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Fraternité N° 3499 du 6/12/2013

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Dépitée par la qualité de la gouvernance : L’Un appelle à la tenue des assises nationales
Publié le mercredi 11 decembre 2013   |  Fraternité




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Sévère réquisitoire contre le gouvernement et son chef. C’est ce qu’il convient de retenir des propos des ténors de l’Union fait la nation (Un) réunis hier au siège de leur regroupement. Au cours d’un face à face avec les professionnels des médias, ils n’ont pas fait dans la dentelle pour désavouer sans ménagement la qualité de la gouvernance.


D’abord, il est revenu à Théophile Montcho, coordonnateur général adjoint de l’Union de planter le décor. Pour lui, la tension sociale et politique permanente devient la marque déposée de la gouvernance béninoise.

« Peut-on dénombrer les conflits avec les syndicats, avec les organisations paysannes, les tentatives de liquidation de toute opposition et des libertés, les actes de démantèlement de l’Administration publique dans ses principes et dans ses règles élémentaires de fonctionnement, les tentatives de décrédibilisation de l’appareil judiciaire et d’instrumentalisation des institutions de la République ? Que peut-on attendre d’un gouvernement qui au bout de huit ans, a instauré un système et une atmosphère d’insécurité juridique et judiciaire, où la confiance entre les dirigeants et le Peuple s’est complètement érodé ? » s’est-il interrogé. D’un ton ferme et sans équivoque, il soutient que l’Un n’est plus partie prenante à un dialogue politique national, car « la vision et la pratique du gouvernement en place lui enlèvent toute crédibilité pour discuter et rechercher des solutions à la misère généralisée ».

Visiblement, cette force active de l’opposition soutient l’idée des « Assises Nationales » lancée par le Front Citoyen pour la Sauvegarde des Acquis de la Démocratie. Il devra s’agir d’un moment important de réflexion et de confrontation des idées afin de poser les balises idéologiques, politiques, programmatique et méthodologique d’une alternance pacifique au sommet de l’Etat.

Selon Bruno Amoussou, puisque c’est la peur et le silence qui font la force des dictatures, « il s’agit aujourd’hui d’accélérer la création des conditions d’une alternative véritable, pour restaurer la crédibilité de notre pays, sa démocratie, la sécurité des personnes et des biens, la confiance dans nos institutions ». Dénonçant ce qu’il considère comme le culte de la personnalité, l’idéologie de la division et l’impunité politique, il appelle les forces vives à une clarté et une constance politique.

(Lire ci-dessous l’intégralité de la déclaration liminaire)
Déclaration liminaire


1-Nous avons décidé de vous rencontrer ce matin, Mesdames et Messieurs les journalistes. Il serait fastidieux de vous énumérer les raisons qui justifient cette rencontre. Le plaisir de vous revoir et d’échanger avec vous me semble aussi important que la célébration des 10 et 11 Décembre, deux dates majeures dans le cours de notre histoire. Le combat pour la défense et la promotion des Droits humains est plus que d’actualité dans notre pays. Nous sommes hélas revenus à des préoccupations que nous pensions dépassées. Nous devrions encore aujourd’hui, veiller sur des acquis qui vont de soi pour les jeunes. Le combat contre une révision opportuniste de la Constitution du 11 Décembre 1990 s’inscrit dans la même veine. Avec un petit recul, on peut se surprendre des débats en cours dans ce pays, qui ne manque toutefois pas de problèmes majeurs à résoudre.

Rien que le chômage massif des jeunes et la masse de plus en plus grande de jeunes qui quittent l’école et qui n’ont aucune formation, survivant d’expédients et grossissant la masse des béninois pauvres et extrêmement pauvres, rien que ces problématiques pourraient nous occuper de manière utile. Mais, hélas ! L’incurie politique nous distraie et nous impose des combats dont on pouvait faire économie. Mais, comme vous le savez, les tragédies révèlent les grands hommes. Je ne connaissais pas particulièrement ce jeune homme, entêté dans ses convictions, alerte d’esprit et entièrement dévoué au combat, je veux nommer Maitre Sambaou, à la mémoire de qui je vous demande de vous lever pour observer une minute de silence.

