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Mise en garde Philippe Aboumon relative à la présidentielle “Les exclusions font le lit aux violences “

Publié le mardi 4 aout 2020  |  aCotonou.com
Orou
© aCotonou.com par DR
Orou Philippe ABOUMON, ancien administrateur du port autonome de Cotonou
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cette fête de l’Indépendance, la soixantième, être l’amorce d’un nouvel espoir pour notre cher pays qui traverse actuellement des moments difficiles.

Mes chers compatriotes,

Il y a de cela dix ans, le 1er août 2010, notre pays célébrait avec ferveur et espérance son cinquantenaire. Cette fête du cinquantenaire était l’occasion pour nous de faire notre bilan introspectif pour voir le chemin parcouru. C’était aussi l’occasion de nous projeter en avant pour voir où, nous voulions aller.

Dans ce travail d’introspection, nous avons pu nous rendre compte que notre pays a beaucoup balbutié à l’instar de la majorité des pays Africains; il a beaucoup titubé. Notre histoire au lendemain des indépendances a été parsemée d’instabilités politiques. Ces instabilités ont fragilisé la vie démocratique de la jeune République qui venait de naître. Mais nous ne sommes pas tombés. Nous avons su démontrer que nous étions un grand peuple, riche de sa diversité et de sa complémentarité. Nous avons surtout démontré que le peuple béninois est un peuple épris de paix et attaché à une tradition démocratique. Nous avons ainsi réussi depuis l’historique Conférence Nationale des Forces Vives de février 1990 à instaurer un modèle de démocratie parmi les plus exemplaires en Afrique. Comment donc, ne pas saluer le génie de ce peuple fier et résilient, qui sait si bien transcender ses difficultés et faire face à son destin, ce grand peuple qui ploie, mais ne rompt jamais !

Dix ans après, l’heure est venue de faire le bilan. Que reste-t-il de tout l’espoir suscité par les réflexions de notre cinquantenaire ? Quel chemin sommes-nous engagés actuellement ? Où allons-nous avec un attelage si précaire tel que nous le constatons aujourd’hui ?

Béninoises, Béninois,

L’heure est grave ! Nos espoirs se sont évaporés. Dix ans après, le chemin parcouru est mitigé. Ce chemin apparaît encore plus catastrophique depuis 2016 où, notre cher pays a changé de gouvernance dans une ferveur qui était révélatrice de la soif inextinguible du peuple à un mieux-être. Chers compatriotes de l’intérieur comme de l’extérieur, le Bénin va mal !

L’espoir suscité par l’avènement de “la rupture“ a duré le temps d’un feu de paille. Le pays n’a pas seulement cessé d’avancer. Ayons le courage de le dire ! Nous avons reculé. Notre édifice démocratique est en ruine. Depuis 2016, le pays a été soumis à des assauts multiples qui ont mis à mal notre paix, notre liberté et notre vivre-ensemble. Les libertés d’expression ont été dangereusement restreintes. Les fils et filles de ce pays sont traqués, contraints à l’exil ou emprisonnés. Pour la première fois dans l’histoire de notre jeune et riche parcours démocratique, des élections ont été organisées en excluant une grande partie de la population, en supprimant la compétition par l’entremise de lois habiles et visiblement taillées sur mesure.

La parodie d’élection législative du 28 avril 2019 a été couronnée de tuerie des citoyens sur l’ensemble du territoire national. C’est le lieu ici de nous incliner devant la mémoire de ces dignes fils de la Nation. À toutes les familles qui ont été endeuillées par ces malheureux événements, nous présentons nos sincères condoléances. Malheureusement, nous continuons de trainer les conséquences de cette grave crise électorale qui a brisé la cohésion nationale. Le pays en est sorti divisé, meurtri et affaibli. Les dernières élections communales du 17 mai 2020 n’ont pas fait mieux. Il y a clairement un désaveu de la gouvernance actuelle en témoigne les faibles taux de participation aux différentes élections qui jadis, étaient des fêtes populaires.

Sur le plan économique, les prouesses chantées par nos gouvernants ne sont visibles que sur le papier. Le peuple assiste médusé à une invasion de tous les secteurs vitaux du pays. Les pans entiers de l’économie sont confisqués. Les emprunts sur le marché financier se sont accumulés à un rythme exponentiel alourdissant la dette du pays, tout ceci sans contrepartie visible dans l’amélioration de la vie des populations. Pendant ce temps, les taxes ont été démultipliées. Les réformes menées souvent de façon solitaire et sans préparation aucune n’impactent que de façon incertaine, la vie quotidienne des populations.

Sur le plan social, nos populations sont à la peine. La misère est ambiante et les populations ne mangent plus à leur faim. Pendant combien de temps encore devrons-nous attendre cette marmite qui dure depuis quatre ans sur le feu ?

Béninoises, Béninois,

Je sais combien vous êtes meurtris !
Je sais combien vous souffrez dans votre chair !
Je partage vos légitimes appréhensions de notre lendemain proche et lointain. Le doute s’est installé dans nos esprits. J’entends le grondement sourd d’un peuple qui n’en peut plus. Je vois nos jeunes et nos femmes totalement désemparés.

