Demandes tous azimuts de second mandat pour Talon: Les Urnes, pourtant le seul baromètre crédible

Publié le mardi 4 aout 2020 | Matin libre

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Célébration du 60è anniversaire de l`indépendance du Bénin
Cotonou, le 1er août 2020. Le président de la République, Patrice Talon (Photo) et les Béninois, ont célébré le 60è anniversaire du Bénin dans la sobriété en raison de la pandémie de la covid-19

À quelques sept mois de l’élection présidentielle au Bénin, certains béninois suscitent par tous les moyens la candidature du Chef de l’État, pour un second mandat. Plus qu’une providence divine, ils le présentent après ses quatre ans de pouvoir, tel un messie. Quand on sait que d’autres ont la dent dure contre l’homme car plusieurs actes posés par son régime contrastent avec cette déification, il est bienséant de soutenir que le seul et unique baromètre pouvant permettre au peuple de porter en triomphe Patrice Talon, demeure une élection présidentielle transparente et voluptueusement ouverte à tout le monde.

Conférences de presse, mise en place de mouvements, messages de soutien, marche…Ce sont entre autres, les moyens trouvés par une frange de béninois, pour susciter la candidature de Patrice Talon, pour un second mandat. Acteurs politiques, femmes de marchés, jeunes, activistes…; tout le monde est mis à contribution pour que ces tollés résonnent dans les oreilles du Chef de l’Etat, comme l’appel d’un muezzin. Pour morceau choisi, le bilan de l’homme, après plus de quatre années de gestion du pouvoir d’Etat. En résumé, selon ces citoyens, le Bénin d’aujourd’hui surclasse celui d’hier, dans tous les domaines. Pour d’autres toujours de la même effigie, aucun Président même en deux mandat n’a encore réussi ce que le Chantre de la Rupture et du Nouveau départ a pu réussir en terme de réalisations, dans le pays. Conséquence logique, Patrice Talon est un Président hors du commun et à qui, tout a réussi à la tête du pays. A l’aune donc de ce bilan plus que parfait, la seule alternative pour garder le cap, c’est qu’il rempile et ce, malgré sa promesse d’antan de ne faire qu’un seul mandat. En face de ceux qui portent le Président de la république en triomphe, se trouve une autre frange de béninois, qui ne partage pas forcement ces avis. Parmi eux, on y retrouve ceux qui reprochent à contrario, beaucoup de choses à l’homme. Opposants, citoyens lambdas, observateurs de la vie sociopolitique, acteurs de la Société civile… ; ils sont aussi nombreux ces autres béninois à en vouloir à la gestion du Chef de l’Etat. Et pour cause, parmi eux, l’on pourrait identifier ceux dont les emplois et commerces ont été détruits, ceux licenciés, ceux réduits au silence dans l’exercice de leur métier, ceux dont le licenciement plane sur la tête à tout moment, ceux dont les partis sont écartés indirectement des élections, ceux exilés, dont les parents et proches sont emprisonnés voire abattus froidement en période post-électorale… En clair, ces personnes ont suffisamment de raisons pour en vouloir à la gestion de Patrice Talon. Par ricochet, il n’est point question de le célébrer. Au contraire, son départ ne sera que service rendu à la nation. Avec ces deux courants ambivalents, entre homme d’Etat accompli et Président de la république rigoriste, la personnalité de Patrice Talon en tant que premier magistrat du Bénin reste donc contrastée. Ainsi, se fier dare-dare aux dires des partisans et des lésés pour décerner ou non le palme d’or à l’homme est une option non crédible, mais également beaucoup moins empirique. Face à cet état de chose, seules les élections peuvent constituer le seul baromètre crédible pouvant permettre à l’opinion publique nationale et internationale, de porter Patrice Talon en triomphe. A ce niveau, les législatives faute de non-participation de l’Opposition, n’ont pas permis au peuple de jauger son Président. Quant aux communales, nonobstant la participation de l’Opposition controversée, elles ne peuvent au sens strict constituer un élément de taille, pour jauger le Chef de l’Etat. Même si ces élections ne touchent pas directement son bilan en tant que Président de la république, les taux d’abstention record que le Bénin ait jamais connu et qui en découlent donnent déjà une idée par rapport au degré d’adhésion des béninois, à la gestion du Président de la république. Mais au-delà, la présidentielle de 2021 parait comme la vraie issue, relative à cette question. Ceci, uniquement si elle est ouverte à tous les béninois et se déroule dans une condition très optimale où toutes les couches pourront s’extérioriser dans les urnes. Hélas, elle ne sera surement pas! Sinon, la quasi-totalité des Opposants de taille, des plus populaires aux plus riches sont déjà depuis lors, out de cette joute électorale prochaine. Avec le système de parrainage désormais instauré et qui est uniquement à la portée de la mouvance, certains se demandent si la présidentielle n’est pas déjà contrôlée. Avec ce préjugé qui devient de plus en plus pertinent, l’ouverture à tous de cette élection présidentielle à venir gage d’expression de toutes les couches est déjà compromise. Dans cet environnement donc, rien n’est si sûr. En cela, le statut de héros que certains tentent d’attribuer à Patrice Talon sera toujours remis en cause, donc mitigé.

J.G

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