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Prospérité en Afrique: Une croissance source de pauvreté et d’inégalités sociales

Publié le jeudi 12 novembre 2020  |  L'Economiste
L’extrême
© aCotonou.com par DR
L’extrême pauvreté
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L’économie s’est mondialisée. Cette réalité économique s’appelle la globalisation: la tendance des entreprises multinationales à concevoir des stratégies à l’échelle planétaire conduisant à la mise en place d’un marché unifié. Mais le fait le plus marquant, c’est la globalisation financière, le marché unifié de l’argent. Et, cette mondialisation financière est permise par les nouvelles techniques (télécommunications, informatiques), la déréglementation, le décloisonnement des marchés et la désintermédiation marquée par le recul du poids de la finance indirecte, des banques, dans le financement de l’économie. En des termes plus précis, c’est l’évolution des circuits de financement qui permet aux Agents économiques d’accéder directement aux marchés des capitaux sans passer par le système bancaire.


La qualité de la gouvernance publique

Cette réalité économique, phénomène social, ne permet à aucun Etat de se satisfaire de son niveau de développement. Dès lors et, dans l’histoire de la pensée économique, diverses « conventions » apparurent de fait, permettant de mettre en œuvre un modèle économique ou un système économique, par lequel tout Pouvoir public gère son économie.

Quelle est la qualité de la gouvernance publique en Afrique? « The héritage FOUNDATION » basé à Washington a rendu public le classement de l’index 2020 de la liberté économique de 51 pays africains.

il s’agit d’un indicateur qui, à l’analyse confirme que la gestion économique et sociale d’une nation, d’un ensemble d’Etats, exige un profond et large consensus politique et social, dans un but d’atteindre un développement plus inclusif, au risque de s’éterniser, génération par génération, dans une stratégie d’éternel recommencement après chaque régime politique incarné par une personne élue ou non.

Indice de liberté économique

Classement des pays africains

Rang Afrique Pays Score Catégorie Rang mondial Nombre de pays
1er 02 Ile Maurice Rwanda 74,9 70,9 Globalement libre Globalement libre 21ème 33ème 2
03 04 05 06 07 08 09 Bostwana Seychelles Cap vert Maroc Tanzanie Namibie Madagascar 69,9 64,3 63,6 63,3 61,7 60,9 60,5 Modérément libre Modérément libre Modérément libre Modérément libre Modérément libre Modérément libre Modérément libre 40 72 76 78 89 96 99 7
10 12 13 14 15 26 30 Dont : Côte d’Ivoire Ghana Afrique du Sud Sénégal Nigéria Bénin Egypte 59,7 59,4 58,8 58,0 57,2 55,2 54,0 Peu de liberté Peu de liberté Peu de liberté Peu de liberté Peu de liberté Peu de liberté Peu de liberté 101 104 106 110 116 133 142 32
Dont : Tchad, Algérie RDC, Congo, Libéria Répressif 10
Ensemble AFRIQUE : Pays examinés 51
Source : The Héritage FOUNDATION, Washington classement 2020

Ce sont douze facteurs quantitatifs regroupés en quatre grandes catégories (dont l’Etat de droit) qui ont permis ce classement mondial en cinq catégories. Seules les économies véritablement « libres », au nombre de six occupent les premiers rangs : Singapour (1er), Hong-Kong (2ème), la nouvelle Zélande (3ème), l’Australie (4ème), la Suisse (5ème) et l’Irlande (6ème), et d’autres nations, hors afrique, constituent la première catégorie. Les quatre autres grandes catégories concernent notamment l’Afrique.

Tous les pays sont classés sur la base des scores obtenus (de 0 à 100). Ainsi se dégagent quatre catégories figurant ci-dessus dans le tableau Afrique : Globalement Libre, Modérément libre, Peu de liberté, Répressif.

