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Dans la veine de sa 18ème célébration au Bénin: Des femmes leaders se prononcent sur le 08 mars
Publié le samedi 9 mars 2013   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le ministre béninois de la Famille, Fatouma Amadou Djibrill


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La gent féminine est à l’honneur. C’est la journée internationale de la femme. Pour la 18ème édition au plan national, le thème retenu s’intitule « Une promesse est une promesse : Il est temps d’agir pour mettre fin à la violence contre les femmes » Dans ce dossier, des femmes leaders du Bénin appellent à une mobilisation générale et à plus d’engagement en vue d’une élimination définitive de toutes les formes de violences faites aux femmes... Elles ont également formulé des doléances à l’endroit du gouvernement.

Fatouma Amadou Djibril, ministre de la Famille :« La femme béninoise n’est pas mieux traitée »

A l’occasion de la célébration de la Journée du 08 mars, Fatouma Amadou Djibril, ministre de la Famille, des affaires sociales, de la solidarité nationale, des handicapés et des personnes du 3ème âge, a délivré hier jeudi un message sur la condition de la femme béninoise. Le thème choisi par les Nations-Unies pour célébrer l’édition 2013 est « Elimination et prévention de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles ». A ce propos, la ministre a rappelé que la femme béninoise « n’est pas forcément mieux traitée » encore. L’une des causes de cet état de fait, est que l’environnement socioculturel demeure hostile à l’idée d’une femme égale de l’homme, jouissant des mêmes droits et privilèges. Pour elle, les normes sociales établies par nos cultures qui donnent le pouvoir à l’homme de dominer la femme, ont par ailleurs conduit de nombreuses sociétés à verser dans les violences à l’égard des femmes. Or, rappelle le message de la ministre, les violences faites aux femmes et aux filles constituent une infraction aux droits humains et font partie intégrante des crimes et délits réprimés par les lois. « Les violences faites aux femmes sont lourdes de conséquences, et causent des traumatismes physiques et des dommages psychologiques irréversibles chez la femme, et sont inhibitrices des efforts de développement et de réduction de la pauvreté. L’élimination des violences faites aux femmes et aux filles constituent donc un des enjeux majeurs à relever pour un développement durable et équitable », a-t-elle ajouté. Pour finir Fatouma Amadou Djibril, a appelé au changement de comportement et à la mise en place de stratégies efficaces pour réduire, voire bannir les violences faites aux femmes et aux filles.

Laurence Monteiro, Présidente de l’Association des sages femmes du Bénin et membre du Collectif des femmes leader du Bénin :« Loi sur la parité, les femmes ne sont pas battues dans ce combat »

C’est bien que le thème de la Jif 2013 porte sur les violences faites aux femmes. Mais les violences ne sont pas que corporelles, elles sont aussi morales. Celles-ci sont encore très fortes au Bénin à cause des us et coutumes. Il faut que cela soit banni des habitudes. La loi portant prévention et répression des violences faites aux femmes vient d’être promulguée. Il faut qu’elle soit vulgarisée d’abord avant qu’on ne pense à des résultats. Il faut donc que tout le monde puisse être imprégné du contenu. A un an, il ne peut pas avoir d’impacts tangibles. Cependant, il y a de petits résultats qui sont visibles avec les réseaux, groupements et associations de femmes qui font beaucoup pour cela. Avec la loi, il y a déjà des hommes qui se retrouvent en prison pour avoir exercer une violence sur leur femme. Je voudrais remercier tous ceux qui ont contribué au vote de la loi. Pour la loi sur la parité, je dirai que le cinéma auquel nous avons assisté est dramatique. Nous avons eu droit à tout sauf ce qui est bon pour la femme. La majorité des députés (sauf quelques uns que je voudrais saluer ici), se sont rués sur les femmes sans rien comprendre. De toute évidence, les femmes ne sont pas encore battues dans ce combat. Nous avons pris du recul pour mieux sauter. Mon appel au Chef de l’Etat, c’est qu’il ne se contente pas de dire qu’il nous aime, mais qu’il veille à la mise en application du vote de cette loi sur la parité. Nous aimer c’est bon mais passer à l’action c’est encore mieux.

