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Le Professeur titulaire de sociologie anthropologie des universités du Cames, Dodji Amouzouvi, au sujet des cas de suicide au Bénin

Publié le jeudi 5 novembre 2020  |  aCotonou.com
Dodji
© aCotonou.com par DR
Dodji Amouzouvi,Directeur des établissements privés d’enseignement supérieur (Depes)
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« Nous devons faire très attention à ce phénomène en voulant l'aborder. Y a-t-il eu nombre élevé de cas de suicide ou bien y a-t-il eu forte médiatisation des cas de suicide. C'est hyper important de faire cette nuance et de savoir cela. Et pour le savoir, il faut mettre côte à côte les statistiques des autres années au 1er novembre et les statistiques de cette année. J'ai ouï dire de source policière que chaque année, le Bénin enregistre 100 à 110 cas de décès. Sommes-nous déjà à ces chiffres cette année ? Première question. Pour pouvoir répondre aux autres questions à savoir pourquoi çà touche la partie septentrionale du Bénin, pourquoi les jeunes, pourquoi une corporation... il faut nécessairement faire une petite incursion exploratoire pour savoir les raisons pour lesquelles ces gens là se suicident avant de pouvoir opiner. On peut se suicider pour mille raisons. On peut se suicider par dépit, par dépression, déception amoureuse, économique, professionnelle, politique... On peut se suicider tout simplement parce que la vie ne nous offre plus aucune autre alternative. On peut se suicider parce qu'on est allé contracter un prêt et la honte arrive, on ne peut pas payer...On peut se suicider parce qu'on a commis des actes et on sait que la police va nous attraper et pour ne pas subir cela on se donne la mort. Donc, tant qu'on ne connait pas réellement les mobiles du suicide des uns et des autres, avancer une explication dans la cécité ou dans le noir serait purement anti-scientifique. Ce que je dis vaut pour tous ceux qui commentent cette situation, surtout les politiciens et même les religieux. Face à la forte médiatisation de ces cas de suicide, le scientifique que je suis doit faire extrêmement attention pour savoir s'il y a recrudescence et connaitre les vraies raisons. Quand j'entends les politiques dire que c'est la gestion du pouvoir actuel qui pousse les gens au suicide sans savoir si le suicide a un lien avec le pouvoir, cela me crée un souci. A Kouandé, on signale que celui qui s'est suicidé a déjà fait plusieurs tentatives et que c'est un déséquilibré mental. Va-t-on mettre çà encore sous le cou de Talon, sous le compte de la gestion actuelle du pouvoir ? Et si on va chercher les autres et qu'il se trouve que quelqu'un a une déception amoureuse parce que sa promise est allée avec un autre, on va mettre çà sous le cou de Talon ? On ne le mettra pas ! On le mettra si et seulement s'il mérite de l'emploi, il n'a pas cet emploi par injustice d'une politique et que c'est en raison de son statut de chômeur que la fille l'a quitté. Et là encore, on peut voir... Mais vous voyez que c'est déjà à un niveau 3e voir 4e degré. Et les politiciens qui se jettent sur cette affaire pour dire que les suicides sont liés à la gestion du pouvoir Talon vont trop vite en besogne. De la même manière pourquoi le septentrion ? Je crois que c'est les raisons qu'il faut savoir pour pouvoir dégager la cause de ces suicides. S'il se trouve que c'est majoritairement le coût social et économique de la vie qu'ils ne supportent plus et se donneng la mort, c'est à voir si entre le Nord et le Sud, la vie est plus dure au Nord qu'au Sud. Ensuite on va rentrer dans les dispositions religieuses, dans les dispositions de morale, de valeur pour voir quel est le sens et la pertinence que le Nordiste accorde à la vie, que le Sudiste accorde à la vie. Si pour eux la vie est sacrée et elle ne vous appartient pas, vous n'aurez pas la facilité de vous l'ôter. Il y a beaucoup de choses à prendre en considération et à la date d'aujourd'hui on n'a pas beaucoup d'informations et on est obligé d'émettre des hypothèses, de faire des élucubrations comme on dit, des réflexions à vide parce qu'on ne détient pas la bonne information. Actuellement je suis en train de m'apprêter pour aller au Nord. Je vais sillonner les foyers touchés par les cas de suicide pour écouter les gens et voir si on peut décrypter un peu ces gestes là. Cela pourra nous permettre de faire de bonnes analyses ».

Propos recueillis par El-Hadj Affissou Anonrin
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