Pauvreté et Inégalités sociales

Dans le jargon économique le terme « croissance » est généralement utilisé pour mesurer l’évolution relative d’une grandeur entre deux périodes. C’est pourquoi, la somme des valeurs ajoutées (biens et services) réalisées en une année par les entreprises exerçant leurs activités dans un pays constitue le Produit Intérieur Brut (PIB), il est considéré comme un indicateur économique. Mais en réalité dans la manipulation du PIB, devenu une définition comptable, on note qu’à l’origine, le PIB est un indicateur de crise, celle de 1929-30. Par la suite, le PIB après les Accords de BrettonWoods, est imposé sous une forme « améliorée » au reste du monde par les Etats unis grâce au Plan Marshall, comme l’indicateur unique du bien-être. Cependant que le PIB ne mesure pas plusieurs indicateurs du bien-être dont la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable, à la nourriture, au logement. Il y a plus surprenant, le secteur dit « informel » en Afrique, réellement productif, créateur d’emplois et animateurs de l’économie sociale et ou de compassion ; ces initiatives sont enfermées dans les normes occidentales de collecte des impôts pour les Etats. Selon DenaRingold Directrice régionale de la Banque mondiale pour le développement humain en Afrique occidentale et centrale, « …les travailleurs du secteur informel représentent 80% de l’emploi total dont près de 90% sont des femmes ». Ces Unités Dénaturées de Création de Richesse (UDCR) ne peuvent ainsi pas suffisamment contribuer à ce PIB national, au progrès social de l’africain ; vu l’inefficacité règlementaire et l’inertie au niveau de l’Union Africaine, en passant par les Communautés Economiques Régionales (CER).

Mettons deux exemples qui expliquent pour l’essentiel cette « croissance » africaine qui s’enferme dans un univers confus de pauvreté et d’inégalités sociales. La pandémie du coronavirus fait même découvrir des poches de misère. Les Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), cet ensemble, est une zone de déflation (cf l’économiste du Bénin N°1666, 26 mai 2020), n’est pas fortement rejetée pour deux principales raisons. La première raison, il existe cette forme de croissance artificielle, donc de rattrapage, pas homogène ni inclusive, mais subie par les populations, dans un système de gouvernance où d’une manière générale, en Afrique, aucun dirigeant politique ne se sent véritablement obligé de rendre compte de sa gouvernance aux citoyens représentés par une société civile parfois abusée dont certains des membres sont aux ordres ? L’autre raison tient à une illusion de parfaite réussite par le niveau du PIB que proclament tous les dirigeants africains face aux citoyens. Concernant les autres pays africains possédant une monnaie nationale, on place à un rang élevé l’affirmation de la souveraineté nationale. Cependant, il n’y a guère d’approche différente puisque la référence essentielle, c’est la gouvernance qui est de mise en Occident (Europe et Etats-Unis), avec un regard intéressé sur la Chine et le Japon. En vérité, outre la faible volonté politique qui caractérise les dirigeants politiques et les responsables des institutions d’intégration africaine, on relève l’absence d’un leadership de raison, un processus, une stratégie, fondés sur une volonté politique, un ensemble de compétences, de comportement et de capacités dont tout dirigeant africain a, pour motiver et conduire les autres pays vers l’intégration africaine, socle de souveraineté, qui passe par l’adoption d’une convergence économique commune. Face à toutes ces faiblesses, l’Europe annonce un nouveau partenariat UE-Afrique : « Nos priorités en Europe doivent être les mêmes avec l’Afrique : l’égalité, l’Etat de droit et la démocratie ». L’Europe passe de l’aide au développement à des coopérations bilatérales, dans une vision, inavouée, lui permettant d’affronter la stratégie de recherche de débouchés de la Chine sur le continent africain. D’ailleurs, le 20ème anniversaire du Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FCSA), Wang yi Conseillé d’Etat et Ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine, a fortement exprimé la stratégie conquérante de cette Chine dans son discours : « Accompagner l’Afrique dans son processus d’intégration… » Mais, dans une intelligence politique rare, il affirme : « Tout en veillant à faire jouer au FCSA son rôle de planification globale et d’orientation stratégique, nous avons travaillé à consolider les relations bilatérales avec chacun des membres africains… » (cf l’économiste du Bénin n°1769, 20 octobre 2020). Voilà ce que notre Afrique offre au reste du monde. Les Institutions de BrettonWoods spécialisées dans les idées, voire les slogans qui bercent ont réussi à endormir les africains du : « Miracle économique », on a célébré cette nouvelle manière de voir par la « croissance la plus rapide au monde », fierté de certaines classes politiques, avant la survenue de la COVID-19. Ce sont des stratégies, puisque les Institutions de BrettonWoods, FMI et Banque mondiale, ont reconnu des années plus tard, leurs erreurs dans la gestion esseulée des Programmes de l’Ajustement structurel (PAS).

