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Réchauffement climatique: Le PMSD pour une agriculture résiliente

Publié le mercredi 2 juin 2021  |  Matin libre
Le
© Autre presse par dr
Le maraîchage
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Le Projet moyens de subsistance durables (Pmsd) suit son cours. Une visite à Agbodji dans la commune de Bopa sur l’un des sites de production agricole appuyé par le projet, le vendredi 28 mai 2021, a permis de constater les aménagements hydroagricoles réalisés pour renforcer la résilience des bénéficiaires au changement climatique, l’amélioration des rendements agricoles et des revenus des bénéficiaires.



Soutenir une agriculture et des moyens de subsistance résilients et intégrer les considérations relatives aux risques climatiques dans les processus de planification nationaux et infranationaux, afin que les communautés locales soient moins vulnérables aux changements climatiques. C’est l’objectif général du Projet moyens de subsistance durables (Pmsd). La commune de Bopa est l’une des bénéficiaires. Selon les explications de Aubin Fafeh, expert en adaptation au changement climatique du projet, 17 ha de terre ont été affectés au Projet par les autorités locales dans le village d’Agbodji, dont 10 ha ont fait l’objet d’aménagement. Pour l’expert, les raisons du choix résident dans le fait que le site abritait un groupement de producteurs, mais qui peinaient à trouver les moyens de production nécessaires, pour diversifier leurs cultures et pouvoir produire pour le marché local et régional. L’autre raison évoquée et qui justifie le choix du site d’Agbodji est relative à sa vulnérabilité au changement climatique. Le site étant bordé par le fleuve couffo, il subit de plein fouet, les affres du changement climatique, notamment, la récurrence des inondations, avec pour corolaire, le débordement de ce cours d’eau, qui empêche les producteurs de cultiver sur une longue période de l’année. Par ailleurs, des poches de sécheresse y sont perceptibles du fait même du changement climatique. Ce qui nécessite des investissements pour la résilience des populations. A en croire Aubin Fafeh, il est réalisé dans le cadre du projet, 4 grands bassins de capacité d’environ 7000 m3 d’eau chacun, afin de recueillir les premières eaux des inondations et permettre la poursuite des travaux sur le site, en dépit de la montée des eaux. Pendant les poches de sécheresse, les eaux embrigadées dans les bassins sont également utilisées pour les arrosages. Pour parer à toute éventualité de pénurie d’eau, il est réalisé un forage artésien, muni d’un système d’irrigation par bandes perforées, pour mailler la superficie de 10 ha fournissant de l’eau en permanence.

Aspects techniques

Abordant les aspects techniques, la coordinatrice du projet, Marie-José Kogbéto a fait savoir que le site d’Agbodji est situé sur un sol très riche appelé terre noire, qui se charge d’éléments nutritifs pendant la période d’inondation, ce qui le rend toujours fertile au fil des années. Selon ses explications, les infrastructures réalisées ont permis la maîtrise de l’eau. Il est donc pratiqué des cultures résilientes au changement climatique, avec l’adoption des semences améliorées. Ainsi, en début d’inondation, il est cultivé du riz et au retrait de l’eau, priorité est donnée aux cultures maraîchères. Après la récolte des cultures maraîchères, place est faite au maïs de contre-saison. « C’est ainsi que nous procédons pour que pendant les 12 mois de l’année, ce site qui au départ n’était pas occupé plus de trois ou quatre mois, le soit désormais sur les 12 mois de l’année », a souligné la coordinatrice. Au titre des rendements, renseigne-t-elle, pour le maïs, le rendement moyen dépasse les 3 tonnes à l’hectare et pour le riz, il est réalisé pour la campagne écoulée près de 5 tonnes à l’hectare, tout ceci en prônant « l’utilisation minimale de pesticides et d’engrais chimiques et en adoptant l’engrais organique et l’amendement du sol ».

Des motifs de satisfaction

Les conditions de vie actuelles des bénéficiaires du projet contrastent avec celles vécues quelques mois plus tôt. Un grand satisfecit est décerné au projet et à ses partenaires. « J’ai produit du maïs et de la pastèque cette année et j’ai fait une bonne récolte. Avant le projet, nous n’avions pas autant de facilités, mais avec le projet, qu’il pleuve ou pas, nous cultivons et faisons la vente. J’ai plusieurs enfants qui fréquentent l’école, aujourd’hui, les ressources engrangées me permettent de prendre soin d’eux et de payer leur scolarité sans difficultés, merci beaucoup au projet », a témoigné Joséphine Lokossou, l’une des bénéficiaires. Très ingénieux, Georges Aloua, un autre bénéficiaire développe une autre technique pour continuer à produire de la pastèque en dépit des inondations. «Je suis un producteur de pastèque, je suis en train de creuser pour réaliser une digue en vue de faire face à l’eau. Cela permet de faire une autre culture de pastèque, car nous sommes normalement en période de culture du riz », a-t-il expliqué. Le jeu en vaut la chandelle. Georges a fait une bonne récolte de la pastèque au cours de l’année et les fruits de la vente lui ont permis de consentir de gros investissements à titre personnel. « J’ai produit un demi hectare de pastèque cette année et j’ai eu une recette de 900 000FCFA, qui m’ont permis d’acheter un hectare de terre et une moto neuve », a-t-il confié.