2.’ai une autre sollicitation à votre endroit. Dans l’analyse des faits et les conclusions que vous en tirez, souvenez-vous qu’il était une fois en Juillet 2012, nous proposions à l’ensemble des forces sociales et politiques une grille de lecture de notre situation nationale, assorties d’un ensemble de suggestions. Entre autres, nous écrivions que « Lorsque l’incendie se déclare souvent dans le village, il ne suffit plus de l’éteindre. Il faut rechercher les causes communes de tout ce qui arrive et s’attaquer à leur suppression ».

Depuis 2006, en effet, vous pourriez noter la propension de ceux qui nous dirigent à provoquer des incendies, au point où la tension sociale et politique permanente devient la marque déposée de la gouvernance dans notre pays. Peut-on dénombrer les conflits avec les syndicats, avec les organisations paysannes, les tentatives de liquidation de toute opposition et des libertés, les actes de démantèlement de l’Administration publique dans ses principes et dans ses règles élémentaires de fonctionnement, les tentatives de décrédibilisation de l’appareil judiciaire et d’instrumentalisation des institutions de la République ?

Il est temps que nous cessions de nous pencher sur ces incendies, alors qu’il s’agit d’en supprimer la source. Il s’agit de décrypter les liens entre la misère galopante et la gouvernance du pays. Mais, il faut aller plus loin et constater que la vision politique et les stratégies déployées par l’Exécutif découlent du péché originel que nous avions identifié depuis longtemps.

« … la source principale des maux qui empêchent une saine gestion de notre pays et son progrès économique et social est l’incapacité des forces politiques nationales à constituer des organisations politiques suffisamment fortes et cohérentes pour donner un contenu réel et concret à notre indépendance, à notre souveraineté et à notre option pour la démocratie.
De telles organisations, qui disposeraient d’une base sociale étendue à l’inverse de groupes régionaux, sont seules capables de définir et de mettre en œuvre une politique de développement et de satisfaction des besoins de la majorité des Béninois. Leur absence n’a pas permis de former des leaders politiques aguerris et compétents pouvant conduire des actions cohérentes dans la durée, en phase avec les réalités de notre temps ».

L’économie d’une démarche rationnelle, le refus de suivre les exemples réussis des pays développés ou émergeants, qui sont dirigés par des femmes et des hommes, forgés dans le combat politique, dans la gestion des choses et des hommes, dans l’analyse concrète des situations concrètes, cette option qui nous a été imposée par diverses manipulations a fini par nous pousser vers le naufrage. Nous avions attiré l’attention sur l’imminence de ce naufrage. Nous en avions appelé à un dialogue politique national. La question aujourd’hui, qu’il faut se poser gravement, c’est l’utilité d’un tel dialogue dans l’état actuel de la situation de notre pays.

Nous avions affirmé que l’une des conditions du succès d’un dialogue national est que le gouvernement se dispose à arrêter immédiatement la destruction des emplois, la déstabilisation des bases de notre économie, les atteintes aux libertés, le double langage et les changements incessants de décisions puis la dilapidation de l’argent public.

Depuis Juillet 2012, au lieu d’arrêter ces dérives pour rendre un dialogue national fructueux, le gouvernement s’est enfoncé davantage. Le gouvernement et son Chef ont démontré à la face du monde qu’ils ne sont pas capables de faire amende honorable. La situation actuelle, à deux très longues années de la fin du quinquennat se révèle extrêmement grave. Le gouvernement et son Chef ont perdu tout ressort pour rebondir. Après avoir épuisé sa propre crédibilité et largement entamé le capital crédit qui était attaché au Bénin, le gouvernement et son Chef n’ont plus de solutions et se contentent d’intensifier le culte de la personnalité du Chef, la corruption et la propagande faite de mensonges d’Etat, d’actes de parjure et d’intoxication de l’opinion.