Nécessité d’une convergence économique commune en Afrique

Cette fausse idée de « croissance la plus rapide au monde » vise à masquer les problèmes de sous-développement et la faible volonté politique des Etats membres de l’UA. En effet, sans la pandémie du coronavirus, l’exemple des six Etats africains choisis comme modèles de référence pour le développement, ces modèles, sur la base des données des Nations Unies, ne résistent pas à une analyse économique pertinente et objective. Rappelons ces taux de croissance selon leur importance : Rwanda (8,7%), Côte d’Ivoire (7,4%), Ethiopie (7,4%), Ghana (7,1%), Tanzanie (6,8%) et le Bénin (6,7%). Seul le Ghanaest classé dans la catégorie «Moyen », par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans son Indice de Développement Humain (IDH), en 2019. Les cinq (05) autres Etats modèles sont dans la catégorie : « Faible », dans un indice à quatre (04) niveaux : « Très Elevé », « Elevé », « Moyen », et « Faible ». Par ailleurs dans le classement des cinq (05) Continents par le même Indice de Développement Humain du PNUD, durant la même période, l’Afrique se classe au 5e rang derrière l’Océanie.

Il n’est donc pas abusif de s’interroger sur les modèles de développement des pays africains qui produisent plus de pauvreté et des inégalités sociales.Une autre préoccupation apparait selon les Agences de l’O.N.U . Par exemple, la conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement(CNUCED) dans son rapport 2020 sur le développement économique en Afrique , révèle que de « 2000 à 2015, le total des capitaux qui ont fui l’Afrique s’est élevé à 836 milliards de dollars , soit près de 463 mille milliards de Francs CFA, (par rapport au stock de la dette extérieure de l’Afrique qui s’élevait à 770 milliards de dollars en 2018), cela fait du Continent un créancier net du monde », indique le rapport cité également par l’Economiste du Bénin n°1775, 28 Octobre 2020, comme suit : « Chaque année ces capitaux illicites estimés à 88,6 milliards de dollars, soit 49 mille milliards de francs CFA , ce qui correspond à 3,7% du Produit Intérieur Brut (PIB) de l’Afrique ».

Promouvoir une souveraineté de raison

La question qui se pose n’est pas de pinailler sur le concept de pauvreté, plus préoccupante, consiste à examiner succinctement les faits, les constats par observations du réel : la réalité économique. (cf. Jean Fourastié, productivité et richesses des nations Tel Gallimard Paris)

Aussi nous examinerons la dette des Etats et la Pauvreté, afin de proposer aux lecteurs une explication dans, ce contexte particulier de croissance, vecteur, qui produit la pauvreté et des inégalités sociales. Et la covid-19, fait même apparaître des poches de misère.

Il apparait qu’une gouvernance avec compassion peut recueillir désormais plus de suffrages, après l’apparition de la pandémie du Coronavirus née dans un monde idolâtre du profit et de l’argent. Aux Etats-Unis, même Washington dans son rejet du multilatéralisme, l’Oncle SAM, a toujours la faculté d’orienter l’économie mondiale, globalisée. C’est pourquoi dans cette réalité économique et politique de domination, c’est une guerre par d’autres moyens, on constate que : « JEFF BEZOS (le patron d’AMAZON) pèse plus de 200 milliards de dollars, aidé par le COVID-19, c’est la première fortune de la planète terre ».Il y a plus surprenant et inquiétant « 05 groupes contrôlent 85% du PIB américain actuel qui s’élève à 21.500 milliards de dollars », selon Financial Afrik du 22 Juin 2020.

Le monde entier vit dans une économie de spéculation tirée et animée par les Etats-Unis et ses Bourses de valeurs. En effet, parmi les 05 groupes ayant les actifs les plus élevés, Charles SCHWAB ,2e par l’importance de son groupe, possède des actifs d’une valeur de 4.050 milliards de dollars soit 18,84% du PIB américain ou encore environ deux fois le PIB des 54 pays africains.

Le modèle de vie proposé à l’homme par Dieu, notre Créateur, est résumé dans la Sainte Bible, entre autres dans, « Ephésiens Chapitre 4». Voici un extrait : « Supportez-vous les uns les autres avec amour… Un seul Dieu Père de tous, par tous, et en tous ».