Célestine Zanou, ancienne Directrice de Cabinet du Pdt Kérékou :« La femme doit conquérir ses droits et établir une société plus juste »

Sans remonter dans les temps immémoriaux, il convient de dire que depuis l’avènement du renouveau démocratique en 1990, notre constitution a formellement établi l’égalité entre les sexes. Des textes et réglementations subséquents ont été pris pour en définir les modalités d’application. Pour regarder devant nous, il s’agit de savoir ce que la femme doit faire pour conquérir ses droits et contribuer à établir une société plus juste, plus épanouie, où chacun pourra disposer du pouvoir suffisant pour bâtir une société équitable. Il faut donc informer et communiquer pour une prise de conscience de la femme dans la transformation positive de la société. Il faut lever les contraintes à une participation consciente du pouvoir partagé, et la première contrainte à lever à ce niveau est l’analphabétisme contre lequel une lutte s’impose pour le très court terme, et ensuite la scolarisation des filles pour le moyen et long terme. Quand ces freins liés à l’ignorance sont levés, il faut développer de nouvelles activités génératrices de revenus préservatrices du milieu à savoir la pisciculture, l’ostréiculture le développement de la culture maraîchère, la régénération des cocoteraies et leur exploitation avec une nouvelle vision de manufacture qui pourrait employer beaucoup de femmes (industrie de lait de coco) et enfin le tourisme. Tout ceci ne serait possible que si les femmes se réveillent et participent activement et pleinement à tous les niveaux où se décide leur sort. Prenant conscience de ce rôle qu’elle joue et qui constitue son atout majeur dans la société, la femme devrait s’écouter en permanence pour cultiver et continuer à être la gardienne des valeurs comme le travail, le courage et la bravoure afin de servir de modèle à ses enfants et faire la fierté de ses parents. L’amour, afin de participer à l’établissement d’une société juste équilibrée et équitable. La solidarité, surtout entre la gent féminine et dans le monde en général afin de n’œuvrer qu’à la concorde indispensable à la cohésion sociale. Le bon sens afin de contribuer à éliminer de ce monde les injustices qui le minent.

Rafiatou Karimou, Ancien député et ministre :« Le Chef de l’Etat doit donner l’exemple »

« Pour ce qui concerne le vote de la loi sur la parité, je pense que même si sur le plan politique la chose n’est pas possible tout de suite (parce qu’il ne faut pas qu’on mette n’importe quelle femme sur les listes), sur le plan administratif par contre, il y a des efforts qui doivent être consentis. Le Chef de l’Etat par exemple doit commencer à son niveau déjà par nommer 10 femmes et 10 hommes s’il décide d’un gouvernement de 20 membres. Je voudrais qu’il donne l’exemple. Il a dit qu’il nous aime. Il faut qu’il donne l’exemple. S’il le fait, je serai dans le peloton de tête, nous allons parcourir tout le pays et l’applaudir. Il fait des efforts mais ce n’est pas du tout à la hauteur de nos attentes. Il nous a promis 30% de femmes il a mis 8. Mais à son dernier remaniement il a enlevé une. Moi je ne vois pas ce qu’il a fait. Je l’attends maintenant pour la loi sur la parité. On m’a dit qu’il a soutenu le projet de loi sur la parité. Je dis qu’il faut que lui-même donne l’exemple. Nous voulons avoir 10 ou 12 femmes pour le prochain remaniement. S’il le fait, nous allons le porter en triomphe. S’il fait bien on va le soutenir. Mais quand cela ne va pas on sera là aussi pour lui dire attention ! Les femmes béninoises se battent beaucoup sur tous les fronts. Au plan économique elles font un travail extraordinaire. Leur apport est considérable dans le développement économique du pays mais tout ceci n’est pas quantifié. Même pour leur participation au sein des instances de décision, elles sont presque absentes. Nous nous battons pour corriger cet état de chose. Des efforts sont faits mais beaucoup restent à faire. Le thème de cette édition est évocateur parce que depuis des décennies on a fait tellement de promesse, mais si on évalue aujourd’hui, les violences existent toujours. La femme est un être sacré. Il faut tout faire pour bannir ce comportement dans notre pays. La loi est votée certes mais qu’est ce qu’on fait pour mettre toutes les lois qu’on vote en application ? C’est la vraie question. A notre niveau, on œuvre pour une large vulgarisation de ces textes de loi parce que les béninois ne connaissent pas les lois, surtout les femmes. Il faut également traduire ces textes dans les langues traditionnelles. Il y a tous ces aspects qui handicapent les efforts.

