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Aurélie Adam Soulé Zoumarou au sujet de la Télévision numérique terrestre: « Nous avons fait le saut technologique qu’il faut… »

Publié le mercredi 24 fevrier 2021  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Aurélie Adam Soulé Zoumarou, Ministre de l’économie numérique et de la communication
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Par Christian HOUNONGBE


Avec la mise en place des infrastructures, l’acheminement des programmes, l’acquisition des équipements de nouvelle génération, l’adoption du cadre règlementaire et des standards de diffusion, le lancement de la Télévision numérique terrestre (Tnt) est imminent au Bénin. Dans cette interview, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, ministre du Numérique et de la Digitalisation fait le point des réalisations du gouvernement et ses choix pour permettre aux populations d’accéder facilement aux programmes de la Tnt.


La Nation : Mme la ministre, quel bilan faire du niveau de réalisation des infrastructures dans le cadre de la mise en place de la Télévision numérique terrestre (Tnt) ?

Aurélie Adam Soulé Zoumarou: Les infrastructures constituent l’un des premiers volets réalisés par le gouvernement car sans celles-ci les foyers ne peuvent pas recevoir les programmes de la Télévision numérique terrestre (Tnt). Compte tenu des avantages de la Tnt, il est important que les équipements soient de qualité, soient dans une configuration qui permette à l’ensemble de la population de les recevoir et cela importe beaucoup au gouvernement du président Patrice Talon. A ce jour, le gouvernement a mis en place 29 sites de diffusion terrestre de la télévision numérique, qui couvrent environ 95 % de la population. Je parle de la couverture de la population et non de la couverture spatiale. Lorsque les chaînes tv concoctent leurs programmes, elles doivent pouvoir les acheminer en direction du diffuseur afin que ce dernier les diffuse convenablement. Cette infrastructure de collecte et d’acheminement des programmes des éditeurs tv est aussi en place. Nous avons également une infrastructure satellitaire qui permet de prendre en compte la partie de la population que les infrastructures terrestres n’arrivent pas à couvrir totalement, afin d’aboutir très vite à un taux de couverture de 100 %.

En Conseil des ministres, le gouvernement a adopté, mercredi 10 février dernier, le décret portant nomination des représentants de l’Etat dans le Conseil d’administration de la Société Bénin Diffusion. Quelle est la portée d’une telle décision pour le passage à la Télévision numérique terrestre (Tnt) ?

Cette décision de nomination des représentants de l’Etat dans le Conseil administration de la Société Bénin Diffusion entre dans le cadre de l’opérationnalisation de cette structure qui sera chargée de diffuser les programmes de la Télévision numérique terrestre auprès des foyers béninois. Avec la Tnt, la chaîne de valeur change. Il n’y a plus une concentration des fonctions de multiplexage, de production, d’édition et de diffusion, au sein des mêmes structures.
La chaîne de valeur est plus distribuée avec d’une part les éditeurs et les distributeurs ; et d’autre part, le diffuseur Bénin Diffusion. La loi relative à la radiodiffusion numérique en République du Bénin a prévu que ce diffuseur soit une société d’économie mixte dans laquelle l’Etat est présent aux côtés des partenaires privés désireux d’y prendre part. L’Etat devait désigner ses représentants pour siéger au sein du Conseil d’administration de cette société d’économie mixte, au même titre que les éditeurs qui désigneront aussi leurs représentants. C’est donc dans ce cadre que le Conseil des ministres, réuni en sa session du 10 février 2021, a adopté le décret portant nomination des membres représentant l’Etat au sein du Conseil d’administration de la Société Bénin Diffusion.

Combien de chaînes sont actuellement disponibles sur la Tnt, Mme la ministre ?

Nous sommes dans les premières phases de la constitution du contenu du bouquet Tnt. Il y a un bouquet de base que tous les foyers recevront avant de prendre la décision de souscrire ou non à des services de bouquets payants, si possible. Dans ce bouquet de base actuel, nous avons les huit chaînes privées nationales, les trois chaînes de l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (Ortb) et trois chaînes supplémentaires qui viennent agrémenter le bouquet.