Concernant la pauvreté
La question de la pauvreté a été remise à l’ordre du jour dans la seconde moitié des années quatre-vingt par l’Unicef qui plaide pour un « Ajustement à visage humain ». Ainsi, la Banque Mondiale a consacré son rapport de l’an 2000 à la pauvreté. La nation de pauvreté est devenue politique, aux mains des hommes politiques, à tel point que plusieurs débats en Occident ont introduit des notions de pauvreté relative et, consistant surtout à dire que la pauvreté n’est pas seulement le défaut d’avoir, c’est plus fondamentalement le défaut de pouvoir. En Afrique, comme partout ailleurs dans le monde, l’homme doit revenir à l’essentiel : Une pensée économique et sociale fondée sur le réel afin que l’analyse statistique du taux de pauvreté s’inscrive dans une démarche politique capable d’apporter des solutions concrètes aux personnes les plus faibles économiquement, dans les sociétés africaines, plutôt que de servir d’arguments de campagne pour accéder à des postes de hautes responsabilités. Cette nouvelle approche du développement nous impose d’être attentifs à la gouvernance publique.

Concernant la dette des Etats
L’Afrique des Etats-Nations présente une complexité d’intérêts et de visions politiques. Les intérêts sont opposés dans un contexte particulier qui permet à chaque ETAT de faire prévaloir sa souveraineté nationale. Il n’existe pas une stratégie commune d’endettement. Les pays endettés auprès de bailleurs de fonds publics traditionnels représentés par le Club de Paris et les Institutions de BrettonWoods, recherchent à négocier un moratoire de leurs dettes. Tandis que d’autres groupes de Pays préfèrent payer leurs dettes, celles-ci en partie relèvent des marchés des capitaux privés, sur lesquels parfois opèrent des spéculateurs. D’abord toute négociation se présente comme une illusion pour diverses raisons et, qu’en outre c’est un milieu d’intérêts parfois discutables ayant permis l’existence de Fonds Vautour : C’est un mécanisme qui permet à un Fonds d’investissement de racheter à bas prix, les dettes des pays surendettés, dans une immoralité légalisée permettant d’engager une poursuite judiciaire contre le pays débiteur, contraint à rembourser autour de 200% et plus la valeur de la dette objet de provisions par la Banque. Le Fonds Vautour par cette forte plus-value sur le montant de la dette rachetée sans aucune traçabilité juridique, n’est-ce-pas un arrangement secret Fonds Vautour –Banque, profitable à ces deux organes financiers privés sur le dos du pays endetté ? Enfin, les marchés des capitaux privés, fonctionnent sur une logique du profit, même lorsque le visage du créancier est connu, les relations diplomatiques ne peuvent servir.

L’Afrique semble admettre l’importance que l’Extérieur lui accorde dans les négociations internationales. L’absence de leadership organisé au sein de l’Union Africaine, et à l’intérieur des Communautés Economiques Régionales(CER) constitue un réel handicap pour le Continent. D’où la nécessité de promouvoir une souveraineté de raison, celle qui permet de construire l’unité Africaine et son indépendance de négociation.

Dans tous les secteurs de développement, l’Afrique dispose d’un pouvoir de négociation, au bon vouloir, des pays les mieux regroupés par intérêts. Citons le cas récent de la Direction Générale de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la candidate de l’Afrique, Mme NGOZI Okoujo-Iwéla, soutenue également par l’Union Européenne, est désormais dans un sursis d’être élue, le 09 Novembre au lieu du 07 Novembre 2020, date à nouveau reportée sine die, sous réserve que les Etats-Unis ne soutiennent plus sa concurrente, la Coréenne YOO Myung-Hee. Dans une hypothèse favorable, quels appuis politiques disposera-t-elle, la candidate de l’Afrique, pour conduire les réformes notamment : les subventions industrielles, les subventions concernant le coton et surtout la réforme du règlement des différends, en faisant prévaloir les intérêts de l’Afrique ? Alors que la part du Continent dans le commerce mondial a régressé pour se situer à environ 2,5% en 2020.

L’entrée en vigueur de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) prévue pour le 1er Juillet 2020 a été repoussée au 1er Janvier 2021, en raison de la pandémie du Coronavirus. Le Secrétaire Général de la ZLECAf Mr Wamkele Mene confirme que ; « Nous(Afrique) avons besoin d’améliorer nos capacités industrielles ». La réalité précoce nous indique que les Etats parties, chacun à sa manière à sa propre vision souveraine de cette zone de libre-échange continentale : « Globalement le niveau d’engagement et la préparation à la mise en œuvre effective de cette zone de libre-échange, par les gouvernements africains est 44,48% en moyenne en termes d’engagement, et le score moyen global pour la préparation à la mise en œuvre est de 49,15%. Aucune des trois plus grandes économies du Continent, l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Nigéria ne figure dans les dix meilleures performances globales de ce classement » (Cf. L’économiste du Bénin n°1771, 22 octobre 2020).