Léontine Idohou, Présidente de Rifonga Bénin :« Beaucoup d’actions sont menées pour décourager les violences faites aux femmes »

Le thème choisi cette année est l’un des meilleurs thèmes. Je l’ai beaucoup apprécié parce que c’est un problème mondial. Aucun pays n’est épargné, encore moins une femme et un homme. Le fait de voter la loi sur les violences faites aux femmes ne suffit pas. Il y a la promulgation, ce que le Chef de l’Etat a fait. Il y a aussi la vulgarisation pour que la population sache qu’il y a une telle loi et soit mise au courant du contenu pour pouvoir l’exploiter. Avant le vote de la loi, les organisations de la Société civile ont travaillé sur le projet Empower pendant 4 ans avec Care Bénin et l’Usaid. Grâce à ce projet, nous avons sensibilisé les hommes des médias, les femmes. Nous avons aussi formé les juristes, les assistants sociaux, les juges, gendarmes et policiers. Je peux vous dire à ce sujet que beaucoup d’hommes sont emprisonnés par rapport à cela. Les auteurs ne sont laissés pour compte. Au niveau du projet Empoyer, nous avons formé les notables, les religieux, les sociologues, les femmes et les jeunes pour leur donner des enseignements en prisons afin qu’ils changent de comportement. Il y a également des hôpitaux de zone qui sont prévus dans ce sens là pour expérimentation. Dans ces hôpitaux, lorsqu’une femme violentée se présente, elle est prise en compte sur le plan sanitaire, juridique et psychologique. Toujours dans le projet Empoyer, ce qui est bien, c’est la réinsertion des femmes victimes de violences. Ceci leur a permis de devenir économiquement autonome. Ce sont des actions du genre que nous devons promouvoir, car partout dans le monde, les femmes et les hommes continuent d’être violentés. Nous prenons en compte les bébés violentés, les enfants placés violentés. C’est pour vous dire que le problème est devenu mondial auquel tout le monde doit contribuer. Pour ce qui est de la loi sur la parité, je dirai que ce n’est pas la première fois qu’une loi a été rejetée. Les lois sur le harcèlement sexuel, le foncier rural, même les violences dont nous parlons aujourd’hui ont été à plusieurs reprises rejetées avant qu’elles ne soient votées plus tard. S’ils rejettent la loi, il n’y a aucun problème puisque c’est leur rôle. Ils vont revenir là-dessus et finiront par la voter. Soit en l’améliorant ou en l’adaptant selon leur compréhension de la chose. Mais ce que je déplore, ce sont les propos tenus par certains députés à l’égard des femmes. Nous estimons que c’est une humiliation des femmes, ce sont des injures et à propos, je ne suis pas d’accord. Mon appel n’ira pas seulement en direction du Chef de l’Etat. Il faut que les violences faites aux femmes soient dénoncées. Il ne faut plus que les gens gardent cela comme une honte. Qu’ils ou elles soient intellectuels (les) ou analphabètes, dès que des cas de violences se présentent, il faut qu’ils soient dénoncés et punis pour éradiquer ce mal.

Maître Edith Gwladys Campbell, notaire à Cotonou :« Il faut poursuivre les efforts »

« L’esprit de la Journée du 8 mars demeure un concept qui avalise la poursuite des combats de l’émancipation de la femme depuis des lustres. C’est avant tout, une journée militante, qui prône le principe de la reconsidération de la femme à tous les niveaux : niveaux social, économique, religieux, politique. Le Bénin n’est pas resté en marge de ces défis à relever, et vous n’êtes pas sans savoir que la loi ‘’d’égal accès d’emploi entre les hommes et la femme’’ a été introduite au sein de l’hémicycle. Et pour des raisons de sous représentation de la femme dans ses instances de décision, cette loi est demeurée lettre morte, je veux dire sans suite. Aujourd’hui, les femmes occupent plus de postes de responsabilité à divers niveaux et innovent beaucoup de choses à travers les associations et les formations des femmes. Je rappelle que la femme, surtout celle dans les zones rurales représente un pourcentage non négligeable et joue un rôle important dans le jeu politique. J’exhorte donc le président de la République à honorer ses engagements de 30 % afin qu’il promeuve cette franche de la population à la base, dans tous les secteurs d’activités, dans les gestions municipales ; bref dans les instances de pouvoir de décision pour une gouvernance concertée, pour un Bénin toujours uni, prospère et béni »

Honorine Attikpa, Directrice générale de la Loterie nationale du Bénin :« Les femmes prennent de plus en plus conscience de leur rôle dans la citée »