Que peut-on encore attendre de ce gouvernement, incapable d’élaborer un budget conformément à la loi, qui promet du travail aux jeunes tout en détruisant les opérateurs économiques privés et laissant se dégénérer la qualité des dépenses et des investissements publics ? Que peut-on attendre d’un gouvernement qui au bout de huit ans, a instauré un système et une atmosphère d’insécurité juridique et judiciaire, où la confiance entre les dirigeants et le Peuple s’est complètement érodé ?

Aucun pays ne se développe dans une telle atmosphère. Yayi relève désormais du passé. Il s’agit aujourd’hui d’accélérer la création des conditions d’une alternative véritable, pour restaurer la crédibilité de notre pays, sa démocratie, la sécurité des personnes et des biens, la confiance dans nos institutions. Il s’agit de mobiliser notre peuple autour de revendications essentielles :

1) La cessation immédiate de toutes les persécutions à l’encontre des citoyens béninois contraints à l’exil, emprisonnés sans jugement, ou réduit à l’inactivité. De même, s’agit-il de libérer immédiatement, tous les prisonniers politiques, notamment Désiré Vodonou maintenu en prison malgré les décisions de justice ordonnant sa libération, les membres du Comité de Développement de Natitingou qui ont eu le tort d’exiger un compte-rendu de l’utilisation de ressources publiques.

2) L’organisation sans délai, des élections locales, communales et municipales, exigences constitutionnelles, avec une liste alternative à la Lépi. Il apparait clairement que la correction de celle-ci ne constitue pas un souci majeur pour le gouvernement et son Chef. La manœuvre est toute trouvée, « pas d’élection, sans Lépi », donc pas d’élection ;
3) L’accès équitable de tous les partis politiques, des organisations de la société civile et des citoyens aux organes de presse de service public.

En tout état de cause, l’Union fait la Nation continue patiemment, résolument et avec esprit de suite, son édification, comme une force politique d’opposition et d’alternance. Il nous faut poursuivre avec conviction la formation de nos militants, le quadrillage du territoire national et des différentes couches sociales, y compris la diaspora.

L’Union fait la Nation retire sa revendication de dialogue politique national, constatant que la vision et la pratique du gouvernement en place lui enlèvent toute crédibilité pour discuter et rechercher des solutions à la misère généralisée. Le gouvernement en place ne peut plus contribuer à identifier et mettre en œuvre des solutions. Ce gouvernement et son Chef font partie des problèmes de notre pays.

L’Union fait la Nation soutient l’idée des « Assises Nationales » lancée par le Front Citoyen pour la Sauvegarde des Acquis de la Démocratie. Pour l’Un, il devra s’agir d’un moment important de réflexion et de confrontation des idées afin de poser les balises idéologiques, politiques, programmatique et méthodologique d’une alternance pacifique au sommet de l’Etat.

Les « Assises Nationales » doivent permettre que les forces sociales et politiques opposées aux errements de l’Etat Fcbe et de ses alliés osent se concerter et projeter un programme patriotique de restauration de la démocratie, de l’Etat de Droit, des libertés publiques les plus étendues, de la liberté d’entreprise et de sauvegarde des principes républicains de l’égalité de tous et du respect de la dignité humaine. L’Un n’exclut pas des « Assises Nationales » les patriotes sincères, membres de la majorité présidentielle actuelle, adhérant à l’initiative, parce que désireux d’apporter leur contribution à restaurer la dignité de notre Nation et créer les conditions minimales pour la paix, la stabilité et une véritable prospérité partagée.

L’Union fait la Nation en appelle aux jeunes, aux femmes, aux travailleurs de tous ordres, aux producteurs agricoles, aux artisans et aux intellectuels patriotes afin que nous faisions des semaines et des mois à venir, un moment d’éveil et d’organisation, pour mener avec succès, les combats qui s’imposent à ce carrefour essentiel de notre histoire. C’est la peur et le silence qui font la force des dictatures.

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