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Camille Azomahou au sujet de l’interdiction d’importation des œufs : « C’est une première victoire pour les aviculteurs béninois »

Publié le lundi 20 juillet 2020  |  Fraternité
Camille
© aCotonou.com par DR
Camille Azomahou, Secrétaire Permanent de l’Interprofession Avicole du Bénin
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A travers un communiqué en date du 16 Juillet 2020, signé des ministres de l’Agriculture, de l’Industrie et de celui des finances, le Bénin met en garde contre l’importation des œufs de tables d’origine douteuse. Une mesure qui constitue pour les aviculteurs nationaux une première victoire. Dans cette interview, Camille Azomahou, Secrétaire Permanent de l’Interprofession Avicole du Bénin plaide pour d’autres mesures en vue de protéger le secteur et la santé des consommateurs.

Quelle est votre appréciation du communiqué du Gouvernement au sujet de l’importation frauduleuse des œufs ?
C’est une victoire pour nous les aviculteurs béninois. Parce que cela n’est pas tombé du ciel tout simplement. Nous avons développé un plaidoyer parce que périodiquement et de façon plus accrue ces dernières semaines, du fait du confinement dans certains Etats du Nigéria, des œufs de consommation et même des produits de tout genre sont déversés sur le marché béninois créant du coup une mévente grave sans précédent aux acteurs, par rapport à nos œufs. Nous avons pris notre bâton de pèlerin pour parcourir toutes les directions de contrôle. Nous avons saisi le ministre de l’Agriculture lui-même. C’est le lieu de le remercier parce qu’il a tenu avec son cabinet et tous les directeurs techniques une séance de crise, il y a environ deux ou trois semaines. Suite à cela, une série de décisions ont été prises. Nous avons aussi adressé aussi une correspondance aux autres ministres signataires à savoir le ministre de l’économie et des finances et celui du commerce. En synergie, les trois ministres se sont parlé. In fine, c’est le résultat que vous avez vu qui est le premier d’une série d’actions qui doivent suivre pour renforcer les contrôles au niveau des frontières afin de limiter cette invasion en provenance de pays limitrophes et qui sont des œufs qui pour la plupart portent atteinte à la santé des consommateurs, puisque de qualité douteuse et qui sont bradés sur le marché à des prix défiant toute concurrence. Ce qui créé des méventes. Nous saluons donc ce communiqué qui est arrivé, les trois ministres notamment celui de tutelle, le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Voilà pourquoi nous disons que c’est une première victoire.

Si vous voyez à travers ce communiqué une première victoire, sur quels points attendez-vous encore des actions de la part des structures de l’Etat pour protéger la filière avicole du Bénin ?
Nos frontières sont poreuses. Vous comprenez bien de quoi je parle. Les gens font de contournements, avec des trafiquants locaux. Il faut des contrôles sur nos marchés et aux frontières. Pour le faire, il faut une collaboration avec les acteurs. La semaine dernière, nous avons fait une réunion avec la Direction de l’Elevage. Ce qui nous a permis de statuer sur un certain nombre de décisions, impliquant nos propres responsabilités mais aussi les leurs. C’est-à-dire celle l’Etat et des directions techniques pour que les contrôles dans nos marchés, dans les boutiques puissent être accrus les prochains jours afin d’endiguer le mal.
Il faut rappeler que la filière avicole étant vue comme une filière stratégique, le Gouvernement est en train d’injecter actuellement de l’argent pour subventionner les intrants pendant un temps donné. Il y a des instants qui sont subventionnés pour produire en quantité suffisante les œufs de consommation. Vous convenez donc que pendant que l’Etat est en train de déployer ces moyens pour appuyer les acteurs pour nourrir de façon qualité qualitative et quantitative ses populations, ce n’est pas acceptable qu’il y ait de ces effets exogènes qui ne jurent que par leurs intérêts. Il est donc tout à fait normal que des mesures soient prises pour contenir les acteurs, pour sécuriser les marchés. Dans ces conditions, les actions doivent être intensifiées pour endiguer totalement ce phénomène d’importation frauduleuse des œufs.

