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La Ministre de L’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Eléonore Yayi Chikani Ladékan « Sous L’Arbre à Palabre » à L’Evénement Précis : « Beaucoup de réformes courageuses et indispensables ont été faites »

Publié le jeudi 8 avril 2021  |  L`événement Précis
Eléonore
© aCotonou.com par DR
Eléonore Yayi Ladékan,ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
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La Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Eléonore Chikani Yayi Ladékan était Sous l’Arbre à Palabre ce 03 avril 2021. Les échanges ont permis de faire le bilan des avancées enregistrées dans ce sous-secteur au cours du quinquennat de Patrice Talon. Les questions liées aux conditions de vie des étudiants, aux élections rectorales et à l’adéquation de la formation avec les demandes des entreprises n’ont pas été occultées.

Et si on en parlait

Madame la Ministre, qu’est-ce qui peut nous permettre aujourd’hui de dire que l’enseignement supérieur et la recherche scientifique se portent mieux qu’il y a cinq ans ?
Nous sommes dans un secteur stratégique pour le chef de l’État, le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. C’est un secteur qui forme les cadres de l’administration. Il occupe le pilier 2 et l’axe 5, le pilier 2 qui est la restructuration de l’économie à travers la formation des ressources humaines de qualité. Il faut aller méthodiquement pour voir ce qu’on a fait. Nous avons deux domaines : le domaine de l’enseignement, l’autre la recherche scientifique et les innovations. Dans l’enseignement, nous avons quatre programmes. Le premier est celui qui s’occupe du pilotage du secteur, le deuxième de l’enseignement, le troisième de la recherche et le quatrième le social (la vie de l’étudiant).
Beaucoup de choses ont été faites. C’est un secteur vaste au point où tout n’est pas visible.
La première réforme est celle de la restructuration de la carte universitaire publique faisant ainsi passer le nombre d’universités publiques de sept (7) à quatre (4). C’est la première réforme qui n’a pas du tout été facile. Chacun selon ses intérêts, selon sa région veut quand même une université dans sa région. Parce qu’effectivement, il faut le reconnaître, l’université est un pôle de développement. Lorsqu’une région reçoit une université, la région là peut se développer très rapidement. C’est normal qu’il y ait des réticences au niveau des régions dans lesquelles on devrait fermer ces universités. Ça n’a pas été facile avec les élus, les députés, les parents, les apprenants et même les enseignants. Nous avons désormais quatre universités : Deux universités pluridisciplinaires (Abomey-calavi au Sud et l’Université de Parakou au Nord) et deux universités thématiques (l’Université nationale des sciences et technologies industrielles et de mathématique à Abomey et l’Université nationale d’agriculture). Ainsi les recrutements sont faits au profit des universités pour mieux stabiliser le mouvement un peu coordonné des enseignants d’une université à une autre sans nécessairement épuiser les quotas horaires. Cela générait également des frais de missions assez colossales sur les ressources limitées des universités.
En dehors de ça, nous avons des produits qui sortent du système et qui aujourd’hui sont de plus en plus critiqués par les entreprises. Elles estiment que ces produits ne sont pas suffisamment qualifiés pour leurs besoins. Cela nous amène à faire des réformes pour arrimer le type de formation aux besoins des utilisateurs de nos apprenants.
Nous avons aujourd’hui et grâce à la vision éclairée du chef de l’Etat, un Conseil National de l’Education rénové, une structure transversale aux ministères en charge de l’éducation ; une instance qui a des missions d’orientation, d’organisation, de suivi évaluation et de décision. Ça également, a été une grande bataille. Nous sommes partis du constat qu’à chaque ordre d’enseignement, ses pratiques et en même temps ses conséquences qui ne restent pas nécessairement au niveau de cet ordre d’enseignement mais qui se répercutent sur d’autres. Il y avait un conseil de l’éducation bien avant. Ce conseil a fait ce qu’il pouvait dans le temps, mais était confronté à des difficultés de taille. Avec l’avènement de la Rupture, il y a eu une restructuration afin que ce conseil ait des missions précises et les moyens de pouvoir assurer correctement ses missions. Le CNE est installé et travaille correctement. À partir de ce moment-là, il n’est plus question de prendre des textes isolés. Aucun texte ne sera pris dans un ordre d’enseignement sans que cela ne reçoive la validation du CNE. Pareil pour le mouvement des personnes, c’est-à-dire les nominations de cadres. On peut aussi ajouter qu’au niveau de la gouvernance, le CNE aura un œil sur les responsabilités au niveau des entités, l’application des textes. Il y a tellement de réformes que je peux continuer à en citer.
L’autre réforme importante, c’est le mode de recrutement. En effet le mode de recrutement a connu une modification et s’est ouvert à tous les Béninois où qu’ils se trouvent. Une phase de présélection suivie d’un entretien devant un jury. Ainsi, 279 assistants recrutés dont 95 en 2016 et 184 pour le compte des années 2017 et 2018. Le processus enclenché en 2018 pour le compte de 2019 a été rattrapé par un certain nombre d’irrégularités qui expliquent la revisitation de tout le processus pour le débarrasser de toute subjectivité et opacité. Dès lors que le processus est transparent, les ressources seront aisément mobilisées avec un impact plus important.