En octobre 2020, il y a eu l’adoption des modalités de lancement de la Tnt et nous vous avons vue aux côtés de tous les acteurs de la chaîne de mise en œuvre de ce projet phare du gouvernement. Que reste-t-il pour aboutir au lancement de la Tnt ?

Beaucoup d’efforts sont faits pour l’aboutissement de ce projet phare du gouvernement. Nous avons les infrastructures, le réseau de diffusion, le circuit d’acheminement des programmes et le cadre règlementaire. Le président de la République tient à ce que la transition vers la télévision numérique terrestre se fasse dans le bon ordre. Donc, depuis juillet 2018, divers décrets ont été pris pour fixer notamment les normes et spécifications techniques relatives à la Tnt et le régime d’agrément ou d’homologation des équipements ou installations d’accès aux services de communication audiovisuelle.
Aujourd’hui, nous adressons la question des décodeurs. En effet, la décision d’octobre dont vous parlez, concernait aussi bien les normes techniques des décodeurs que la stratégie du gouvernement pour la diffusion de la Tnt. Sur le second volet, il fallait décider si nous allions vers un mode crypté « free to view » ou un mode plus ouvert « free to air » pour le bouquet de base. Le gouvernement a voulu jouer sa partition pour une grande adoption de la Tnt en décidant du choix du free to air, et est allé encore plus loin en décidant d’exonérer de droits de douane et de certaines taxes, les décodeurs qui serviront à la réception du bouquet de base. Il ne reste donc plus grand-chose à faire.
En matière de Tnt, certaines normes dites régionales sont actuellement répandues mais déjà sujettes à une évolution. En effet, les deux normes Dvb-T2 et Mpeg4 Avc qui avaient été retenues au niveau de la Cedeao sont évolutives. Au regard de l’évolution du Mpeg4 Avc vers le Hevc, le Bénin a fait le choix du Hevc et est l’un des rares pays de la sous-région à avoir choisi cette norme de mise en œuvre de la Tnt mais qui ne contredit pas le choix régional. En effet, en 2010, au cours des discussions autour des choix de normes Tnt pour l’Afrique, nous avions décidé d’aller vers la norme la plus évolutive du moment à cette époque, c’est-à-dire le Dvb-T2/Mpeg4 Avc, bien qu’à cette époque, le Dvb-T était plus répandu que le Dvb-T2. C’est dans cette démarche d’évolutivité que le Bénin a choisi la norme plus récente Mpeg4 Hevc qui présente des avantages technique, économique et un meilleur choix social pour le bénéfice de nos populations.

Quel est l’avantage de l’option « Free to air » choisie par le gouvernement béninois ?

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Cette option permet aux foyers d’acquérir leurs décodeurs librement. Du moment où le décodeur (ou télévision intégrant un décodeur) est conforme aux normes choisies, ils recevront le bouquet de base à l’allumage de leurs récepteurs.

Est-ce que le téléspectateur est obligé d’acheter son décodeur dans le circuit de distribution du diffuseur ou peut-il l’acquérir dans un circuit de distribution libre ?

Le gouvernement a fait l’option de la liberté en ouvrant la commercialisation des décodeurs à toute entité qui respecte les lois de notre pays consistant à faire homologuer le décodeur auprès de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac). Tant que toutes les normes fixées sont respectées, au moins pour le bouquet de base, il faudrait permettre à la population de s’approvisionner là où elle en a le mieux l’opportunité.

Quel est le modèle économique développé pour l’accessibilité des foyers ?

