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Entretien avec Inoussa Zimé Chabi, maire de Parakou : « Avec un Président comme Talon, on ne peut pas s’amuser au niveau des communes »

Publié le vendredi 4 juin 2021  |  Fraternité
Bénin:
© Autre presse par DR
Bénin: l’appel de Inoussa Chabi Zimé, le nouveau maire, aux parakois
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Parakou, la grande métropole du Nord Bénin met le cap sur le développement. Confrontée aux défis d’assainissement, d’infrastructures, de mobilisation de ressources, etc., la ville se repositionne pour aller de l’avant. Dans cette interview, Inoussa Zimé Chabi, maire de Parakou, fait le bilan d’une année de gouvernance et annonce les réformes attendues.

Etes-vous satisfait du travail abattu jusque-là ?
Nous sommes conviés à une tâche. Après un an, nous ne pouvons pas dire que nous ne sommes pas satisfaits. Au plan local, il y a eu des avancées en termes de fonctionnement du conseil municipal, avec la mise en place des commissions permanentes et l’organisation réussie des élections présidentielles. Il y a eu quelques soubresauts mais les élections ont eu lieu à Parakou. Et nous sommes satisfaits.

Quelle est l’ambiance au sein du Conseil municipal ?
Nous vrai que nous avons été installés avec quelques soubresauts et intrigues politiques. Mais aujourd’hui, je peux dire que ça va suffisamment très bien. Je parlais tantôt de l’installation des commissions, avec la participation, il faut le saluer, des Forces Cauris pour un Bénin Emergent. Il suffit de suivre l’animation du conseil pour comprendre que les décisions se prennent presque à l’unanimité. Vous me donnez l’occasion de remercier les amis de cette formation politique qui démontrent à suffisance que c’est le développement de la commune qui compte. Je profite pour adresser mes remerciements aussi aux autres forces, dont l’Union Progressiste. Parakou est vraiment politiquement mûre. La politique n’’entrave pas les questions de développement de la ville.

Quelles sont les actions déjà menées pour le développement de la ville ?
C’est vrai que nous ne sommes pas à l’heure du bilan. J’aurai la séance de reddition de comptes bientôt. Mais nous retenons quand même que c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle. Bientôt 12 mois que nous sommes à la manette du conseil. Je viens de saluer plus haut l’installation des commissions qui montre la vitalité du conseil. J’ajoute la reprise du cadre organique, le manuel de procédure et de l’AOF conformément aux prescriptions du ministère de la décentralisation et de la gouvernance locale. Ici, ces documents sont formalisés et régulièrement approuvés par le Préfet. Et comme a l’habitude de le dire le Président Patrice Talon, il fallait mettre en place le cadre, mener les études nécessaires. La sauce est en train de mijoter pour une bonne table Au-delà, beaucoup d’actions sont conduites à termes, avec la vague des réceptions provisoires, dans tous les secteurs, à savoir l’éducation, l’assainissement, la santé, etc. il y a quelques jours, nous avons entrepris de restaurer le jardin botanique de Korogorou, dans le deuxième arrondissement de Parakou, à la faveur de la journée nationale de l’Arbre. En matière d’actions menées, je peux en citer davantage, mais je réserve la surprise à la séance publique de reddition des comptes.

Quels sont les défis qui restent à relever ?
Comme je l’ai toujours dit, ce sont les défis de développement. En matière d’assainissement, notre commune à un gros problème. C’est le cas de la gestion des déchets solides. Pas plus tard qu’hier, nous avons reçu des partenaires techniques et financiers conduit par le ministère du cadre de vie, envoyés par le Chef de l’Etat pour voir l’état de la gestion des déchets solides dans la municipalité de Parakou et ce qu’il faut faire pour la gestion de ces déchets-là. Vous n’êtes pas sans savoir qu’à Cotonou, il y a une société de gestion des déchets solides qui est déjà fonctionnelle. La deuxième phase de ce programme, c’est la ville de Parakou qui est déjà choisie. Les experts sont là pour inspecter les lieux, les engins qu’il nous faut. Outre ce défi, il y a la construction de nos routes. Dans la plupart de nos quartiers aujourd’hui, il est difficile de circuler aisément. Pour cela, nous pensons à la deuxième phase de l’asphaltage qui démarrera bientôt pour permettre à nos rues de ressembler à celles des grandes villes de notre pays. A Cotonou, on sent que quelque chose a changé. C’est ce qu’il nous faut à Parakou. Il y a le défi de l’éclairage. Parakou est une ville en extension. Beaucoup de quartiers sont aujourd’hui dans le noir. Nous cherchons comment faire pour juguler cette situation. L’autre défi c’est celui de la gestion de l’eau, c’est-à-dire tout faire pour étendre l’eau dans les quartiers périphériques. C’est un défi majeur que nous devons relever.