Chaque année il y a des départs massifs à la retraite dans les universités publiques mais les recrutements d’enseignants se font rares depuis 2018. Ne craignez-vous pas une asphyxie de nos universités avec des formations bâclées ?
C’est vrai que les départs massifs à la retraite créent un problème de formation de relève de qualité et en même temps de projections mal faites en vue d’une bonne anticipation. Cependant les diligences ont été faites avec la décision de reclassement des enseignants promus au CAMES en 2019 et en 2020 afin de les maintenir un peu plus au poste en attendant la mise en place très prochainement de dispositifs structurant pour le recrutement d’assistants et la constitution d’une base de ressources humaines à consulter en cas de besoin pour éviter de telles déconvenues à l’avenir.

Et c’est ça qui amène à l’aspiranat?
L’aspiranat est destiné à identifier ceux qui aspirent réellement à cette fonction d’enseignant. C’est pour dire qu’il adresse ceux qui aiment réellement l’enseignement et qui ne veulent pas l’exercer de façon accidentelle. On ne devient pas enseignant du supérieur parce qu’on a son doctorat mais plutôt parce qu’on aime enseigner car c’est un sacerdoce et une grande responsabilité de former quelqu’un ! Préparer son cours, l’actualiser régulièrement en se documentant n’est pas chose facile surtout avec le développement des TIC et le faire pour le rendre intéressant pour les apprenants est une chose extraordinaire qui n’a pas de prix. On le fait parce qu’on aime la chose.

Quelles sont les autres réformes que vous avez menées ?

Aujourd’hui, grâce à une bonne gestion des perturbations créées par le COVID19 dans le déroulement du calendrier académique, nous avons mis en place la plateforme e-learning qui a été d’un grand recours durant la période critique. Inutile de vous rappeler que le Bénin est l’un des rares pays africains à avoir pu organiser les examens et finir l’année universitaire en beauté.
Je pourrai aussi vous ajouter que depuis que nous sommes là nous avons procédé:
au renforcement du dialogue social entre les différents acteurs et à la définition d’un cadre cohérent et équitable pour la gestion des affaires disciplinaires ;
à la mise en place des organes de contrôles et d’orientation tels que des conseils d’administrations (UNSTIM, UNA,) ; comité interministériel d’audits et des gestions des risques ;
à la revue du processus de recrutement des assistants et de promotion des enseignants admis au CAMES ;
à la construction et à l’équipement d’importantes infrastructures administratives et pédagogiques et laboratoires au profit des quatre universités publiques (8 amphis, 8 laboratoires, 7 blocs administratifs, et 03 écoles types) . Au total plus de 7 110 places assises déjà mises à dispositions dont 1650 à l’UAC, 1160 à l’UP, 3300 à l’UNA et 1000 à l’UNSTIM.
la connexion de 10 centres universitaires grâce au Réseau Béninois d’Enseignement et de Recherche RBER, avec l’appui du Ministère du numérique et de la digitalisation, et l’adhésion du Bénin au réseau WACREN qui permet d’être en liaison avec les grandes universités au plan mondial en rendant facile la consultation des bases de données, les bibliothèques numériques, etc.
la mise en route de trois centres d’excellence sur financement du Bénin et de la Banque Mondiale après une compétition internationale ;
la transformation digitale (dématérialisation et numérisation) de plusieurs services et procédures pour l’office du BAC, les examens et concours au niveau de la DEC , etc.
C’est dire que beaucoup de choses prouvent à suffisance que l’enseignement supérieur se porte mieux qu’en 2016.