Mes amis de l’intérieur comme de l’extérieur du pays,

Nous sommes en crise. Mais ces crises ont réveillé quelque chose en chacun. Je vois en vous cette flamme d’un espoir nouveau qui jaillit de vos cœurs. Je vois en vous cette soif de rebâtir. Je vois en vous le désir de vous relever pour que le pays ne sombre pas.

Je partage cette conviction avec vous que c’est en affrontant courageusement notre réalité actuelle que nous pourrons retrouver les chemins de l’espérance. Ce défi nouveau qui nous tend les bras appelle le courage et l’engagement de chacun. Le courage de tourner dos à un système qui a largement montré ses limites et l’engagement de porter le Bénin avec de nouvelles énergies. Si nous voulons avancer, il nous faut agir. Agir ici et maintenant ! C’est pourquoi je vous appelle au courage de l’action. Une occasion unique nous est offerte de rebâtir le Bénin sur des valeurs démocratiques, sur le travail bien fait, et la prospérité véritablement partagée.

Béninoises, Béninois, cher (e)s compatriotes

Nous devons relever ce pari ensemble. C’est pourquoi je n’accuse personne. Tout ce que nous avons vécu fait partie des expériences parfois douloureuses de la vie. Mais nous devons apprendre de nos erreurs pour avancer vers un avenir meilleur. Je ne jette la pierre à personne. Nous sommes tous coupables de nos ignorances. Je lance donc un appel à tous les Béninois et Béninoises, quel que soit leur bord politique, leur religion, ou leur origine. Ce qui nous unit aujourd’hui est plus fort que ce qui nous divise.

J’en appelle à tous : opposition, mouvance, syndicat, société civile, jeunes et femmes de villes et campagnes, laborieux travailleurs de nos contrées, têtes couronnées, religieux, etc. Vous tous qui nourrissez un amour profond pour le Bénin, le pays nous appelle ! Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, mobilisons-nous pour offrir une chance unique à notre beau pays le Bénin de prendre la place qui est la sienne dans le concert des nations dans une marche résolue pour le développement inclusif dans la paix et la cohésion sociale. Je vous convie à l’espérance. Je vous convie au courage de l’action. Je nous convie au courage de prendre des décisions fortes capables de relever notre tête.

Je propose à cet effet que tous les enfants de ce pays se parlent. Je propose que le Bénin parle au Bénin. J’en appelle à la responsabilité historique du Président de la République, Monsieur Patrice TALON. En tant que Président de la République, vous avez la charge d’écouter vos concitoyens qui parlent dans les maisons et les chaumières. Vous avez le devoir, d’écouter le cri de cœur de votre peuple. Il est encore temps pour bien faire.

Nous sommes liés par le destin commun du Bénin. Dans quelques mois, le Bénin abordera un autre tournant décisif de son histoire. Les élections présidentielles de 2021 sont déjà à nos portes et il est impératif de régler certains préalables qui seront gages de la stabilité du pays.

Il convient que la question du code électoral soit mise sur la table. Certaines dispositions de cette loi sont suffisamment chrysogènes. Les dispositions sur le parrainage des candidatures ne sont pas de nature à faciliter une participation de tous aux élections. Nous devons éviter d’aller dans ce sens, car les exclusions font le lit aux violences. Nous engageons le Président de la République avec toute la classe politique dans son ensemble, à lancer des consultations nécessaires pour une relecture inclusive de la loi électorale.

Il est également indispensable que la question de la liste électorale soit revisitée. Cette liste en l’état, n’est pas gage de transparence. Cette liste doit être auditée par un comité ad ‘hoc pour la rendre fiable et crédible.

Les institutions au cœur du processus électoral à savoir la CENA et la Cour Constitutionnelle ont suscité à travers les expériences électorales de 2019 et 2020, une crise de confiance à cause de certaines de leurs décisions. Il urge de ramener la confiance du peuple en ces institutions qui constituent le socle de notre architecture démocratique.

Je propose à cet effet, par une volonté politique forte, que des solutions consensuelles soient trouvées. Pour ce qui concerne la CENA, la classe politique dans son ensemble pourrait s’entendre pour mettre sur pied une CENA ad ‘hoc pour l’organisation des prochaines élections présidentielles. De même, la Cour Constitutionnelle, juridiction compétente en matière d’élections présidentielles, pourrait être assistée exceptionnellement par les anciens Présidents de cette haute juridiction pour ramener la confiance et assurer des élections présidentielles apaisées en 2021.

Chers frères et sœurs d’ici et d’ailleurs,

Au-delà de nos divergences partisanes, nous devons nous rassembler sur l’essentiel : l’unité de notre pays et la légitimité de nos institutions. Je suis convaincu que notre pays a la force et le génie d’avancer et de faire quelque chose de plus grand. Les défis de la mondialisation, du changement climatique, du numérique, de la sécurité attendent notre société. Nous ne pouvons y faire face sans la paix. Et les élections inclusives, transparentes et crédibles sont gages de paix et de stabilité pour une Nation.

Béninoises, Béninois,

Je voudrais finir mon propos en vous assurant de notre capacité à transcender nos divergences. Nous sommes capables de réussir ensemble et le Bénin peut encore réussir. Le Bénin doit réussir. C’est notre combat à nous tous.

Je vous remercie ».

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