionnelle dit. Pourquoi le président de la République, faute d’être un modèle pour le peuple, n’imite pas le peuple dans ce que le peuple a de patriotique d’amour de la Patrie. Nous avons eu tous des parents proches ou lointains en Côte d’Ivoire où nous aimions aller quand les choses allaient mal au Bénin. Nous avons vu ce qui s’est passé quand on a contesté des élections. Nous au Bénin, on ne veut pas ça. Nous obéissons à la Cour constitutionnelle, le Chef de l’Etat devrait faire pareil.

La Lépi, vous n’y croyez pas du tout

Je suis professeur. On ne corrige qu’un texte qui existe. Vous êtes journaliste, avez-vous jamais vu le texte de la Lépi ? Quel est ce texte si public que personne ne l’a jamais vu ? Il se trouve que je n’ai jamais vu ce texte. Certains me disent que ce texte n’a jamais été publié, je ne suis pas un homme de droit. Moi, un simple lecteur, je ne l’ai jamais lu. Est-ce que je suis si négligeant pour négliger de lire un texte.

Professeur Roger Gbégnonvi, si je dois récapituler nos propos sur le verdict de la Cour d’Appel de Paris et l’Etat de droit au Bénin, c’est le Président Yayi Boni qui fait ombrage à l’exécution des décisions de justice.

Ombrage est un mot faible. Lui fait obstacle à l’exécution des décisions de justice. Si ça continue, s’il ne se lève pas, s’il ne soulève pas, il faudra que le peuple prenne ses responsabilités. Ça peut être la Cour constitutionnelle, la Cour suprême. Ça peut être le peuple lui-même. On a déjà vu dans ce pays, non ? Le Général Kérékou est encore là. Mais lorsque nous en avons marre, après 17 ans de révolution, qu’est-ce que nous avons fait ? Grèves générales limitées. Nous sommes chez nous à la maison, puisque le Président de la République veut nous diriger malgré nous et contre nous, hé bien qu’il dirige. Donc, il est possible au peuple béninois de faire tomber un Chef quand il n’en veut plus. Quand le peuple béninois se soulève, il s’assoit. C’est ça sa manière, c’est notre manière à nous de nous soulever, sans rien casser. Il ne faut pas penser qu’il faut casser parce que vous voulez chasser le Président de la République. Quand il ne sera pas là, qu’est-ce que vous allez faire dans un pays cassé ? Nous ne voulons pas vivre dans un pays cassé. C’est pourquoi j’invite le Chef de l’Etat à se lever et à se soulever pour nous donner le bon exemple, puisque nous sommes dans le pire.

Vous faites un bilan mitigé du Président Yayi Boni. Est-ce qu’il n’y a rien à l’actif de l’homme ?

Pendant les six premiers mois de sa présidence, il y a eu de très belles choses. J’étais un homme heureux, heureux d’avoir contribué à son élection. Je disais aux impatients : « Attendez ». Même ses erreurs que je percevais comme des fautes, je disais que nous avons dit changement et que cela faisait partie du changement. Après six mois, je commençais à voir des choses. Je disais attention. C’est des pas que nous connaissons. Nous savons où ça mène. Quand je suis devenu contre ma volonté d’ailleurs et j’ai magnifiquement fait mon travail.

Il fallait refuser

Non, je me réjouis d’avoir été ministre alors que j’avais des doutes. Pour que le Président de la République ne puisse jamais dire : les gens qui m’ont porté au Pouvoir m’ont laissé tomber. C’est lui qui laisse tomber tout le monde. Regardez comme il laisse tomber Patrice Talon.

Vous connaissez personnellement Patrice Talon

Je l’ai connu pendant la première campagne du Président Yayi Boni. Je vous l’avoue, je ne le connaissais pas. C’est un homme infiniment plus silencieux, plus discret que moi. Le jour où on m’a dit que c’est lui, j’ai dit : « Ah bon ! C’est lui ça ! ». J’ai compris qu’il était d’une intelligence formidable. J’ai compris aussi qu’il avait de l’argent. Cela ne m’a jamais impressionné. Je l’ai connu autour du Président de la République et qu’il était pour beaucoup dans ce qu’est devenu Yayi Boni. Il était son financier. J’ai vu ça de mes yeux. Est-ce qu’il a été son conseiller et son financier pour la campagne de 2011 ? Je n’étais plus là. Mais, il paraît là aussi, il est allé très fort. Qu’est-ce que le Président Yayi Boni peut reprocher à cet homme de si grave qu’ils ne peuvent pas s’asseoir et discuter tête-à-tête ? Ce n’est pas possible. Nous sommes les meilleurs amis, tu m’as aidé à monter, je t’ai aidé à faire prospérer tes affaires. Il y a un malentendu. Asseyons et discutons. Mais, il est dangereux notre Président de la République. Je l’ai su le jour où il a envoyé Armand Zinzindohoué, un homme très gentil, à son service, devant la Haute Cour de justice. J’ai dit ce n’est pas possible. Je ne peux pas lui faire ça. Il était son fidèle serviteur. Pour Patrice Talon, on ne pouvait pas imaginer.