« Le sentiment qui m’anime est un sentiment de joie. C’est heureux de savoir qu’une journée est dédiée au sexe féminin. De plus en plus au Bénin comme par ailleurs dans le monde, les femmes prennent conscience de l’importance de leur rôle dans la société. La preuve est que beaucoup de femmes se mobilisent. De 8 mars en 8 mars la fête prend de l’ampleur. Donc, il y a une prise de conscience au niveau des femmes. Elles prennent conscience de leur rôle dans la société. C’est très important. Je me réjouis de ce que la volonté politique accompagne les femmes. Vous n’êtes pas sans savoir toute l’attention que le premier magistrat porte à la gente féminine. La preuve c’est qu’il qualifie notre beauté. ‘’Vous êtes belle’’ ‘’je vous aime’’. C’est des choses que les femmes aiment attendre. En dehors de cela, en son temps, il y a la promotion de la femme. Il y a aujourd’hui beaucoup de femmes au gouvernement. Nous acteurs de la promotion de la femme, nous voyons que notre lutte est en train de porter ses fruits. Cependant nous ne devons pas verser dans l’autosatisfaction. Il reste du travail à faire. Tant qu’il y aura encore une femme qui n’est pas épanouie. Il ya du travail à faire. Ceci étant, il est normal de faire un bilan et de trouver que les conditions de la femme s’améliorent. Avec le micro crédit au plus pauvres, les conditions de vies des femmes s’améliorent. C’est une mode de sauvetage pour les femmes. La situation serait améliorée si dans tous les foyers et coins et recoins du Bénin, les parents mettent les filles de façon spontanée à l’école. Car il n’y a pas de développement sans éducation. Comme on le dit, qui éduque une femme, éduque une nation. Donc les filles comme les garçons doivent aller à l’école. Ils doivent être maintenus à l’école. Pour ceux qui pensent que les femmes doivent rester à la maison, ou qui continuent d’envoyer les filles en mariage, ils sont en train de pêcher, car les filles sont tout aussi intelligentes que les garçons parfois plus. Elles peuvent apporter leur pierre à l’édifice de notre Nation. C’est une journée de fête de bilan de chaque femme au foyer. Je remercie le président de la République et lui dit de persévérer parce que la tache n’est pas facile. Il faut que les hommes se lèvent. Je lui dis qu’il y a tous les soutiens des femmes béninoises.

Carole Iko Afe Mitchaï, Vice-présidente du Réseau des femmes fonctionnaires parlementaires du Bénin :« Il faut s’interroger le vrai rôle de la femme… »

« La femme est la deuxième composante de la société et à ce titre, elle mérite quand même une bonne place. Vous savez, nous sommes dans une société qui marginalise dans tout son sens la femme, et que les Nations Unies pensent à la commémoration de cette journée, c’est louable. D’autant plus que la lutte au départ était une lutte fondée sur les bonnes conditions de travail, je pense qu’aujourd’hui, nous avons fait un pas en ce sens qu’on parle du bon positionnement et de l’implication des femmes rurales dans le développement de notre société. Nous sommes dans une société trop bouillante. Une société où tout le monde est violenté en particulier la femme. Une société où l’homme marginalise la femme alors que nous sommes tous égaux. Si nous faisons le point aujourd’hui, ce sont les femmes qui travaillent beaucoup plus dans les ménages. Le thème central de cette année, une promesse est une promesse : Il est temps de passer à l’action pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes. Si ce thème central est mis sur tapis, c’est parce qu’on a constaté qu’il ya plus de violence au sein des ménages. J’ai un avis. C’est la femme qui est le garant de la maison. Par rapport à ça, elle a un grand rôle à jouer pour l’éducation des enfants. Si aujourd’hui, nous avons une société où il y a trop de violence, on doit s’interroger en tant que femme. Quel a été notre rôle jusque là ? Qu’avons- nous fait pour travailler à ça ? Cela nous interpelle, lorsque nous crions sur les enfants, lorsque les parents se disputent devant les enfants, vous convenez avec moi que nous allons sûrement former une société d’hommes violents. J’en appelle à la conscience de chacun de nous en particulier à celle des femmes qui ont le devoir de former et bâtir une société de paix. »

Maroufath Falola, Conseillère communale à Ifangni :« Nous devons nous imposer en douceur »