Vous avez institué les examens nationaux de Licence et de Master pour les établissements privés d’enseignement supérieur. Pourquoi une telle option ?
Nous avons fait cette option parce qu’avant c’était la co-signature, et à un moment donné on a estimé qu’on prenait trop de risques. On ne peut pas continuer à cosigner ce qu’on ne maitrise pas. D’où l’idée d’organiser les examens nationaux pour pouvoir contrôler désormais la qualité des apprenants formés par les EPES. Et aujourd’hui ça marche. Après trois ans de mise en œuvre desdits examens, nous sommes passés à leur pérennisation, tout en continuant d’accompagner les établissements privés performants à aller à l’homologation de leurs diplômes.
Il faut aussi préciser que nous avons procédé à :
la prise des mesures institutionnelles pour la pérennisation desdits examens
l’actualisation de l’architecture des «Diplômes Nationaux» en conformité avec le LMD et pour la sécurisation ;
la poursuite du processus d’assainissement des établissements privés de l’enseignement supérieur (EPES) notamment
Signature de 19 agréments aux EPES ;
Signature de 9 502 attestations dont 8 635 pour la Licence et 867 pour le Master pour les années académiques 2016-2017 ; 2017-2018 ; 2018-2019 au profit des candidats admis pour les examens nationaux ;
15 EPES ont reçu un avis favorable pour l’agrément et pour lesquels l’enquête de moralité est en cours.

Le privé intervenait également pour accompagner le public. Depuis longtemps ces universités privées travaillent de façon isolée. C’est-à-dire que le ministère central n’a pas un œil assez critique dans ce qui se fait dans les privés. Mais il faut reconnaitre que certains établissements privés disposent de matériels et équipements plus importants que ceux des établissements publics, et par contre les enseignants proviennent en général des universités publiques : d’où la complémentarité de qualité qu’il faut rechercher entre le privé et le public. La recherche de qualité qui motive l’organisation de ces examens sera étendue aussi aux établissements publics.

Quelles sont aujourd’hui les grandes conclusions qu’on peut tirer de ces examens ?
Les examens ont été un succès parce qu’ils ont permis à beaucoup de Béninois d’avoir un diplôme reconnu. Avec ce diplôme, ils ont pu passer des tests et concours sans que rien ne leur soit reproché. Avant, les diplômes des EPES sont soumis à l’équivalence de diplômes, ce qui créait beaucoup de désagréments. Maintenant une fois que c’est un examen national reconnu par l’Etat central, vous n’avez plus besoin de recourir à une équivalence. Cette réforme a permis de déceler des établissements clandestins ou irréguliers qui délivrent des attestations qui ne seront jamais reconnues par l’Etat, alors que les parents n’en savent rien. Maintenant la publication des établissements agréés est faite pour éclairer les parents dans les choix des établissements à leurs enfants. Il faut reconnaitre le travail important et complémentaire que font ces privés aux côtés des établissements publics qui ont une capacité d’accueil assez limitée.
En termes de grandes conclusions, nous pouvons dire que les EPES ont compris l’enjeu de ces examens et accompagnent très bien le processus.

Avec la pandémie du Coronavirus, le E-Learning s’est accéléré. Comment a été conçu le projet ?
La pandémie n’a pas pu écarter le secteur de l’éducation. Le gouvernement a permis aux étudiants de terminer l’année et ceux qui ont fini très vite ont pu bénéficier des opportunités de bourses. Nous avons pu mettre en place ce dispositif grâce au leadership et à l’appui du chef de l’Etat son excellence le président Patrice TALON qui a instruit le Ministre du Numérique et de la digitalisation et moi aux fins de procéder dans un bref délai à la mise en place de cette plateforme pour permettre la poursuite des cours à distance pour les entités à gros effectifs afin d’éviter la propagation du virus. Nous avons réussi à installer ce dispositif qui nous a beaucoup aidé. Cependant les gouvernement grâce à l’appui de l’AUF se penche déjà sur la recherche des poches d’exclusion que cet outil pourrait induire dans sa mise en œuvre. Cela nous permettra de trouver des solutions durables aux difficultés d’accès des bénéficiaires.

