Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Art et Culture

Coffret anthologique de la musique béninoise de 1960 à ce jour: « Le meilleur de la mémoire musicale du Bénin »

Publié le jeudi 18 fevrier 2021  |  La Nation
Première
© aCotonou.com par CODIAS
Première édition du Festival international de musique du Bénin (FIMuB):Cinq jours de fête autour de la musique .
Cotonou, 30 avril 2015.Lancement de la 1ere édition du Festival International de Musique du Benin au Palais des Congres Cotonou.
Comment


Par Josué F. MEHOUENOU,

Le coffret anthologique de la musique béninoise lancé, il y a quelques jours, à Cotonou, fait toujours parler de lui. Au-delà de la qualité de l’œuvre, beaucoup se posent encore des questions sur les coulisses de la réalisation de ce chef-d’œuvre. Florent Couao-Zotti qui en a été l’un des artisans en donne des détails.


L’intérêt de ce coffret, c’est qu’on voit se côtoyer les artistes de plusieurs générations, depuis le vénérable El Rego (né en 1934) jusqu’au plus jeune, Nikanor (né en 1985). C’est de voir les groupes comme Poly Rythmo (formé en 1966) donner presque la main à Gangbé Brass Band (formé en 1992) et de voir des poètes comme Jolidon Lafia être sur la même lancée que GG Vikey ou le crooner Bluecky d’Almeida.

Le coffret anthologique musical du Bénin est surtout « une belle brochette d’artistes de tous les horizons, de toutes les aires, de toutes les époques qui ont chanté notre vécu et continuent d’explorer notre histoire depuis soixante ans en projetant leurs propres imaginaires dans l’imaginaire d’un peuple si proche de ses artistes », soutient Florent Couao-Zotti, conseiller technique à la Culture du ministre en charge du secteur.
Pour lui, la pluralité de l’identité de la musique béninoise n’a jamais fait de doute. « Par son essence originelle, elle se décline à travers une multitude de rythmes, de mélodies, d’instruments divers avec, souvent, des paroles issues d’une sagesse séculaire que l’histoire et la traversée des âges ont progressivement bonifiée. C’est de ce patrimoine que les créateurs modernes, groupes, instrumentistes et chanteurs se sont inspirés, depuis plus de soixante ans, pour produire des œuvres inoubliables », reconnait-il.


Qu’ils soient du massè gohoun, du go-go, du tèké, du askey, du tchinkounmè, du toba, du zinli, du akohoun, du bolodjo, du akpala et de tant d’autres, les rythmes ont été réinvestis, retravaillés, revisités pour inscrire la mémoire musicale béninoise dans la modernité, poursuit le conseiller technique à la Culture du ministre.
Seule difficulté, les archives de cette mémoire ont du mal à tenir. Malgré l’existence d’une industrie phonographique qui a tourné à plein régime dans les années 70-80 et la production de disques à succès d’artistes béninois pendant plus de six décennies, la conservation de l’ensemble des supports musicaux laisse à désirer, se désole Florent Couao-Zotti. En attendant de faire une mise à plat de la situation et d’en tirer ensuite les grands enseignements, le ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts a décidé de se risquer à une tâche ardue et passionnante. Celle de faire une anthologie de la musique béninoise, sélectionner les meilleures des œuvres les plus emblématiques du pays depuis soixante ans afin d’en réaliser un coffret.


Un challenge

Pour tenir ce challenge, il a fallu travailler sur chaque maillon du système pour ne pas le laisser faiblir. « L’équipe mise en place s’est voulue la plus professionnelle possible », reconnait-il. Au-delà de quelques mélomanes, elle regroupait des techniciens et des spécialistes de la musique béninoise : musiciens, programmateurs de spectacles, managers d’artistes. « À partir de plus de deux cents chansons, des confrontations ont été faites, avec, en observation, les critères qui permettent de procéder à la sélection. Cette phase qui a duré quelques mois a permis de retenir une première liste confiée aux experts qui ont procédé à la vérification des différentes sources des œuvres », confie-t-il. A l’étape suivante, avec des logiciels, ils ont renseigné leurs fiches techniques, ce qui a facilité l’accès aux détails, surtout la connaissance des auteurs originels. Mais déjà là, explique le conseiller technique, les premières difficultés ont vu le jour.

L’équipe a été confrontée à la fiabilité de certaines bandes souches. « Malgré la qualité mélodieuse de certaines chansons, il était difficile de disposer de copie originelle pouvant permettre le travail de remasterisation », révèle Florent Couao-Zotti.
Pour ce qui est de la sélection, il fallait, tout en gardant à l’esprit les critères d’éligibilité des titres, équilibrer la liste en respectant autant que faire se peut, les types de musique pratiqués par l’ensemble des artistes béninois, lâche-t-il.
Ces embûches surmontées, on a vu le nouveau-né pointer son siège comme à la parturition. Outre la musique traditionnelle (1 Cd), le coffret est composé de la musique moderne d’inspiration traditionnelle (2 Cd), la musique de variété (1 Cd) et la musique tendance (1 Cd). Selon lui,
« si l’on s’entend sur ce qu’est la musique traditionnelle et la musique moderne d’inspiration traditionnelle, la musique de variété appelle par contre une explication ». Les artistes béninois, influencés par les musiques africaines et afro-descendantes comme la rumba, le high-life, le calypso, la salsa, le zouk, la juju, le makossa et tant d’autres, excellent dans ces rythmes en les adaptant, à leur tour, à leurs talents », nuance-t-il. Quant à la musique “tendance”, elle est faite de toutes les expériences singulières qu’ont menées certains artistes béninois au cours de ces décennies comme par exemple le jazz, le hip-hop ou la musique urbaine, conclut Florent Couao-Zotti.
Commentaires