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Taxe pour le développement du sport: Raouf Affagnon fait une proposition à Talon

Publié le mercredi 23 septembre 2020  |  Matin libre
Raouf
© Autre presse par DR
Raouf AFFAGNON,Enseignant à la retraite,Consultant en Education et en Dialogue socia
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(Lire la lettre de l’ancien syndicaliste)



Raouf AFFAGNON Cotonou, le 22 Septembre 2020

Enseignant à la retraite

Consultant en Education

Et en Dialogue social

03BP 416 Cotonou

LETTRE OUVERTE


A

Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,

Chef du Gouvernement

Cotonou

Objet : A/s de la taxe pour

Le développement du sport

Monsieur le Président de la République,

Dans la loi de finances, exercice 2019, votre gouvernement a inscrit la taxe pour le développement du sport. L’objectif immédiat qui est poursuivi, selon le compte-rendu du Conseil des ministres du 4 décembre 2019, est de faire naitre « l’adhésion des grandes entreprises à la décision de leur contribution au financement du sport, à hauteur d’un pour mille de leurs chiffres d’affaires, hors toutes taxes » . L’objectif à moyen terme, semble t’il, est de « susciter l’intérêt du secteur privé à la professionnalisation du sport dans notre pays d’une part, et à la propriété ou la copropriété des associations et clubs sportifs par les entreprises d’autre part ».

Le premier mérite de cette décision gouvernementale qui prend appui sur la promotion du « fund raising », une pratique sociale qui a cours dans les pays anglo-saxons, est qu’elle rappelle à l’opinion publique que l’éducation, dans son état actuel, mérite l’attention particulière de tout le monde. Elle indique également que le développement de la nation est l’affaire de tous les citoyens, y compris les gouvernants. Le second mérite de la décision est qu’elle montre aux citoyens que rien de ce qui est humain ne doit nous être étranger. Autrement dit, partout où nous sommes, nous devons toujours avoir le souci d’apporter notre contribution au développement de la vie communautaire, voire nationale, en jouant la carte de la solidarité humaine. Le troisième et dernier mérite de la décision est qu’elle enseigne aux citoyens que <
En réalité, l’éducation est la politique à long terme. C’est ce que nous enseigne l’historien français Jules Michelet, lorsqu’il affirme que la première, la deuxième et la troisième partie de la politique, c’est l’éducation. Pour parler comme le Professeur Paulin HOUNTONDJI, dans sa préface aux Actes des Etats Généraux de l’éducation d’octobre 1990, « la survie de la nation dépend d’abord de la qualité du système éducatif ». Pour sa part, le Professeur Joseph KI-ZERBO, dans son livre Eduquer ou Périr, dira que « le progrès d’une société dépend du niveau général atteint par sa population; c’est dire que le système éducatif devrait être assez souple pour être offert à tous , enfants , jeunes et adultes, femmes et hommes ». Les pays qui ont compris et appliqué ces leçons connaissent toujours une amélioration qualitative de leur économie et de son fonctionnement. C’est le cas de la Côte-D’ivoire du Président Félix HOUPHOUËT –BOIGNY et de la Corée du Sud du Président Moon JAE-IN. En termes clairs, le principal indicateur du progrès d’une société, c’est l’école et non le sport. C’est exact Monsieur le Président de la République, le rayonnement du sport béninois peut aussi contribuer à soigner l’image de notre pays. Mais, à quoi ressemblerait la fierté du Bénin si les footballeurs talentueux de notre pays, après une victoire, sont incapables devant la presse, de s’exprimer couramment en français ou de bien se défendre en anglais, de loin la langue la plus étudiée et la plus parlée dans les communications internationales. Monsieur le Président de la République, vous le savez autant, sinon mieux que moi, l’état de santé de notre système éducatif est, depuis quelques temps, critique. Les signes cliniques, dans les trois ordres d’enseignement, sont la carence des infrastructures scolaires et universitaires, des moyens pédagogiques avec comme corollaire les classes et amphithéâtres à effectifs pléthoriques et le système des classes volantes ou le jumelage des cours élémentaires et moyens, première et deuxième années, l’insuffisance des laboratoires et bibliothèques et leur sous équipement, la pénurie d’enseignants et le retour à la politique suicidaire de « tout cadre est enseignant » avec des professeurs d’histoire et géographie et d’anglais, récemment invités à enseigner le français dans les établissements publics des enseignements secondaires, le caractère sous développé de la recherche scientifique, le recrutement des enseignants titulaires de diplômes académiques au détriment des enseignants qualifiés, à l’ère de la professionnalisation du métier d’enseignant, etc. Ce tableau clinique de notre système éducatif, Monsieur le Président de la République, est on ne peut plus préoccupant.



Pour travailler à une amélioration rapide de la situation et faire de l’éducation dans notre pays la première priorité nationale, nous avons besoin de mobiliser de grands moyens. Au vu de l’ampleur des problèmes à résoudre, la contribution du budget de l’Etat est une goutte d’eau dans la mer. Pour preuve, le gouvernement a actuellement des difficultés à payer les subventions dues aux établissements publics et est incapable de payer celles dues aux établissements privés. C’est donc à juste titre que les Etats Généraux de l’éducation, en 1990, ont affirmé que « le financement étant un facteur limitant du développement du système éducatif béninois, il apparait clairement aujourd’hui qu’une nouvelle politique de financement doit être définie, en tenant compte de la situation générale de rareté des ressources et de différentes contraintes majeures actuelles ». Les Etats Généraux de l’éducation sont rentrés dans les détails en proposant que « le financement de l’éducation doit être conçu comme un financement mixte qui impliquera « la participation réelle et raisonnable :

– de l’Etat aux dépenses de fonctionnement des écoles et établissements primaires et secondaires privés et publics, à la formation des formateurs, aux établissements de formation technique, aux œuvres universitaires , à la recherche scientifique, aux bibliothèques et laboratoires des établissements scolaires et universitaires ,aux centres de santé pour soigner les élèves et étudiants, etc ;

– de tous les usagers de l’école ;

– des personnes physiques et morales de bonne volonté;

– et la création d’un Fonds Spécial pour le Développement de l’Education », à alimenter pendant une période de cinq ans.

C’est sur ce rappel historique que je vous prie, Monsieur le Président de la République, d’agréer l’expression de ma plus haute considération.



Raouf AFFAGNON
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