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Usage du naira dans les transactions commerciales à Sègbana: Le franc Cfa reprend ses droits

Publié le mercredi 7 octobre 2020  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Bio Tian Orou Zimé,maire de Ségbana
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Par Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori,

Les transactions commer-ciales à Sègbana se déroulent dans une situation un peu particulière, du fait de la proximité de la commune avec le Nigeria. Malgré la présence remarquable du naira sur le marché intérieur, le franc Cfa ne perd pas pour autant sa valeur aux yeux des populations. Elles perçoivent à travers cette monnaie un instrument qui renforce la présence du Bénin dans leur commune.


Leur commune étant frontalière sur une bonne partie de sa longueur avec le Nigeria, les populations de Sègbana sont beaucoup plus habituées à utiliser le naira. Ce n’est pas pour autant qu’elles ont rejeté le franc Cfa, la monnaie de leur pays. Elles la conservent jalousement.Il reste, selon elles, une monnaie précieuse. Elles en ont conscience et sont convaincues que, face au naira, le franc Cfa est plus fiable.
En effet, les populations de Sègbana préfèrent garder le franc Cfa. C’est pour, après l’avoir échangé en naira, mener leurs activités, explique leur maire Bio Tian Orou Zimé. Mais, poursuit ce dernier, ce n’est pas dans tous les arrondissements de la commune que le naira est utilisé. « A Sokotindji et Lougou, vous ne verrez pas le naira, mais plutôt le franc Cfa. Ce sont des arrondissements qui ne sont pas proches de la frontière avec le Nigeria, comme surtout celui de Sègbana centre », fait-il observer.
Selon le maire, c’est en 1997 que le naira est entré dans les habitudes des populations de Sègbana. « Avant, on n’utilisait pas la monnaie nigériane », indique Bio Tian Orou Zimé. En cette année-là, rappelle-t-il, le coton avait connu un problème d’indisponibilité des insecticides à utiliser et la récolte n’était pas bonne. « Le gouvernement ne payait plus le fonds coton à temps. Il se fait que, malheureusement, en cette période, le Nigeria a commencé à s’intéresser au coton. La vente frauduleuse de cette culture va se développer en direction de ce pays. C’est à partir de 1997. Il y a donc eu une ouverture vers le Nigeria, puis le marché de Gamia a commencé par s’animer »,
explique-t-il. « Du coup, le commerce sur le plan intérieur a baissé, les populations préférant aller vendre leurs productions au marché de Gamia, du côté du Nigeria. Elles profitent pour acheter tout ce qu’elles peuvent. C’est là où elles ont adopté le naira», insiste le maire.

Inverser la tendance

En effet, les produits vivriers constitués surtout de céréales, les populations arrivent facilement à les écouler vers le Nigeria, avec le naira comme monnaie. « En fait, le débouché est garanti et assuré du côté du Nigeria. Mais n’allez pas chercher la qualité. C’est là où le bât blesse »,
explique Aziz Sobabé, un exploitant agricole rencontré à Liboussou, un arrondissement de la commune. « Lorsque tu prends un produit agricole comme le maïs et que tu le rends propre, avant de le mettre en vente sur le marché à Parakou, tu perds. Ce n’est pas rentable. Par contre à Sègbana, les preneurs sont déjà là. Ils attendent, prêts à se précipiter sur ta marchandise, sans discuter, quel que soit le prix que tu auras proposé. C’est ce qui rend difficile aujourd’hui le commerce intérieur au niveau de la commune », va appuyer le maire.
Aujourd’hui, que faire pour que le franc Cfa reprenne le dessus sur le naira à Sègbana? C’est la question qui préoccupe Bio Tian Orou Zimé et les membres de son Conseil communal. Ils ne perdent pas espoir.
Déjà, avec la fermeture de la frontière nigériane, se réjouit Bio Tian Orou Zimé, ce n’est plus aisé de faire passer les céréales vers le géant de l’Est. « Depuis un moment, c’est de l’intérieur du Bénin que les commerçants affluent plus vers Sègbana. Ils viennent acheter avec le franc Cfa le soja, surtout à un prix raisonnable où chaque partie y trouve son compte. Dans ces conditions, c’est le naira qui commence par se retrouver en difficulté. Il a perdu de sa valeur sur le marché local. Ce qui l’a fait fuir depuis quelque temps », confie-t-il, très satisfait. C’est dire, fait-il, remarquer, que l’on peut inverser la tendance en faisant déprécier le naira. «Pour mettre en difficulté le naira à Sègbana, il faut que le commerce intérieur se développe», assure-t-il, tout en avouant que le naira ne rend en réalité pas service à sa commune.

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