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Un avenir périlleux pour les langues nationales béninoises
Publié le lundi 11 mars 2013   |  Xinhua




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Dans les grandes villes béninoises, notamment Cotonou, Porto-Novo et Parakou, la langue officielle du pays, le français, a tendance à supplanter les langues nationales, mettant ainsi en péril l’avenir de ces dernières que seules des initiatives pointues de promotion peuvent sauvegarder.

"Dans les grandes villes béninoises, le français est carrément la langue de partage dans certains ménages. L’adolescent qui se hasarde à parler la langue nationale est tout de suite rappelé à l’ordre par des punitions.

Conséquence, les enfants naissent et grandissent chez eux sans pouvoir communiquer dans leur dialecte maternel ou paternel", se désole Martine Assogba, sociologue- anthropologue dans une université privée de Cotonou.
Pour cette universitaire du Bénin, peu de Béninois manipulent aisément la langue de leurs géniteurs.

"Aujourd’hui, force est de constater que les langues nationales ont du mal à cohabiter avec les langues importées sans courir le risque d’être dénaturées. Très peu de jeunes béninois instruits, savent parler correctement les patois de leurs différents terroirs ", a-t-elle déploré, regrettant le fait que ces langues maternelles sont considérées de nos jours comme les parents pauvres de l’éducation. "Des atouts indéniables, mais faute de volonté politique et de soutien populaire, nos langues maternelles peinent à s’imposer comme langues d’enseignement, non seulement au Bénin, mais sur tout le continent africain", a-t-elle fait observer, soulignant la nécessité pour les dirigeants l’adoption d’une politique d’enseignement dans les langues maternelles.

"Il est grand temps que l’Afrique cesse d’être le seul continent où quand l’enfant va à l’école, il est obligé d’accéder à la connaissance et à la science dans une autre langue que celle qu’il parle dans sa famille", a-t-elle préconisé.

Selon Rodrique Dédonougbo, enseignant chercheur en histoire dans une université privée de Cotonou, les langues maternelles restent irremplaçables dans le processus de développement voire de l’éducation des enfants.

"Malheureusement, l’ensemble du système éducatif formel s’est développé jusqu’ici, en marge des langues nationales dont l’absence dans les disciplines enseignées dans les établissements scolaires crée un conflit entre les enfants et leurs milieux de vie", a-t-il regretté.

"Nous sommes tous, pour la plupart, des bilingues, sinon des plurilingues dans les faits. Mais, notre école continue d’ignorer ce fait et de dispenser à nos enfants le savoir, le savoir-faire et le savoir-être dans la seule langue que nous avons héritée du colonisateur", a-t-il ajouté.

Cet enseignant chercheur a reconnu que seul, l’enseignement des langues nationales comme matière peut garantir aux enfants les connaissances approfondies des cultures béninoises dont ils ont besoin pour transformer positivement le Bénin, en toute connaissance de cause.

"Plus qu’une question de philosophie ou de chauvinisme, il s’agit d’une option pédagogique qui vise une appropriation raisonnée et planifiée de nos valeurs culturelles à des fins de développement", a-t-il souligné.

DES INITIATIVES VISANT A PROMOUVOIR LES LANGUES NATIONALES BENINOISES

Pour Jean Orou Chabi, ancien conseil technique à l’éducation du président béninois, Boni Yayi, l’introduction des langues maternelles dans le système éducatif béninois encouragera certains comportements, et fournira aux enfants certains reflexes, ceci pour relever les défis du développement.

"Au Bénin, une trentaine de langues ont, en effet, été identifiées pour être introduites à titre expérimental dans le système éducatif dans les toutes prochaines rentrées scolaires. Ces langues nationales seront introduites comme discipline pour être enseignées et aussi comme véhicule d’enseignement", a-t-il annoncé, citant entre autres langues retenues, le fon (langue la plus parlée dans le sud du Bénin), le yoruba, le Adja, le Baatonou, Dendi (langue la plus parlée dans la partie septentrionale du Bénin) et peulh.

L’objectif visé, a-t-il expliqué, est que "tout apprenant béninois devra obtenir un certificat en langue nationale qui prouvera sa maîtrise de l’écriture et ses connaissances essentielles en matière de langues et cultures béninoises".

En Afrique en général et au Bénin, en particulier, souligne Alfred Bidosséssi, conseiller pédagogique de l’enseignement secondaire, la promotion des langues nationales se heurte à plusieurs autres obstacles.

"Outre le besoin de les transcrire et de les stabiliser, il faut non seulement faire de l’alphabétisation à grande échelle mais aussi doter les néo-alphabétisés de manuels et autres documents pour qu’ils ne retombent pas dans l’illettrisme, après avoir quitté l’école", a-t-il expliqué.

Pour cet éducateur, la formation des enseignants, la conception d’outils pédagogiques adaptés et la persistance de préjugés tenaces contre les langues locales sont autant d’obstacles.

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