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Edito: Une crise militaire s’annonce

Publié le mercredi 5 mai 2021  |  L`événement Précis
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© aCotonou.com par DR
Un militaire face aux flammes à Savè
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A moins d’un changement radical de cap, une crise militaire ne manquera pas de s’ouvrir d’ici quelque temps. La découverte d’une cargaison de munitions (70.000 environs selon le Procureur spécial de la CRIET) en est l’un des signes précurseurs. Elle montre à tout le moins qu’il y a une stratégie en cours, stratégie ayant déjà permis de déverser des armes dans Bantè et régions. Pour la simple raison que c’est la mise en place des armes qui a entrainé l’arrivée des munitions. Ce qui veut dire que les hommes sont en cours de recrutement s’ils ne le sont déjà ou même en cours de formation.
Sans être un oiseau de mauvais augure, je sens venir une crise militaire sans précédent. Car ceux qui ont pris les armes et qui ont été battus en quelques jours à Bantè, Tchaourou et Savè ne semblent pas avoir renoncé à leur objectif : inquiéter le gouvernement et l’obliger à négocier. Car, il faut bien regarder la réalité en face, le recours à quelques mercenaires et à des chasseurs sans formation militaire est une solution de bas niveau. Elle livre les pseudo-chasseurs à la mort face à des militaires professionnels. La ridicule légende des pouvoirs mystiques desdits chasseurs n’est qu’un leurre. Personne n’est assez bête pour y croire. Pour faire face à une armée professionnelle il faut mieux que des amulettes ou des incantations : il faut de la stratégie et de l’organisation et surtout une idéologie. Sur chacun de ces leviers, ceux qui veulent faire la guerre à Talon sont notoirement en retard.
Mais on aurait tort de penser que le match est plié. Et dans le cas d’espèce, il y a de forts soupçons de la mise en place d’opérations ponctuelles de type commando. Elles évitent un face-à-face potentiellement inutile avec l’armée. Mais l’effet de surprise qu’elles créent est de nature à déstabiliser les forces de défense et de sécurité, tout en créant la psychose au sein de la population. Cette solution meurtrière est probablement celle qui est en cours de préparation. C’est elle qui fait convoyer des cargaisons de munitions à Bantè et sans doute déjà à Savè et Tchaourou. Mais elle ne peut prospérer que si deux variables sont maîtrisées : les moyens financiers et le soutien logistique d’un Etat voisin.
Pour ce qui est des moyens financiers, aucune guerre civile en Afrique ou dans le monde n’a pu prospérer sans des ressources minières. On mène les troupes au suicide programmé s’il n’y a pas des ressources suffisantes pour les nourrir, les payer, les équiper sur le long terme. Et dans la région dont nous parlons, rien de tel : pas de mine d’or, de cobalt, de diamant, de fer ou de cuivre. Même s’il y a du cajou, sa culture et sa commercialisation ne se font qu’en période de paix avec une bonne dose d’entretien. Reste maintenant le soutien d’un Etat voisin. S’il est notoirement connu que Patrice Talon entretient des rapports plutôt délicats avec ses voisins, je doute fort que ceux-ci prendraient le risque de soutenir une rébellion à leurs frontières. Ce ne sera pas en tout cas le Nigeria (qui ne prendrait jamais ce risque), le Niger ou encore le Burkina-Faso. La seule indétermination, reste le Togo qui peut bien servir les desseins d’une certaine FrançAfrique, surtout que Faure Gnasingbé a des raisons objectives d’en vouloir à Talon. Si la France tient encore à montrer aux Etats africains qu’elle garde intactes ses capacités de nuisance (en dehors de ses médias qui jouent ce rôle à merveille), elle utilisera Lomé pour armer et former les contestataires. Sans cet appui de Paris, ceux qui amassent des armes à Bantè et ailleurs perdent leur temps et leurs ressources : ils seront massacrés.
A défaut du Togo, le ventre mou de la sécurité de la sous-région reste la région du Sahel. Depuis le 25 mars, les rangers de la Pendjari ont réussi à déjouer un coup de main des djihadistes entrés sur notre territoire. Si l’un des éléments infiltrés a été capturé, les deux autres se sont enfuis. C’est la première manœuvre djihadiste sur notre territoire depuis deux ans, c’est-à-dire depuis que le guide Fiacre Gbédji a été capturé et tué par de probables djihadistes. Utiliser la nébuleuse djihadiste pour déstabiliser le Bénin pourrait être une option.
Comme on le voit, pour l’opposition radicale qui a déjà échoué une fois dans la solution militaire, d’autres options sont en cours d’opérationnalisation. Et le gouvernement gagnerait à privilégier avant tout une solution pacifique. La guerre a toujours été la source de la ruine de toutes les réformes en Afrique.

Par Olivier ALLOCHEME
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