Sur le plan de la gouvernance, l’une des grandes difficultés, c’est la mobilisation des ressources pour le financement de certains projets. Quelles stratégies mettez-vous en place ?
C’est une grosse préoccupation. C’est vrai que qui veut voyager loin ménage sa monture. Dans la ville de Parakou, la morosité économique ambiante, la faiblesse du pouvoir d’achat du citoyen, les réformes en cours sont autant de facteurs dont il faut tenir compte. Pour l’heure, il s’agit des sensibilisations pour l’appropriation des mesures salutaires du Gouvernement en faveur du développement de notre pays. Très tôt, nous passerons de la sensibilisation à l’application pour faire avancer les choses. Vous savez que difficilement, les Parakois payent les impôts. Pour beaucoup, c’est la mairie qui doit tout faire. Comme on le dit souvent, même si l’Etat vient en appui pour la réalisation des infrastructures de la ville, il faudrait que nous comptions sur nos propres forces. Il faut compter sur la mobilisation propre. Cette mobilisation propre provient de ce que paye le citoyen lui-même, à travers les impôts, les taxes, les droits de place dans les marchés. Donc, très bientôt, nous allons passer à la répression, parce que nous avons assez sensibilisé. La lutte contre le hors parc démarre sous peu. Et nous le disons haut et fort en plus des opérations de recouvrements forcés et de relances nécessaires à l’endroit de certains contribuables. Donc, les communiqués sont en train de passer actuellement dans les médias. A l’opposé, nous développons aussi des actions centrées sur les besoins de base. En dehors de cela, l’Etat viendra en appui pour le reste.

Quels sont vos rapports avec la tutelle ?
Ne parlez pas de polémique sans vérification. C’est vrai qu’il peut y avoir des polémiques. Dans ce cas, vous l’auriez déjà su à travers les actes administratifs. Mes rapports avec le Préfet du Borgou sont au beau fixe. La preuve, nous étions à la Journée nationale de l’arbre dont la phase départementale a eu lieu dans la commune de Parakou. Le choix témoigne de la qualité de nos relations. Sinon, il y a 8 communes à charge, et le préfet aurait pu choisir ailleurs, s’il avait des soucis avec notre commune. En plus, toutes nos délibérations font l’objet d’attention particulière de la part du préfet. Au passage, je dois remercier le préfet du Borgou pour tout ce qu’il fait pour le développement des communes du Borgou, et en particulier la commune de Parakou. Donc, nos relations sont très bonnes. En résumé, tous les actes que pose notre conseil municipal sont en harmonie avec les textes de la République. Et nous sommes accompagnés par le préfet.

Selon vous, la loi sur la décentralisation est-elle encore efficace dans le contexte socio-économique et politique actuel ?
La démocratie doit être dynamique. Tout processus doit être dynamique. C’est donc évident que les lois évoluent au rythme de la société. Au regard des nombreuses réformes intervenues au Bénin sous le gouvernement de la Rupture, il y a nécessité de réadapter certaines lois dont celle de la décentralisation pour rester conformes aux aspirations profondes de la société béninoise décentralisée. Dans ce sens, nous pouvons dire qu’il est normal que nous puissions revisiter cette loi sur la décentralisation pour la mettre en harmonie avec l’évolution de la société elle-même. La démocratie est dynamique. Cela veut dire que la décentralisation doit aussi être dynamique. Il faut donc adapter les lois à l’évolution de la société.

Quelles sont vos propositions en vue d’une décentralisation plus bénéfique pour les communes et moins pesantes pour l’Etat central ?
C’est déjà ce que je disais un peu plus haut. Parce que l’efficacité de la loi, c’est la décentralisation. Les lois aux réformes salutaires sont en cours dans le pays. Il y a lieu de repréciser le périmètre des compétences de l’Etat, c’est-à-dire, entre l’Etat, les communes et les agences créées et fonctionnelles. Parce que vous n’êtes pas sans savoir que beaucoup d’agences ont été créées. Il faut donc préciser les compétences de chacun. Ceci permettra un libre jeu des acteurs et une parfaite contribution des uns et des autres au développement du pays.

Que dites-vous du transfert des compétences ?
Il y a assez de compétences qui sont transférées aux communes, et nous en jouissons. Maintenant, il y a certaines compétences qui sont aussi au niveau de ces agences.