Mais les étudiants ont organisé des grèves !
Ils ont effectivement fait des grèves sur un mois. La communication et le dialogue n’étaient pas difficiles à établir. Nous avons donné des instructions aux autorités universitaires et aux enseignants pour s’asseoir pour se comprendre. Ce n’était pas uniquement le E-learning qui était le problème. C’était un ensemble de malaises. Il s’agit également du retard dans la délivrance des actes administratifs, les frais de sorties pédagogiques…Ils n’étaient pas informés eux-mêmes. Avant, on n’avait pas autant d’étudiants. A l’UAC, on avoisine 80000. Quand on prend toutes les universités, c’est autour de 100.000. C’est normal que les grilles des tarifs pratiqués connaissent de modification mais cela ne devrait pas se faire à l’insu des bénéficiaires que sont les étudiants.

Néanmoins, sa mise en œuvre a été confrontée à beaucoup de difficultés, notamment l’indisponibilité de la connexion internet à haut débit. Comment y avez-vous remédié et quels sont les défis liés à ce service ?
Oui vous savez le début de toute chose est difficile. Il fallait tenir compte de ce que tous les apprenants ne disposent pas de moyens pour se connecter tout le temps. Tous n’ont pas d’ordinateurs ou de smartphone pour pouvoir suivre ses cours à distance. Bref ils n’étaient pas tous habitués à suivre les cours par visioconférence. Les enseignants non plus n’étaient pas tous suffisamment outillés pour faire les cours à distance. Nous avons compris très vite cela, et avec la collaboration des réseaux GMS, nous avons mis en place le zéro rating pour les apprenants pour leur permettre de se connecter à zéro franc. Le Ministère du Numérique et de la digitalisation à ouvert ses points numériques communautaires aux étudiants de certaines localités pour leur de se déplacer pour suivre les cours dans ces centres. Toujours pour faciliter les échanges, nous avons initié plusieurs formations à l’endroit des enseignants et des points focaux ceci pour leur permettre de mieux exploiter la plateforme.
Mais nous sommes conscients des difficultés actuelles des étudiants et des enseignants et c’est pourquoi la décision de revenir au cours en présentiel dans le respect des mesures barrières est prise par le gouvernement afin de s’assurer que les étudiants reçoivent la formation équitable. Cette mesure a été suivie d’un accompagnement du gouvernement à travers la décision du gouvernement de payer les heures supplémentaires dûment générées par la constitution de plusieurs groupes pédagogiques du fait du respect des mesures de distanciation dans les amphi.

Votre département a organisé récemment une réflexion sur le problème de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Quelles sont les pistes d’actions qui en sont issues ? Le système LMD qui professionnalise la formation impose que des professionnels eux-mêmes viennent animer ces formations. On les implique dans les curricula de formation.

Effectivement les 25 et 26 février 2021, nous avons organisé au Novotel Orisha de Cotonou, la table ronde de réflexion entre universités, entreprises et décideurs sur le thème : « Formation et employabilité au Bénin et dans la sous-région ». Le principal objectif de cette grande rencontre est d’évaluer l’efficacité externe des offres de formations universitaires béninoises et de la sous-région. Plus spécifiquement, il s’est agi de :
identifier les causes liées à l’inadéquation formation-emploi au Bénin et dans la sous-région ;
sensibiliser les acteurs des Universités sur les besoins et les priorités du secteur privé et des décideurs ;
inventorier les nouveaux métiers à l’ère du numérique et des grands projets prioritaires du gouvernement.
Pendant les deux jours, il a été clair pour tous les participants, qu’apporter des réponses aux questions de formation et d’employabilité serait une construction d’ensemble et qu’il est primordial et urgent que les trois catégories d’acteurs travaillent en synergie face aux nouveaux défis de développement. Pour cela, il va falloir définir des passerelles de collaboration très précises. Ainsi des séries de recommandations ont été adressées aux universités, aux acteurs du secteur privé et enfin aux décideurs.
Pour que les universités béninoises jouent pleinement leur rôle dans le nouveau paradigme et face aux nouveaux enjeux de développement, elles ont fortement besoin d’être accompagnées par les décideurs et les acteurs du secteur privé. Ces universités doivent, entre autres :
oser remettre en cause la mise en œuvre de certaines filières (faire une pause ou les améliorer) ;
donner la priorité aux formations techniques et professionnelles en qualité et en quantité ;
concevoir les curricula de formation en tenant compte des besoins de main d’œuvre de notre économie ;
être impliquées dans le système d’orientation des élèves au niveau du secondaire, tout au moins ;
promouvoir des formations à la carte et des formations en alternance ;
intégrer des valeurs dans le système éducatif pour la transformation de l’être en s’inspirant du modèle « Déprogrammation-Reprogrammation et connexion à l’intelligence et à l’innovation entrepreneuriale de l’UAC ;
mettre en place des offres qualifiantes de court terme sous forme de certificat ;
développer des incubateurs pour former les jeunes à l’auto-emploi ;
renforcer toutes les stratégies et dispositifs d’accompagnement des apprenants pour leur insertion professionnelle et en rechercher d’autres plus innovants ;
promouvoir des offres de formation pour les métiers du digital ;
promouvoir l’intelligence artificielle, big Data, E-Learning, etc. dans le monde qui utilisent des profils tels que les littéraires, les mathématiciens, juristes, sociologues, responsable du système d’information etc. ;
opérer un choix de financement innovant (les entreprises ont un grand rôle à jouer) ;
organiser une table ronde ou un séminaire entre universitaires et les autres acteurs pour le partage d’expériences afin de construire un modèle de formation plus performant, plus dynamique et surtout en phase avec les exigences des entreprises et les orientations de l’économie nationale ;
faire un plaidoyer auprès du gouvernement pour accompagner les universités à faire face à ce changement de paradigme (financement des laboratoires, du plateau technique, des infrastructures, etc.) ;
renforcer l’intégration des universités aux réseaux internationaux de la qualité ;
ouvrir les formations universitaires aux structures nationales et internationales qui œuvrent dans le domaine du développement technologique.

