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Le plaidoyer du Rachir-Uemoa pour sauver les hémodialysés et insuffisants rénaux du Bénin

Publié le mercredi 30 decembre 2020  |  Fraternité
Paré
© Autre presse par DR
Paré Dramane, le burkinabé président du Réseau des associations des hémodialysés et insuffisants rénaux des Etats membres de l’UEMOA
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Les dialysés comptent leurs morts au Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou. Un bilan macabre qui inquiète le Président du Réseau des associations des hémodialysés et insuffisants rénaux des Etats membres de l’UEMOA, le Burkinabé Paré Dramane qui a effectué le déplacement de Cotonou au Bénin pour échanger avec les autorités sanitaires. Dans un langage de vérité, le premier responsable de RACHIR-UEMOA, a déploré la non prise en charge des hémodialysés et insuffisants rénaux en République du Bénin depuis plus d’un an et plaide pour leur bien-être sanitaire. Il rappelle comment le Bénin a été un modèle en la matière et implore la clémence du Chef de l’Etat à revenir sur sa copie. Suivez sa déclaration et celle du secrétaire permanent du RACHIR UEMOA Edmond Amoussou.

Le président du Rachir Uemoa Paré Dramane implore la clémence du Chef de l’Etat

« C’est une maladie dont tout le monde parle : l’insuffisance rénale. Vu l’ampleur depuis 2012, on a créé un réseau au Niger qui regroupe les huit pays de l’UEMOA (RACHIR). Quand on faisait le point de la gestion de la dialyse par pays, tout le monde voulait ressembler au Bénin. Parce que la manière dont le Bénin s’était organisé pour prendre en charge les dialysés était bien. Le Bénin était un modèle que chacun voulait copier. Au Burkina-Faso entre 2012 et 2013, on a envoyé une mission dans votre pays le Bénin conduite par le professeur Coulibaly pour s’imprégner de ce qui se passait ici. Des infirmiers, Docteurs, des maintenanciers, etc des autres pays membres du RACHIR voulaient aller à l’école du Bénin. Mais aujourd’hui c’est le contraire.
Moi, j’ai été élu en Octobre 2019 à Abobo comme président en exercice du réseau. Suite à ce qu’on entend par rapport au Bénin, les huit pays membres du RACHIR ont voulu du Président en exercice de l’Association que je suis vienne écouter les autorités béninoises pour mieux comprendre ce qui se passe. Et quand je suis arrivé au Bénin, j’ai été reçu avec le secrétaire permanant du Rashir par les autorités, les responsables du ministère de la santé.
Quand on parle de l’insuffisance rénale, 90 % des populations ignorent les causes de la maladie : la tension, le diabète, les infections, les médicaments des rues, la pharmacopée ... Si on sensibilise correctement le reste de la population, je pense qu’on peut éviter l’insuffisance rénale. Et moi, le message que je porte à l’endroit des autorités béninoises, c’est que nous sommes tous africains et lorsque nos frères souffrent de l’insuffisance rénale nous ne devons pas les abandonner.
J’ai été malade depuis 1998 et j’ai commencé la dialyse en 2003. J’ai eu des petits enfants qui travaillent tous déjà. Et moi-même, j’ai travaillé jusqu’à ma retraite malgré mon état de santé. Donc l’insuffisance rénale n’est pas une maladie mortelle comme des gens le prétendent. Tu n’as pas un virus dans le corps, tu n’as pas un microbe dans le corps. C’est le dysfonctionnement d’un organe qui est révélé par la dialyse. Quelqu’un qui fait la dialyse peut travailler pendant plusieurs années... Je demande aux autorités de ne pas abandonner les dialysés. Que les gens nous écoutent. Tout le monde a droit à la vie. Quand on te dit que tu as l’insuffisance rénale et on ne peut pas te soigner, c’est une manière de te dire d’aller mourir. Dans ce cas, il vaut mieux alors ne pas informer les patients du résultat de l’analyse. Mon cri de cœur aujourd’hui, c’est d’implorer la clémence des autorités béninoises. Pendant plusieurs années, les autres pays de l’espace Uemoa voulaient copier le Bénin. Ils veulent ressembler au Bénin et pourquoi ce revirement brusque des autorités béninoises. Il ne faut pas que le Bénin cherche à ressembler aux autres pays qui ne veulent pas prendre en charge les dialysés. C’est mon cri de cœur. C’est un plaidoyer fort que j’envoie aux autorités béninoises ».