Pour parler de Yayi Boni ?

Pour parler de ces onze mois précédés par la campagne. Ce serait sous forme de roman parce que je n’ai pas le droit de révéler les secrets du couvent.

Alors le ministre, le 31 décembre prochain c’est la date butoir des élections. Est-ce que vous pensez que les élections seront organisées ?

Les élections ne sont pas organisées au niveau local. Les maires qui sont actuellement, ils sont dans leur fauteuil de façon illégale. Si les élections ne sont pas organisées au niveau local, pourquoi voulez vous qu’elles soient organisées à d’autres niveaux. Je pense qu’il y a une stratégie de non élection pour qu’il dise vous ne voulez pas de révision de la constitution, comme il n’a pas d’élection, alors maintenant on va faire un arrangement pour qu’il ait un prolongement du séjour du Chef de l’Etat à la tête du pays. Nous disons non, s’il n’y a pas élection, c’est que le pays est bloqué et qu’il faudra le débloquer. Donc moi, je ne veux pas qu’on parle de la formule dont les africains ont le secret. Non.

Car quelque part nous sommes nuls. On a du faire un coup d’Etat démocratique au Niger à Tandja qui cassait tout pour qu’il s’en aille. Non, je ne veux pas qu’on en arrive là. Le chef de l’Etat peut se retirer de lui-même et dire je suis fatigué faites des élections anticipées. Je m’en vais. Ainsi, il aura le mérite d’avoir gouverné ce pays pendant dix ans. Il a déjà gouverné pendant 7 ans. Il lui reste moins de deux ans. Le président américain, le plus intelligent du monde, ne peut pas gouverner les Etats-Unis pendant plus de 8 ans. En 2016, je ne recommencerai la même chose. C’était un ange qui s’est révélé Satan. Donc en 2016, je soutiendrai le peuple.

En 2016, le président pourrait être poursuivi. Est-ce qu’il partira réellement en 2016 ?

Je ne sais qu’il ne veut pas partir en 2016. C’est pour cela qu’il est allé voir le Pape Benoit 16 pour lui dire qu’il n’a rien à voir dans cette affaire et qu’il veut partir. C’est pour cela qu’il est allé voir Obama pour lui dire qu’il veut partir. Or si Obama dit aux Américains qu’il va partir après son second mandat, il va partir tout suite car cela veut dire qu’il est malade. C’est la Constitution américaine qui lui dit de partir après ces deux mandats. 0r chez nous au Benin, lorsque Yayi a commencé par faire le tour des grands pays. J’ai dis toute suite, il ne veut pas partir, j’ai dis tout suite qu’il ne veut pas partir. Yayi ne veut pas partir. Il va dire bon je vous avais dit que ne veut pas partir dans l’ancienne Constitution.

Nous sommes dans une nouvelle constitution, je vais organiser un referendum et je veux que vous me donner un nouveau mandat. Il va dire jusqu’à maintenant on n’a pas la Lepi, vous allez devoir m’accorder un nouveau mandat pour réactualiser cet instrument. S’il ne part, pas nous n’allons l’obliger à partir. Car que dit la constitution. On s’est donné des considérations à nulle autre pareil. Le pays est par terre. Et en plus le mandat du président est expiré. Et il ne veut pas partir. On reste alors tous à la maison. Donc avec qui va-t-il gouverner. Il risque beaucoup de choses. Je vous ai parle des grevés illimitées. Moi, je lui fixe des dates. Je lui dis de libérer d’ici le 15 tous ceux qui n’ont plus rien à faire en prison. C’est la date de l’enterrement de Madiba. Qu’il rende service à ce grand homme en faisant du beau. Du 15 au 31 décembre, il faut qu’il décrète l’amnistie pour que tous ceux qui sont en fuite reviennent. Rien ne vaut la vie.

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