« Plus qu’un symbole, les retrouvailles du 8 mars sont une occasion pour rendre hommage à la femme mais plus encore pour réfléchir sur son rôle dans la société. En réalité, la femme est au cœur du développement tout comme l’homme. Seulement elle semble marginalisée dans une société dont les valeurs culturelles et traditionnelles semblent la réduire au silence. Vous comprenez bien ce que je veux dire. Ce n’est pas facile pour la femme de s’affirmer socialement et de prendre le rôle de leader. En tout cas, mon expérience personnelle en tant que la seule femme conseillère au Conseil communal d’Ifangni d’une part, et d’autre part en tant que femme leader me le prouve à suffisance. Déjà le regard projeté sur la femme leader et politiquement engagée dans notre société en dit long. Pourtant, c’est elle qui représente le sel dans la sauce. C’est pour vous dire qu’elle a un rôle crucial à jouer aux côtés de l’homme. Alors la journée du 8 mars devrait retenir l’attention de toutes les femmes. C’est une journée exceptionnelle. Et au-delà du côté festif, nous femmes, nous devons nous appesantir sur notre image, bien entendu avec les hommes. Qu’allons-nous faire pour amener les hommes à comprendre, que seuls, ils ne peuvent relever les défis du monde et tout faire ? Ils ont besoin à leurs côtés des femmes. Ailleurs, cette vision de la relation entre l’homme et la femme force l’admiration. On peut voir la femme aux commandes, démontrer son savoir sans chercher à affronter l’homme. C’est vrai qu’il y a parfois des brebis galeuses. Mais cela ne devrait aucunement empêcher l’épanouissement des femmes. Récemment, les députés ont reporté sine die la proposition de loi portant égalité d’accès aux fonctions entre l’homme et la femme. Et donc, j’invite les femmes à célébrer cette journée du 8 mars en ayant en tête qu’il nous reste encore de chemins et il faut nous unir pour nous imposer en douceur... »

Claire Houngan Ayémonna, Magistrat, Présidente de la Fondation Regard d’Amour :« Un sentiment de fierté et d’indignation… »

C’est à la fois un sentiment de fierté et d’indignation. Fierté parce que grâce aux combats menés par des femmes très engagées et les mouvements féministes à la fin du XIXème et au début du XXeme siècle, le droit de la femme à la citoyenneté a été reconnu et sa situation tant socio-économique que juridique a beaucoup évolué dans le bon sens. Malgré les avancées encourageantes, je suis indignée face à certaines inégalités dont la femme est encore victime et que certaines personnes, hommes et femmes cherchent à justifier par des traditions qu’elles mêmes ont rejetées depuis, à voir leur mode de vie, d’être et de paraître. Mais il faut reconnaître qu’il y a des progrès. Dans le domaine de la scolarisation, les progrès sont remarquables ; sur le plan juridique, le Benin a ratifié beaucoup de conventions et adopté beaucoup de textes de loi favorables à l’égalité des sexes, à la protection et à l’épanouissement de la femme. Malheureusement le harcèlement sexuel, les grossesses précoces, les avortements clandestins, le poids des travaux domestiques, le retard dans la prise de conscience, la misère ambiante font que le taux de maintien de la fille dans le cursus scolaire et universitaire est encore trop faible par rapport aux garçons. Or, la jouissance de beaucoup d’autres droits par la femme dépend de son niveau intellectuel et de son autonomie financière. Un autre élément que je ressens comme échec, c’est quand certains raisonnent comme si les lois votées par la représentation nationale ne méritent pas application ou ne sont applicables qu’à une catégorie de citoyens. Pour une représentativité plus accrue de la femme il faut trois choses. Une prise de conscience au niveau de tout le monde, particulièrement les hommes qui doivent comprendre ce besoin comme un facteur de développement et non une perte de privilège masculin, une volonté manifeste de la femme à travers son éducation, une volonté politique qui doit se traduire par une loi favorisant une représentativité plus accrue des femmes dans toutes les instances de prise de décision. Pour la loi sur la parité, je ne peux pas dire qu’il y a eu échec. Il y a eu plutôt une peur à faire face au risque inévitable alors on a préféré la politique d’autruche. Mais avant le report, il y a eu un défoulement regrettable qui n’honore guerre les honorables quand on s’imagine tous les textes précédemment ratifiés et adoptés par le Benin. L’histoire se répète comme au moment de la lutte contre l’esclavage, pour les indépendances et pour la démocratie. C’est une lutte de longue haleine au bout de laquelle la victoire attend. Le thème retenu pour cette année est le reflet des problèmes et des promesses non tenues auxquelles les femmes sont actuellement confrontées. Ce n’est pas la loi sur l’élimination des violences en elle-même qui va changer les choses. Le tout dépend de l’exploitation que chacun en fait en commençant par les femmes victimes. N’oubliez pas que vous ne pouvez pas faire le bonheur de quelqu’un contre sa volonté. Une chose est d’avoir un droit, autre chose est de se battre pour l’exercer ou en jouir. C’est vraiment dommage pour l’esclave qui préfère sa situation de servitude à celle de son affranchissement. Il sera traité en esclave jusqu’au moment où l’indignation des révoltés prendra le dessus. Les indignés, il y en aura toujours et c’est cela qui me rassure et me donne de l’espoir. Si j’ai un message à lancer au Président de la république, je lui dirai de ne faire aux femmes que les promesses qu’il peut tenir et de tenir ses promesses a l’égard des femmes.

Dossier réalisé par La Rédaction

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