Même dans la mission des Institutions panafricaines de financement de l’intégration et du développement en relation avec les structures nationales de développement, Mr Serge Ekwé, Président de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), à l’occasion d’un atelier virtuel le Jeudi 22 Octobre 2020, a fait ce lumineux constat : «Je voudrais saisir l’occasion de cette tribune pour appeler au renforcement de l’additionnalité et de la complémentarité entre nos Institutions nationales et régionales qui semblent plutôt se concurrencer dans nos aires géographiques de compétence ».

Il existe une forme de « diplomatie douce » et de soumission de l’Afrique à travers les Institutions de BrettonWoods qui fait croire à tout Etat africain qu’il dispose de sérieux atouts auprès de ses partenaires au développement. Ce sont des jeux d’intérêts : durant l’année 2020, la Banque Mondiale a décaissé 8.060 milliards pour l’Afrique, elle a approuvé le 13 Octobre 2020 un plan d’aide de 12 milliards de dollars aux pays en développement aux fins de leur garantir l’accès rapide aux vaccins contre la COVID-19, dès que disponibles. Mais le G7 (Etats-Unis+ Europe) ne veut toujours pas d’une réforme véritable des Institutions de BrettonWoods, contraire à l’esprit des Accords de BrettonWoods qui ignorent l’Afrique, alors sous la domination coloniale.

Dans le passé, l’Occident a utilisé « la monnaie hélicoptère », un financement tous azimuts des économies en crise avec possibilité d’effacer à long terme ces dettes. Dans le financement actuel des impacts de la COVID-19, une appellation spécifique n’existe pas encore, mais la stratégie dite « monnaie hélicoptère » est très voisine des choix de financements adoptés par les Banques Centrales et les politiques budgétaires des Etats concernés. Ainsi la dette des Etats-Unis approche 100% du PIB, au niveau Européen, la dette de la France est annoncée à 120% du PIB. Aucun pays africain ne peut s’autoriser cette largesse du fait que l’UNION Africaine est une configuration d’Etats-Nations ne disposant pas encore et par ses 08 Communautés Economiques Régionales(CER), de véritable convergence économique commune.

Le pouvoir de battre monnaie devient un acte fort de négociation et de manifestation de la souveraineté africaine dans un monde globalisé, coalisé par groupes d’intérêts. Le Professeur Emile James, « l’immortel » a révélé au monde qu’ « IL existe (toujours) des monnaies dominantes et des monnaies dominées », quelque soit le partenaire choisi. Ce sont des négociations parfois longues, secrètes qui permettront, en l’espèce la monnaie africaine de s’affirmer par son identité de monnaie de souveraineté, (de facturation), et internationale. C’est un choix de souveraineté africaine qui impose de gérer rigoureusement en commun, toutes les institutions fédérales. Cette décision hautement politique permet à l’Afrique d’utiliser tous les moyens dont disposent les Etats membres de l’Union Africaine et parties à la ZIECAf, et dans une gouvernance de très haute qualité assise sur des Institutions crédibles par leur surface politique, d’offrir des perspectives diverses à tout partenaire. Il ne s’agit pas de rejeter les règles d’orthodoxie financière classique. L’Afrique doit proposer au reste du monde ses propres règles de convergence économique et ses critères de bonne gouvernance adaptés aux économies africaines. En l’absence d’une telle perspective, l’Afrique s’expose toujours aux influences extérieures, aux diktats des Partenaires variés.

L’Afrique doit fonder ses actions de développement sur le financement de l’économie réelle qui n’est pas source d’inflation et ignore l’existence de la soumission née de l’endettement. Il convient de promouvoir une gouvernance avec compassion et non d’idolâtrie de l’argent. L’Argent n’aime pas l’homme, c’est l’homme qui aime l’Argent, une réelle idolâtrie. Ce modèle de vie est à réformer pour ramener l’Argent à son rôle divin de serviteur et non de maître. L’homme est un Gérant, puisque Dieu a dit « A MOI l’Argent, A Moi l’Or ! », l’homme ne peut servir à la fois Dieu et l’argent (Sainte Bible, Aggée 2,8 ; Luc 16,13).

Docteur François Kouadio

Ancien Fonctionnaire International,

Ancien Elève du Conservatoire National des Arts et Métiers de PARIS

Cotonou 1er Novembre 2020
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