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Fermeture des frontières nigérianes/Un an après: La Rupture dans l’illusion d’une résilience

Publié le vendredi 21 aout 2020  |  Matin libre
Bénin
© Autre presse par DR
Bénin – Frontière Nigériane: « le gouvernement béninois a intérêt à se taire », Me Sadikou Alao
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Hier, jeudi 20 août 2020, cela fait un an que le Nigéria a fermé ses frontières à ses pays voisins dont le Bénin. Ce qui était partie pour n’être qu’une situation temporaire, a duré dans le temps pour devenir une véritable épreuve. Un an après, le gouvernement de la Rupture tient-il toujours la dragée haute ?



Peut-on parler de résilience après un an de fermeture des frontières nigérianes ? Qu’on le veuille ou non, ce choc imprévu impacte considérablement aussi bien le gouvernement béninois, les opérateurs économiques que le citoyen lambda qui tire ses revenus des activités de contrebande entre les deux pays. Que l’économie béninoise ait été rudement touchée, n’est qu’un secret de Polichinelle. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le ministre de l’Economie et des finances a reconnu que la fermeture des frontières nigérianes a occasionné des dommages à l’économie béninoise, estimés à 48,6 milliards FCFA. Soit un peu plus de 10% des recettes brutes de la douane et moins de 5% des recettes totales de 2019. Nul n’est besoin de rappeler que le Bénin tire 20% de son Pib des échanges avec le voisin de l’Est. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Il fallait que le gouvernement de la Rupture trouve les moyens de contrer ce choc. Est-ce l’une des raisons de la présence régulière du Bénin sur le marché financier de l’Uemoa ? On peut juste constater que, de plus en plus, pour régler les chocs exogènes, les emprunts obligataires semblent être une panacée pour le gouvernement de la Rupture. Hier, jeudi 20 août 2020, le Bénin a encore émis des Obligations Assimilables du Trésor. Cette énième opération permettra de mobiliser 20 milliards FCFA. C’est possible que cela serve au règlement de dettes antérieures. Mais, même si la dette intérieure reste soutenable malgré tous ces emprunts, il faut reconnaître que les gouvernements précédents n’avaient pas habitué les Béninois à ce mode répétitif de financement de l’économie. Comment alors penser que le choc venu du Nigéria n’en est pour rien ? Dans ces conditions, peut-on se réjouir d’une résilience du gouvernement face à la fermeture des frontières nigérianes ?

Quid du citoyen lambda

C’est par le prix relativement moins cher de l’essence de contrebande que le Béninois lambda a le sentiment de jouir de la proximité de son pays avec le Nigéria. Avec la fermeture des frontières, cette activité se poursuit, malgré une légère hausse du prix de l’essence frelatée. A supposer qu’il n’y a plus du tout de ‘’Kpayo’’ ou que le litre soit deux fois le prix à la pompe, ce n’est pas évident que les quelques stations en activité arrivent à satisfaire la demande. Là encore, peut-on parler de résilience ? Il en est de même des commerçants qui évoluent dans l’informel. Ceux qui contournent les frontières pour aller déverser au Nigéria les produits de premières nécessités comme le riz, l’huile, etc. D’une manière ou d’une autre, ils continuent leurs activités, même s’ils doivent faire face à beaucoup plus de tracasseries. Il reste alors la catégorie d’opérateurs économiques qui sont dans un commerce formel avec le Nigéria. Ont-ils été interrogés pour savoir l’impact réel de cette fermeture sur leurs activités ? De toute évidence, les informations qui viennent du rang de ce lot d’entrepreneurs ne sont pas des plus rassurantes.

Quand on a la chance d’être à côté d’un marché de 200 millions d’habitants et qu’on ne peut en profiter, y-a-t-il une raison de se réjouir d’être résilient ? Certes, le Bénin n’est pas à l’origine de la situation. Mais il est obligé d’y trouver une solution. Et c’est ce à quoi les conseillers et soutiens du chef de l’Etat doivent s’évertuer. Il faut renouer le dialogue avec le Nigéria, autant de fois qu’il faut jusqu’à ce que la situation se rétablisse. Il n’est nullement question de bomber le torse et dire qu’après un an, le Bénin tient bon. Tant que le Nigéria n’a pas rouvert ses frontières, cette situation doit se révéler une sinécure pour le gouvernement de la Rupture.

M.M
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