Le monde est aujourd’hui est un village planétaire. Malgré cela, le besoin de partenariats se fait toujours sentir. Dites-nous l’état de la coopération décentralisée avant et pendant votre gestion à la tête de la municipalité ?
La coopération décentralisée la plus active, depuis mon arrivée à la tête de la mairie de Parakou, est le partenariat Parakou-Orléans. A ce jour, ce partenariat est au beau fixe. En témoignent les nouvelles conventions triennales en cours d’élaboration. Il est vrai que la pandémie du coronavirus a créé quelques ralentissements, mais sans entacher la qualité de la coopération. Avant la fin de l’année, une délégation de la mairie de Parakou doit se rendre à Orléans sur des activités de la commune. Et nous ne cessons d’échanger à travers des visio-conférences pour faire avancer cette coopération et la rendre active.

Parakou ne pense-t-elle pas avoir d’autres cordes à son arc ?
Nous avons d’autres coopérations sud-sud avec le Mali. Nous sommes en train de tisser une autre coopération avec la commune de Bobo-Dioulasso au Burkina-Faso. Nous sommes en train de créer une autre coopération avec la ville de Mannheim en Allemagne. Les démarches sont en cours pour en faire plusieurs cordes à notre arc.

Monsieur le Maire, comment percevez-vous la gestion du Président Patrice Talon ?
Le chef de l’Etat a prouvé qu’il est un homme d’Etat et qu’il a une vision de développement de ce pays. Ceci, à travers les actes posés au premier quinquennat. C’est vrai qu’il a été tout au début incompris, mais aujourd’hui, beaucoup se rendent compte qu’il a vraiment une vision. Et il se donne les moyens pour atteindre ses objectifs. Qu’on soit opposant ou mouvancier, il faut reconnaître que le pays change. Et quand on est à la tête d’une municipalité comme Parakou, il faut avoir cette vision. Il faut faire comme le Chef de l’Etat, être dynamique, avoir une vision de développement et se donner les moyens pour atteindre ses objectifs. Et nous sommes en train de suivre les pas du Chef de l’Etat pour sortir notre commune de l’ornière et pour montrer à la face du monde que rien n’est impossible, et que le sous-développement n’est pas une fatalité. Nous sommes sûrs qu’avec cette dynamique, la ville de Parakou changera, et nous sommes certains que cela est possible.

Est-ce facile d’être maire d’une commune ?
De loin, on pense que c’est facile d’être maire d’une commune. Mais lorsqu’on se met au charbon, on voit que c’est du lourd. Quand on suit la grogne matinale, on est pressé d’avoir des routes, de l’eau, de l’électricité. On est pressé de tout avoir en même temps. Mais de temps en temps, il faut qu’on se mire. C’est de nous demander si, dans nos ménages, nous arrivons à tout régler au même moment. Si nous n’arrivons pas à satisfaire tous nos besoins, il est très difficile de satisfaire tous les besoins de la commune au même moment. Le développement doit être progressif. Si on arrive à régler les problèmes d’eau, cela devient un acquis. Il faut ensuite penser à l’électrification, à la route. Gérer une commune, c’est semblable à gérer sa propre maison. Si la plupart des présidents de la République successifs arrivaient à régler les problèmes de ce pays, on n’en serait pas là aujourd’hui. Chacun doit apporter sa pierre à la construction de l’édifice. Il faut pouvoir faire avancer la ville d’un point A à un point B, ainsi de suite. Le développement est un processus continu.

Avez-vous des regrets, depuis un an que vous êtes à la tête de Parakou ?
Nous ne parlerons pas de regret. Nous parlerons plutôt d’expérience. Elle nous a permis de voir comment les choses se font. Comme le dit un adage : On ne perd jamais, mais on apprend toujours. Nous avons donc acquis certaines expériences, à travers notre passage ici.

Votre mot de la fin.
En acceptant d’être maire, mon souci reste et demeure le développement de la commune de Parakou dans la paix et la cohésion sociale. Vous savez bien que nous avons pris les rênes de cette commune à une période critique. Il y avait une tension très énorme. Nous remercions le Seigneur de nous avoir donné la clairvoyance et le courage de maintenir le cap pour que nous soyons aujourd’hui à une situation de cohésion sociale et de paix. J’y crois encore, si chacun accepte de s’abandonner et de faire montre d’un minimum de patriotisme communal. Je remercie le conseil municipal qui ne m’a jamais fait défaut. Mes remerciements vont également à l’endroit du préfet du Borgou pour sa constante sollicitude. Toute ma gratitude au Président de la République, Patrice Talon pour tout ce qu’il fait à travers le programme d’actions du gouvernement en faveur de la ville de Parakou. Je compte enfin sur la population de Parakou pour sa détermination à accompagner le conseil municipal et moi-même sur le chantier du développement. Je vous remercie.
Propos recueillis par Jacques DEGBEY
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