Pour le Secrétaire Permanent du Rachir Uemoa, Edmond Amoussou, seul Talon pourra nous sauver

Monsieur le Secrétaire Général Permanent du Réseau des Associations des hémodialysés et insuffisants rénaux de l’Espace Uemoa, qu’est ce qui explique la présence du président du RASHIR-UEMOA au Bénin
Je voudrais vous remercier d’être venus, d’être notre Porte-Parole et de relayer autant que faire se peut cette information. Depuis un certain temps, vous n’êtes pas sans savoir que les hémodialysés du Bénin ont des difficultés. Et nos cris de détresses ont été entendus par RASHIR-UEMOA dont le siège est au Niger et le Secrétariat Permanent est assuré par le Bénin. Le président du RACHIR-UEMOA est au Burkina-Faso et a effectué le déplacement du Bénin, pour mieux comprendre ce qui se passe et formuler son plaidoyer envers les autorités compétentes de notre pays. Il est en même temps le président des dialysés du Burkina-Faso. Il s’agit bien de Monsieur Paré Dramane. Nous avons rencontré les autorités du Ministère de la santé hier. Nous avons échangé avec eux. Il saura nous rendre compte de sa mission.
En réalité, la situation des dialysés est préoccupante et le président a voulu voir clair et plaider à l’endroit du gouvernement.

Quelle est aujourd’hui la situation des dialysés au Bénin ?
Au Bénin, les dialysés sont pris en charge intégralement depuis 1998. Cette décision de prise en charge des dialysés est venue du président Mathieu Kérékou. A l’époque, je n’étais pas dialysé. J’ai commencé ma dialyse en 2007. Si la situation qui prévaut aujourd’hui était mise en œuvre en 1998 ou en 2007, je ne serais pas devant vous. En son temps, j’étais encore dans la catégorie des indigents. La dialyse au Bénin n’a aucun problème jusqu’en janvier 2019. C’est vrai que, dans notre traitement, il y a de petits ratés que nous essayons de corriger avec les autorités de l’hôpital et du personnel médical. Par rapport à la prise en charge, la situation n’était pas aussi criante.

Que s’est-il passé ?
En 2019, nous avons appris qu’une commission a été mise en place pour reformer le système de santé au Bénin. Nous étions contents. Car, nous pensions que notre situation allait s’améliorer. Au cours des travaux, la commission nous a reçus. Plusieurs fois, nous avons échangé avec les membres de cette commission. Ils nous ont même demandé de faire des propositions pour diminuer les coûts de la dialyse et faire en sorte qu’ils soient minimisés afin de permettre à d’autres de bénéficier de la prise en charge. Nous avons fait notre proposition suivant laquelle le montant fixé pour soigner un malade peut prendre en charge deux malades. Malgré cela, en 2019, nous avons appris que les indigents ne seront plus pris en charge. Courant Février-Mars, nous avons appris qu’on a décidé de ne prendre en charge que les ayant-droits c’est-à-dire seulement les fonctionnaires de l’Etat. Chers amis, si vous n’êtes pas Agent permanent de l’Etat, vous n’êtes pas pris en charge. Alors que nous avons tous droit à la vie, à la santé. Tout le monde ne peut pas être fonctionnaire. Et ce ne sont pas que les fonctionnaires qui produisent de la richesse pour le pays. Malheureusement, c’est la décision qui est prise par les autorités du pays. Nous avons commencé par chercher à comprendre davantage, et c’est silence radio. Nous avons saisi toutes les structures du système sanitaire, mais hélas. Les gens nous écoutent, mais au finish, on nous dit que c’est le Chef de l’Etat seul qui peut décider du sort des indigents. Nous lui avons adressé une demande d’audience, mais jusque-là, nous n’avons pas été reçus. Nous plaidons ainsi auprès du Président de la République. Nous ne sommes pas là pour dénoncer, mais nous sommes venus demander pardon au père de la nation afin que tout le monde soit pris en compte. Aujourd’hui, les insuffisants rénaux non fonctionnaires meurent s’ils n’ont pas les moyens de s’acheter le kit de dialyse. C’est un traitement à vie. Si vous souffrez de la dialyse, il vous faut au minimum 100.000 francs Cfa par séance de dialyse. Et les médecins prescrivent deux (2) séances au minimum par semaine. Donc, 200.000 par semaine. Imaginez la suite. C’est un traitement qui est trop onéreux. Au vu de tout cela, les autres pays ont estimé qu’un individu ne peut pas prendre en charge tout seul ce traitement. Raison pour laquelle ils les ont pris en charge.
De la rencontre avec les autorités du ministère, il faut retenir que le ministre de la santé est à pied d’œuvre pour que la prise en charge couvre tout le monde. Mais pendant ce temps, des gens meurent. Nous avons dénombré beaucoup de décès. 300 personnes sont déjà décédées au Bénin faute de moyen. Et ce n’est pas fini. Il y en aura à coup sûr. Il suffit d’aller au Cnhu pour constater les dégâts. Les gens n’attendent que la mort survienne. On ne peut pas être dans cet état d’esprit. Tous les malades sont aujourd’hui dans une psychose totale. Après avoir tout vendu au profit des kits de dialyse, ces malades meurent finalement. Que vont-ils laisser à leurs progénitures ? Mais la Directrice Adjointe de Cabinet du ministère de la santé a promis que le plaidoyer du Rashir sera déposé sur la table du ministre qui, à son tour, va l’adresser au Président de la République. Nous l’espérons.



Adrien TCHOMAKOU
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