Affi Siokpo aussi n’en est pas moins heureuse, le chiffre d’affaires réalisé est au-delà de ses attentes. « Je suis très heureuse de faire partie de ce groupement. Grâce aux ressources obtenues cette année, j’ai pu acheter une parcelle sur laquelle j’ai entamé une construction. Je suis tellement épanouie, et je voudrais que le projet puisse s’étendre pour que nous ayons une grande superficie à emblaver », déclarera-t-elle.

A propos du Pmsd

Lancé officiellement en février 2018, le Projet moyens de subsistance durables (Pmsd) est appuyé par le gouvernement du Bénin, le Fonds pour l’environnement mondial (Fem) et le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud). Il est mis en œuvre sous la direction nationale du Centre de partenariat et d’expertise pour le développement durable (Ceped) qui est une structure sous tutelle du Ministère du Plan et du développement (Mpd). Le Pmsd vise à éliminer plusieurs obstacles qui sous-tendent la faible résilience face aux effets du changement climatique à s’avoir : l’intégration insuffisante des risques et des actions liés au climat dans la planification du développement au niveau infranational (capacité et barrière institutionnelle) ; le faible niveau de conseils de vulgarisation pour l’agriculture et la diversification des moyens de subsistance (barrière de capacité technique) ; la connaissance limitée de la conception d’infrastructures en eau résilientes au climat et du soutien aux moyens de subsistance liés au climat (barrière de capacité technique) ; etc.

La zone d’intervention du projet couvre cinq (05) communes réparties dans cinq (05) départements. Kpakpalaré et Kadolasi (commune de Ouaké), Aouiankanmè et Damè (Savalou), Agbodji et Sèhomi (Bopa), Kotan et Danmè-Kpossou (Avrankou), Dakpa (Bohicon), sont les neuf (09) villages bénéficiaires de la mise en œuvre des activités du projet.

Le Bénin est en effet vulnérable au changement climatique qui se manifeste par une augmentation observée et prévue de la variabilité des précipitations et par des événements météorologiques extrêmes plus fréquents. Sur l’agriculture par exemple, les impacts directs du changement climatique concernent le comportement des cultures et les modifications pédologiques conduisant à une réduction des rendements. Au niveau des cultures, une augmentation des températures moyennes raccourcit le cycle de croissance et conduit à une floraison prématurée. En outre, les rendements agricoles sont en baisse en raison de l’insuffisance des précipitations. Pour réduire la vulnérabilité du secteur et de ceux qui en dépendent, il était donc nécessaire d’œuvrer à l’intégration des pratiques d’adaptation dans le secteur agricole. C’est dans ce contexte que le Projet moyens de subsistance durables (Pmsd), en s’alignant sur les priorités nationales du Bénin, a été initié et lancé. Dans la pratique, il était question de renforcer les capacités des municipalités, des départements, et de tous les ministères concernés, d’intégrer les risques et possibilités liés aux changements climatiques dans les processus de planification du développement et de budgétisation, de réduire la vulnérabilité des communautés ciblées, aux impacts négatifs du changement climatique, par la formation technique et des investissements intelligents dans les infrastructures de production agricole et de gestion de l’eau, et d’améliorer les capacités d’adaptation des collectivités ciblées, par l’appui à la diversification de leurs activités génératrices de revenus. Il est attendu à terme, l’inclusion du changement climatique et l’égalité des sexes dans les plans de développement aux niveaux national et infranational, l’ amélioration des infrastructures agricoles productives et les compétences humaines pour faire face à l’altération des régimes pluviométriques, l’amélioration de la capacité d’adaptation des communautés par une plus grande diversification des activités génératrices de revenus et un environnement favorable à un meilleur accès au financement.

Des réalisations concrètes

À ce jour, le Pmsd a permis le renforcement des capacités techniques de 35 cadres (dont 12 femmes) des préfectures et mairies sur l’intégration des changements climatiques dans les PDC et PAI et l’évaluation environnementale stratégique et la gestion des risques de catastrophes ; la Formation de 30 agents (dont 8 femmes) des cellules communales Atda et des Ong dans les municipalités bénéficiaires sur l’accompagnement des populations à la base, pour la mise en œuvre de mesures d’adaptation aux changements climatiques ; la réalisation des retenues d’eau et des aménagements hydroagricoles dans les localités de Kotan et Danmè-Kpossou à Avrankou, Agbodji à Bopa, Aouiankanmè et Damè à Savalou et Kpakpalaré et Kadolasi à Ouaké et la mise en place d’un espace aménagé de 5 ha est également en cours à Dakpa dans la commune de Bohicon. Il a été procédé également à la Formation de 503 personnes dont 317 femmes aux pratiques agricoles résilientes aux changements climatiques autour des ouvrages mis en place par le projet et de 435 personnes, dont 350 femmes, aux activités génératrices de revenus (AGR) alternatives à l’agriculture, notamment la fabrication de savon et de gel hydroalcoolique (contre la Covid-19), dans 5 villages bénéficiaires.

Thomas AZANMASSO
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