En ce qui concerne les acteurs du secteur privé, nous avons noté que la création d’emploi leur incombe beaucoup plus. Pour qu’une main d’œuvre qualifiée soit disponible pour une économie de création de richesse, les acteurs du secteur privé doivent :
mettre en place des dispositifs permettant de compléter la formation initiale des diplômés issus des universités (les entreprises sont tenues de faire cette formation complémentaire, afin que cette main d’œuvre soit adaptée à leur appareil productif) ;
promouvoir la formation continue pour les employés ;
créer et développer des emplois dans les domaines prioritaires;
promouvoir les métiers du digital ;
procéder à la restructuration du secteur privé pour répondre favorablement au changement de paradigme (numérique, digital, tourisme, BTP, Energie, agriculture, etc.) ;
développer les métiers de proximité pour les jeunes (utiliser par exemple les TIC pour promouvoir le tourisme et en faire un métier, etc.) ;
œuvrer pour la formation des employeurs afin de les doter des capacités de négociations avec les partenaires internationaux ;
développer le marché des industries culturelles et créatives qui utilisent également une diversité de compétences (psychologie, informatique, etc).

Les décideurs (Etats, structures publiques parapubliques, les collectivités locales, les partenaires techniques et financiers, etc.) ont un rôle privilégié à jouer aux côtés des universités et du secteur privé dans la lutte contre le chômage et le sous-emploi. En effet, pour un système adéquat de formation et d’employabilité, il faudrait transformer l’économie de redistribution en une économie de création de richesse.

Pour y arriver, les décideurs doivent :
créer un cadre de concertation regroupant tous les acteurs chaque année, par exemple avant la fête du 1er mai (A l’ occasion de ces rencontres, il sera question d’identifier des besoins des universités et des entreprises compte tenu du dynamisme de l’économie) ;
capitaliser toutes les stratégies de réussite au Bénin et dans la sous-région en termes d’employabilité des diplômés d’enseignement supérieur (approches par le développement local, centre d’affaire des jeunes, les chaines de valeur, les incubateurs, Leadership Talk Séries, etc.) ;
promouvoir l’investissement dans l’enseignement supérieur et spécifiquement dans la recherche & développement et les formations professionnelles et techniques ;
repenser le système d’orientation des élèves depuis le secondaire
capitaliser l’existant en termes de formations professionnelles et techniques dans les universités (SEME-CITY, Universités thématiques, les écoles, etc.) ;
créer un cadre institutionnel (Conseil d’Administration, observatoire National de l’emploi et de la formation, plateforme, etc.) de collaboration dont les modalités de création et de fonctionnement seront définies ;
promouvoir la transformation digitale ;
renforcer et améliorer (capitaliser) tous les dispositifs existants dans les universités;
mettre en œuvre un système d’information sur le marché du travail ;
mettre en place un plan Marshall pour l’enseignement supérieur ;
poursuivre et renforcer la mise en œuvre des politiques et programmes de développement du gouvernement pour régler les problèmes de main-d’œuvre qualifiée (financement des infrastructures de formation, de la formation des formateurs, etc.) face au changement de paradigme ;
mettre en place des stratégies ou des dispositifs pour la reconversion des stocks de diplômés, non encore utilisés par l’appareil productif de notre économie.