Quand on parle de modèle économique, il ne faut pas seulement voir la rentabilité économique. Aujourd’hui, un béninois vivant à Kérou (commune située à 624 km de Cotonou) par exemple ne peut recevoir que l’Ortb et quelques chaînes privées sur l’ensemble des chaines Tv disponibles. Avec la Tnt, cette cible aura aussi accès à toutes les chaînes disponibles dans le bouquet de base. Pour les populations qui sont hors des zones urbaines, le passage à la Tnt a un fort impact. Un téléspectateur vivant dans ces zones blanches de la Tv analogique et qui ne recevait pas toutes ces chaînes, est désormais pris en compte. Cela change le paradigme actuel par rapport à l’analogique.
L’impact n’est pas moindre pour les populations des zones urbaines, en termes de qualité de réception des programmes de la Tnt. Les chaines nationales seront reçues avec une qualité meilleure que celle sur les bouquets par satellite, et en plus les téléspectateurs auront l’intégralité des chaines nationales. La rentabilité peut être également perçue sur l’aspect relatif aux revenus publicitaires.
Pour faciliter l’accessibilité à la Tnt, le gouvernement a décidé de renoncer aux droits de douane et aux taxes prélevées chez les distributeurs. Cette mesure permet de ne pas répercuter ces frais sur les coûts des décodeurs. Et pour s’en assurer, le gouvernement a décidé d’encadrer les prix de vente des décodeurs. Un arrêté interministériel a été pris pour fixer les prix de vente plafond des équipements (décodeurs et antennes) de base pour la réception de la Tnt. Les décodeurs ont été fixés à un prix plafond de 10 000 F Cfa. L’antenne extérieure, lorsqu’elle est à gain faible coûte 6 000 F Cfa maximum et 8 000 F Cfa pour l’antenne à gain normal. Cela facilite la réception des programmes Tnt aux foyers béninois qui pourront avoir accès à toutes les chaînes disponibles dans le bouquet de base, sans paiement d’aucune redevance récurrente.

La télévision, c’est surtout la production de contenus de qualité. Est-ce qu’un travail est fait aujourd’hui pour aider les chaînes disponibles sur le bouquet à enrichir leurs programmes ?

Lorsqu’on passe à la Tnt, le téléspectateur est plus enclin à demander du contenu de qualité. Les éditeurs de télévision ont à cœur cette préoccupation. Nous avons eu plusieurs séances de concertation pour leur donner l’information sur ce que nous sommes en train de faire et les mécanismes prévus par le gouvernement. Ils nous ont dit qu’ils se préparaient à cette nouvelle révolution, de concert avec leur ministère de tutelle, à qui ils ont exprimé des besoins en termes de formation et d’accompagnement. Au niveau du secteur du numérique, nous avons un programme qui s’appesantit sur la production de contenus et nous ferons en sorte d’apporter notre contribution sur ce volet.

Au regard de la multiplicité des acteurs intervenant pour la réalisation de ce projet, comment coordonnez-vous les actions en vue de l’atteinte des objectifs ?

Au niveau gouvernemental, nous collaborons avec les autres collègues afin que chacun puisse jouer pleinement sa partition. La communication est un élément clé de la coordination des activités, ce qui amène à organiser des séances d’information avec les acteurs comme la Haac, les opérateurs économiques et les éditeurs Tv. Nous expliquons ce qui se fait tout en nous focalisant sur les attentes des populations et celles du gouvernement. A cette étape, chacun joue sa partition et je crois que nous allons continuer sur la même lancée.

Quelles sont les mesures de sensibilisation et d’information de la population sur le passage à la Tnt ?

Depuis quelques mois, nous avons déjà mis en œuvre la première mesure qui consistait à expliquer à la population ce qu’est la Tnt et ses bénéfices. Le message n’est pas le même pour les habitants de Cotonou par exemple et ceux de l’intérieur du pays. Par rapport à chacune de ces personnes, la Tnt aura une valeur ajoutée différente. Nous avons expliqué aux populations que la Tnt apportera des programmes tv de meilleure qualité, des images plus belles, du son plus performant, et l’accès à un bouquet plus important de chaînes. Et tout ceci, majoritairement grâce à une antenne en lieu et place d’une installation avec des paraboles.
La seconde mesure se rapporte à l’accessibilité. C’est pour cela qu’en octobre 2020, le gouvernement a choisi le mode et les standards de diffusion qui présentent les meilleurs avantages, consenti des exonérations pour faciliter le coût d’accès des décodeurs et enfin, fixé les prix plafonds pour éviter aux populations de subir la spéculation de la part des commerçants. Le troisième niveau de sensibilisation va être opérationnalisé dans quelques semaines parce que nous tendons vers l’étape de lancement. Nous irons au plus près des populations pour leur faire vivre la Tnt et leur permettre d’acquérir les décodeurs.
Cette étape de communication de proximité va commencer après le lancement. Avec la Haac, nous avons finalisé l’arrêté sur les montants des frais et redevances pour les agréments des décodeurs. Toutes les pièces du puzzle sont donc désormais en place.
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