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Art et Culture

Restitution des biens culturels: Le Bénin, pionnier d’une nouvelle approche de coopération

Publié le lundi 21 decembre 2020  |  La Nation
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© aCotonou.com par DR
Objets d`art béninois
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Par Josué F. MEHOUENOU,

L’Assemblée nationale française a adopté la semaine dernière, la loi portant restitution des biens au Bénin et au Sénégal. Ce vote qui constitue l’un des actes forts pour le retour à la source des œuvres en question matérialise surtout pour le Bénin, le vœu d’une coopération sans complexe inaugurée en avril 2016.


Les explications de la ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, sur la loi portant restitution des biens au Bénin et au Sénégal, sont assez édifiantes. Elle insiste que cette loi incarne une volonté de « renouvellement et d’approfondissement du partenariat entre la France et le continent africain » affichée par l’exécutif français. Au-delà de l’approfondissement « du partenariat », il faut surtout voir à travers le parcours du dossier sur la restitution des biens culturels, une nouvelle ère dans la coopération entre l’ex-puissance colonisatrice et ses ex-colonies. Le Bénin en tout cas aura montré la voie en se lançant sur un chantier qui n’a pas souvent réussi à la plupart des pays demandeurs. Sa demande de restitution vue au départ comme un coup d’épée dans l’eau se peaufine et s’est concrétisée par le vote du Parlement français la semaine dernière. Plus qu’une question de temps, le Bénin recevra ses œuvres.
Le Bénin inaugure ainsi une autre forme de coopération qui veut que les pays se parlent d’égal à égal sur divers sujets, peu importe leur sensibilité pour l’un ou pour l’autre. Le Bénin et ses dirigeants ont conduit leur processus sans complexe, permettant ainsi à de nombreux autres pays d’embrayer sur le sujet et de formuler également des demandes pour recevoir leurs trésors culturels. L’option du Bénin, comme on peut le constater, introduit un changement de paradigme dans les rapports entre les pays. Même du point de vue juridique, on peut noter des bouleversements avec la demande du Bénin. Cette demande permet, grâce à un processus singulier, de faire sortir de la France, des objets jugés « inaliénables ». Et c’est là, toute la portée historique de cet engagement du Bénin qui, depuis avril 2016, s’est inscrit dans une autre approche quant à la coopération. Près de cinq ans après, les fruits de cette approche se font entrevoir, mûrs et donnent espoir à d’autres pays. Ceux qui attendaient « de voir si la demande du Bénin va prospérer avant d’agir » peuvent déjà se jeter à l’eau. Ils doivent aussi garder à l’esprit que cette « victoire», le gouvernement béninois la doit à son esprit de collaboration. En son sein, règne une solidarité sans pareille qui se laisse apprécier dans la plupart des grands acquis du quinquennat du président Patrice Talon.
Pour ce qui est de la conservation de ces biens culturels qui ne cesse de faire débat, on s’accorde désormais à reconnaître que le sujet est « dépassé». En dehors des infrastructures aux normes internationales que le Bénin met en place, on évoque aussi « l’expertise locale moderne et même ancestrale » pour trancher la question. « N’oublions jamais que certains de ces objets dataient de plusieurs centenaires avant d’être convoyés en Europe. Dès lors, la question de la conservation ne se pose plus», tranche un gestionnaire du patrimoine.


Tout n’est pas encore gagné !

Le Bénin peut se frotter les mains d’avoir à recevoir d’ici douze mois, 26 œuvres culturelles pillées lors des rapts coloniaux. Ces objets de prestige, de culte, symbole de la puissance de l’ex-Danhomey rejoindront ainsi les lieux d’où ils n’auraient jamais dû partir. Mais tout n’est pas encore gagné pour le Bénin. En dehors de 26 objets très attendus, le pays espère aussi la récupération d’une pièce maitresse dont le symbole cultuel reste incontestable. Il s’agit du « Vodoun Gu » pris par le général Dodds lors de son expédition et qui ne figure pas sur la liste des biens à restituer prochainement. « Le gouvernement et les Béninois tiennent beaucoup à son retour comme symbole de réconciliation et de la célébration de la fin de la colonisation », indique à ce propos une haute personnalité du pays. Le retour de cet objet marquera d’après son analyse, «l’ouverture d’une nouvelle forme de diplomatie respectueuse des us et coutumes de chaque peuple ».
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