Les participants ont souhaité que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), en collaboration avec les autres acteurs, élabore un plan d’actions et de suivi des recommandations de la table ronde.

Depuis votre nomination en septembre 2019, vous avez mis un accent particulier sur la valorisation des résultats de recherches. Quels sont donc les résultats et les perspectives de votre action à ce niveau ?
Effectivement nous avons dans le domaine de la recherche entrepris de nombreuses actions telles que :
l’élaboration des textes statutaires de création de l’Agence Béninoise pour la Recherche et l’Innovation ;
la finalisation du processus d’élaboration de la politique nationale de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (en instance d’adoption en Conseil des Ministres) ;
la mise en place d’un comité d’experts dans le cadre de la gestion de la lutte contre la COVID -19 ;
la construction et l’équipement des laboratoires à l’UP et à l’UAC ;
la mise à disposition d’un centre de calcul de haute capacité à l’IMSP de Dangbo pour l’exécution rapide des opérations scientifiques complexes (avec l’appui de la Banque Mondiale) ;
l’installation d’une bibliothèque de référence en sciences mathématiques et Informatiques à l’IMSP de Dangbo pour combler le déficit lié à l’accès aux ouvrages modernes scientifiques (plus de 1000 livres et des abonnements en ligne de plus de 70.000 ouvrages) ;
l’amélioration de la capacité d’innovation des inventeurs par l’Agence béninoise de valorisation des recherches et de l’innovation.
le financement par le Fonds national pour la recherche scientifique et l’innovation des projets au profit des laboratoires de recherches pour un montant d’environ huit cent millions de francs CFA.

En 2020, certains enseignants béninois ont été privés de leurs diplômes à cause du non-paiement des frais d’inscription au CAMES qui s’élevaient à 1.400.000FCFA. Pourquoi le Bénin contrairement aux autres pays veut-il faire payer aux enseignants chercheurs les frais de leurs évaluations ?

Vous savez chaque Etat membre du CAMES paye les frais de solidarité en fonction des effectifs. Le Benin en le faisant affiche son soutien de taille à la promotion de ses cadres au CAMES. Pour le concours d’agrégation, depuis l’année 2019, les frais de séjour et de voyage sont également payés. Il ne reste que les frais d’inscription qui soient imputés au candidat individuellement depuis deux ans. Mais après échanges, on s’est rendu compte de quelques incompréhensions qui ont tendance à démotiver les enseignants. C’est pourquoi il a été pris une décision pour clarifier la position du gouvernement, à savoir que l’état prend en charge une fois le candidat pour chaque grade, en espérant qu’il réussira. Aucun gouvernement dans le souci de l’évolution de ces cadres, ne va jamais bloquer la promotion aux grades de ses cadres.

A quand le retour des élections rectorales dans les universités ?
Très prochainement, on aura une bonne connaissance des modalités d’organisation ou d’encadrement de ces évènements dans les universités. Les statuts des universités le préciseront.
Les activités académiques ayant été lancées vaillamment par les équipes rectorales actuelles dans le contexte assez contraignant de la COVID-19, la décision de leur maintien au poste pour cette l’année en cours s’en est suivie.

Quelles sont les actions sociales faites en faveur des étudiants ?
Toutes les réformes précitées, ont pour finalité de favoriser les conditions de travail des étudiants. Le transport pourrait connaitre un décollage avec le secteur privé que le gouvernement a voulu impliquer dans ce domaine. Il faut confier certaines prestations aux spécialistes pour avoir une meilleure efficacité en temps et en impact. Quant aux allocations, elles ont connu un succès puisque qu’elles sont payées par le Trésor public au même titre que les salaires. Cela prépare mieux les étudiants à l’auto-entreprenariat puisqu’ils disposent leurs comptes pour d’autres opérations bancaires. Dans le domaine de la santé, avec l’appui des partenaires : UNFPA, Croix rouge, etc, les étudiants sont mieux pris en charge. Parlant des résidences universitaires, il faut mettre les étudiants dans de bonnes conditions. Les échanges sont assez poussés avec les partenaires chinois, turques et arabes pour la constructions des nouvelles résidences universitaires respectueuses de normes telles que cela s’observe dans les pays anglophones.