Etes-vous sûr, que une fois l’importation véritablement interdite, la production nationale sera en mesure de répondre aux besoins du marché ?
Quand on me pose souvent cette question, j’ai un rictus. Désormais, nous savons produire les œufs et les viandes au Bénin, notamment les viandes de poulets. Nous avons des ressources humaines de qualité et nous le démontrons surtout pour les œufs. Nous ne répondons pas encore à 100% aux besoins. Mais au fur et à mesure que le marché se créé et se met en place, nous produisons davantage. Le Gouvernement, pour encourager les acteurs, a mis en place des subventions. Ce sont des actions qui encouragent à faire mieux. Je suis le Secrétaire Permanent de l’Interprofession Avicole du Bénin et je peux vous dire que depuis quatre ans, les chiffres de production sont en évolution, d’abord pour les œufs mais aussi pour les viandes. C’est tout à fait salutaire. On ne refuse pas à quelqu’un d’importer des œufs mais ça doit répondre à un minimum de conditions pour éviter la concurrence déloyale. Le communiqué précise qu’on ne peut importer quand un pays est infecté de grippe aviaire. Ensuite, pour importer, vous devez en avoir l’autorisation. Ce n’est pas le cas. Quand c’est fait ainsi, il faut le contrôle sanitaire. Il y a des documents sanitaires pour accompagner ces produits pour préserver les consommateurs. Si tout ça est respecté, ça doit marcher. Nous sommes en train de répondre progressivement aux besoins de nos populations. Ces efforts seront faits à l’instar de ce communiqué qui est venu pour sécuriser. Tant qu’un effort pareil sera fait, les aviculteurs produiront davantage.

Il y a trois textes qui sont évoqués dans le communiqué : l’arrêté interministériel du 13 décembre 2005 portant interdiction temporaire d’importation, de distribution et de transit des volailles, parties et abat de volailles congelés, poussin d’un jour, œufs et aliments de bétails en provenance des pays infectés par la grippe aviaire, la loi du 15 mai 1990 portant sur les conditions d’exercice du commerce, et la loi du 15 mars 1984 sur le contrôle des denrées alimentaires . Ne pensez-vous pas que ces textes évoqués sont caduques face aux défis du marché ?
Je suis parfaitement d’accord avec vous. C’est pourquoi nous devons multiplier les concertations avec nos autorités. Elles ont voulu parer au plus pressé en s’appuyant sur ces textes qui sont toujours en vigueur. Tant qu’un texte n’est pas abrogé, il est toujours d’actualité quels que soient sa vieillesse, son âge. Ce sont des textes qui étaient pris par exemple dans des conditions d’apparition de la grippe aviaire dans ces pays limitrophes et d’autres pays, même d’Europe et qui sont toujours d’actualité. Les autorités se sont basées sur ces textes pour pouvoir parer au plus pressé. Dans les discussions, parmi la série d’actions en cours, je vous souffle que désormais sur nos marchés, il y aura des contrôles pour s’assurer si les œufs vendus sont de qualité. Si des œufs importés, il doit y avoir des documents pour les accompagner. Si ce sont des œufs locaux, il y a aussi désormais des dispositions qui sont en train d’être prises pour délivrer des certificats sanitaires aux aviculteurs afin qu’on puisse distinguer les œufs du Bénin et leurs qualités des œufs d’ailleurs, notamment ceux du circuit de la contrebande. Ce n’est pas vraiment suffisant. Mais on peut s’appuyer sur cela pour parer au plus pressé. Des mesures structurelles sont en train d’être peaufinées pour être mises en œuvre pour endiguer véritablement ce genre de phénomène et sécuriser les acteurs.
Propos recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU
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