Qu’en est-il des organisations estudiantines ? Elles sont dissoutes ou suspendues ?

Là également, ça n’a pas du tout été facile de choisir l’organisation qui est à même de parler au nom des étudiants. Nous avons deux organisations les plus représentatives, l’UNSEB et la FNEB. Et la troisième qui n’a pas pu réunir le taux, c’est l’UNEB. C’est une façon de renvoyer les organisations estudiantines à leurs responsabilités. Et là il y a quelques jours que nous leur avons remis des matériels sportifs et culturels pour le bon fonctionnement de leurs activités. C’est dire que lorsque le jeu est transparent et responsable on est tous gagnant. Chacun joue sa partion.

Madame le ministre, le président talon est-il populaire dans le monde universitaire ?
Il est inévitable que c’est l’un des Président qui aura marqué toute la communauté universitaire car incompris au départ, il devient résolument l’homme de toutes les attentions ; C’est un homme d’engagement, un réformateur. Il est adulé par les jeunes qui épousent son ambition pour eux à travers la qualité de la formation à leur donner pour une insertion de qualité. Puisqu’ils ont compris qu’il n’y a plus d’autres alternatives de développement que ce que nous avons. Il est ouvert à tout le monde. Personnellement, je n’ai pas eu de difficultés en milieu universitaire compte tenu de l’écoute que je leur fais et de ma détermination à rechercher les solutions aux problèmes. Et quand les acteurs voient que la ministre est accessible, ils font un peu plus confiance à tout le gouvernement, notamment à son Chef.

A quel chantier le prochain Chef d’Etat doit-il s’attaquer pour relever les défis du secteur ?

Les chantiers sont nombreux tout en reconnaissant que la plupart ont été déjà visités et lancés par le Gouvernent sous le leadership du Président de la République. Toutefois, nous pensons qu’il faudra :

La mise en place et la fonctionnalité des organes de gouvernance administrative, académique et financière ;
La poursuite de la mise en place des infrastructures administratives et pédagogiques et de recherche au profit des universités ;
L’achèvement des négociations pour la mobilisation des ressources nécessaires à la construction des résidences universitaires au profit des étudiants, et l’implication du privé dans les œuvres universitaires et sociales pour un impact plus grand.
Le repositionnement de la recherche scientifique et de l’innovation technologique à travers l’Agence béninoise pour la recherche et l’innovation ; et la validation de la politique nationale de la recherche scientifique et de l’innovation ;
la mise en route des Instituts universitaires d’enseignements professionnels ( IUEP) dans le cadre du développement des filières de formations professionnelles de courte durée
la poursuite de l’accompagnement des EPES pour un partenariat performant et durable ;
La poursuite de la digitalisation des opérations de service à la communauté et l’interconnexion des universités du Bénin ;

Que diriez-vous pour conclure cet entretien ?

Je ne peux que vous remercier parce que vous m’avez permis de passer un merveilleux moment. Ça fait longtemps que je n’ai eu le temps d’être écoutée comme ça, de répondre à toutes les questions qui viennent de partout. J’ai passé de bons moments et je dois dire que notre pays le Bénin est un merveilleux pays. Nous sommes très riches en matière de culture et de réflexions. Ce qu’il nous faut, c’est un peu plus d’acceptation des uns et des autres, que nous puissions nous faire un peu plus confiance. Faisons-nous confiance, pour renforcer le patrimoine commun, et en faire vraiment un pôle de développement. Au niveau du ministère de l’enseignement supérieur, je peux dire que c’est un très bon ministère qui mérite d’être bien accompagné. Je ne dis pas que les autres ministères sont moins bons, au point de susciter d’autres débats mais je veux simplement relever son caractère stratégique résidant dans sa mission de former des ressources humaines de qualité qui seront capables de trouver des solutions durables aux problèmes des populations. C’est ce que le Président Patrice Talon a bien compris en le positionnant à une place de choix dans son gouvernement et en nous appelant à de profondes réflexions pour nous sortir de nos pauvretés. Sa rigueur et sa fermeté face à la résolution d’un grand problème font de lui un grand homme. C’est un homme d’engagement, de défis et d’ouverture. C’est pour cela que j’appelle les uns et les autres à lui faire confiance.
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